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Vafpeû de celle de nos arbres verts on de nos
bruyères > les fruits , pour la plupart, font ligneux4
les, feuilles de piefque toutes les plantes
font linéaires - lancéolées , petites, coriaces &
fpinefcentes. Cette contexture des végétaux eft
l'effet de^ l'aridité du foi & de la féchereffeidu
climat j c'eft à ces mêmes caufes qu'eft duç, fans
doute , la rareté des plantes cryptogames & des
plantes herbacées. Les graminées, qui ailleurs
font généralement molles & flexibles , participent
ici de la rigidité des autres plantes on en voit
des exemples remarquables; dans Yunidla dyjlicho-
phylla Labillard., & dans une , efpèçe dèfejluça
que M. Lefchenault a trouvée fur la eo.te occidentale,
dont toutes les feuilles font autant d'aiguillons.
. La plupart des plantes de la NouvelUfHoUande
appartiennent à des genres nouveaux , & celles
qui fe rattachent à des genres déjà connus, font
prefqu'autant d'efpèces nouvelles.
Les familles naturelles qui dominent , font
celles des profiées, des bruyères, des compofées,
des légumineufes & dès myrthoïdep* Les plus
grands arbres appartiennent tous à cette dernière
famille, & psefqu’exclufivement au genre Euca-'
lyptus. ,
Le nombre des plantes de ce continent, déjà
décrites , s’élève à plus de douze cents.
., N O U V E L L E | ZÉLANDE. Ces deux îles ,
fTune étendue copfidérable , & favori fées des
dons delà nature,gifent entre :1e 55e. & le 4 ye. degré
de Latitude méridionale, & les 165e. & 175e.
degrés de longitude orientale.
L'abondance des productions indique aflez la
fertilité du fol. Excepté un petit nombre de collines
qui font voifines de la mer, & revêtues d’ar-
briffeaux, toutes les autres préfentent une feule
forêt de grands arbres , qui s'élèvent;avec-une v igueur
qu'on ne petit imaginer fans les avoir vus,
& qui offrent une majeftueufe perfpeétive à ceux
dont l'efprit fait admirer les grands ouvrages de la
nature.
La température agréable du climat contribue
fûrement beaucoup à cette force peu commune
de, la végétation. L'été n’y eft jamais accompagné
de chaleurs brûlantes 5 le froid de l'hiver.y eft
modéré; les arbres y confervent leur,verdure,
& il eft vraifemblabîe qu'ils gardent leur feuillage
jufqu'à ce que la fève du printemps en pouffe un
nouveau.
En général , on y jouit d’ un beau temps 5 on y
fouffre quelquefois-du vent-& de la pluie, mais
lès orages & les pluies ne durent jamais plus d'un
jou r , & il ne paroît pas qu'ils foient jamais excef
fifs. On n'y trouve point-, comme dans les autres :
pays, des torrens qui fe précipitent des collines
& les ruiffeaux s’enflent peu, fi l'on en juge par
leurs lits. Les vents du fud font ordinairement
modérés & accompagnés d'un ciel nébuleux ou de
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pluie} ceux du fud oueft fouillent avec force, &
ils font aufti accompagnés de pluie, mais ilèftrare
qu’ ils aientde ladurée. Les vents du.nor.d-oueft font
les plus communs., & quoique fouvent affez.forts,
un ciel pur les accompagne prefque toujours j en un
mot, fi une partie dé la Nouvelle-Zélande n’étoit pas
trop montueiife, ce feroit une des plus belles con-
tréesdu Globe. On eduperpieen vain les bois, Ks
diftri&s défrichés feroient moins propres aux pâturages
qu’ un terrain plat , & là culture y feroit
toujours difficile, car on ne pourroit y employer la.
charrue,.
Les grands arbres qui couvrent les collines, font
de deux efpèces-: les uns, du diamètre de nos fa-
pins les plus;gros , croiffent de b même manière >
mais les; feuilles 8çies petites baies qu’ils portent
fur. leurs pointes refîemblent davantage: à celles de
l’ if} c ’eft de ceux-là que lés navigateurs peuvent
tirer la bière , fi .utile à lëurs.équipages : J’autre
arbre diffère peu de l’érable.} il eft fouvent d’une
groifeur confidérabie, mais il ne procure que dubois
de chauffage. .
Les arbres offrent des efpèces plus variées fur
les petites plaines qui font derrière les, grèves j
mais quoiqu'ils produifent des fruits que les naturels
mangent , on fe difpenfera de les décrire.
Parmi un grand nombre de pbntes dont on ne
fera point la defeription, on diftinguera pourtant
une efpèce de cochlearia infiniment fupérieur ,
pour l'ufage ordinaire, à celui qui porte; ce nom-
en Europe} il eft facile à re.connoître à fes feuilles
dentelées, & aux petites grappes de fleurs blan-^
ches qu’ il offre à fon fommer.
; Une autre plante encore ( phormium tenax )
mérite qu’on en faffe ici mention, car les naturels-
en tirent leurs vêtemens} elle produit un lin foyeux
plus beau que celui d'Angleterre, & vraifembla-^
blement au moins aulfi fort. JElle croît partoutaux^
environs de la mer & en quelques endroits affez.
avant fur les collines} elle forme des faifeeaux ou
des touffes 5 elle a des feuilles qui reffemblem à des
joncs} elle porte, fur une longue tige-, des ffelirk’
jaunâtres qui font remplacées par une longue coffe.
ronde, remplie de graines noires, petites &,lû f-
trées. .
Il y a beaucoup d’orfeaux, & , ainfi que les
productions végétales , leurs efpèces font prefque
toujours particulières à la Nouvelle-Zélande, Q u o i qu'il
foit difficile de les fuivre, parce que la terre
eft couverte de fous-bois & de plantes grimpantes:,
qui rendent les promenades très-pénibles, cependant
un homme qui fe tient à la même place peut
en tuer, dans un jour la quantité nécefTaire à la,
nourriture de fept à huit perfonnes. Parmi, ces.
oifeaux, il y en a d'une extrême beauté pour la ri—,
cheffe de leurs couleurs. Il en eft bien peu de-
çhàotans; mais il en eft.un qui produit des fous fi
mélodieux & fi variés, qu'on fe croit environné*
de cent efpèces différentesd’oifeaux, Lorfqu’il fait,
entendre fou ramage*
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La mer abonde en poiffons divers} un grand
mombre de ruiffeaux font poiflonneux près du canal
de la Reine-Charlotte 5 chacune des anfe&en
renferme un , 8c les naturels bâtiffent ordinaire-
ment leurs cabanes dans ce canton,- à caufe de cet
avantage :: en un mot , cette riche terre offre aux
navigateurs qui y abordent, des rafraîch.iffemen^
peu inférieurs à ceux qu’on trouve darisle^ relâches
célèbres , tant dans le règne animal que dans le
règne végétal.
On ne voit point dte reptiles dangereux, fur cette
île} on n’y rencontre d’autres quadrupèdes qu'un
petit nombre de rats , & une efpèce de cnien-
renard qui vit en état de dornefti.çitév :
, La bafe des montagnes, du moins da.ns la partie
qui regarde la côtç.-j eft d'un.grès jaunâtre, qui
prend une teinte de bleu aux èndrofes où. il eft
battu .par les flots ; il fe prolonge en couches horizontales
ou obliques : on y remarque de légères
yeines de quartz groffier qui font peu éloignées
les unes,des autres, & qui fuivent communément
la dire&ion du grès. Le terrain ou le foi qui couvre
le grès & le quartz eft aufti d'uhe couleur jaunâtre
}.il reffèmble à de la marne, & , en général,
il a un à deux pieds de profondeur.
- Tout ce pays eft bien arrofé; la plus petite vallée
offre- un ruiffeau confidcrâble.. . '.
. Les naturels n’excèdent pas h ftaturç ordinaire
des Européens, & en général ils ne,font pas aufti
bien faits, furtout dans la partie des bras., des
jambes & .des.cuiffes».Cela.vient peut-être de ce
qu'ils demeurent accroupis trop long-temps, & de ,
ce qiiè les .collines & les montagnes du pays -les
empêchent de fe livrer au genre d'exercice qui
contribue à;rendre.le corps droit & bien proportionné.
C ttte dernière remarque fouffre néanmoins
plufieurs exceptions} quelques-uns .d'entre,
eux préfentent une. très-belle carrure & d e s muf- 1
clés très* forts } mais il en eft peu qui aient de
l'embonpoint.
La couleur de leur peau varie depuis le noir
affez foncé, jufqu'à une teinte jaunâtre ou olive :
leurs traies ne font pas non plus uniformes ; quel-;
ques-uns reffemblentà des Européens: ils ont en
général le vifage rond ; les lèvres pleines , &-le
nez épaté vers la pointe} mais leurs lèvres ne font
pas groffes, & leur nez n’eft point aplati comme
celui des nègres; on ne voit pas un nez qui foit
véritablement aquilin. Leurs-dents font d'une largeur
ordinaire, blanches &.bien rangées; ils ont
dgs yeux grands, d'une extrême mobilité^ ce qui
paroît un effet de l habitude. Leur chevelure.eft
noire, droite & forte;. ch?z quelques-uns cepen dant
elle boucle naturellement, & on rencontre
des cheveux châtains. En général, la phyAonomie
des, jeunes gens eft: ouverte & affurée, mais celle
de la plupart des hommes d'un.âge mûr eft férieufe}.
elle annonce affez fouvent de la mauvaife humeur
& de la réferve, furtout s'ils font dérangés? Les
femmes.font-plus petites que les hommes,, mais
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| leurs formes eu leurs traits ne font guère plus
-gracieux. . ■ ) | , y- : '
I 11-n'y a pas-, fur le G lo b e , dé peuplade plus fen^
fi b le aux injures plus difpofée à la vengeance,:
ils (ont -d'ailleurs infoltns lorfqu’ils ne craignent
point d'être punis; & ce défaut,eft fi contraire a
l'efprit de la -véritable bravoure, qu'on doit peut.-
être regarder, leur ardeur à venger une injure
comme l'effet d'un caraétère fé r o c e p lu tô t que
d'une grande valeur. Ils paroiffent aufti foupçony-
neux & défians; ils volent tout ce qui leur tombe
fous la main, s'ils ont la plus légère efpérance de
n’être pas découverts , & ils fe réjouiifeiit quand
ils croient avoir trompé ceux avec lefquels ils font
des échanges.
• Ils font affreux à voir dans leurs combats : ils
. coupent en morceaux les ennemis qu'ils ont vain-
■ eus, & ils les mangent, non avec répugnance,
mais avec une; fatisfadfion extrême-
On eft tenté de croire, que des hommes capables
de pareils e x c è s , n’ont aucune commifera-
tion ou aucun attachement pour ceux de leur tribu
cependant on les voit déplorer la perte de*leurs
amis , d'une manière qui; fuppofe de la fenfibilité.
Les hommes & les femmes pouffent des cris arten-
driffans lorfque leurs parens ou leurs amis ont été
tués dans les batailles > ou font morts drune autre
manière ; & dans, ces triftes occafions , ils fe macèrent
de la manière La plus cruelle. Leurs affections
paroiffent fi fortesy qu’au retour de leurs
amis, dont Tabftnce n’a pas été quelquefois bien
longue, ils. fe découpent Le vifage & pouffent,
dans leur tranfp.ort de joie, des cris frénétiques.
Ils paroiffent. avoir autant d’efpr.it d'invention-
& d’aftreffe de main-d'oeuvre qu'aucune des peuplades
qui fe trouvent au même point de civiiifa-
tion, Jtar ils font, fans outils métalliques, h tirs-
meubles , leurs vêtemens & leurs armes leurs?
ouvrages ont de l'élégance & de la force, 8c ils
; fi nt de plus très-commodes ; mais les Zélandais,
eontens de ces faibles avantages,. Si _ fûtisfaits du
peu de connpiffances qu'ils poffèdent, n'effaienç
: en aucune manière de les étendre. Leurs obferva-
tions ou leurs recherches annoncent un efprit peu-
curieux ; les objets nouveaux ne leur infpirent pas
ce degré de furprifequ'il feroit natureld’imaginer w
& leur attention n'eft jamais fixée un moment^
Ils écoutent comme des gens qui ne comprenuenc
point qui ne fe foucient point de comprendra
. ce qu’on leur dit.
NOUVELLE-ZEMBLE.. A l'ëx-trémiré fepten-
trionale de la grande chaîne Uralienne eft le détroit
de Waygdtzv qui la fépare de la Nouvelle-
Zemble. Le paffage eft étroit,, embarraffé d'îles, 8c
fouvent obftrûé par les glaces.. I c i , le flux & le
reflux font d'une hauteur incertaine par les vents *
: cependant quand ces mou.vemens ne font pas co.n-,
trariés, la marqe monte de quatre pieds dans c e
.- détroit\x dont la profondeur n'eft que de dix à. qua^-