
EURE & LOIR ( département dé 1’ ). Ce département
a pris fon nom de deux principales rivières
qui l’arrofent dans des cantons, réparés. Il
formoit la partie nord-oueft de l'ancien gouvernement
de l’Orléanois, connu fous le nom de pays
Chartrain, du Perche-Gouet & de la Beauce ; il oc-
cupoit une plus grande étendue de pays.
La plus abondante production de ce département
eft le blé j dont on y fait un grand commerce.
C e département eft borné au nord-eft par celui
de Seine 8c O ife , au fud-eft par celui du Loiret ,
au ftid par celui de Loir 8c Cher 3 au fud-oueft par
celui de la Sarthe, à l’oueft par celui de l’O rne,
& au nord-oueft par celui de l'Eure.
Les principales rivières font le Loir, qui prend
fafource au milieu du département,au deffus d’Il-
liers ; pafte à ISliers , à Bonneval 3 où ilreçoit l’Ou-
anne, qui arrofe Authon & Brou, enfuite fe rend
à Château-DunenThimerais, & au deffus il reçoit
à droite le Courtpa; enfuite l'Eure commence à
l’ oueft, fe rend parCourville à Chartres, à.Main-
tenon, à Nogent-Rouîlebois, & à côté de Dreux,
où il -reçoit la Biaife. Enfin à l'oueft on trouve
l’Huine, qui arrofe Nogent-le-Rotrou.
Les principales villes font Chartres, Dreux,
Nogent-le-Rotrou & Château-Dun, Aunau, Authon.
Aunau, petite v ille , fabrique de bonneterie
au tricot; Authon, fabriqué d'étamines; Brou, fabrique
d’ étamines & préparation de chanvre. Chartres
, grande ville fur l'Eure, dans un pays fertile ,
commerce en b lé , farines, vins, bonnéterie à l’aiguille
& tanneries. Dreux, au pied d’une montagne,
fur la Biaife, fabrique de draps commnns. Nogent-
le-Rotrou fur l’Huifne : fon commerce confifte en
chanvres, fabriques de bonneterie, charbon &
foin.
EURIPE. On fait que YEurip? eft un détroit de
l'A rch ip e l, qui fépare* l'ancienne Béotie de l’île
d ’Eubée, aujourd'hui Négrepont. Environ au milieu
de ce détroit, dans la partie la plus relfér-
;r é e , on voit les eaux affluer tantôt du nord , tantôt
du midi, d ix , douze, quatorze fois par jour,
avec la rapidité d’un torrent : on ne peut guère
rapporter ces mouvemens multipliés 8c fouvent
inégaux-aux marées de l’Océan, qui font à peine
.fenfibles dans la Méditerranée. La variété, le nombre
8c la précipitation de ces flux prouveroient,
fuivant quelques auteurs, qu’ils ont pareillement
leur origine dans des montagnes, dont les glaces 8c
les neiges fondent; car, fuivant ces auteurs, l’île
d’Eubée, qui eft d’ un côté du détroit, a desmontagnes
couvertes de neige pendant fix mois de l’année.
On raconte aiifli que la Béotie, qui eft de l ’autre
côté du même détroit, renferme plufieurs montagnes
fort élevées, & quelques-unes même où?
la glace fe confcrve en tout tems, telle que celle;
du Mont-(Eta. Si ces flux & reflux de YEuripe arrivent
auffl fréquemment en hiver, alors il faudroit,
E U R
en attribuer la caufe aux pluies qui tombént dans
cette faifon fur ces hautes montagnes.
Au réfte, pour mettre les leéfeiirs qui réfléchi.f-
fent fur les differens phénomènes 8c qui Tentent lès
avantages d’en rapprocher avec foin les caufes, je
vais tranferire ici ce que j’ai rapporté ailleurs du
lac de Livadie, qui eft dans le voifinage de YEuripe.
Ce lac reçoit les premières eaux de la fonte dès
neiges de la B éotie, & les communique, a ce qu’on
d it, iY Euripe y à travers les montagnes qui l ’en fé-
parent. Il reçoit outre çeh plufieurs petites rivières,
parmi lelquelles font le Cephifus, 8c les autres qui
arrofent cette belle plaine, qui a environ quinze
lieues de tour. L’eau de ce lac s ’enfle quelquefois
fi fortement par les pluies & les neiges fondues,
qu’elle inonde plufieurs villages difperfés dans la
plaine; elle feroit même capable de fe déborder
régulièrement toutes les années, fila Nature ne lui
avoit procuré une fortie par cinq grandes i(Tues fous
la montagne voifîne de YEuripe 3 entre Négrepont
& Talanda, par où l’eau du lac de Livadie s’engouffre
, & fe décharge dans la mer au-delà de la
montagne. Strabon, parlant de cet étang, dit qu’il
n’y paroiffoit pas de dégorgeoir de fon tems , fi ce
n'eft le Cephifus, qui s’en faifoit quelquefois un
fous terre; mais les autres circonftances qu’il, en
raconte, autorifent à croire à beaucoup d’autres
iflues fouterrain&s, à travers une malle de rochers,
qui peu1 bien avoir à peu près dix milles de largeur.
Au refte, de pareils canaux fouterrains fe rencontrent
fréquemment dans les pays de . montagnes :
j’en ai cité plufieurs exemples, 8c furtout en parlant
des vallons fermés.
EU RO PE , une des quatre parties du Monde ,
laquelle renferme le plus grand nombre d’États ci-
vilifés. Outre les parties du Continent, qui fe trouvent
contenues dans l’Europe, 8c dont nous donnerons
les pofuions, nous ferons l’examen & la def-
cription des parties de l’Océan, qui l ’entourent &
le baignent. Nous comprendrons dans ces parages
maritimes les trois mers Méditerranées, que nous
placerons dans leur ordre de nomenclature, après
les avoir défignées quant à leur forme générale..
VEurope, à compter du cap Finifterre à l ’oueft
de l’Efpagne, jufqu’au détroit de Weugath au nord-
eft, s’étend du 8e- d. 10 m. de longitude, jufqu’ au
7 5 e. d . , & , endeflcendantverslefud, elles’avance
jufqu’ au 8e. deg. de latitude, à compter du cap
Matapan, jufqu’aü-delà du 7 1e. Cette étendue eft
eftimée d’environ quatorze cents lieuesdu fud-oueft
au nord-oueft, & de neufcentsdufudau nord; elle
fe prolonge depuis la fin du quatrième climat d’heures,
jufqu’au premier climat de mois ; ce qui donne
pour fon plus long jour, quatorze heures, & au
nord deux mors.
; \YEurope eft bornée au nord par la Mer-Glaciale,
à l ’eft par l’A fie , la Mer-Noire & l’Archipel; au
fud.'par la Méditerranée , àP oueft par l’Océan
atlantique.
• Quoique Y Europe fon la partie du Globe la moins
étendue, & que, fuivantlesealculsde Zimmermann
elle ne contienne que y 13 ,000 lieues carrées, tandis
que les autres peuvent être évaluées 4* 56 y,095
lieues carrées, elle n’en eft pas moins la plus digne
de fixer notre attention. C ’eft dans Y Europe que
l’efprit & le génie des hommes' ont pris leur plus
grand efior. Si nous exceptons les premiers fiècles
du Monde, c’eft en Europe que nous trouvons la
plus grande divetfité de caractères, de moeurs
& de gouvernemens. Certe partie du Globe enfin
nous offre les connoiflances & les obfervations les
plus précifes & les plus détaillées fur l’état naturel
„des c.hofes. La géographie nous découvre, relativement
à YEurope, trois circonftances qui ont dû contribuer
puiffamment â fa fupériorité fur les autres
parties du Monde. Elles confiftent, i°:dans l’heu-
reufe température dont aucune partie n’.eft fous la
zone torride, &'dans la grande variété delà furface.
L’expérience a fait fuffifamment connoître l’effet
qu’un climat modéré produit fur les animaux &
fur les plantes. i° . Le grand nombre de montagnes
qui féparent les différentes contrées dé YEurope,
eft encore un avantage pour les habitans/ Ces limites
naturelles mettent un frein aux progrès des conquêtes
& dudefpotifmei qui fe font répandus dans
les immenfes plaines de l’Afie 8c de l’Afrique. Les
montagnes & même les rochers arides ont, fur lès
fols fertiles qui produifent par une culture .facile,
l ’avantage d’exciter l’iriduftrie. &• l’émulation des
habitans. 30. Les mers extérieures,: & fürtout les
Méditerranées, qui font au nombre de trois, faci-r
litent avec les grandes rivières les relations 8c de
commercé avec les nations du dehors & de l’ intérieur,
8c l’on peut dire apixe Y Europe a joui de^tout
tems de ces grandes reîfources, comme nous le
ferons voir.par la fuite.
Les principales mers de YEuropeïont, i ° .l ’Océan1
atlantique ou occidental : fa fituation eft entre
YEurope, l’Afrique 8c l ’Amérique; il s’étend d’un
côté vers la mer du nord, & de l’autre vers le fud
jufqu’ à l’Océan éthiopien. On lui donne auffl des
noms particuliers, fuivant les différens pays qu’il
baigné. On'l’appelle en Efpagne, Merde Bifcaye-
en France, Golfe de Gafcogne; entre la France1 &
l’Angleterre , Mer britannique;
Le bras de mer qui divife la France de l’Angleterre,
& qui joint la mer d’Allemagne, porte le nom
àe Manche,nom qu’elle doit à fa forme. Elle s’ unit
à la mer qui eft entre l’Angleterre 8c l ’Irlande, &
qu’ on nomme Canal Saint-Georges ou Mer d'Irlande.
La partie de la Manche la plus reflerrée, entre Calais
& Douvres, s’appelle Pasrde- Calais. Des îa-
vans ont prétendu, d’après l’examen des côtes qui
fe trouvent égales & en même difpofition vers
.Calais 8c Douvres, qu’en cet endroit il y. avoit au- ;
trefois un ifthme, par où les peuples de la Grande-
Bretagne ont pénétré dans cette ile , ainfî que k s
bêtes féroces.
2°. La mer d’Allemagne eft la partie de l’Océan
qtii eft -entre la Grande-Bretagne,-les Provi.nces-
Unies, l'Allemagne, ie Danemarck & laNoiv/ège.
Comme fafituation eft au nord, relativement« l'Allemagne
& aux Provinces-Unies,' on l’ a nommée
Mer du Nord ; ort la nomme auffl Mer occidentale.
.Près du Jutland elle prend le nom de>Mer cim~
brique : cette mer a le flux d'orient, & le reflux
d'occident. Près des côtes de Norvège le flux eft
’ déquatre àhuir pieds au plus; mais en Angleterre,
,e.n Hollande & dans la Manche', il eft beaucoup
| plus considérable.
■ 3°, La mer orientale ou Baltique eft un grand
golfe ou méditerranée, fituéeentre le Danemarck ,
l ’Allemagne , la Pruffe, la Courlande,ia Ruflïe &
ia Suède. Elle eft divifée en deux golfes, le golfe
de Bothnie 8c celui de Finlande, &c elle forme,
.près de la L ivonie, le golfe de Riga & de Livonie!
De la mer Baltique on peut aller à la nicrCafpienne
par différens golfes , lacs, fleuves 8c canaux. J’ap-
- pelle la Baltique Méditerranée, parce qu'elle tire
toutes fes eaux de l'intérieur des terres , par les
fleuves, & non de l'in vallon d e l’Océan parle Su nd.
Auffl y a-t il un courant qui traverfe ce détroit &
fe jette dans la mer; auffl la Baltique n'a point de
flux.
40. Plus haut que la Baltique, au no,rd, eft la
grande inet du Nord , dont un bras formé, près
d'Arçhangel, un golfe qui eft connu fous le nom
de Mer-Blanche. Une autre partie s'appelle Mer-
Glaciale , à caufe des glaces qui y réfident prefque
toute l’année.
, X°. La Mer-Noire ou Pont-Euxin : c’eft un lac
qui eft l'égout de quelques fleuves de YEurope. Elle
communique avec la Méditerranée. On préfume
qu’elle peut avoir douze cent foixahte-fix lieues
de circuit. Oh l’appelle Mer-Noire ’ parce qu’elle
eft fort ora'geûfe. Ses eaux-font plus douces que
celles des autres.mers, & elles gèlent entièrement
dans. certains hivers. Elle joint la mer d 'A zo f
par le détroit, de ; Cafta.
6°. La mer d’ A zof ou de Zabacha autrefois
connue fous le nom de Valus-Mcotides, s’étend
depuis la petite Tartarie jufqu’à Azof. Sa direâion
eft de l'eft à l’oueft. Au fud , elle, eft bornée
par la Crimée Se l’ Afie. Elle entre dans là Mer-
Noire par le détroit que les Anciefcs ont appelé
Bojphore cïmmérien. On prétend que lés fleuves
qui y ont leur embouchure , y jettent tant de
v sfe, que la navigatiéh en devient de plus er»
plus difficile.
. 7°. Vers le fud-oueft de la Mer-Noire eft la mer
de Propontide, dans laquelle déborde ,1a. Mer-
Nqire;, par le Bofphore de Thrace. Elle fe réunit/
par l’Hellefpont, à 'l’Archipel, autrement la mer
Egée. On a obfervé que le milieu.du canal n’étoit