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tombent entièresfe broient facilement par le
choc fréquent & alternatif des flots, le mouvement
des eaux étant prefque toujours très-impétueux
dans ce bras de mer. Toutes les fcories étant
réduites en menus débris, font tranfportées au
loin par la violence des courans.
Les produits du Stromboli fe réduifent au fable
volcanique, aux fcories, aux terres cuites ou tuf,
aux pierres-ponces. On obferve d’ailleurs, dans
l’île, trois efpèces de fcories. La première eft très-
légère , d’une couleur entre le noir & le gris, &
offre quelques morceaux recouverts d’un vernis
vitreux j les autres fortes font en général compo-
fées, pour la plus grande partie, de filets vitreux
femi - tranfparens. La fécondé efpèce dont fe
forme la grêle, quoique peu différente de la première,
eft beaucoup plus pefante; elle eft fans
filets vitreux : c’eft un débris de lave brute , d’une
texture uniforme & d’un grain peu fin. Enfin, la
troifième efpèce de fcorie renferme du fpath ; plie
appartient à l’ancien volcan, & elle fe trouve fous
le fable à une certaine profondeur dans l’île.
Ce qu’il y a de plus remarquable après l’examen
de ces produits du feu aufli variés, ce font des
efpèces de porphyres ou de granités qui ont été
plus 'ou moins altérés par les feux fouterrains,
quoique cette a&ion du feu n’en ait pas fait difpa-
. rentre la ftru&ureimmitive.
Avant d’abandonner ce qui a trait à l’hiftoire
du volcan de Stromboli, nous devons dire que
l’époque la plus ancienne de fes incendies qui eft
venue à notre connoiffance, eft de 290 ans environ
avant l’ère chrés^enne : puis, en fuppofant que
ce volcan ait eu des repos de plufieurs fié clés,
on fait que fes éruptions non interrompues ne s’étendent
pas au-delà d’une période de 2co ans.
Quant aux fubftances qui alimentent un feu aufli
continu, les naturaliftes fuppofent que ce font des
quantités immenfes de foufre, devpyrites de fer,
auxquelles ils ajoutent du pétrole, quoiqu’on n’ait
pas pu découvrir des indices de ce bitume'. Mais
ces naturaliftes devroiem fe réfoudre à ignorer ce
que l’obfervation ne leur a pas fait connoître juf-
qu’à préfent. " ’ h
Nous ajoutons à cette defcrîption de Stromboli
une mention fort abrégée des autres îles Eoliennes,
telles que Bafiluzzo, Boltero, Lifca Bianca, Dat-
tolo, Panaria, & des falines qui fe trouvent dans
certaines. Les cinq premières îles fe trouvent au-
deffous de Lipari & de Stromboli, & quelques-
unes font plutôt des rochers que des maflifs confia
durables de terres & de pierres.
Bafiluzzo a environ deux milles de circonférence
, & toute la maffe qui la conftitue eft très-
peu, élevée au-deffus de la mer. Sa fuperficie eft
fufceptible d’une très-petite culture, parce qu’elle
ne préfente à fa furface qu’une légère couche de
lave décompofée, au-deffous de laquelle on dé-
- couvre la lave folide granitique en pLülieurs ea-
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droits, & femblable à celle dont le refte de l*2e
eft formé. Boltero & Lifca Bianca font deux maffes de
rochers formés de laves décompofées par des vapeurs
alumineufes. A peu de diftance de ces deux
rochers on en trouve un autre, nommé D a ttolo ,
formé encore de laves plus décompofées ; & plus
près de Lipari, on voit l’île de Panaria, compofée
de granité volcaoifé , en partie décompofé, avec
une circonférence de plus de huit milles, & une
certaine élévation de la maffe au-deffus du niveau
de la mer.
Quelques naturaliftes ont cru que chacun de ces
rochers & îlots ne devoit pas fon origine à un volcan
particulier, mais qu’ils font les reftes d’une
île très-ancienne, en partie détruite. Mais toutes
ces conjectures font fort hafardées, & ce qui
fubfifte encore offre peu de fondement à une hy-
pothèfe quelconque. Hèureufement que l’intérieur
des continens nous offre des produits volcaniques
moins altérés par la mer, & beaucoup plus
inftruCtifs fur les différentes 'époques des inflammations
des feux fouterrains.
La dernière île que nous joindrons à ces rochers
, eft celle appelée anciennement G'emetta,
& aujourd’hui Saline, à caufe du fel marin que
; l ’on tire d’ un angle de la plage : fon circuit a
plus de cinq lieues'; fon extrémité fe termine en
trois pointes , & eft formée d’un amas de laves en
couches diftinCteS', provenant probablement des
fommets de quelques-unes des hauteurs où l’on a
cru reeonnoître quelques veftiges de cratères. Nous paffons a une des îles Eoliennes la plus
intéreffante, c’eft-à-dire, à Vulcano. Cette île
a trois lieues trois quarts de circonférence, &
renferme outre cela, par le moyen d’une Tangue
de terre qu’une grande éruption a produite, un
îlot dont le fol eft fort rouge ; elle a la figure d’un
triangle fealène, dont les deux côtés, qui s’enfoncent
dans la mer, font compofés de laves
épaiffes de plufieurs pieds, qui, brifées par les
flots, préfentent maintenant comme une muraille,
fur laquelle on diftingue plufieurs produits de
volcans. Les premiers produits font des 'efpèces
de cimens très-noirs, très-brillans, tout-à-fait
opaques , aifément friables & contenant du fpath
ou le réfidu d’une infiltration calcaire : ce ciment
offre encore des boffes parfemées de feftons & de
gros filets qui font rous dans la direction de la
montagne à la mer. L’intérieur préfente une lave
grifâcre, avec une bafe de filex & de feld-fpath.
L’autre forte de lave fe trouve par lus & au milieu
de Peau, en forme de boules enveloppées de
tufs volcaniques. La molleffe de cette lave pourroit
être' attribuée au refroidiffement fubit qu elle a
éprouvé dans l’eau : c’eft à cette circonftance
qu’on peut attribuer fes fentes & fon état de friar
btlité.
Ces laves paroiffent être les produ&ions du cratère
principal, qui eft éloigné de la mer de deux
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cents pas ou environ. Ce cratère eft rempli de
terre, & conferv'e encore la forme d’un cône ren-
verfé d’une profondeur de quatre-vingts pieds ,
d’une circonférence au fond de. foixante-dix pieds
environ, & à l’ouverture fupérieure.d’un fixième
de mille. Autour du cratère s’élèvent des traînées,
d’une fumée blanche; & des fentes d’oiLelle fort,
on voit de temps en temps, pendant la nuit, s’élancer
de petites flammes.
En vifîtant les grottes, les exhalaifons & les
vapeurs d’acides fulfuriques qu’on trouve dans
cette.:.île, on peut fe convaincre que la décompo-
fition des laves eft produite par cet acide, & non
par le muriatique, comme l’ont foupçonné des
chimiftes qui n’ont pas vu ce travail de la nature
en grand.
De toutes les obfervations que l’on a faites en
dïfférens temps dans l’île de Vulcano , on peut
conclure que Vulcano,'comme le Véfuve &
l’Etna , a éprouvé, dans fes diverfes éruptions ,
des changemens de cratères, mais que depuis,
l’aliment du feu étant moins abondant, les éruptions
ont été moins confidérables & moins fréquentes.
Il réfulte aufli de l’autorité de plufieurs
écrivains, que le feu de cette montagne date de
temps très-reculés, puifqu’il étoit en activité du
temps de Thucydide, qui floriffoit 475 ans avant
l’ère chrétienne : mais ce qui peut faire croire que
ces. embrafemens datent d’une époque très-ancienne
, c’eft que toute la maffe de l’île a été
s’obfervent fur la côte de la mer, près du port de
la ville de Lijfa t on voit un marbre feuilleté &
une efpèce de fehifte blanchâtre peu propre à
couvrir les maifons, à caule de la fragilité & de
l’irrégularité des lames qu’on en détache : on y
trouve aufli une - grande quantité d’os foflïles
enveloppés dans une pierre femblable à celle qui
renferme aufli des os dans les îles d’Ozero & de
; Rogos-Nizza > on les rencontre furtout dans les
fentes perpendiculaires des rochers d’une petite
vallée nommée R u d a j & l’on affure qu’on en
trouve encore une plus grande quanrité dans les
rochers d’un petit îlot voiftn, appelé Budicova^. L’intérieur des montagnes doit être compofé de
brèches compares, comme l’extérieur l’eft de
pierres molles & poreufes. La terre eft rougeâtre
comme une argile faturée d'ochre. Les lieux élevés
fucceflivement volcanifée.
Vulcano, du côté de L ip a r i, n’offre à la vue
aucun végétal ; ce n’eft qu’à l’oueft & au fud que
cette île eft ornée de végétaux & même de gros
arbres, comme des chênes & des yeufes.
Du refte, l’île. de Lipari attefte, foit fur fes
côtes, le long de la mer, foit dans fon intérieur,
les ravages des feux fouterrains.
LISBURNE (Cap). Ce cap eft fitué fur la côte
feptentrionale de l’Amérique ; il gît par 69 d. 5' de
latitude, & 194 d. 42/ de longitude (méridien de
Greenwich).
Il paroït affez élevé,même jufqu’au bord de la
mer : au refte, il y a peut-être au-deffous des terrains
bas qu’il étoit difficile d’apercevoir. puifque
le capitaine Cook, lorfqu’il l’obferva, étoit à la
diftance de dix lieues; partout ailleurs il avoit
trouvé, en s'élevant au nord, un rivage abaiffé ,
d’où le fol prenoit enfuite une hauteur moyenne.
La côte qui fe préfentoit devant lui, n’offroit de la
neige que dans un ou deux endroits, & elle avort
* une teinte verdâtre; mais il n’y vit point de bois.
LISSA, une des îles de la mer de Dalmatie.
Le fol de cette île offre d’abord du marbre
commun, rempli d’orthocératites dans les couches
inférieures & de numifmales dans les fupérieures.
Cette difpofitioti des couches fe trouve quelquefois
dans un ordre renverfé. Parmi les pierres qui
font remplis de fable & de gravier.
Dans les temps anciens, le vin étoit la production
la plus importante de cette île : aujourd’hui
ce vin eft d’une très-médiocre qualité, parce qu’on
a négligé le choix & h culture des bonnes efpèces
de raifins, ainfi que l'art de faire le vin. Le fol &
la fituation font favorables à toutes les denrées.
L’oKvier, le mûrier, l’amandier & le figuier y réuflîffent parfaitement «bien. Les plantes odorantes
donnent au miel un goût exquis; mais on
prétend que les .abeilles font de très-petites récoltes
de cire. Lâ*viande des agneaux, des chevreaux,
le lait & les fromages font de la meilleure
qualité; mais les laines ne font pas belles7 parce
qu’on prend peu de foin des troupeaux.
La pêche eft la branche J a plus importante du
commerce de Lijfa. En peu de temps, dans une
nuit obfcure , une feule barque prend foixante ,
cent & même cent cinquante mille fardines ;
mais, dans ces derniers cas, la trop grande abondance
devient un objet d’affliétion & d’embarras.
Par une de ces petites vues qui conduifent fou vent
les fouverains & qui caufent de grands maux, l’île
de Lijfa y placée dans la fituation la plus commode
pour faire-la plus riche pêche, n’a point de maga-
fins de fel. Les pécheurs, fur chargés de poiffon ,
font forcés , pour le conferver, d’aller à h diftance
de quarante milles chercher le fel dans les magafîns
de Léfina ; mais defefpérant le plus fouvent de
pouvoir aller & revenir avec la célérité néceffaire*
ils jettent cinquante & même cejit mille poiffons à
la met. Ce feroit donc une bonne économie, avan-
tageufe au gouvernement vénitien , que l’établif-
fement d’un maga'fin de fel à Lijfa : ceci eft une
preuve du mal que font l’efpric fifcal & les arran-
ggmens exçlufifs.
Ce n’eft pas feulement aux- nuits obfcures des mois
d’été que fe borne la pêche des habitans de Lijfa. La
douceur de fon climat permet aux pêcheurs d'exercer
leur métier pendant tout l’hiver. L’affluence
des poiffons, qui aiment à hiverner entre les rochers
couverts des environs, les dédommage des
i inconvéniens de h toifon. Tous les poiffons, fur