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vx>it tomber de 200 pieds de hauteur. Les productions
de la nature y font d'une variété fingulière.
On va chercher les eaux minérales^ dans les dé-
ferts , malgré les chemins pre fqu’imprati cables,
ou l on eft obligé de fe faire porter avec beaucoup
de^ peine : ces eaux font thermales. On alfure
<iu elles font tres-aperitives & réfolutivjes : on les
prend intérieurement, on s'y baigne, on y prend
les douches, on en- applique les boues, 8c l'on en
éprouve de bons effets.
MASSIFS TERRESTRES. Pour peu qu'on ait
obfervé les différentes matières qui compofent les
parties du Globe voifînes de fa furface, & où l’on
peut faite des fouilles à l'aide defquelles on connoît
non-feulement leur nature , mais encore leur dif-
pofition intérieure, il eft viiible qu'il y a d fférens
qui appartiennent à dès époques particulières
par leur ftruèture & leur pofition relative.
Plufieurs chaînes de montagnes, par exemple,
font compofées de matières quartzeufes, feld-
fpathiques, micacées, argileufes; on n’y trouve
aucune dépouille de corps marins. Ces fubftanees
forment des majfifs qui occupent depuis les plus
grandes profondeurs jufqu’aux fommets les plus
élevés. On les conftdère comme les fubftances les
pjus anciennes, & on les a généralement délïgnées
fous le nom de primitifs : ce font fpécialement les
granités, les gneifs, &c.
: Les fchiftes argileux, les porphyres, les ferpen-
tines , les pierres argileufes dures, les trapps, les
ftéatites, les ollaires, compofent d'autres maffifs
anciens, mais poftérieurs aux précédens. Dans
certains cantons on ne trouve qu’une feule fubf-
tance 5 dans d'autres deux mêlées enfemble; ailleurs
trois, & enfin toutes fortes de mélanges. La dif-
tribution de ces matériaux n'eft pas faite par bancs
ni par couches, mais par grandes maffes qui ne
font féparées que par des fentes de defliccation,
bien différentes en cela des lits calcaires ou autres
bancs diftinéts.
* Les filons métalliques qui fe trouvent dans ces
Tnajfifs ne fuivent aucune règle dans leurs allures,
& n’offrent que des rempliffages de larges fentes
diftribuées en tous fens.
Les autres tra&us offrent des mélanges dans
lefquels il fe trouve des fubftanees calcaires & des
matières vitrifiables diftribuées par couches 8c par
bancs, foit féparées, foit unies enfemble. On
trouve très-rarement, dans ces mélanges, des
coquillages ou des impreflfions de plantes & de
poiffons.
Le plus fouVent ces tra&us ne forment pas des
montagnes fort élevées, mais des collines adoffées
aux autres majfifs primitifs dont nous avons parlé,
& qui en recouvrent les pieds & lès différentes
limites ; ce qui femble prouver que leur formation
eft de beaucoup poftérieure à celle de ces majfifs
anciens qui leur fervent de bafe. Il eft viiible que I
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ce font des dépôts de l’Océan : ce font des montagnes
à «couches horizontales.
Enfin, on trouve dans de grands trattus de la
furface de la terre,, des collines ou petites montagnes
compofées de graviers calcaires, de fables
vitrefeens, d'argile, de craie, de cailloux roulés,
de coquillages marins ou d'eau douce, toutes fub[-
tances diftribuées par couches bien diftinétes.
Parmi ces matières, quelques-unes font pétrifiées
& durcies, d’autres font fous forme de tuf ou de
pouflière.
Ces derniers trapus diffèrent des premiers majfifs
8c quant aux matériaux & quant à leur arrangement
: ce font des débris du premier tnafif &
des féconds traétus entraînés par Iqs eaux dans la
mer, roulés 8c arrondis par les flots, 8c .dépofés
dans le plus grand aefordre.
Ces dépôts fe trouvent quelquefois avec les
produits volcaniques, ou même les recouvrent;
mais on ne peut former une même claffe de ces
deux différentes matières.
Si nous jetons les yeux fur les plaines toutes
formées d'alluvions & de matériaux entraînés au
fond des vallées par les eaux pluviales qui les ont
enlevés aux c.oilines & aux montagnes, d'autres
fois formées fur les bords de la mer par les dépôts
des fleuves que les flots rejettent dehors de Ton
baflin, nous en ferons un ordre particulier de
tra&us.
Reprenons, maintenant les plus.anciens maffifs.
II eftaifé de voir que le granité corppofé de quartz,
de mica & de feld-fpath, occupe les parties les
plus profondes de la furface du Globe, dé manière
qu’on ne trouve jufqu'à préfent aucune autre matière
qui ait paru, lui fervir debaféj en forte qu'on
peut le confidérer comme formant les maffifs les
plus anciens > puifoue tous les autres compofés^fé
trouvent néceffaiffment appuyés deffus cette ancienne
bafe.
Malgré la certitude des caractères fur lefquels
je me fuis appuyé pour former la diftinétion des
différens ordres de majfifs que je viens d'établir,
je crois devoir y en ajouter d’autres plus clairs &
plus précis que ceux dont je viens de parler.
Ces connoiflances font trop importantes pour
le progrès de Thiftoire naturelle, furtout pour
fixer les départemens de chacune des fubftanees
minérales, de manière qu'on ne faifepasde fauffes
recherches pour les trouver.
Je penfe q u e , pour bien faire diftinguer un
mafifterrefire, on doit rechercher avec foin 8c bien
décrire quatre caractères principaux, qui font tirés :
1°. Delà nature de la matière première, ou plutôt
principale, qui compofe ce maffif;
- 20. De l ’organifation de cette matière, foit en
amas, foit en couches horizontales, inclinées ou
tordues , foit en coulées, foit en dépôts, &c. &c.;
30. De la ftruCture ou de fon tiffu, foit en maffe
folide, ou en parties grenues & friables de fon
grain, & c . ;
4°. Enfin,
4*. Enfin, & c’eft le plus important, de la pofition
relative de ce maffif, par rapport à ceux, fur
lefquels il eft établi, 8c à ceux auxquels il peut
fervir de bafe. . '
Une fois que les différens majfifs feront circonf-
crits & figurés, on pourra facilement déterminer
leur étendue, les rapports qu'ils peuvent avoir les
uns avec les autres, leurs différens niveaux, leurs
formes, leur allure ou direction, & c . : chacune des
conféquences qu'on tirera d’après les réfultats de
ce travail, fera générale & nullement hypothétique.
Des formes & des afpefis des majfifs terrejlres.
On fe tromperoit fort fi l ’on envifageoit les
formes des différens majfifs terrejlres comme la fuite
d’une difpofition primitive qui n'auroit éprouvé
aucun changement ; mais à la Cuite d’obfervations
raifonnées, & à la lumière de l’analyfe, oh eft
bientôt convaincu que les formes qu ‘ils préfentent,
font le réfultat de deftruCtions fucceflives, & un
dernier réfultat. Il s'en faut bien qu'on puifle
du premier coup d'oeil reconnoître dans ce réfultat
l'état primitif 8c les plus anciennes formes.
Pour remonter à cet état, il faut faifir quelques
. caractères qui n’ aient pas été altérés au milieu des
deltruCtions fucceflives, & le lier à un autre qui
indique ces deftruCtions. C ’eft ainfi que, dans les
maffifs à couches inclinées, on a un caraCtère de
leur ancienne organifation dans la diftinCtion & la
réparation des couches, 8c qui fert à les reconnoître
malgré les deftruCtions & les changemens
qu'ils ont effuyés par l'inclinaifon de ces^ couches.
Tout ceci étant bien conçu , on y joint ai-
fément les formes arrondies des fommets, ou leurs
afpeCts, en combles & en demi-combles qui les
annoncent de fi loin à des yeux exercés à les
voir.
C ’eft en fuivant les mêmes principes d’analyfe
qu’on peut reconnoître les maffifs de la nouvelle
terre, les traCtus des couches horizontales, &
qu’on parvient à les diftinguer en faififfant de
même les caraCtères de leur organifation primitive.
Comme ces caraCtères ont été beaucoup
moins altérés, on les retrouve facilement dans la
diftinCtion des lits 8c dans leur difpofition hori- j
zontale, d'où il réfulte ces formes de plateaux horizontaux
qu’offrent les fuperficies des coteaux des
collines, & par la continuité 8c le prolongement
de ces fuperficies plates > tant que les caufes qui
ont dû les altérer n*ont pu agir. : ces caraCtères
forment un contrafte affez frappant, qui met les
traCtus de la nouvelle terre en oppontion avec
les formes tourmentées des majfifs de la moyenne
terre, où fe trouvent les couchés inclinées*
Dans toute cette difcuflîon, notre principe de la
réparation & de la diftinCtion des couches par les
intervalles terreux interpofés nous ont été d'une
très-grande reffource ; c’eft par ce principe que
Géographie-P hyfque. Tome ,
nous trouvons le moyen de rapprocher deux fortes
de traCtus quant à leur formation primitive comme
fédimens 8c dépôts fous-marins, puifque l’un &
l’autre font des affèmblages de couches diftinCtes,
qui n’pnt pu être organifées ainfi que par l’eau 8c
fous l’eau. Mais enfuite nous avons un grand avantage
pour établir ce qui eft propre 8c particulier à
chacun d’eux , en fuivant 1 effet des deftruCtions
qui ont modifié différemment leur état primitif:
c'eft ce qui nous refte à développer & à pré-
fenrer bien en détail d ’après l’obfervation que
nous en avons faite.
Dans les traCtus de la moyenne verre calcaire,
dans les majfifs à couches inclinées, la plupart
des fommets ont la forme de demi-comble» produite
par l’inclinaifon des couches, qui ont été
difpofées comme les croupes d’un toit ; 8c ces
croupes font d’autant plus marquées & alongées,
que les bancs de pierres font plus folides 8c d’ une
largeur plus confidérable, fans fentes de defliccation.
Si la diftinCtion des couches eft la fuite d’intervalles
terreux fort épais , que le grain des
pierres foit très-fin, les fentes de defliccation font
très-multipliées ; alors les deftruCtions, les-déformations
des couches ne préfentant que des réfultats
d’ un petit volume, les formes extérieures
des montagnes font plus arrondies, & les couches
approchent de la difpofition verticale.' Dans
cet état les pluies détruifent & décompofent les
maffes avec un grand avantage , parce que les
différentes parties de ces maffes fe prêtent plus facilement
à leur aCtion.
D'abord les petits b locs, réfultats de la deffic-
cation, fe prêtent à la démolition des couches dans
le fens de leur longueur 8c de leur largeur ; les dé-
litemens dans le fens de leur épaiffeur s'opèrent
de même, 8c l'on fent que ce dernier travail s’accélère
d’autancplus, que les intervalles térreux font
plus épais, & que les pierres fe préfentent fur 1a
: tranche à l’aCtion de l’eau. On voit bien que le
1 déplacement des parties terreufes, réfidantes entre
ces couches, fuit la démolition des mêmes
■ couches, &que le délitement fe fait plus facilement
lorfque l'eau peut agir fur les faces des élémens
de la démolition qui font à découvert.
En conféquence de ces démolitions & de leur
marche, les majfifs qui renferment un fyftème de
couches où le principe terreux eft interpofé 8c
très-abondant, font plus couverts de terres végétales
fur les flancs que fur les fommets, 8c toutes
les formes pour lors font arrondies.
On conçoit facilement q u e , dans les majjifs où
le .principe terreux eft peu abondant, outre que
les démolitions font,très-peu étendues, l’oflature
fe montre à découvert, & on y trouve très-peu
de terre végétale, furtout lorfque les couches ne
fe préfentent pas facilement à la décompofition
dans le fens de leur épaiffeur , & aux diii-
témens.
Quelques-uns des majfifs qui ne préfentent au-
D d d d