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commencement de la defcente jufqu’au fond : la
mine eft pour la plus grande partfë dans la terre,
& non dans le roc.
Les veines de fel font larges, & on en tire des
morceaux qui vont jufqu'à dix milliers. On coupe ordinairement
le fel en longues pièces carrées de deux
pieds de long, fur un d’épailfeur. Pour s’en fervir,
on le broie entre deux meules. La mine elt froide
& humide j mais le fel y étant en pierres, ne s’y
diftbut pas aifément, au moins il ne s’en diflout
pas beaucoup à cette humidité : mais l’eau de la
mine eft fi imprégnée de fe l, qu’on la tire de la
mine dans de grands baquets, & on la fait évaporer
pour en obtenir un fel noirâtre qu’on donne aux
beftiaux du pays.
La couleur du fel en pierre de cette mine n’eft
pas blanche pour l’ordinaire, mais un peu grife.
Lorfqu’on le broie, il devient aufli blanc que s’il
étoit rafiné.Ce fel eft compofé départies pointues.
Il y en a aufli dans la même mine une autre efpèce,
oui eft compofée de carrés & de tables, & une troi-
uème qui paroît compofée de plufieurs branches.
Le fel de cette mine n’eft pas tout de la même
couleur. Celui qu’on trouve grofliérement mêlé
avec la terre, en conferve un peu ia couleur. Le
plus pur & le plus tranfparent reçoit fouvent des
teintures de différentes couleurs. On a vu au milieu
d’ un morceau de fel bien crtftaliin, qui a voit de
longues branches, une légère couleur bleue, un
autre morceau d’ un très-beau jaune. Il y en a d’autres
qui font très-purs & très-tranfparens , & fi
durs, qu’on leur donne différentes figures. Quoique
ces fels fe confervent fe c s , fans aucun foin dans
d’autres pays, pendant plufieurs mois, néanmoins
ils ont commencé à s’hume&er peu de tems après
qu’ ils ont été envoyés en Angleterre. Si on.les
garde dans une étuve ou quelqu’autre lieu chaud,
jls perdent bientôt leur tranfparence. On n’a pas
oui dire qu’ il y eût aucune vapeur dans les mines
qui les renferment.
. É PERN A Y , ville du département de la Marne,
à fix lieues & demie fud de Rheims. Cette ville du
ci-devant Rémois, au milieu du pays le plus riant
& le plus fertile du département, & fur un fol
de craie favorable pour la plantation des vignes ,
faifoit partie du gouvernement général de la Champagne.
C ’eft dans le territoire CY Epernay que l’on
recueille le vin dit de Champagne, qu’on recherche
le plus , 8c c’ eft ce qui fait la principale branche
de fon commerce, indépendamment des vins des
fameux coteaux d’A ï , d’Hautvilliers, dePiery &
de Cumières. Outre le fol de craie qui n’eft pas
planté en vignes, on en cultive en grains de certaines
parties, qu'on fertilife par des terres jaunes
mêlées de fumiers. Il y a en outre à Épernay une
fabrique de poterie , d’où fortent toutes fortes
d’ouvrages & des poêles très-eftimés. Près de cette
ville croiflent des forêts confidérables de chênes
fc de charmes propres à faire des échalas j des
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lattes â tuiles, des bois de conftru&ion & de chauffa
g e , 8c du charbon avec le petit bois. La ville
d ‘Epernay eft environnée d’une quantité d’eaux
vive s, & arrofée d’un petit ruifleau nommé Car-
bry. ?
Il y a dans cette ville un infpe&eur des forêrs.
La vallée de la Marne, dont on a la perfpeétive de
la ville d'Epernay, offre des croupes de craies fort
élevées, & un fond de cuve fort large, au milieu
duquel la rivière circule.
E pernay ( Forêt d’ ) , département rie la
Marne & à un tiers de lieue de cette ville. Elle a
de l’eft à l’oueft deux mille trois cents toifes , 8c
du nord au fud douze cents toifes. Elle tient à la
forêt dé Bourfaut par la partie de l’oueft.
Epernay. La montagne de Saint-Martin d’A-
bloy tient à celle à*Epernay, & la limite vers le
couchant.Son organifation intérieure eft femblable
à celle delà montagne d’Épernay : on y trouve ce-,
pendant dans les bois quelques minerais de f e r ,
près du village de Saint-Martin : il y a de même au
fommet beaucoup de meulières, & à un certain
niveau une fource abondante qui fait tourner
toutes les ufinés d’ un moulin £ papier. Le Mont-,
Félix eft contigu à la montagne d’Épernay, du
côté du fud , & à celle de Saint-Martin-d’Abloy :
il a près d’ une lieue de longueur fur un mille de
largeur : fes croupes font en partie cultivées, couvertes
de vignes. Il y a cinq villages diftribués fur
les coteaux. Les matières qui comp.ofent les couches
de eette montagne font différentes de celles
des montagnes voifines. La terre végétale eft colorée
par i’ochre : ori y trouve des grès rougeâtres
& rubanés, enfuite une terre noire, colorée par le
fer. Sous cette terre noire eft un banc de fable de
dix pieds d’épaiffeur, très-pur & très-blanc. Après
ce banc on rencontre de la pierre meulière dont on
fait ufage dans la bâtifle : entre les malles de ces
pierres on trouve de petits fiiex roulés & des galets
agglutinés enfemble par un ciment calcaire. Sous
cette couche pierreufe, qui a fept à huit pieds
d’épaifleur, on trouve un tuf calcaire, au milieu
duquel font des fiiex, des pyrites 8c des coquilles
foffilles. Enfin, le banc de craie forme la bafe de
toutes ces montagnes, aïnfi que prefque toutes les
chaînes calcaires des environs, 8c que nous avons
décrites dans des articles particuliers :
ÉPERNON, ville du département d’Eure 8c
L o i r , arrondiflement de Chartres, canton de
Maintenon. Cette ville eft placée au bord de la
rivière d’Ouille, dans une belle fituation. Les Anglais
s’en emparèrent fous Charles V I , & rie l'abandonnèrent
qu’en la ruinant, fuivant leur coutume
générale.
E PFFIG, village du département du Bas-Rhin,
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arrondiflement & canton de Bar, & à deux lieues
dé Benfelden. Il y a aux environs d’ excellente argile
à potier.
ÉPIE, rivière du département de la Seine-Inférieure.
Elle prend fa fource au defïus de la commune
de Rebergre , canton de Forges , coule au
fud-eft, paflè à Gournay, enfuite près du village de
Neufmarché, coule enfuite au fud-oueft en féparant
le département de l’Eure de ceux de l’Oife 8c de
5 fine & O ife , & fe jette dans la Seine â deux
lieues au défîbus de la Roche-Guyon.
• EPIERRES, village du département du Mont-
Blanc, canton de la Chambre. Il y a une forge qui
rend annuellement cinq cents miiliers.de fe r , 8c un
fourneau qui donne une fonte blanche criftallifée
c°nfufément en rayonsdivergens. Une goutte d’ acide
nitreux affoibli, verfée fur cette fonte, lailfe
une teinté noire très-fenfible. On fait grand cas
de cette fonte à la -fabrique d’ acier de Rides, quoiqu’on
ne l’ emploie pas feule pour faire.l’aeier. On
la mélange ordinairement dans la proportion de
deux feptièmes avec deux feptièmes de fonte
d’Allevard & trois feptièmes de Saint-Vincent.
ÉPIES, village du département du Loiret, canton
de Meun. Dans l'étendue de cette commune,
on voit plufieurs fouterrains, entr’autres un qui
offre les débris d’un cloître taillé dans le tu f , 8c
carrelé en terre cuite à fourneaux. Près de ce village
on a trouvé plufieurs vis de canons & des
gouttières de terre cuite, qui feryoient à couler le
métal fondu.
É P IN A C , village du département de Saône
8c Loire, arrondiflement d’Autun, 8c à trois lieues
trois quarts de cette ville. Ce village étoit du duché
de Bourgogne. Il y a une mine de charbon de terre
de bonne qualité.
ÉPïQUX (Bas) , forges du département des
Forêts , arrondiflement de Neufchâteau , canton
de Florenville, commune de Chiny, dans la forêt
6 à trois quarts de lieue nord-oueft de Chiny, au
deffus d’ un étang.
Épioux (Haut), forges, même département,
arro.ndiiïement de Neufchâteau , canton de Flo-
rênville, à deux lieues & demie de Neufchâteau,
ptès le Samoifi.
ÉPOQUES DE LA NATUR E. J’appelle Époques
les limites d’un terris déterminé, qui corref-
pond à une certaine mafle de faits & à un certain
ordre d’événèmens. J’appelle révolution le paf-
fage d’un état à un autre é ta t, à ces mafles de fairs I
& d’événemens qui conftituent une époque. C ’eft [
ainfi que lés différentes. 8c fuccelïives révolutions j
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du Globe ne peuvent être diftinguées 8c comptées
que par les caractères mêmes des époques.
Toutes les époques doivent être circonfcrites pâr
des limites précifes, pour être décidées époques,
faus.quoi on ne peut déterminer la révolution. Une
révolution qui s’opère n’eft pas réputée révolution
, mais {elle peut avoir differens âge s, le tems
du progrès & celui du retour. Il y a des opérations
qui fe préfentent lentement 8c qui s’exécutent de
même. Ces opérations fe défigurent enfuite, & c’eft
ce que j’appelle le retour. Si ce font les mêmes opéra-
tions, le même travail, les mêmes agens, alfujettis
à d’autres circonftances feulement, la révolution
doit renfermer & le progrès & le retour ; mais fi le
retour eft la fuite d’ un agent différent, pour lors le
progrès & la perfection d’ une opération formeront
un e époque, & le retour une autre. Il faut que l’opération
de la nature, poor décider la diftinCtion d'une
époque, foit une de c-es grandes démarches qui changent
l’état du Globe, & qui faffent révolution en
un mot, comme je l’ai affez indiqué j car une opération
quelconque ne peut conftituer elle feule une
époque ; elle peut faire partie d’une époque, comme
un événement contemporain & parallèle à d’autres,
mais elle ne fera pas une époque. Un des caractères
principaux de Yépoque, c’ eft d’ être diftinCte de toute
autre, de pouvoir en même tems indiquer une cor-
refpondance entre ce qui précède & ce qui fuit*
d’annoncer un nouveau fpeCt icle dans l’Univers, un
nouvel ordre de chofes, un progrès dans les opé-
rations qu’ elle renferme : fans cela Y époque eft fans
fondement comme fans aucune utilité.
U époque eft proprement une colleClion de faits §
elle ne doit pas rejeter les caufes fi elles fe-préfentent
d’elles-mêmes ; ainfi les couches horizontales
font une époque comme dépôt de la mer. Cecte
confidération y entre- aufli } car je ne ferai pas une
époque des fimples dépôts de la mer avant d’avoir
confidéré les couches horizontales. Le caractère des
époques fe tirera des faits d’abord, & fe complétera
par les caufes : d’un autre c ô té , Vépoque peut fub-
fifter fans qu’on puifle indiquer les caufes des évé-
nemèns, pourvu qu’ ils aient un caractère commun
& diftinét qui leur convienne , & qu’on puifle
reconnoître & leur appliquer aifément.
U époque peut prendre fa dénomination des caufes
connues. Telle eft Y époque torrentielle, qui eft celle
de la formation des-vallons par les eaux courantes.
La retraite de la mer eft un fait qui n’a pas laifle
de caufe connue > elle formera cependant une épo~
que. 11 eft vrai que je ne puis la fixer par aucune
des traces ■ de révolution , qui fubfifte ; je fuis
obligé de la fuppofer faite. Je ne vois que les pentes
des continens, qui aient déterminé fa marche. Le
baflin aéluel de la mer fera de même une époque. Je
ne vois aucune obfervation pour laquelle il auroit
été déplacé, & je ne vois pas non plus dans quel
maflif iU été creufé. Je le répète : la retraite de la
mer& l’approfondiflement de fon baflin font deux
| époques, dont les caufes & les circonftances font