
d'arbres, & notamment îe$ mêlai eue a ; dont le" t
liber d'un t.iffu très-fin, très-moelleux , adhère !
fi foibtevnenc au bois, qu'il fuffit d'.un léger effort !
pour l'enlever, par longues bandes, depuis le-
pied de l'arbre jufqn'à l'extrémité de les branches
, ce qui ieur donne un afpeét tQut-à-fait particulier.
La marche eft partout facile dans 1’in.cé-
rieur de cette-forêt, à caufe du grand écartement
des arbres. La furface du fol eft généralement revêtue
d'une herbe courte , fine & légère. L'eau
qui fuinte, lorfque l'on creufe la terre, eft fau-.
j nacre, & . cette qualité fâline du terrain femble
repouffer tous L$ animaux. Les traces des kangu-
roos font rares ; les infeCtes mêmes femblenç exilés
de ces bords, à l'exception toutefois des four-
rnis , dont les noires légions, cantonnées particulièrement
fur les revers des’ dunes, fe préfen-
tent partout innombrables autant qu'incomniodes.
Lors de fa première exciirfion dans ce pays,
Péron remarqua que, malgré la variété prodi-
-gieufe des arbres & des arbriffeaux qui confti-
tuent h végétation de ce fol fingulier, on ne voit
cependant aucun fruit qui paroiffe fufceptible. de
fervir à la nourriture de l'homme ou des animaux
frugivores. Cette même obfervation fe reproduit
fur tout le relie du vafte continent de la Nouvelle-
Hollande, fans qu’elle paroiffe fouffrir aucune exception
bien fenlible. Seroit-ce donc à cette fin-
gulière abfence, ou du moins à cette exceflive rareté
des fruits mangeables., qu'il faudroit attribuer
la non-exiftence des animaux exclufivement frugivores
fur le continent dont il s’agit? Toujours
eft-il certain que , jufqu’à. ce jour, on n'y en cor.-
noît aucune efpèce, & que nulle part on n’en a
découvert le plus léger veftige. Les linges, par
exemple, dont les innombrables légions couvrent
l ’Afrique, l’Afie l'Amérique, n éridionâle, &
un fi grand nombre, d'îles (- les Moluques ) pour
ainfi dire aux portes de la Nouvelle-Hollande, Ls
Sages ne paroiffent point exifter fur cette grande
terre , & véritable ment il fëroit difficile de concevoir
la manière dont des animaux, de ce genre
pourroient y fubfifter.
. Les naturels font peu nombreux ; iis fe tiennent
principalement fur les bords de la mer, où iis
trouvent leur nourriture. Leurs huttes ont trois
pieds de haut, trois pieds de large, & lix pieds
de longueur j elles font compofées de branches
d'arbres fichées tn terre par leur gros bout, &
dont les rameaux font réunis en voûte vers leur
extrémité j elles font recouvertes de bandes d’écorce
de. melalcuca, qui fert auffi à former des
foites.de matelas fur lesquels ces naturels re-
pofent : ceuxrci vont abfofument nus, à l ’exception
d’un, manteau de pe^u de chien ou de kan-
guroo qui couvre les. épaules de quelques-uns
d’eaitr’tux ; d’autres ont feulement les parties naturelles
voilées, & une efpèce de ceinture autour
des reins..On nobferve dans aucun des formes
^elks & nourris. Leur taille eft ordinaire ou
même médiocre. Leur couleur eft d’un noir beau- ,
coup moins foncé-que celle des Africains. Leurs
cheveux font courts, unis, droits & liffesl leur
barbe longue Ôc noire, leurs .dents 'très-blanches. -,
Ils font peu fociables , fuient les étrangers’ lorsqu'ils
font en petit nombre, ou cherchent à Us,
repouffer lorfqu’ils font réunis ; alors ils brandif-
fent leurs zagaies ou font'mouvoir leur caffe-
têre aveo beaueoup.de rapidité. Ils vivent mifé-
rablement de produits de la mer & de bulbes de
plantes orchidées, qui ont à peine la groffeur
d’une noifeite.
L’expédition de découverte aux terres a-uftrales
éprouva une violence tempête dans, cette baie
du Géographe, & les deux vaiffeaux coururent
les plus grands dangers., Le capitaine Baudin, ré- r
folut de remonter plus près dé l’équateur, &
dirigea fa route fur la baie des Chiens marins,
qui eft fituée par le 25e. degré de latitude fud &
le 112e. degré de longitude eft du méridien de
Paris. Gn aperçut dans cette route , à plufieurs.
rèprifes, la terre ci’Endrachr.
.. Terre d'Édels. Elle eft fituée plus au nord que
la terre de Leuwin, dont elle eft la,continuation..
Sa pofition eft remarquable par la proximité' de,
l’île de Rottneft, reconnue depuis long-temps par
les premiers navigateurs qui ont exploré cette
côte de la Nouvelle-Hollande. Cette île eft oblofigue
, & fes bords font.très-efcarpés. On trouve
dans fon milieu un vallon agréable, ail fond duquel
font plufieurs étangs d’eau falée qui nour-
riffent une prodigieufe- quantité de coquillages
bivalves.. Elle eft habitée par des phoques.
La rivière des- Cygnes, dont l'embouchure eft
en” face de î'ïle de Rottneft, a été- découverte en,'
1697 par Flaming, & fut ainfi nommée des cygnes
noirs qu’on y trouva en grand nombre. Son embouchure
eft obftruée par upe barre de roches
difficile à franchir, même pour les petites em-.
barcatipns. Uoemultitude proaigieufe de pélicans,
ont fixé leur féjotir vers ce ire partie de la rivière.
Le fol eft cpmpofé de dunes de fable plus ou,
moins élevées-; la roche qui les termine du côté
de la mer eft toute de nature ealcaire mêlée de fables
, remplie d’excavations & de fentes , qui
femblent être l’effet des eaux, Sur les dunes croif-
fent différentes efpèces d arbriffeaux , parmi lef-,
quels on -remarque Y eucalyptus refinifera , & de
grandes troupes d'oifeaux de terre, 6e perruches,
élégantes furtout , voltigeant dans les arbies.
A peu de diftance de la mer, la rive gauche de
la rivière devient a pic & préfe.nte une couche dp
roches fablonneulès & calcaires , difpofées par
bandes horizontales ; bientôt après, l’tfcarpement
paffe à l'autre rive & fe montre fous la forme d'un
grand mur circulaire couronné de ve rdure > partout
on retrouve fur ces bords des traces évidentes du
fe jour ancien de la mer. La, roche eft prefqu’ex-
cluirvement composée d’incruftations de coquilles,
de racines, &: même de troncs d'^ibres pétrifiés ;
phénomène
phénomène qui fe reproduit en différèns endroits
de h'Nouvelle-Hollande. Du relie» le pays eftplat
fur ce point, & n'offre de hauteurs un peu grandes
qü'à une diftance confidérable. Au-delà du mur
circulaire dont on vient de parler, la forme efear-
pée repaffe toucà-coup fur la rive gauche, &
préfente lemême afpeét de ruines, la même conf-
titution géologique que l'on vient de décrire : bientôt
on arrive à un grand baffin formé par un terrain
bas, fur lequel la rivière s'eft plus librement
développée; un haut fond occupe prefque toute
la largeur de ce baffin. Sur la rive gauche on obferve
une efpèce de branche ou enfoncement, qui pa-
roît devoir ouvrir une nouvelle communication
avec la mer. Du fommet d'un des coteaux qui bordent
la rivière des.Cygnes, on découvre d'une part
le cours fupérieur de cette rivière, qui remonte
vers un plateau de montagnes lointaines, & de
l'autre on pourfiiit fon cours inférieur jusqu'aux
rivages de l'Océan. Ses deux rives paroiffent prefque
partout couvertes de belles forêts qui fe prolongent,
très-, avant dans l'intérieur du pays. La roche
, qui fe montre quelquefois à nu ; eft de même
nature que celles donc nous ayons parlé précédemment;
elle eft en effet, comme elles, calcaire, fa-
bionneufe &coquiIiiè.te, recouverte d'une couche
de fable mêlée de débris de végétaux. Le cours de
la rivière préfente, à une diftance affez confidérable
de la mer, une ligne de petites îles baffes & noyées,
défignées fous le nom d‘ îles Hèriffbn. C'eft près de
ces îles que les cygnes noirs font communs. Plus
haut encore, le pays ëft très-bas & prefque noyé ;
une couche de fable à gros grains, & qui paroît
provenir d’une roche^ d’ancienne Jormatiôn, récouvre
un banc d'argile très-épais, tenace & rougeâtre.
A ce point on.obferye une quantité de petites
mares bourbeufeS, des efpècés de petits lacs,
ou bien les eaux coulent en petits filets, en petits
ruiffeaux vers la rivière, dont les eaux, dès cè
moment, commencent à perdre quelque chofe de
leur falure; jufqu'alors ell s fe' fouriennent pref-
qü’aufli falées que celles de la mer. Cette rivière,
dans le point le plus profond, a huit à douze
pieds de profondeur; mais elle offre des amas de
yafe &: des bancs de fable qui en rendent la navigation
difficile. Les voyageurs qui fe chargèrent
de là remonter n’allèrênt pas jufqu'à la fource,
'quoiqu’ils naviguaffent deffus pendant' trois jours
confécutifs :11s rapportent qu’ils entendirent un
hurlement terrible quiparoiffoit fortîr des rofeaux,
& que cê hurlement étoit femblable au mugiffe-
mentd’un bçeuf, mais beaucoup plus fort; toutefois
ils ne virent point l'animal d’où il étoit provenu.
L’îlê de Rottneft renferme une petite efpèce de
kanguroo de deux pieds environ de hauteur, &
un quadrupède de la taille dû ra t , qui fait partie
du genre kydromis. Les phoques y font très-
nombreux, & s’avancent quelquefois dans l’ intérieur
des for.êrs à d’affez grandes diftances. Il y
Géographie-Phyjîque. Tome 1K,
en a de .très-gros ; ils font communément gris ;
d’autres font rougeâtres, & quelques-uns noirs :
ces derniers font les plus petits, 6: peut-être de
jeunes individus. On y a trouvé auffi plufieurs reptiles
nouveaux & d’affez grande taille. Les poif-
fons, & furtout les requins ou chiens marins, fcnc'
très-nombreux dans cei parages.
Terre d'Endracht. Elle offre à peu près le même
afpeét que la terre de Leuwin, c'eft-à-dire, partout
un prolongement de côtes abaiffées, d’un niveau
prelqu'uniforme , fablonneufes , ftériles , rougeâtres
où grifâtres, fillonnées, en différèns endroits,
de ravins fuperficiels., prefque partout
taillées à p ic , défendues fouvent par des reffifs
inabordables, en un mot juftifiant bien l'épithète
de fer que lui donne M. Boullanger. Un
groupe très-remarquable de reffifs nommés les
AbrolhoSj fur lefquels Pekar fit naufrage, eft à une
certaine diftance de la terre.
La baie des Chiens marins fait partie de la terre •
d’Endracht. Son ouverture feroit affez large, fi
elle n’étoic obftruée par les îles Dirck-Hartighs ,
de Dorre & Bernjer, toutes défertes & ftériles.
Tout le périple de cette baie a un afpeâ auffi
fauvage que les cotes de lu Nouvelle- Hollande dont
il a déjà été fait mention : on ne diftingue nulle
part aucune trace de montagnes, aucune apparence
de rivières, de ruiffeaux ou même de tor-
rens; partout le rivage eft formé d’un fable rouge
ou blanc, dépourvu de toute autfe verdure que
celle rembrunie de quelques arbrifteaux maigres
& ianguiffans, diffeminés' à de grands intervalles.
A cette ftérilité hideufe du continent, la mer
femble oppofer avec complaifance fes productions
les plus variées & les plus, nombreufes. De toutes
parts les vaiffeaux de l ’expédition (en juillet 1801)
étoient entourés par de grands bancs de fàlpas,
de doris, de médufes, de béroés, dëpbrpïtes,
dontle nombre prodigieux , les formes inconftàn-
tss & bizarres, les couleurs v ive s, l’agilité des
évolutions, formoient un fpeCtacIe très intéreffanri
Les ferpens marins , reptiles dangereux, abon-
doient auffi dans ces eaux, où ils pourfuivoienc
de petits poiffons du genre des d u p é e s ; ils fe
diftinguent des reptiles terreftres par leur queue
aplatie, en forme de petite rame, par leur corj s
-comprimé commecelui d’ une anguille, &prefqu'anguleux
inférieurement; ils affeCtent des couleurs
très-variées, & quelquefois très-brillantes : les
uns ont le corps d’une teinte uniforme , ou grife ,
ou jaune , ou verte, ou bleuâtre; d'autres l'ont
annelé de bleu, de blanc, de rouge, de v e r t, de
noir, &'c. : ceux- ci font marqués de grandes taches
plus ou moins régulières ; ceux-l.i ne préfentent
que de très-petits points diftribués élégamment
fur toute la furface de'leur corps. .L’une de ces
efpèces eft furtout remarquable par la couleur de
fa tê te , qui eft d’un rouge de pourpre éclatant;
c’eft le ferpetic marin à tête rouge de Dampiêr. Les
uns font venimeux, les autres ne le font point. Leur
Bb bb b