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entre Hambourg & Lubeck, près de la petite
ville de Segeberg. Cette dernière , que j’ai vifîtée
avec, fo in , n’eft point par couches i c'eft en quelque
façon un gros bloc homogène, dune pierre
gypfeufe affez pure,* 8c reffemblant à du fpath.
C e bloc ,• qui forma une colline conique affez
é le v é e , eft abfol liment ifolé , 8c ne tient à aucune
hauteur de tnême nature. On m’a affuré qu'il re-
pofoit même fur le fable, & qu’on s’en étoit affuré
par des fouilles.
W On pourroit donc en quelque forte le comparer,
pour la manière,d'être, aux blocs de granit dont
nous avons parlé , s’ il n’excédoit toute comparai-
fon.pour la grandeur.* lie ft digne de remarque qu’à
Lunebourg il y a un puits falé qui forme une branche
importante de revenu , & qu’ à peu de dif-
tance de la colline gypfeufe de Segeberg en Holf-
tein, il s’ en trouve un autre également en valeur
près du bourg d’Oldefloh. Je ne connois au refte,
dans la plaine de la baffe Allemagne, point d’eaux
minérales proprement dites , quoique j’en aie
troüvé quelques-unes.qui étoient légèrement martiale^
»? J'ai oublié de rapporter un fait qui peut fervir
peut-être à la connoifiance de notre Globe. Je me
fuis affuré queleslacs du Holftein avoient éprouvé
des ofçillations 8c même une effafion, allez confidé-
rable le même jour & à peu près à la même heure où
Lisbonne fut détruite par un tremblement de terre,
3e I er. novembre 1755, au matin. Ces phénomènes
durent être bien marqués, puifque les. gazettes du
pays, qui parurent à Hambourg le 3 ou le 4 novembre
, en firent mention, & avec détail, tandis
que les nouvelles dé Lisbonne n’ arrivèrent qu’un
mois après. ?»
HONDURAS. Cette contrée, comprife entre
le lac de Nicaragua 8c le cap de Honduras, occupe
cent quatre-vingts lieues de côtes, 8c s’enfonce
dans l'intérieur des terres jufqu’ à des montagnes
fort hautes, & plus ou moins éloignées de la mer. ;
L e climat de cette région eft fort fain & même
tempéré. Le fol eft communément en plaines;très- ;
bien arrofées , & propres à tontes les productions
qu’pn peut cultiver entre les tropiques. On n’y eft
pas expofé à ces fréquentes féchereffes, à ces terribles
ouragans qui détruifent fi fouvent, dans les
îles du golfe du Mexique, les plus belles récokes.
HONGRIE ( Mines d’or & d'argent de la ). La
Hongrie a fept mines principales d’or & d’argent, ;
&: qui font peu diftantes les unes des autres; favoir-;
celles de Cremenitz, de Schemnitz, de Neu/fol, de
Königsberg, de Bochantz, de Windfchacht 8c de la
Trinité. Cremenitz eft la plus riche en or : iiy apeuf
cents ans qu'on la travaille; elle a plufieurs milles •}
d’Angleterre de long, 8cenvironcent faisante braf- j
fes de profondeur. Ses veines font dirigées au;nord |
& à l’ eft. Il y a des mines d'or qui font blanches; .j
d’autres qui font noires , rouges ou jaunes.; Celle ‘
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; qui eft blanche, avec des taches noires, efteftimée
j la meilleure , . ainfi que celle qui eft auprès d; s
veines noires. Cette minen’efl pas affez riche pour
qu’on puiffe en faire l’épreuve fur de petits morceaux
, comme on fait dans les autres mines, pour
; connoître la proportion, du métal qu'elles contiennent
; mais on en broie une très-grande quantité,,
& on la lave dans une petite rivière qui paffe auprès
de la ville. Cette rivière, qui eft divifée en plufieurs
petits canaux , coule continuellement fur la
mine , & en enlève toutes les parties terreufçs. De
claire 8c tranfparente qu’elle étoit au deffus de la
v ille , elle devient , en coulant au travers de tous
ces canaux 8cfur toute cette mine broyée , d’ un
jaune obfcur au deffous de la v ille, de la couleur
i de la terre de ces montagnes.
On a trouvé des morceaux d’or pur dans cette
; mine, & quelques-uns aufli larges que la paume
de la main ; d’autres moindres, & plufieurs attachés
à une pierre blanche ; mais ils font très-rares.
La terre jaune qui fe trouve partout autour de
Cremenitz contient un peu d’o r , quoiqu’on ne la
regarde pas ordinairement comme une mine. On
a vu une grande partie d'une montagne qu’on avoit
fouillée, 8c dont on avoit mis !a terre, dans les
ateliers pour la Javer comme la miné broyée, qui
avoit donné un très-grand profit. Quelques paffages
de ces mines, qui avoient été pratiqués dans le roc,
1 ayant été abandonnés, fe font rétrécis. Cela n’ arrive
que dans les lieux humides. Ces paffages ne fe
réunifient pas,du haut* en bas, mais d’un côté à
l ’autre.
Il y a , dans cette mine, du vitriol blanc, rouge,
bleu 8c v e r t, & des eaux vitrioliques : on y trouve
aulfi une fubftance qui s’attache à la mine d’o r ,
femblable à des aiguilles qu’on appelle antimoine
d'or > il y a en outre des ciiftaux, dont quelques-
uns font teints en jaune.
Les mineurs ne veulent pas convenir qu’on y ait
trouvé de mercure ni de foufre;., cependant il y
a du foufre dans l’antimoine d’ or donc on vient
4 e parler', comme il eft aifé de s’ en convaincre
.eq-ieffailant brûler.
11 y a, dans les montagnes circonvoifines, une mine
de vitriol, voifine,d’une mine d’or : la terre ou la
mine en eft rougeâtre & quelquefois un peu verte.
Elle fert, aprèsl’ayoir fait bouillir4’après lespror
cédés,qu’ il convient, à faire de l’eau-forte ou
l’eau féparatoire dont on fe fert à Cremenitz.
Il y a différentes mines d’argent, à Schemnitz :
les principales & çelleç qu’on travaille le plus font
celles de Windfchacht 8c de la Trinité.
Il n’y a en cet endroit aucune rivière, mais en
revancfie il y a beaucoup d’eau dans les mines;
ce qujeft un double inconvénient, car on eft forcé
d'envoyer une grande partie de la mine à Hodratz
& autres lieux , où il y a de petites rivières qui
font mouvoir les foufflecs 8c les marteaux, 8c où
on la broie, où on la la v e ,& où l’on fait les autres
préparations requifes.
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La mine de la Trinité a faisante 8c dix braffés de
profondeur; elle eft fort eftimée, parce qu'elle eft
pour la plus grande partie dans la terre. Pmfieurs
veines font dirigées vers le nord; les plus riches
vers le nord-eft.
La mine noire d’argent eft eftimée la meilleure ;
elle eft fouvent mêlée avec une fubftance ou mar-
caffite jaune 8c brillante, qui fait beaucoup de
plaifir aux mineurs lorfqu’elle n’eft pas en trop
grande quantité, parce qu’elle difpofe la mine à la
fluidité, ou la rend plus propre à fondre; mais fi
elle eft trop abondante, ils s’imaginent quelle s’ eft
formée dans la mine aux dépens de l’argent, 8c
qu’elle le volatilife dans les fourneaux; ce qui fait
qu’ils l’appellent le voleur, comme une fubftance
qui diminue la richeffe de la mine.
On trouve fouvent une fubftance .rouge qui
croît fur la mine, & qu’on appelle cinnabre, ciu-
nabre d'argent»cinnubrenaturel Q\xbergcinnober. Cette
fubftance, broyée avec de l’huile, égale, fi elle ne
furpaffe pas, le vermillon qu'on fait ayec le cinnabre
fublimé : on y découvre aufli du foufre.
On trouve aufli dans les fentes des rochers de
ces mines, des criftaux , des améthyftes, & des
pierres qui en ont la couleur. On rencontre aufli
du vitriol criftallifé naturellement dans la terre de
plufieurs de ces mines.
Mines de cuivre de la Hongrie.
Hemcrund eft une petite ville fort élevée, fituée
entre deux montagnes, fur un terrain qui porte le
même nom ; elle eft éloignée d’ un mille de Hongrie
deNewfol. Dans cette ville fe trouve l’entrée d’ une
mine de cuivre fort travaillée. On n'y eft point incommodé
de l’ eau. La mine étant élevée dans la
montagne, les eaux s’écoulent facilement ; mais en
revanche on y eft expofé à des vapeurs & à une
grande quantité de pouflière.
Les veines de cette mine font larges & entaffées.
La mine.eft très-riche, 8c la plus grande partie eft
fi fort adhérente aux rochers, qu’on a beaucoup de
peine à l’en détacher. Il y a plufieurs efpèces de
mines, mais leur principale différence eft entre le
jaune 8c le noir : celle qui eft jaune eft de cuivre
pur : la noire contient de l'argent.
On ne trouve pas d’argent-vif dans cette mine.
La mère de la mine eft jaune. La mine de cuivre,
échauffée & jetée dans l'eau, la rend femblable à
celle des bains fulfureux.
On a beaucoup de peine à féparer le métal de la
mine.
On trouve dans cette mine différentes fortes de
vitriol, du v ert, du bleu, du rouge 8c du blanc :
il y a aufli une terre verte, ou plutôt le fédiment
d’une eau verte qu’on appelle berg-grun. On y trouve
encore de très-belles pierres bleues, vertes, &
une entr’autres fur laquelle on a vu des turquoifes;
Ce qui l’a fait appeler mine des turquoifes.
On y voit aufli deux fontaines d’eau virriolique,
qu’on affuré changer le fer en cuivre : on les ap-
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pelle le vièux & le nouveau yement; elles font dans
le fond de la mine.
HUDSON (Baie d’ ). Cette baie fut découverte
en 1610 par Henri Hudfon , qui lui donna,
fon nom. Son ob jet, comme celui des autres navigateurs
qui ont fait des découvertes dans ces parages,
étoit de trouver un paffage pour arriver aux
Indes orientales. En 1741 on fit une tentative : le
capitaine Middletons’avança jufqu’au fond du golfe
de Welcomë, & l-’obftacle qu’ il y rencontra, lui fit
donner à cette partie le nom de baie deRépulfe. Dans
les effais qui fui virent, on foupçonaa l’eau de Wager
de fournir un paffage qui condutfait à l'Océan occidental
; mais en 1747 on en découvrit l’extrémité ,
8c l’on trouva qu’elle fe terminoit à deux rivières.
L’entrée deChefterfieldfut de même prife quelque
tems pour le paffage déliré; mais en 176z
MM. Norton 8c Chriftopher, dans un floop 8c un
cutter apparcenans à la compagnie de la baie à'Hudfon
> pénétrèrent jufqu’ à fa dernière extrémité. A
la diftance de cent trente-huit milles à peine y
avoit-ii une marée fenfible, 8c trentè milles plus
loin elle ne l’étoit plus, & la terre fe rétréciffoic
en un paffage très - refferré. Les deux navigateurs
y entrèrent avec le cutter , 8c découvrirent qu’ elle
fé terminoit par un grand lac d'eau d ou ce, auquel
on a donné le nom de Baker. La terre étoit très-
unie, couverte de gazon, & remplie de bêtes
fauves". Enfin, ils trouvèrent le fond de la crique
inacceflible aux vaiffeaux ; il fe termine en un petit
courant d’eau, avec plufieurs bancs de fable à fon
embouchure 8c trois cafcades. Après l’avoir vu diminuer
jufqu’à la hauteur de deux pieds, ils revinrent
pleinement fatisfaits de leurs obfervations.
L’entrée de la baie d'Hudfon eft fituée entre les
îles de la Réfolution au nord, 8c les îles Button
fur la côte deLabrador, au midi, formant l’extrémité
orientale du détroit à’Hadfon.Les côtes font
très-hautes 8c compofées de rochers. Leurs fom-
mets font pleins d'inégalités, 8c hériffés de précipices
en certains endroits ; mais à leurs pieds on
trouve aufli de larges grèves.Les.îles de Salisbüry,
de Nottingham 8c de Digges font de même fort
hautes, 8c offrent également des rochers dépouii-.
lés. La profondeur de l’ eau dans le milieu de la baie
eft de cent quarante braffes. Depuis le cap Churchill
jufqu’ à l’extrémité méridionale de la baie, les,
fondes font très - régulières. Près du r iv ag e , la
profondeur diminue confidérablement fur un fond
limoneux 8c fablonneux. Au nord du cap Churchill
, les fondes font irrégulières. Le fond eft de
roches, 8c dans quelques parties ces roches s’élèvent
au deffus de l’eau dans la marée baffe. Depuis
l’embouchure de la rivière Moofe ou le fond de
la baie jufqu’au cap Churchill, la terre eft plate ,
marécageufe 8c couverte de pins, de mélèzes, de
bouleaux 8c de faüles. Depuis le cap Churchill jufqu’
à l’eau de Wager, toutes les côtes font hautes
8c compofées de rochers jufqu’au bord de la mer,
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