■ jo2 N O R.
m en t, fort parce que )es graines dès mauvaifés
herbes que les labours avoient enterrées jufqu’au
pan, & qui ne germoient pas à caufé de la profondeur
, germent en abondance lorfque la charrue
les ramène près de la furface. ,
On Remarque dans les champs de ce diftri<5t,.d e
certaines étendues de terrain où 'les.xécoltes fâchent
fur lq plar.te dès que la pluie a manqué depuis
quelque temps. C e t accident eft probablement
dû à la très grande faculté abforbante de la
fubftance inférieure , 8c au peu d’épaiffeur de la
terre végétale dans ces endroits.
Les engrais dont on fait ufage dans le comté de
Norfolk font la marne j la glarife , le terreau, la
chaux, les cendres, le fumier & le mélange de
terre & de fumier, le parc du gros bétail, le
parc des moutons & la pouffière de la drèche.
X e principal engrais tiré dufein de la terre eft la
marne;-on en emploie de deux fortes avec un égal
fuccès, la marne blanche calcaire & la marne grife
ajrgijeufe : la première paroît d’un ufage très-ancien
dans le pays, car on voit de très-gros chênes en
décrépitude dans des creux évidemment deftinés
autrefois à l’extra&ion de la marne. Quelques fermiers
ont des préjugés contre l ’ufage de la marne
argileufe, qui eft plus récent.
La marne calcaire ne fe trouve point dans la
terre par couches ou par bancs réguliers ; elle y
eft par maffès détachées qui affe&enç la forme de
rognons plus ou moins arrondis. Les fubftances
qui règnént dans les parties fupérieurés de ces \
maffes lont très friables ; à mefure qu’on approfondie
davantage, on trouve la marne plus dure , .
plus femblable à de la craie, & contenant de la
craie pure mêlée de filex.
. Le contaél de l’ air deçompofe promptement
çétte marne. Plongée dans l’eau, elle fe convertit
en boue. Le feu lui fait perdre un tiers de fon
poids & la réduit en/chaux. Des expériences
eXaéles fur la nature de cette terre compofée ont
donné pour réfultats, fur les fubftances qui entrent
dans fa compofition, quatre-vingt-cinq parties de
terre calcaire, dix de fable filiceux, & cinq partiels
o’ argile. ,
La marne argileufe fe trouve par couches épaif-
fes. Lorfqu’elle eft fèche, fa couleur, un peu
moins foncée que cel’e de la terre à foulon , eft
p.mfemée de taches d'un jaune-brun. Sa texture
retfemble affez à celle de la terre à foulon, mais
on y remarque quelques grains de craie blanche..
A l’air libre elle fe divife en petits cubes; elle fe
réfout promptement dans l’eau ; le feula convertit
en brique. Son analyfe donne cinquante parties
d’argile, quarante-trois parties de terre calcaire,
& fépt de fable fïlicèux.
Outre les marnes 8c les glaifes* les fermiers de
No folk emploient pour engrais la terre végétale,
après l’avoir mêlée aux fumiers de la bafle-cour;
cette terre fait, dans cet état de mélange, un engrais
plus durable que le fumier pur.
n a R .
; Les fermiers, pour pouvoir compofer facilement
ce mélange , ont le plus grand foin de.ramaf-
fer la terre des reyer.s de foffés, celle qu’on tiré
des foffés mêmes, en les recurant, & les gazons
dés bordures des champs.,
La chaux a la réputation d’un bon engrais, mais
fon ufage n’eft pas'général. Quelques fermiers
même le réprouvent dans tous les cas, pour avoir •
vu l’exemple de fon inutilité dans certaines 'terres 5
car , en Norfolk comme ailleurs, on tire trop fou-,
vent des induétions générales de faits 8c d’incidens
particuliers. La chaux réuflit même, après la.
marne ; elle eft particulièrement propre aux terres
fablonneufès 5c arides : on doit la placer parmi les
engrais 'qui tiennent l’humidité.
L’emploi des cendres eft moins ordinaire en
Norfolk, qu’on ne l ’imagineroir d’ une contrée où
tout ce qui tient aux amendemens excite beaucoup
d’attention. Soit raîfon, foit préjugé, les
cendres font en général confidérées comme engrais
de peu de valeur , & l’ écobuage ou brûle-,
ment des terres n’y eft pas pratiqué.
On diftingue avec foin les diverfes qualités de >
fumier ; celui que fourniflenc les villes eft fort recherché.
A Yarmouth & dans fes environs on.
fe procure un fumier d’une nature particulière.
Comme cette partie y eft marécageufe, la paille y
eft rare 5 on y fupplée dans les étables par du fa-,
ble de mer, qui fert de litière aux beftiàux. À me-’
fure qu’il fe pénètre d’humidité, on le recharge
avec du fable fec ,.jufqu’à ce que le tout foi't fa-
turé des excrémens des animaux : cet engrais produit
les plus heureux effets fur les terres fubftari-
tielles que le fable divife.
Le fumier des écuries-où les chevaux font
nourris de foin & d’avoine, eft réputé de première
qualité} celui des beftiàux qu’ on eng rai (Te
vient enfuite } celui du bétail maigre, 8c en particulier
des vaches, eft regardé comme étant,
d’une valeur inférieure 5 & enfin, le fumier des
animaux nourris de paille paffe pour n’avoir
qu’ une très-petite valeur. On croit même que la
paille qui a été Amplement foulée aux pieds des
animaux, eft plus efficace comme engrais que ;
celle qui a fervi à la nourriture des beftiàux .
maigres.
Le compofi eft l’engrais le plus, ordinairement
employé en Norfolk : il eft rare qu’on y faffe ufage
du fumier pur. On le dépofe , foit près des étables,
fo-it dans les champs, en gros tas compofés de lits
alternatifs de terre, de marne ou de terreau mélangé
de fumier, comme nous l’avons dit c i-,
deffus. Ces fubftances fe pénètrent réciproquement
pendant un temps plus ou moins long, avant
qu’on les répande fur les champs; & c’eft pour
hâter ce double effet qu’on en préparé les tas
fuivant çè fyftème , qu’on ne peut trop vanter
pour qu’il foit adopté partout, & furtout dans les.
1 environs des grandes villes, & de Paris en patti-r
N O R
culier, qui fournit abondamment de quoi mêler
aux fubftançes terreufes.
Le parc du gros bétail comprend tout l’effet
produit à la longue fur les terres par le fumier,
l'urine, la fueur, la refpiration , la ..chaleur & le
piétinement des beftiàux qu’on enferme, dans un
efpace étroit pour les y nourrir. L’efficacité de ce
moyen d’engrais eft très-diverfë, & dépend fur-
tout des animaux qu’ôn y-renferme. Les beftiàux
gras bonifient furtout le terrain; mais le. féjour
des bêtes maigres dans le parc n’ a guère d’effet
que par le piétinement, qui eft profitable fur les
terres légères. '
Le parc îles montrons n’ eft pas d'un ufage ordinaire
dans ce diftiiét; il n’eft guère employé que
par les pofléffeurs de grands fonds & par les
particuliers très-riches. Ce n’eft pas qn’ôn ignore
la valeur de ce moyen d’amendement; maisTir;-
duftrie relative aux beftiàux étant particulière-
ment dirigée vers les bêtes à cornes qu’on en-,
graille, on ne juge pas,; en général, que l’ éducation
des bêtes à laine puifîe s’y réunir avec
avantage.
La fu ie , lès gâteaux de colza 8c la pouffière
de la drèche font eftimés de bons engrais , &
s’emploient dans les parties du diftnét où l’on
peut fe les procurer à bon prix.
Bêtes <k cornes du comté de Norfolk.
La race des vaches de ce comté eft particulière
au pays- comme celle des chevaux. Les bêtes à
cornes font petites, robuftès & très-vives ; elles
s’engraiflent auffi facilement’ à trois ans, que les
races des autres pays à qu atre où cinq ; elles ont
les os petits, les jambes courtes , les côtes rondes ,
les reins larges j les cuiffes minces, la tête belle,
le s cornes liftes, de moyenne grandeur & recourbées
en defïus. La couleur la plus recherchée eft
le rouge-foncé avec la face blanche ou.tigrée.
. Soit que là. qualité de la chair de cette race
foi: principalement due à l’efpèce , ou à la manière
de l’engraiffer, les bouchers de Londres
l’ eftiment plus qu’aucune autre; & cet avantage,
joint à celui de prendre la graiffe dès l'âge de
trois ans, fait plus que cômpenfer la petiteffe de
la-race. Le poids ordinaire d’une bête de trois ans
bien grade eft d’environ cinq cent foixante livres.
On a introduit dans quelques endroits des taureaux
de la race de Suffolk, pour perfectionner la
taille & la forme des élèves de Norfolky mais ces
expériences ont été faites par des perlonnes qui
ne connoiffoient pas toutes les qualités de la petite
race du pays, & il eft à craindre q u e , fi
cette race croifée fe répand, on ne regrette l'ancienne
, comme mieux appropriée au fol & au
climat* " • _
Le perfeClionnement.de la race de Norfolk doit
probablement dépendre davantage de l’attention
avec laquelle on chojfit les taureaux du pays
N O R 7 0 D
même , que de l ’admiffion des taureaux étrangers.
On n'obtiendra pas, à la vérité, un accroiftement
fenfible dans les dimenfions des individus, mais
on corrigera les defauts de conftitution , fans
courir le rifque de perdre l'avantage beaucoup
plus précieux dans le fyftème aChiel d'économie
rurale , d’ engraiffer les beftiàux dès l’âge de trois
ans. C ’ eft du moins là l’ opinion des fermiers du
pays qui font consommés dans ce genre de fpé-
culations.
Le principal but qu’ on fe propofe en nourrif-
fant des vaches en Norfolk, c’eft d’élever dés
veaux. Le produit du lait n’a quelqu’importance
que dans le voifinage des grandes villes. Le nombre
des vaches que nourrifïent les fermiers , même
Yeux qui font des élèvès, eft peu confidérable.
On peut regarderie nombre de dix vaches comme
un nombre ordinaire fur une. ferme de moyenne
grandeur. Dans la partie de l’oueft, 8c furtout
près dès marais du Cambridge- Shire, on tient
beaucoup de vaches pour faire du beurre qui
s’envoie à Londres fous le nom de beurre de Cambridge.
Dans les environs deNorwich & de Yarmouth,
on tient- fouvent des vaches pour engraiffer des
veaux : le beurre 8c les fromages font, aùfll des
•objets de commerce aux environs de ces deux
villes.
L?s fermiers préfèrent, en général, d’élever
des veaux Ûe leurs propres vaches : c’eft dans
l’ufage des turneps que gît principalement la différence
entre la méthode d’élever en Norfolk &
dans le refte du royaume. On peut dire que tous
les veaux s’élèvent avec du lait 8c des turneps.
L’ufage d’en g radier lës bêtes à cornes avec les
turneps commence à fe répandre dans les diffé- '
rentes provinces ; mais les fermiers de Norfolk en
ont longtemps donné feuls l’ exemple : ils nomment
bullocks les beftiàux à l’engrais. Les deux
races qui réufliflent le mieux, font celle du pays
8c celle d’Ecolfe. Dans la partie de l’oueft on
engraiffe auih des boeufs de la race du Yorckshire
8c du duché de Lincoln ; mais dans celle de l’e ft,
on trouve de l ’avantage à préférer les premières.
La race du pays fournit à l’engrais des boeufs, des
geniffes coupées, des geniffes, des vaches & de
gros veaux qu’on lai lie accompagner leur mère
partour.
Dans les beftiàux d’Ecoffe on diftingue ceux
du comté de Gallov -.y , ceux ’du pays plat, ceux
des montagnes & ceux d e l’île de Skys. La race de
Gallcway eft g'roffe, fort baffe fur jambes, le
plus fouvent fans cornes, large de reins, à cota
ronde, à gros ventre, à belle tê te , 8c d’une •
charpente lolide. C ’eft une des plus belles races
connues ; elle s’eft propagée depuis peu dans diverfes
parties de l’ Ecoffe, 8c furtout dans le voifinage
d’Edimbourg. Il n’eft pas rare que les in*
dividus^ie cette race pèfent, lorfqu’ils font gras ,
onze cent vingt livres..7