
de quelques grandes rivières , ne feroit pas un
liman 3 & de même une rivière q u i, en fe jetant
dans la m er, ne formeroit point à fon embouchure
un golfe ou lin lac terminé par un détroit, n’of-
friroit pas un liman. D’après ces diverfes explications,
fi l’on jette lès yeux fur une bonne carte
du Danube, on verra bientôt que l'embouchure
de'ce fleuve n’ a point de liman. D’ailleurs, il pà-
roît que les RulTes emploient exclufivemènt ce
terme pour quelques, golfes ou embouchures avec
détroit dans la Mer-Noire. Ils difent communément
le liman d’Ots’chakof, du Niéper, du Dnief-
ter ou d'Akirman, & c . , mais ils ne diront pas le
■ liman de la Ne va, de la Dwina.
L IM A T ou LIMMATH. C ’ eft une des rivières
les plus confîdérables de la Suiffe ; elle fort du
mont nommé Limmeren-Alp y au canton de Glaris,
fur la frontière des Grifons. On l’appelle en cet
endroit Limmeren-Bach y elle reçoit le Sundbach,
& prend alors le nom de qu’elle conlèrve juf-
qu’ à fon embouchure dans le lac de Zurich. A fa
fortie du lac , la Lintz prend d’abord le nom d’^a
& enfuite celui de Limmaik, partage la ville de Zurich
en dfetix parties inégales, va à Baden & fe
perd dans l’A a r , près de Vogelfang. Cette rivière
étant navigable au moins entre Zurich & Baden,
on en tire une grandeutilité pour faciliter le commerce
intérieur du pays, quoique la navigation en
foit affez dangereufe, furtout entre Fahr & Wet-
tingen.
LIMBERG, dans le Palatinat. Il y a près de
cet endroit des mines de mercure, dont l’exploitation
remonte jufqu’ au quinzième fiècle-,
LIMBOURG, dans le ci-devant département
de l’Ourthe. On y exploite une mine de calamine
ou zinc oxidé.
LIMITES de l’ ancienne et de l a n ou ve lle
t e r r e . Nous avons parlé , dans plufîeurs articles ;
de ce Dictionnaire, des limites des maflifs qui fe :j
montrent à la furface du G lobe, comme de ces
lignes de démarcation importantes auxquelles il
falloit s'attacher , furtout dès qu’on fe propofoit
d’étudier chacun d’eux. Effectivement, c ’eft en
fuivant ces .lignes que l’on peut obferver les con-
traftes les plus marqués qui s’offrent dans leur intérieur.
Nous ne pouvons douter qu’ un tracé très-
exaét & ’ très-complet de toutes les limites ne pré-
fehtât des -réfultats fort curieux, & qu’on y vît une
détermination fort précife des contours des maf-
fifs, de leur étendue relative, deleurs différentes
élévations au-deffus du niveau de la mer, des
formes particulières que les inégalités de la furface
de la terre*, dans ces contrées, pourroient offrir.
Outre cela, d’après les connoiffances de la qualité
des fo.ls, dans chacun d’eux , on tireroit des
^oiinoiffances affurées fur les avantages -dont les
habirans peuvent jo u ir , relativement à la culture
ou à d’autres exploitations du fol. Ainfi, en contemplant
l'étendue, relative de l’ancienne terre
avec la moyenne, & de celle-ci avec la nouvelle,
on y reconnoîtroit d’un coup d’oeil la fituation
refpeétive de ces maflifs par rapport aux pays de
montagnes, de collines ou de plaines, aux contrées
centrales des continens ou aux bords des
mers, foit de la Méditerranée, foit de l’Océan.
Ces maflifs étant bien connus, on pourroit indiquer
dans chacun d’eux les limites des fubdivi-
fions de certains amas ou traft'us qui s’y trouve-
roient renfermés 5 ce travail s?établiroit à la fuite
d’une étude plus approfondie de certains maffifs,
& d’après l’importance des amas & des trattus qui
mériteroiènt l’attention des naturaliftes.
Nous n’avons_encore parlé que du tracé des
limites fimples 'qui pourroient fervir à circonf-
crire les différens maflifs que nous offre la furface
de la terre : ces ne font pas le plus fouvent
déterminées par des lignes fimples, mais occupèrft
de grandes largeurs, où fe préfentent des phénomènes
qu’ il convient de faire connoître avec quelques
détails.
Nous avons vu dans les environs de la ville
d’Aubrun , du Dognon en Limoufin, des buttes
arrondies à côté de tombelles alongées, toutes
dans la même direction. Les mêmes formes de collines
fe retrouvent entre les Volves & près la ville
de Lure. Nous indiquerons'de femblables collines
au pied des Pyrénées. Partout cette configuration
du terrain fe préfente comme l’effet des eaux torrentielles,
q u i , après avoir quitté l’ancienne
terre, fe précipitoient à travers les bordures de
la nouvelle, dont le niveau étoit beaucoup plus
bas. Dans ce paffage , les eaux trouvoient un ef-
pace fort étendu , en conféquence duquel leur
cours incertain a donné ces formes arrondies aux
parties des amas qu’ elles avoient traverfés.
Ce qu’on obferve enfuite prouve non-feulement
l’immenfité des terrains enlevés par les eaux
de la furface de l’ ancienne terrej mais encore les
excavations faites par le même agent fur la nouvelle.
On peut fe convaincre de ce double travail
des eaux courantes, en vifitant les matériaux ap-
partenans à l’ ancienne terre qui ont été tranf-
portés fur les vaftes plaines voifines de la ligne
qui fépare l’ancienne terre de la nouvelle , & qui
s’étendent particulièrement fur la nouvelle, &
même affez loin.
Ces dépôts ne font pas de la date la plus ancienne
j ils appartiennent à l ’époque torrentielle
qui exerça de grands ravages après la retraite de
l’ancienne mers mais fi l’on étend fes vues plus
loin, & qu’ on joigne à cette première confîdéra-
tion celle des dépôts intérieurs qui ont été faits
dans le baffm de cette ancienne mer & par fes
eaux tranquilles, alors l’étonnement augmentera
à la vue de la grande maffe de ces matériaux déplacés
Se tirés fous de la furface .de l’ancienne
terre ;
terre : ces féconds dépôts font,diflribués par couches
fuivies & horizontales. Nous en avons trouvé,
p a r exemple ,^epuis Juillac en bas Limoufin jüf-
qu’à HautefortT On remarque aufli que les dépôts
littoraux font moins élevés à mefure qu’on s’éloigne
d’Ayen, & que leur fuperficie fuit une
pente affez fenfible depuis Juillac jufqu’ à Haute-
fort j en forte qu’aux environs d’Ayen & à Saint-
Robert, ils font recouverts par des couches peu
ëpaiffes} mais dès qu'on eft parvenu versHaute-
fert, les couches de fable difparoiffent, & fe perdent
deflbüs un affemblage très-confidérable de
couches de pierres calcaires. C ’eft la même dif-
pofition & le même arrangement en fe portant
d’Ayen à Terraffon, fur les bords de la Vezère,
au fud&au fud'-oueft.Nôus avons retrouvé même
des amas de cailloux roules, engagés dans les
couches de pierres de fable, le long des bords
de la Vezère , près de Montignac & à l’oueft de
cette-ville.
O/i remarque donc généralement que, fur- les
bords de ^ancienne & de la nouvelle terre, les
couches horizontales de pierresde fable diminuent
d epaifféur & de hauteur à mefure qu’on
s'éloigne de la vraie ligne de la limite de l’ancienne
terre, & que les bancs calcaires qui les
recouvrent, augmentent au contraire d'épaiffeur
en même raifon.
Lorfqu’on a bien fuivi toutes ces difpofitions
des bancs de fable, on eft curieux de reconnoître
les centres primitifs d’oùles eaux, circulant à la
furface de l'ancienne terre, ont pu tirer tous ces
fables pour les verfer dans la mer & en former des
dépôts littoraux arrangés comme nous l’avons dit,
foit fuperficiellement, foit recouverts de couches
calcaires.
Nous en avons trouvé de femblables autour du
noyau granitique des Vofges, avec ou fans cailloux
roulés, tout autour des.montagnes de la Forêt
Noire, tout autour du Limoufin , de la Marche,
de la Li magne d’Auvergne, de la vallée fu-
périçure de l’Àllier & de la Loire dans le Vélay.
Il eft néceffaire de diftinguer ici plufîeurs fortes
de pierres de fable, des pierres de fable gris-
blanc & rouge qui font diftribuées par couches
mêlées de micas. '
Des brafiers à gros grains de quartz, de feld-
fpath , des brafiers à débris de granités , des brafiers
débris de granités & de grumeaux calcaires.
Quant aux cailloux roulés qui fe trouvent dif-
“perfés dans les couches dont nous venons de faire
mention, ils font primitivement des quartz, des
granités durs, des ferpentines dures, des bafaltes-
laves 3 des fchorls. Tous ces cailloux roulés pa-
roiffent fouvent avoir été entraînés dans le baffm
de la mer de parties de l’ancienne terre peu éloignées
,Tî l’on confîdère les pentes poffibles qui
ont pu favorifer leurs tranfports. Le peu d’efpace
qu’ils ont eu à parcourir, joint $ leur forme arrondie
, donne-lieu de croire que la mer les aura
fj740graphie-Bhyfique. T'orne IV^.
long-fèmps Ballottés fur fes bords avant de les dé-
pofer dans les bancs où ils font réfidans. On conçoit
aifément que le travail des vagues aura per-.
feétionné ce que les torrens avoient à peine commencé.
Quant aux fables rouges, il paroît que certaines
maffes en couches inclinées ont fourni aux
eaux torrentielles des matériaux que la mer a (Ratifiés
enfuite par bancs fuivis & horizontaux.
Tous les réfultats des opérations des eaux torrentielles
font bien fenfibles aux environs -de
Meiffac, de Brive & d’Ayen.
Il feroit peut-être fort facile de trouver la réunion
des mêmes circonftances dans les Vofges Sc
les Pyrénées, car les réfultats font parfaitement
femblables.
Il y â cependant quelques difficultés au fujet
des pofitions où fe trouvent les pierres de fable ;
car certains fommets fort élevés en font recouverts
, & ces fommets font au-deffus du niveau
des maffes montueufes granitiques des environs -,
d’autres fois ces granités, bien moins élevés, fervent
de bafe.aux couches horizontales de pierres
de fable rouge & gris. Ces fortes d’arrangemens
fe rencontrent fur le chemin de Tulle à Brive.
On voit par-là qii’il eft poffible que l’eau de l’ancienne
mer qui baignoit les côtes du Limoufin,
ait recouvert tous ces granités, & qu’elle y ait dé-
pofé des couches de fable produites de fes laves ,
& qu’en plufîeurs endroits ces couches ayant été
détruites par les eaux pluviales 8c torrentielles,
ces eaux auront mis à découvert les granités.
Nous croyons, outre cela, qu’il faut diftinguer
deux fortes de pierres de fable, relativement aux
époques auxquelles ces dépôts littoraux peuvent ap*
partenir : celles qui font en couches horizontales,
qui font compofées des débris de granités ou des
lits de pierres de fable’ inclinés & courbés de
mille manières. Ces [pierres de fable font mêlées
d’une fubftance calcaire qui leur fert de ciment,
& qui les rend fufceptible de faire effervefcence
avec les acides : celles-ci font de la même époque
que les pierres calcaires qui environnent l’ancienne
terre fchifteufe & granitique du Limoufin. Les autres
pierres de fable en couches inclinées ont
exifté à une époque antérieure j elles font partie
de dépôts au milieu defquels fe trouvent en-
fevelis des filons de charbon de terre qui occupent
l’ancien golfe de la Dordogne | au-deffus de
Meyffac. Plus on étudiera ces maffes , plus on
reconnoîtra ce qui fert à les diftinguer , favoir,
ladifpofîtion générale des lits, la nature des matériaux
qui les accompagnënt, & les diverfes cir-
conftances qui onr pu préfîder à leur formation.
IL réfulte de ce que nous avons dit, que plufîeurs
pierres de fable ou dépôts littoraux font
appuyés fur des granités de l’ancienneterre ou fur
des couches inclinées de la moyenne terre, foit
granitique, fchiftêiife ou calcaire. ( Voyei l'article
M o r v a n . )
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