
des tableaux pittorefq'ues , tels qu’on en trouve- .
roit difficilement de pareils en Europe , U ce n’eft j
en Irlande. Pluiieurs de ces lacs font agréablement
bordés de bois , & abondent en poilions d’eau !
douce. Les Écollois donnent quelquefois à des bras
de mer le nom de/oM, témoin Loch-Fin, qui a vingt
lieues de long 6c une & demie de large, & qui eft
fameux par fés harengs. Le loch de Spinie , près
d’Elgih-0 eft remarquable par-4a multitude de
cygnes qui le couvrent, & qui quelquefois obl-
curcillent l'air én s’envolant. Quelques perfonnes
attribuent cette multiplicité de cygnes à l'attrait
de la plante olorina.3 qui vient dans les eaux de ce
lo ch 3 & porte une tige droite, furmontée d’une
grappe de femences. Près de Loch-Neff eft une
montagne qui a près de dix-huit cents toifes de
hauteur perpendiculaire , & au fommet de laquelle
eft un lac d'eau douce, long de cinquante toiles,
trop profond pour être fon n é , 6c qui ne gèle jamais
, tandis qu’ à cinq ou lix lieues de là ie lac
Lochanwin ou iac Verd eft couvert de glace toute
l’année. L’ancienne province de Lochaber a pris
ce nom des lochs qui y ont leurs embouchures,
& qui probablement ont mis les Calédoniens,
defeendans des Ç e lte s , en état de fe conferver
indépendans des habitans^de la plaine 6c de ne fe
pas mêler avec eux. Outré ces rivières 6c ces lacs,
tk d’autres encore, les côtes d’Écoffe font, en
pluiieurs endroits , coupées en baies très-navigables
& en bras de mer : tels font la baie de Qlen-
luce & celle de Wigtown T quelquefois on les
nomme frith , comme'Solway-Frith, qui fépare
l ’Écoffe de l'Angleterre à i’ oueft; le frith de
Fôrch, Murray-Frith, 6c ceux de Cromartie & d e
Dornorçh.
‘L’Écoffe, dans les parties où elle-iftême a un
afpéÿt" moins agréable , préfente aux yeux les
preuves les plus évidentes quelle abondoit jadis
en bois d e ‘charpente. On trouve, fous les moufles
les plus épàiffes & dans les marécages , de groffes
louches des anciens bois ; & les eaux, étant imprégnées
d'unefubftance térébenthineufe, ont une
qualité confervatrice, comme il paroît par les corps
humains qui ont été, découverts lous ces moufles,.
La forêt de Calédonie, dont on préfume que les
reftes fe voient encore dans le bois. d’Ettrick, de
l'É c o fle , écoit fameufe’ dans l’antiquité par la.
quantité de fàngliërs qui s’y retiroient de toutes
les parties de la Calédonie j mais, on ne voit plus
maintenant un feulde ces animaux en.Écoffe. Plu-
lieurs bois fubfiftent encore; néanmoins, & l’on a
effayé de les convertir en charbon pour i’ufage
dés fourneaux 6c fonderies; mais’comme .ces bçis
font éloignés des rivières & des canaux , ces travaux
i qui avoient un plein fuccès, n’ont pu être
continués. Lés lapins viennent parfaitement pref-
que dans toute l’Écoffe, & forment de fuperbes
plantations. Le chêne de ce pays eft excellent dans
les montagnes , cù quelques forêts ont jufqù à
huit ou dix lieues de longueur, & une ou deux de
largeur; mais elles/ont peu productives pour les
propriétaires par le défaut de canaux.
Ijles d'Ecojfe.
Situation & étendue. Les îles de Shetland font au
nord-elt des Orcades, entre les 6oe. 6c 6 i c. degrés
de latitude nord, &: elles font partie du comté
des Orcades.
Les Orcades font au nord du cap Dungsby,
entre les y?6. & 6oe. degrés de latitude nord, réparées
du Contins ht par un détroit fujet à des
tempêtes, nommé le golfe de Pentland, long de
huit lieues & large de quatre.
Les Hébrides ou îles occidentales font en
grand nombre , 6c quelques-unes affez étendues ;
elles font fituées entre les y6e. & 59e. dégrés de
latitude nord.
Climat. 11 y a très-peu de différence de climat
encre ces îles: l’air y eft v if ; piquant & falubre,
6c quelques-uns des naturels y vivent très-long-
tems. Dans les lies de Shetland & des Orcades, au
mois de juin & de juillet, on peut lire à minuit;
& pendant quatre mois de l'été les habitans, par
curiolité ou pour affaires , ont de fréquentes relations
d'île à île , ou avec le Continent. Le refte de
l'année ces îles font prefqu'inabordables à caufe
des brouillards, de l’obfcurité 8c des tempêtes.
S o l3 mines & carrières. Le foi des lies fepteri-
trionales & occidentales de l'Écofle a fouffert une
altération furprenante. Il eft évident que ces îles
ont été l'habitation des Druides, dont lés'temples
étoient entoures de bofquets, quoiqu’aücun arbre;
aucun arbriffeau , ne fe trouve aujourd'hui dans
leur voifinage. Cependant On y découvte les fou-
ches des anciens arbres , ainli que pluiieurs vef-
tiges de grandeur, même poftérieurs à l'introduction
du Chriftianiime dans ce pays ; ce qui prouve
le décroiffement de riçhcfles 3 de puiffarite & de
population des habitans. L’expérience fait voir
tous les jours que f i , jufqu’à ces derniers tems ,
le fol des îles du nord & de l’oueft a été froid ,
ftérile 6c defolé, il -faut l’attribuer au manque dê
culture; car les terrains qui font maintenant cultivés,
produifent du blé, des racinès 6c des légumes
au-delà du befoin des habitans, 6c même les
fruits viennent à maturité. On a découvert dans
ces îles des mines-dé fer blanc , de plomb & d’argent;
de la marne, de l ’ardoife, de la pierre , &
même -les’ carrières de marbre. Elles ne font pas
nob plus dénuées d’eau douce, ni de lacs 6c de
petites rivières qui abondent en excellentes truites.
Mais le fol eft à préfent aride , 6c on n’y
voit prefque point d'arbres-, fi ce n’eft ceux que
l’on plante dans les jardins.
Irlande. L’ Irlande eft une île fituée à l’oueft de
l’Angîêteire, & au {ufl-ouett de l’Écoffe ; elle corn-
tient 11,067,712 acres dé plantations d’Irlande;
ceq uf fait 17,927,864.acres d’Angleterre. Sa proportion
avec l’Angleterie 6c le pays de Galles eft
comme
comme 18 eft à $0. De la partie orientale de Wex-
ford à celle de Saint-David dans le pays de Galles,
on compte cinq lieues ; mais le paffage entre Do-
naghadée & Port-Patrick en Ecoffe eft de quelque
chofe déplus que fept lieues, & le paffage
de Holy-Heard, à venir au nord du pays de Galles
, eft d’environ dix-fept lieues.
Climat, faifons & fol. Le climat d’Irlande diffère
peu de celui de l’Angleterre, excepté^ qu’il
eft plus humide, parce que le ciel y eft en général
plus pluvieux. Il pleut pendant un plus grand
nombre de jours dans le cours d’une année en Irlande
, qu’ en Angleterre.
Ge qui frappe le plus en Irlande c’eft la qualité
rocailleufe du fol. On croiroit que cette
particularité devroit nuire à fa fertilité; mais il
arrive précifément 4e contraire. On y trouve fi
généralement ce fond pierreux, qu’ il y a tout lieu
de croire que l’île entière eft un vafte rocher com-
pofé de couches de différentes elpèces de pierres,
6c qui s’élève ainfï du fond de la mer. On a rarement
oui dire qu’on eût creufé la terre à une certaine
profondeur, fans rencontrer le rocher. Dans
toutes les parties du royaume, on le vo it, par intervalles,
s’élever jufqu’ à la furface dans-les contrées
les plus fertiles 6c les plus plates, telles que
Limerick, Tipperary 6c Meath. On le trouve fans
qu’il foit néceffaire de creufer plus avant que dans
les endroits arides.
On ne rencontre de fols fablonneux, en Irlande,
que dans les défilés étroits de quelques montagnes
fituées fur le bord de la mer. On n’y a jamais
vu de fond crayeux, 6c on n’ a jamais oui dire qu'il
en exiftât en Irlande. : , - >
Les rivières principales font le Suiri, le Black-
w a te r , le Lifféy, la Boyne, le N o re , le Barrow
& le Shannon : toutes ces rivières arrofent de
magnifiques payfages. Il y a peu , de ces rivières ,
tant le pays e ft généralement pierreux, qui ne foient
èmbai raffées par des bancs de graviers ; ce qui gêne
beaucoup la navigation intérieure.
Les montagnes principales font le Mangerton 6c
les Recks dans le comté de Kerry, les Galties dans
celui de Corck, les hauteurs de Mourne dans celui
de Down, Crow-Patrick 6c Nephin dans celui de
Mayo. I l . «
- Le fol de cette contrée, quoique pierreux , elt
extrêmement fertile, peut-être plus fertile encore
que celui de l’ Angleterre quand il eft cultivé
comme il doit 1 être. On y trouve d’exceliens fonds
tant en prairies naturelles, qu’ en terres labourables
; mais, dans ces derniers tems, le labourage y
a été négligé , quoique le fol y foit extraordinairement
propre à la culture des grains de toute
efpèce. ’ .
On recueille dans quelques-unes des parties'fepten-
trionales du royaume, beaucoup de lin 6c de chanv
r e . Cette culture eft particuliérement utile pour
l’entretien des manufactures de toiles. On élève en
Irlande beaucoup de gros bétail 6c de bêtes à
Géographie-Phyfîque. Tome 1V^,
laine, 8c la laine de ce pays eft d’une excellente
qualité. Les quantités prodigieufes de beurre & d e
provifîons falées, fans y comprendre le poiffon,
qui font embarquées à C o rck , & tranfporcées dans
toutes les parties du Monde, prouvent incontef-
tablement la fertilité naturelle du fol de l’Irlande.
Il fe trouve dans cette île des marais fort étendus
: ceux d’Allen occupent un efpaoe de vingt-
fept lieues, & l’on eftime qu’ils contiennent trois
cent mille acres. D ’autres encore, les uns grands ,
les autres plus p e t i t s fo n t difféminés fur toute la
furface du pays ; mais on a obfervé que les petits
n’y font pas en plus grand nombre qu’ il n’eft néceffaire
pour fournir du chauffage aux habitans.
Le Shannon prend fa fource dans les marais
d'Allen , comté de Leitrim, 6c fépare la province
de Connaught des trois autres : il forme dans fon
cours plufièurs lacs magnifiques, & , après avoir
parcouru cinquante lieues, va fe jeter dans l’Océan,
entre la pointe de Kerry & Loop-Heard ; il
a , en cet endroit, trois lieues de large. La navigation
de ce fleuve eft interrompue par une
rangée de rochers qui le traverfent dans toute fa
largeur, au fud de Killaloe.
Le Ban fe décharge dans l’Océan, près de Cole-
raine. La Boyne tombe dans le canal de Sàint-
Georges à Drogheda; le Liffey y tombe aufli, à la
baie de Dublin. Cette dernière rivière n’eft point
extrêmement grande ; elle feroir peu remarquable
fi ce n’eft qu’elle traverfe cette capitale de l’Irlande
, 6c forme en cet endroit un havre fpacieux.
Le Barrow, le Nore & le Suire arrofent la partie
méridionale de cette île , 6c, après avoir réuni leurs
courans, vont fe jeter dans le canal, au havre de
Waterford.
Les baies, ports, havres & criques qui s’étendent
tout le long de la c ô te , font ce qui diftingue
particuliérement l’Irlande, & proc ure à cette contrée
plus de facilités pour ie commerce avec l’étranger,
que n’en peuvent avoir les autres pays
maritimes de Y Europe. Les principales baies font
celles de Carrickferges , Dublin, Strangfort ,
Dundrum, Carlingford , Dundalk, Warterford ,
Dungarvan, C o rck , Kinfal, Baltimore, Glandore,
Dunmanus , Bantry, Kenmare , Dingie , Shannon-
Mouth, Galway, Sligo , Donegal, Killebengs ,
Lough-Swilly 6c Lough-Foile.
L’Irlande contient un grand nombre de lacs ou
loughs, comme ils les appelaient autrefois : il s’en
trouve principalement dans les provinces d’Ulfter
& de Connaught. Piufieurs de ces lacs font extraordinairement
poiffonneux, & le poiffon en eft
excellent. Le grand lac de Neagh, fitué entre An-
trim , Down 6c Atmagh, eft remarquable par la
qualité pétrifiante de fes eaux, Quelques lacs
d’Irlande offrent les plus magnifiques perfpeétives,
& entr’ autres celui de Killarney, qui prend fon
nom d’ une petite ville fituée dans le comté de
Kerry. Ce la c , qu’on peut divifer en trois parties,
eft entouré, de tous les côté s , de montagnes, de
S