
avons parlé, il y a encore une autre fource dont*
l'eau eft plusfpiritueufe que les autres ; elle eft même
agréable à boire ; elle n’a rien de ftyptique, rien
de fulfureux ; fon goût eft acide , vineux & très-
piquant j Tes bouillonnefnens font prefqu’auffi vio-
lens que ceux de l ’eau de la g rotte, mais ils ne
produifent aucune écume. Les plantes aquatiques
communes végètent très-bien dans cette eau , &
les grenouilles s’y plaifent autant que dans l'eau
douce.
Des mofettes des mines de foufre de Latera.
Toutes ces mines font occupées par des exha-
Iaifons fuffocantes,., qui en défendent la plupart
du temps l’entrée.'On y compte environ quarante
mofettes qui font à découvert,, & il fuffit, dans
plufieurs endroits de la plaine, de creufer un pied
ou deux pour en découvrir de nouvelles» Les arbres
& les vignes féchent de très-bonne heure
dans ce terrain, 8c auffitôt que leurs racines fe
font étendues jufqu’ à la couche mofétique. Les
mineurs» qui ordinairement travaillent en hiver,
écartent la mofette avec le f e u , mais il arrive
très-fouvent qu’ elle perfifte opiniâtrément &
qu’elle éteint le feu ; dans ce cas on attend le
vent du nord, au fcuffte duquel toute mofette
cède & s'affôiblir» Plus.le vent approche du fud,
plus la vapeur eft élevée 8c dangereufe j, l’ air
pluvieux la corrige fenfiblement.
Dans un coin des mines de la Puzzola, au-deffus
du niveau de la mofette, on entend un petit bruit
fourd , femblable à celui du vent qui fe fait jour
par des fentes ou des trous fort étroits : c'eft la
mofette elle-même qui fait ce bruit. Il arrive quelquefois
q,ue les mineurs, en creufant, rencontrent
des bouffées de vent extrêmement violentes,, 8c
qui, fe faifant avec force un paffage à travers l'ouverture
qui vient d’être faite,, enlèvent des pierres
& les jettent en l'a ir, & tout à l’entoffr : bientôt
des exhalaifons mofétiques très-fortes s’emparent
de la mine, & fi les travailleurs ne prennent
auiîitôt la fuite ,, ils y font fuffoqués,. & périment
fans qu’ il fort pofiàble de les fecourir.
Cette force impulfive des exhalaifons mofétiques
fe manifvfte d’ une manière fenfible à Latera,
par le bouillonnement violent des fources alumi-
neufes , ou fimptement fulfuriques qui s’y trouvent.
Lorfque le hafard conduit une veine d’eau
foutefraine dans quelques-uns de ces endroits où
la mofette exifte, cette vapeur fait bouillonner
cette eau à froid , avec la même force que fi eLle
et oit renfermée dans un vafe expofé à un degré de
feu très-violent. On peut aifément fe convaincre
de cette activité des mofettes , en rempliffant
d’eau un trou fait exprès dans le terrain mofétique
>. l’eau devient acide dans quelques minutes,.
& commence à bouillonner à froid fans verfer des
bords. S’ il y a abondance de foufre & d’ alun dans
lies couches où. l’on a creufë le p u i t s l ’eau prend
l’odeur défagréable d’hydrogène fulfuré , ou le
goût ftyptique de l’alun, au lieu du iïmple goût
vineux qu’elle acquiert quand la mofette feule’
agit fur elle.
Les vapeurs mofétiques de Latera, outre qu’elles
fuffoquent comme toutes les autres, font encore
mal aux yeux en les picotant ; elles noirciffent aufli
l’argent qu’on y expofe , & couvrent le cuivre d'un
vernis plombé $ elles ont, au refte, toutes les propriétés
du gaz acide carbonique : elles rougiffent
ia teinture de tournefol, précipitent l’eau de chaux,
éteignent la lumière, & c .
L A T T E S , village du département de l’Hérault,
à une lieue de Montpellier, à l’embouchure de la
rivière du Lez. Le bord de la mer qui fépare
l’étang de Luttes eft une plage fort belle ; cet
étang rendoit ce quartier de l'ancienne Gaule un
pofte affuré contre les pirates.
LAUFERSWEILLER, dans le ci-devant département
de Rhin & Mofelle. On a trouvé dans
cet endroit un filon -de minerai de cuivre à découvert.
LAUFFEN, château établi au-deffus de la belle
cafcade du Rhin, près de Schaffhoufe en Suiffe.
Pour en faire connoîtredes environs, nous décrirons
le fo i, depuis Bulach jufqu’à la cafcade.
i Bulach eft entouré de vignes. Près de cette ville,
le Rhin, eft bordé de terres fablonneufes & de
galets par couches. 11 eft remarquable qu’on ne
voie pas de granités parmi tous ces galets , ni aux
environs de Zurich , ni même le long de la route
1 jufqu'à Schaffhoufe 8c Lauffen. La quantité de
pierres calcaires , dont les détritus fe mêlent à
l'argile dont tous ces terrains font couverts, ne
contribue pas peu à leur fertilité. A une petite
. lieu de Lauffen on entend un murmure, puis un
bruit fourd : on aperçoit le Rhin qui blanchit,
puis une vapeur & une brume qui s’élèvent ; c’eft
la chute du Rhin, cette belle & grande cafcade.
La quantité d’eau qui s’y précipite,, les différentes
; formes qu’ elle prend, 8c le bruit qu’ôccafionne fa
chute, fuffifent pour former un grand fpe'&acie.
La cafcade vue de face fe trouve partagée en trois
chutes rrès-confidérables, par deux rochers fail-
lans & ifolés qui s’élèvent au milieu des bouillons
de l’eau écumante. Le mouvement des eaux eft
prodigieux par la hauteur de la chute & par fes
obftacles. 11 s'élève du pied de la cafcade une
brume, un nuage d’eau en vapeur, qui eft tranf-
porté par le y;ent comme une pouffière légère
mais voici ce qui peut intéreffer davantage les
naturaliftes. Les rochers environnans 8c céux fur
Icfqueisle Rhin fe précipite, font calcaires : ceux
qui s’élèvent & partagent la cafcade font amincis
6c ufés dans le bas par le frottement des pierres,
que les eaux entraînent continuellement avec elles»
Plus les eaux font, baffes,, plus on, voit cet écranglement
qui va en s’arrondiffant par le haut. Les
rochers qui font au bas de la montagne fur laquelle
eft le château de Lauffen, font également
arrondis 8c creufés en deffous par le même frot--
tement des pierres, ainfi que tous ceux que nous
avons remarqués & cités comme étant dégradés
par les eaux. C ’ eft en examinant ces fortes d’endroits
qu’on fe met à portée de juger de ce qui
eft arrivé dans les lieux où l’on trouve les mêmes
effets, quoiqu’il n’y ait plus d’eau. Sans forcir
de Lauffen, les roches calcaires qui font au haut
de la montagne , & fur lefqueües le château fe-
pofe, paroiffent ufées & dégradées par la même
caufe; en forte qu'on eft tenté de croire que le
Rhin, ou toute autre eau courante, ait paffé à
côçé ou par-deffus ces roches ; 8c il n’eft pas extraordinaire
que le fond de la cafcade foit tombé
de cette hauteur, puifque celle de Piffe-Vache a
creufé le rocher qui eft au-deffous ; q.te le Trient
& d’autres fe font formé des lits bien plus profonds.
La cafcade actuelle diminuera certainement
de hauteur, par la même raifon. Les anciennes def-
criptions donnent cent cinquante, c en t, d’autres
quatre-vingts pieds à cette chute, qui paroît réduite
actuellement à trente pieds. Les rochers
ifolés qui font implantés deffus fe détruiront,
comme il eft arrivé à d'autres qui y étoient, &
qu’on voit fur d’anciennes eftampes de cette cafcade;
il tft même tombé, il y a moins de trente
ans, un de ces rochers, que les habitans du pays
fe fouviennent d'avoir vu. La Suiffe 8c tous les
pays de hautes montagnes offrent paitout des exemples
de rochers ufés & détruits par les eaux.
A quelques toi fes de la cafcade , au-deffous
de Lauffen, les roches concrètes commencent;
elles font compofées de galets & de cailloux
roulés fortement agglutinés enfemble : la violence
de la chute* paroît les avoir rejetés fur
les côtés.
Il y a une pêche de faumons très-abondante au
bas de la cafcade & dans le baflîn qui l’envi- [
fonne : cette cafcade eft le nec plus ultra pour
ce poiffon, fi commun dans le Rhin. On a tenté
vainement de mettre des faumons au deffus de la
cafcade , jamais on n’ en a pêché au-delà.
LAUM O N T , grande montagne du département
du Doubs. Elle commence à une lieue "de
Befançon, s’étend enfuite le long du Doubs,
jufqu'à une demi-lieue de Baume, où elle eft
interrompue par la rivière de Cufiinçon , puis
par le Doubs, & va fe terminer dans le département
du Haut-Rhin , à une lieue de Porentruy.
Dans tout ce trajet on peut étudier la variété
d^s couches qu’elle offre fur fes croupes fort
élevées.
LAURENT (Baie Saint- ). Cette baie fe trouve
dans la côte tft de l’Afie ; elle a au moins cinq
heues de large à l’entrée, 8c quatre de pr.ofoni
deur ; elle fe rétrécir vers le fond , qui paroît affez
bien à l’abri des vents de mer. Le capitaine Cook
ignore fi elle eft acçeffible aux vaiffeaux. Quoiqu'il
defirât beaucoup trouver dans ce parage un havre
où il pût fe retirer le printemps fuivant, il ne perdit
point fon temps à l'examiner : il avoit befoin
d’un port qui offrît du bois, & il favoit qu'il n'en
rencontreroit point ici. Depuis la pointe méridionale
de cette baie, qui gît par éy deg. 30' de latitude,
la côte fe prolonge oueft*-quart-fud-oueft
l'efpace d'environ neuf lieues , & elle forme une
autre baie très-enfoncée ou une rivière; 8c peut-
être le terrain y eft fi bas, qu’il ne frappa point
les regards du navigateur anglais.
Les côces de cette baie font habitées par une
peuplade qui doit être celle des Tfchutsky, que
les Ruffes n'avoient point encore fournis à l'époque
où Cockparcouroicces mers , & aucun n’approcha
des vaiffeaux.
L a u r e n t ( Fleuve Saint- ) . (Voye% S a in t -
L a u r e n t ( F l e u v e ) , & l'article A m é r iq u e
s e p t e n t r io n a l e . )
LAUSANNE, ville de Suiffe , dans le canton
du Léman. Pour faire connoître plus particulièrement
la conftitution du fol du Jorat ( voyei ce
mot) , nous allons donner en détail leréfultat des
| obferyatiQns qui ont été faites aux environs de
cette ville. Si des bords du lac de Genève, vis-
à-vis de Laufanne, on parcourt l’intérieur du pays,
on trouve d'abord ordinairement, à la fuperticie
du terrain, la terre végétale où le fable domine ;
enfuite des graviers , des cailloux roulés, mêlés
de fable 8c de débr s de végétaux , jufqu’à la profondeur
de deux à trois pieds i plus bas, une couche
de marne plus ou moins blanche, quelquefois
rouge ; au-deffous ,une couche de fable , 8c enfin
la pierre de mollaffe par couches , & d'une dureté
plus ou moins confidérable. Il faut obferver que
1 les marnes renferment quelquefois des coquilles
fluviatiles fort petites, & qu'elles font ftratifiées
avec le fable dans un ordre très-variable.
La mollaffe ou pierre de fable eft communément
fort tendre & fort facile à fe décompofer à l’a ir ,
furtout fi elle a réfîdé un certain temps dans les
couches voifines de la fuperficie : on y trouve aufli
des cailloux roulés, difperfés irrégulièrement,
mais à une plus grande profondeur. La pierre de
fable eft fort dure, diftribuée par bancs réguliers-
horizontaux, ou inclinés plus ou moins, ffouvenc
lamelleufe. Toutes les couches font féparées ou
diftinguées par des lits de marne d’une certaine 1
épaiffeur.
Ces couches dè pierre de fable font quelquefois
coupées fur leur longueur par des fentes remplies,
ou d'incruftatiot.s fpathiques, ou d'autres matières
brutes châtiées par les eaux. Enfin, cette
pierre fait effervefcence avec les acides ; çe qui a
fait connoitre un gluten calcaire & ferrugineux qui
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