
3a E M M
On y nourrit beaucoup de moutons dans la bonne
faifon. Il y a beaucoup de bois pour la charpente
& la conftruélion des vaifleaux. ( Voye^, pour les
autres productions , l i n d i l r i c , le commerce &
ce qui concerne YEmbrunois, le département des
Hautes-Alpes.)
ÉMINENCE ( 1' ) j village du département de la
N iè v re , arrondiffement de Cofne, & à trois lieues
& demie fud-ell de cette ville. 11 y a plufieurs éta-
blilïemens de forges très-occupés.
ÉMISSAIRE, C'efl le canal naturel ou artificiel
par lequel le trop plein des lacs ouamas d'eau quelconque
eft verfe au dehors de ces lacs. Ceux dont
le baffin occupe une partie de la vallée d'une rivière
ou d un fleuve ont pour émijfaire la rivière ou le
fleuve lui-même qui en fort. Les lacs qui font à la
lource des ruilfeaux & des rivières ont pour émif-
faires ces courans d’eau. Les émijfaires de 1« pre-
roifreclaffe tiennent à l’ancienne vallée du fleuve,
qui aété creufée librement avant que le lac ait été
formé par l'accumulation des matériaux qui en fou-
tiennent les eaux : c’efl à l’ouverture de cettedigue
qui verfe le trop plein du lac, que fe place Yémif-
faire. Les émijfaires de la fécondé claffe font formés
par les premiers écoulemens des eaux avant l ’accumulation
des matériaux qui ont donné lieu à la
digue 8c aux ouvertures que les agens qui ont concouru
à leur accumulation, ont laifies entr'èux.
C ’efl en fuivant ces mêmes idées fur les émijfaires,
que je range parmi eux les bofphores de Thrace &
des Dardanelles, qui fervent de débouchés aux eaux
de la Mer-Noire & à celle de la mer de Marmara.
J’en trouve auffi deux beaux & intérelfans entre
. les lacs Onega & Ladoga, qui font la Soeur & la
N e v a , de même celui .du lac Peypus en la Narowa,
du lac Velter en Danamarck.
EMME. 11 y a en Suilfe deux rivières de ce
pom, la grande 8e la petite Emme,
La grande Emme fort de l ’Entlibuch , canton de
.Lucerne, entre les montagnes de Rothorn, Schlat-
ten 8e Neffetftock j mais elle reçoit beaucoup de
ruilfeaux dans le canton de Berne. Elle parcourt
une partie des bailliages de Signau, Trachfelwald,
Brandis, Berthoud N Landshut, & fe jette enfin
dans 11 Aar .à Biberilch, dans le canton de Soleure.
Cette rivière efi très-remarquable , tant par la Angularité
de fon cours, que par les pierres qu'elle
roule 81 les ravages qu'elle" fait fur fes bords.
La petite Emme ou la Wald-Emmen n’arrofe
que le canton de Lucerne feul ; elie fort d’un petic
lac fur une montagne du canton d’Underwalde,
8e .reçoit dans çelui de Lucerne plufieurs autres
ruilfeaux, furtout la lVeiJf-Émmen, près de Cluftal-
den. Elle eft très-poilfonneufe, avantage que n'a
pas la grande Emme, qui eft un torrent fale &
.chargé de boue. -
La petite Emme fe jette dans la Reuff au fortir
WM P
i Jac Lucerne. Je la confidère comme la rivfère
latérale qui a contribué à former la digue du lac,
| tant par les matériaux qu'elle a entraînés & dépofés.
vers fon embouchure, que par les dépôts littoraux
de l’ancienne mer, qui fe trouvent accumulés fur
cette ligne. ( Voyei le mot Digue des Lacs.)
EMMERICH, village du département de la
Roër ^arrondiffement de Creveldt, à une lieue un
quart îud-eft de Meurs. On y fabrique des draps 8c
des étoffes de laine. Le blé y eft un objet de commerce
, ainfi que le faumon.
EMPREINTES de Feuilles , de Parties
animales , &c. On a diftingué plufieurs efpèces
de ces empreintes dans l’un & l’autre de ces deux
régnés. Lé règne animal nous offre des empreintes
de madrépores, d’infe&es, de cruftacés , de coquilles,,
de poiffons, &c.
On reconnoit dans les empreintes végétales, des
capillaires, des moufles, des chiendents, des
bruyères, des feuilles d'arbres, des graines, des
filiques, des épis & un grand nombre de fruits.
La comparai fonde, cesempreinus avec les analogues
que nous fournit la nature dans les deux règnes,
jointe à celle des contrées où ces foffiles fe trouv
en t , peut fervir à décider plufieurs queftions
très-importantes fur les anciennes opérations de la
nature. Ainfi, pour peu qu’on ait fuivi les parties
littorales de la nouvelle terre, on voit que ces différents
débris de végétaux & d’animaux o n t ,été
entraînés dans le baffin de la mer, & enfuite imprimés
fur la terre molle, recouverte enfuite &
durcie parle laps de tems, comme les ardoifes. Ces
matières encore molles ont reçu facilement Yem-
preinte parfaite & en creux de la. plante ou de
quelques-unes de fes parties. La régularité de prefque
toutes ces empreint.es , comparées avec leurs
analogues vivans, fait préfumer que ces plantes
ont du nager dans une eau limoneufe fort épaiffe,
dont la terre s’eft précipitée deffus & a achevé
Y empreinte des deux côtés". La partie de la plante
s’eft détruite par la fuite * & cpmme elle a laiflé
vide le petit efpace qu’elle occupoit, on en peut
encore dilcerner i’efpèce & tous les détails fur les
faces de tes pierres, par les traits , tant de l'or -
ganifation , que de la grandeur naturelle de la
plante.
T otites les empreintes végétales &: prefque toutes
les animales fe trouvent au milieu des pierres ifchif-
teufes & même_ calcaires, feuilletées enfin dans
les ardoifes voilïnes des charbons de terre. Celles
que nous trouvons en Europe font pour l'ordinaire
exotiques , c’eft-à-dire qu’elles ont leurs
analogues dans des parties fort éloignées de l’Eu-
îope i c eft ainfi que M. Bernard de Juffieu a trouvé
dans des carrières de pierres fchifteufes à la. porte
de Saint-Chaumont en Lyonnois, Y empreinte du fruit
| de l'arbre trifte. On trouve auffi dans des char-
! bopnières de Bretagne, à plus de trois cents pied.s
de
E M P
de profondeur, plufieurs empreintes de la foug è re ,
arbriffeau qui végète en Chine comme en Amé-
rique.
Une dernière fingularité que nous ferons remarquer
, c’eft que les empreintes qui fe trouvent à
peu de profondeur , portent communément des
marques du pays où elles fe trouvent, comme des
p: oduits d’alluvion. Au refte, toutes ces empreintes,
plus ou moins parfaites, & trouvées à des profondeurs
plus ou moins confidérables, font certainement
, fi l’on en fait bien analyfer les circonftances,
dçs monumens de plufieurs révolutions arrivées à
la furface de la Terre i j’ en excepte cependant le
déluge univtrfel, qui ne peuty figurer en aucune
manière.
Dans les environs de Saint-Çhaumont en Lyonnois
on a trouvé une grande quantité de pierres
feuilletées, dont prefque tous les'feuillets por-
toient fur leur fuperficie , l’empreinte, ou d’ un
bout de tige , ou d’une feuille , ou d’ un fragment
de feuille de quelque plante. La repréfenration
des feuilles çtoit toujours exaCteme nt étendue ,
comme fi on avoir collé les feuilles fur les pierres
avec la main j ce qui prouve qu’elles avoient été
dépofées par l’eau , qui les avoit étalées dans cet
éta t} elles étoient auffi en différentes fituations,
& quelquefois deux ou trois fe croifoient.
On imagine bien qu’une feuille dépoféepar l’eau
fur une vafe m olle, & couverte enfuite d’une autre
vafe pareille, imprime fur la première vafe l’image
de l’une de fes deux furfaçes , & fur la fécondé
l’image de l’autre furface : de forte que ces deux
lames de vafes étant durcies & pétrifiées, elles porteront
chacune Y empreinte d’une face différente.
Mais ceci n’a pas lieu ici : les deux lames ontY empreinte
de là même face de la feuille, l ’une en relie
f & l’autre en creux.’ Dans toutes ces pierres les
empreintes font toujours plus foncées que le refte,
& quelquefois même ces figures paroiffent couvertes
d’une couche légère de bronze ou d’argent.
Le nombre de ces feuillets -, la facilité de les
féparer & leur grande variété peuvent faire regarder
, parles naturaliftes, ces pierres comme autant
de volumes de botanique, qui, dans la même
carrière de Saint-Chaumont , compofent la plus
ancienne bibliothèque du Monde.
Cette bibliothèque eft d’autant plus curieufe ,
que toutes ces plantes, ou n’exiftent plus, ou n’exif-
tent que dans des pays éloignés. Quoique dans
l ’état où elles font on puiffe difficilement les ca-
raétérifer, on peut cependant affurer que ce font
des plantes capillaires & des efpèces de fougères
qui approchent de celles de l’Amérique & des
Indes orientales.
Il y a auffi de ces débris qui paroifient appartenir
aux palmiers & à d’autres arbres étrangers.
Ce font, dans cette découverte, trois finguiari-
tés qui la rendent remarquable : la première eft de
ne trouver dans le pays aucune des efpècçs de plan-
Géographie-PJiyfigue. Tome l V .
E M P 33
tes dont les empreintes font marquées fur ces pierres >
la fécondé eft que, parmi ce nombre infini de feuilles
de divérfes plantes imprimées fur les feuillets de
ces pierres, aucune ne s’y trouve pliée, & qu’elles
y font dans leur étendue , de même que fi on L-s
avoit collées > la troifième fingularité eft que les
deux lames de ces pierres ne repréfentent chacune
fur leurs fuperficies internes, parlefquelleselles fe
touchent, qu’ une feule face d’une feuille de plante
en relief d’un c ô té , & en creux de l'autre.
Çes Angularités fuppofent divérfes caufes né-
ceflairement dépendantes les unes des autres.
La première, que ces plantes inconnues en Europe
ne peuvent venir que des pays chauds, des
Indes ou'de l’Amérique, & qu’elles’n’ont pu être
amenées que de ces.pays ou de quelqu’autre d’une
fituation femblàble.
La fécondé, q u e , comme leur empreinte les repréfente
étendues, elles ont été dépofées par l’ eau
fur laquelle elles ont du flotter.
La troifième , que cette eau a été celle de la
mer j ce qui eft prouvé par un grand nombre, dé
coquillages dont on ne peut aujourd’hui voir les
;emblables dans aucune des rivières d’ eau douce
de France ni même de l'Europe, & qui au contraire
naiffent, les unes fur nos côtes, & les autres
dans celles des mers les plus éloignées par rapport
à nous.
Ces phénomènes tiennent à la grande inondation
de l’Océan, qui a couvert une grande partie
de la furface du Globe. Toutes les obfervations-
que l’on a faites en différentes contrées denoscon-
tinens prouvent qu’elles ont fervi de lit à la mer
& fait partie de fon baffin.
On pourroit donc croire que la mer auroit apporté
des Indes les plantes qui font enfevelies dans
les pierres de Saint-Chaumont, & même dans les
minières de charbon de la province de Glocefter
en Angleterre, fur les pierres defquelles on voie
figurées la plupart des mêmes plantes, & que çes
plantes ont été dépofées fur le rond de la rner, voi-
fine des minières de charbon de terre, ou à la fuite
de la révolution qui a pu préfider à la formation
de ces mines.
Leibnitz nous apprend que , dans le pays de
Brunfwich , aux environs d’Ofterode , dans le
comté de Mansfeld , aux environs d’ Eifleben ôc
en beaucoup d’autres endroits d'Allemagne, on
trouve des maffifs d’ardoifes dont les lames font
à peu près horizontales , où il y a des empreintes
très- exa&es & très-finies de divérfes fortes de
poiffons, ou même de plantes, qui paroiffent dans
leur longueur ou largeur naturelle. Ces empreinte s
font fouvent pyriteufes. Il y a quelques-unes de
ces plantes qu’on retrouve dans les herbiers des
Indes. Quant aux poiffons, il ne paroît pas qu’on
ait fait encore aucun travail pour décider quelle
eft leur efpèce & le pays où leurs analogues fe
retrouvent actuellement.
C e qu’ il faut bien remarquer 3 e’ eft que ces