
gers. L’orge & l’avoine, en petite quantité, fe cultivent
prefque toujours fur les guérets. Les plantes
légumineufes, telles que les pois, les fèves,
les vefces & les haricots, ainfi que les fourages
annuels, font femées fur les jachères, à l’aide des
engrais. Le meilleur & le plus falubre de ces fou-
rages eft le maïs. La culture de la vigne eft augmentée
d’ un tiers depuis 1789. Les vins de Claira
& de Caftelmoron font eftimés. On y cultive auffi
un peu de chanvre. La culture du tabac , qui s’y
eft introduite depuis la révolution, a dû néceflai*
rement diminuer la qualité de la célèbre fabrique
de Tonneins, qui travaille le tabac étranger. On
cultive auffi beaucoup de prunes dans ces contrées,
qu’on exporte dans les pays étrangers, & furtout
en Hollande.
Les produélions du département de la Haute-
Saône font en b lé , en feigle , en o rge, en avoine
dans les plaines. Dans les montagnes , on cultive
le farraffin , le maïs, les légumes & les pommes de
terre, des navets , un peu de chanvre & du tabac
5 enfin quelques vignobles.
Le fol du département de la Drôme eft maigre,
fablonneux, & d’ ailleurs occupé par des montagnes
non fufceptibles de culture j ik les imprudens
abattis de bois qu’on a faits fur ces montagnes
contribuent encore à fa ftérilité. Les parties les
plus abondantes en grains font le Valoire ou les
cantons de Saint-Rambert & de Moras, les plaines
de Monteil, d ’É toiles, de Montelimart, les montagnes
des environs de Dyle.Les cantons de Nyon,
de Saint-Paul-trois-Châteaux, au midi, fe dédommagent
par la culture de l’ olivier. On a introduit
dans ce département l’ ufage des prairies artificielles:
on y cultive aufli beaucoup de noyers, dont le
produit fe convertit en huile, & le meilleur parti
qu’on puifle en tirer. On cultive enfin des mûriers
pour l’éducation des vers à foie.
Le territoire du département de la Lozère eft
d.e trois fortes : les montagnes du nord, qui font
de bafalte & de granit, celles du midi & du levant,
qui forment les Cévennes, & font fchif-
teufes ; le s montagnes du centre, qui font dirigées
du midi au couchant, & qui font de nature calcaire
, & qu’on nomme Caujfes. Les montagnes du
nord donnent du feigle, des fourages & très-peu
d’orge & d’avoine : celles connues fous le nom de
Caujfes font productives en froment, en o rg e , en
peu de feigle, en fourages & en fruits j c ’eft la
partie la plus fertile des Cévennes. On récolte
beaucoup de châtaignes & une affez grande quantité
de pommes de terre. On cultive le mûrier J le
lin, le'chauvre: la garance y croît fpontanément.
Les coteaux qui régnent de Belle ville à Condrieu,
du nord au f u i , le long de la Saône & du
Rhône, font plantés en vignes qui produifens des
vins eftimés. Les vins rouges d’Avnpuis ou de Côte-
Rôtie & de Condri'u ont une jufte célébrité. L’ ef-
pace de ces coteaux, compris entre Poleymieux
Çc Saint-Cyr, pâlie pour être le terrain où les premières
vignes furent plantées dans les Gaules par
les Romains, au tems de l'empereur Probus, & il
fait partie de la montagne qu'ils appelèrent du
Mont-Dor. Non loin d'Ampuis , & fur le territoire
de Saint-Romain-en-Calou de L o ire ,on recueille
la première qualité de ces marrons connus fous le
nom de marrons de Lyon. On n’admet dans les vignes
que deux elpèces de raifin, le lerine qui eft
noir, & le viomier qui eft blanc. La vigne eft renouvelée
par provins. A cette méchodeonaajouté,
depuis quelques années, celle de la greffe. Depuis
les Chères & Anfe jufqu'à Villefranche eft la
plaine la plus confidérable du département ; elle
produit du froment en abondance. On cultive aufli
la pomme de terre ; mais les vignes font la principale
culture. Les prairies artificielles de fainfoin,
de trèfle, de luzerne, d'efparcette y font pratiquées
avec fuccès depuis plufieurs années; elles
ont fait quadrupler le nombre des beftiaux. On cultive
peu le mûrier dans ce département ; cependant
on obferve qu'il feroit d'autant plus intéreflant
d'encourager la culture de cet arbre, que les foies
de France partent pour être les.plus belles de l'Europe;
mais que ce qu'elle en récolte eft loin de
fuflire au befoin de fes manufactures, & qu’ellS
eft obligée d’en tirer de Piémont, de Bergame,
de Vicence, de Parme, des deux Siciles, du Levant
& de Nankin, qui la plupart font payées en
numéraire.
Le département des Hautes-Alpes, hérifle de
•rochers, de glaciers, coupé par une multitude de
torrens & de précipices, .n'offre à l'oeil rien que
de repouffant. On a évalué aux deux tiers du département
ce qui eft occupé par les montagnes, Sc
perdu pour l’agriculture. Prefque tout le relie eft
compofé de couches végétales Couvent peu profondes
, dès-lors peu fertiles, & menacées chaque
jour par les eaux qui fe précipitent des hauteurs.
Les produits du département des Hautes-
Alpes font du blé, des pommes de terre & du vin ;
mais tout cela en petite quantité.
Dans le département du Tarn, la charrue n'eft
pas portée fur des roues, & les habitans prétendent
que cette charrue, dont on fe fert dans tout le
midi, & qu’on nomme moujldans ce département,
ouvre la terre & la retourne à une plus grande profondeur.
Le contre qui s 'y trouve attaché, coupe
les racines des mauvaises herbes.Dans la plaine &
fur les coteaux, on laboure cinq ou fîx fois ie
même champ, en différent tems, avant de l’enfe-
mencer. Dans les montagnes, on donne moins de
façon à la terre : on évite furtout de labourer
dans les chaleurs. Gn ne fait que deux ou trois récoltes
fur le même champ, & on le laifle enfuite
en jachère pendant plufieurs années.. Les meilleurs
fonds font réfervés pour le chanvre & le froment
qu'on cultive dans les plaines, ainfi que pour l'orge
& le feigle , & c . Les vignes font plantées fur les
coteaux. Les vallons ou gorges des montagnes forment
de belles prairies naturelles- Il y a encore des
récoltes propres à certains cantons : celle du paf-
tel dans les plaines d’Albi & des environs j celle
de l’ anis & de la coriandre dans dix ou douze
communes des arrondiffemens d’Albi & de Gail-
lar. La découverte de l’ indigo a beaucoup diminué
celle du paftel : on comptoit autrefois juf-
qu’à trois cents moulins dans les environs d’Albi
pour la préparation de cette plante : il en relie à
peine aujourd'hui trente ou quarante.
Dans.les plaines & dans les vallons, le département
des Baffes-Pyrénées produit du froment , du
feigle, de l’o rge, du maïs, du millet, des foins,
du lin très-doux ik très-fin, dont on fait de belles
toiles dites de Béarn. Il produit, fur les coteaux,
des vins exquis, nommément ceux appelés du Ju-
ran , Congans &c. Le Labourd cultive une grande
quantité de pommiers à cidre.
Jufqu’ à préfent nous avons fait connoitre en détail
la nature des différens fols & territoires de
chacun de nos départemens, que nous avons cru
devoir faire paffer en revue , ainfi que leurs productions.
Ce travail eft un motif de plus pour renvoyer
nos lecteurs aux articles de ces départemens
que nous avons décrits avec toutes les circonftan-
ces qui nous les rendent intéreffans : on les trouvera
dans le corps de' ce Dictionnaire. Ici nous
avons préfenté, à ce fujet, des fragmens détachés
que nous avons extraits avec foin dans les docu-
mens importans & les plus utiles que nous avons
recueillis dans les réfultats des premiers examens
des provinces de France.
Rivières de France. Il eft tems de porter notre
attention fur les rivières de la France. Nous en
diilinguons d’abord quatre principales avec leurs
vallées, toutes très-intéreifantcs : la Seine, la
L o irë , le Rhône & la Garonne. La Seine, un des
plus beaux fleuves de France, prend fa fource à
Saint-Seine, dans le département de la Côte-Dor
en Bourgogne. Son cours fe dirige au nord-oueft,
& , après un trajet d’environ deux cent dix milles,
il décharge fes eaux dans la Manche, au Havre-de-
Grace. On peut remarquer ici que la longueur affi-
gnée aux rivières n’eft pas calculée avec exactitude:
ce feroit un travail trop pénible & trop incertain.
Elle n'eft qu’une échelle comparative pour juger
du rapport qui exifte entre le cours d’ une rivière
& celui de telle autre.
La Loire prend fa fource près le mont Gerbier,
dans le V e la y , fe dirige d’abord au .midi, puis
tourne à l’oueft pour fe rendre à l ’Océan , au def-
fous de Nantes , âprès avoir par couru.le Niver-
nois, I’Orléanois & la Touraine. Son cours eft
de quatre cent trente milles. Elle ne commence à
former un fleuve un peu confidérable qu’après fa
.jonCtion avec la Sarthe.
Le Rhône fort du glacier du mont Fourche.,
près le Grimfel en Suiffe. Après avoir arrofé les
beaux vallons du Valais, traverfé le lac de Genève
, il defcend rapidement au fud, & fe perd
dans la Méditerranée, au golfe de Lyon. Son cour»
eit d’environ trois cent quarante-cinq milles.
La Garonne a fon berceau dans les Pyrénées, au
V3l d’Arau. Dans fon cours d’environ deux cent
dix milles, qu’elle dirige principalement au nord-
oueft, elle reçoit La Dordogne, & fe rend enfuite à
l'Océan fous le nom de Gironde.
La Seine eft prefque partout agréable & pitto-
refque. La Loire offre de beaux tableaux depuis
Angers jufqu’à Nantes, mais des amas de gravier
déshonorent le refte de fon cours immenfe. La Garonne
, en général, languit dans un pays plat, entre
deux trilles bordures de faules. Le Rhône eft grand,
rapide & a des bouches intéreffantes. Je renvoie
aux articles très-étendus & développés de ces
quatre fleuves.
Bien d’ autres rivières, moins fameufes à la vér
ité , décorent & enrichiflent la France : telle e.ft la
Saône, que le Rhône entraîne près de Lyon ; tels
font le Lot & la Dordogne, qui vont gtoffir la Garonne
i telles font aufli les rivières tributaires de
la Loire. La Meufe, la Mofelle & même le Rhin
peuvent être comptés au nombre des principales
rivières de la France, 8c nous les décrirons dans
des articles particuliers, ainfi que les fuivantes.
Indépendamment des canaux, les Pays-Bas font
arrofés par tant de rivières, qu’ il fuflîra d’ indiquer
les principales. Seulement une petite partie de la
Meufe traverfe le comté de Namur, fitué dans ces
Pays-Bas. L’Efcaut eft une de ces principales rivières
, & il en reçoit deux autres, la Lys 8c la Scarpe,
celle-ci près de Mortagne, & celle-là près de Gand.
Toutes ces rivières ont Leur fource dans le comté
d’Artois, à une élévation peu confidérable. On ne
peut pas donner au Cours de l’Efcaut une longueur
approximative de plus de cent milles. La Dyle
prend fa fource aflez près de Namur & au nord-
oueft , & joint l’Efcaut au deflus de N ie l, après
avoir reçu la Dermer de l ’eft, la Nèthe du nord ,
& la Senne du fud. La plupart des autres rivières
font moins importantes que les canaux, & en plu-
fieurs cas il feroit difficile de déterminer fi leur
cours eft l’ouvrage de l'art ou celui de la Nature.
Ainfi que l ’Efpagne , la France poffède peu de
lacs: il s’en trouve quelques-uns dans la Provence
& fur les bords de la mer, dans les kndes de Bordeaux.
Il faut mettre à la tête des lacs français
ceux de G enèv e, d’Annecy & du Bourg , & ces
deux derniers font dans le département du Mont-
Blanc. On peut citer encore le lac d’Allègre, au
Commet d’ une montagne du département du Puy-
de-Dôme. Le vafte étang ou la lagune.qui fe trouve
entre Nantes &-Machecoult peut être confédéré
comme un lac qui a une digue fort aifée i recon-
noître.
Des.montagnes. Avant de vîfiter la grande chaîne
de montagnes qui embraflent le midi de la France ,
jetons un coup-d'oeil fur les diftriéïs montagneux
du nord & de l’eft. Les hauteurs de la Bretagne
font granitiques & primitives > elles jettent (les