
que le fleuve d* Argens amène de plus loin dans
les terres de Fréjus & de Roquebrune les bonifient
extrêmement.
La montagne de la Magdeleine eft couverte de
pins 5 elle préfente aux naturàliftes quantité de
laves qui paroiffent avoir été vomies par quelque
volcan éteint depuis long-tems. Les traces de ce
volcan paroiffent même dans la montagne , dont
les pierres foufflées & fpongieufes ont été portées
à des diftances fort éloignées; quelques-unes de
ces laves font ferrugineufes ,& reffemblent à du
mâche-fer. La montagne de Maraveille ou Bau-
dufo, voifine de celle de la Magdeleine, préfente
le cratère d'un volcan éteint : on y trouve beaucoup
de laves , & la roche extérieure indique les
traces d’un volcan. On trouve aufli des laves fur le
Mont-Faucon, qui eft une fuite des deux premières
montagnes. Ces laves font de couleur brune pref-
que noire, très-dures & très-pefantes.
Le village de Cogolin paroît conftruit fur une
montagne volcanifée ; car à quelque profondeur
qu’on creufe la terre, on y trouve des laves dont
quelques-unes ont la dureté du bafalte.
Le village de Gaflin ou Garcin , diftaot de Cogolin
d’environ une lieue, eft fitué fur une montagne
qui a près de trois cents toifes d’élévation
au deffus de la furface.de la mer. Le granit de di-
verfes couleurs forme la bafe de cette montagne;
elle contient encore de grands bancs de mica, de
pierres talqueufes, de l’argile recouverte de lames
vitreufes de ce foflile. Le canton dè la £arrade
renferme une carrière de très-belle ferpentine
qu’on exploite depuis long-tems. Cette pierre reçoit
très-bien le poli.
Les montagnes de Sainte-Maxime vont fe joindre
d’un côté à celles de Grimaud, dont nous
allons parler , & de l’autre à la chaîne des montagnes
du plan de la Tour, du Reveft & de Roque-
brune. Le terrain de tous ces environs eft fablon-
neux & micacé. L’ argile couvre les bas-fonds. Les
coteaux font graveleux & fecs de leur n atureon
les défriche & on les met en valeur en faifant des
abattis de pins & de ciftes que l’on brûle fur le
fol ; mais cette pratique, trop générale dans ces
lieux en pente, caufe louvent des incendies fu-
neftes -, que la violence des vents propage au loin ;
& pour des moiffops un peu confidérables qu’on
en retire pendant deux ou trois ans, on n’a bientôt
plus, par l’éboulement des terres mal foute-
nues , que les roches nues & brûlées. De larges
bandes de quarts blanc, à demi vitreux &. opaque
, fiilonnent la fuperficie des coteaux & des
montagnes un peu élevées-; elles s’enfoncent profondément
dans la terre, & indiquent prefque
toujours des minés de plomb.
Le golfe de Grimaud, autrefois Sinus fambra-
citanus, a environ quatre à cinq lieues de long fur
autant de large; il eft borné à I’eft par les montagnes
du plan de la Tour, par celles de la Garde-
Freinet au nord, & par les terroirs de la Mole &
de Cogolin au couchant. Les petites rivières de
Cogolin & de Grimaud, qui viennent fe ieter dans
la mer, ont occafionné des bas-fonds, des marais
affez larges au terroir de Saint-Pons, où les eaux
de la mer pénètrent quelquefois dans les grandes
tempêtes que les vents violens de aord-eft élèvent.
Les eaux de ces rivières 8c des torrens, qui fe filtrent
à travers un terrain un peu fablonneux, quoique
l ’argile en foit la bafe primitive, ont creufé
des mares & des gouffres, connus fous le nom de
garonnes, dans la plaine. Plufieurs perfonnes y ont
péri. Les débordemens des rivières font en grande
partie la caufe de ces garonnes.
Toutes les eaux qui viennent des montagnes qui
ceignent le golfe, fe précipitent dans la plaine
pendant les pluies d’automne. Les orages y cha-
rient une quantité d’arbuftes, de plantes, de graviers
dont ils dépouillent les montagnes, & la
plaine en eft exhauffée d’une façon manifefte ; ce
qui nuit extrêmement à la végétation, engrave les
prairies, & ne nuit pas peu aux blés par la carie
& par la rouille que cela leur caufe. Les débordemens
font fi terribles en automne, qu’on y a vu
la plaine couverte d’eau, formant une continuité
avec la mer jufqu’au bas des coteaux. L’inondation
que la plaine de Grimaud effuya en 1783, au
mois de juillet, fut au deffus de ce qu’on pourroit
dire. 11 fembloit que tous les élémens fuffent conjurés
pour abîmer ce malheureux pays.
1 L’atmofphère de tous ces environs eft fouvent
infeété de vapeurs méphitiques > que Igs vents de
fud emportent au loin. Le$;habitans de Cogolin
s’en reffentent le plus, quoique l’air y circule plus
facilement depuis qu’on a coupé &; incendié les
bois de la Mole.,
Le village de la Garde-Freinet eft fitué au pied
d’une montagne de nature quartzeufe; elle jette
une longue chaîne de l’eft à î’oueft. La plus haute
de ces montagnes-a environ trois cents t-oifes d’élévation
au deffus de la mer, que l’on, découvre
au midi : il n’y a ni gypfe ni pierre à chaux dans
tout ce terroir, ainfi qu’au golfe de Grimaud. Le
bas des coteaux eft couvert de fchiftes : fragiles,
qui favorifent la culture des vignes & de l’olivier.
L’air de tous ces environs eft falubré, à caufe de
leur élévation & des vents de nord & de fud qui
y foufflent avec violence : les vapeurs infeéies du
golfe de Grimaud ne s’élèvent point jufque-là. Les
eaux y font fraîches & limpides. Il y a des mines
de cuivre & de plomb dans le territoire de la
Garde-Freinet : la principale eft celle de Vaucron.
C ’eft une montagne affez haute, d’une roche dure,
entre-mêlée de larges bandes de quartz, qui fervent
de gangue au minéral. On trouve des bancs
de mica blanc & jaune dans les environs. Cette
mine a été exploitée par des Anglais vers 1730;
elle rendoit beaucoup d’argent ; mais elle a ceffé
de l’être par la.méfintelligence des coneeflionnai-
res. lien a été de même delà mine du Canet, au
quartier de Saint-Dalmas. Les terres du grand &
du petit Efclans font comprifes dans de grandes
vallées, dont la partie feptentrionale eft entièrement
calcaire. La montagne de Rouet, au levant
de celle de Pennafort, renferme une mine de plomb
tenant argent. 11 s’eft formé une grotte conlidéra-
ble au pied de cette montagne, où l’on peut re-
mifer jufqu’à deux cents moutons : il y en a une
autre à un quart de lieue de celle-là, qui eft aufli
vafte, au fond de laquelle on voit une fontaine
d’une eau pure qui tombe en cafcade d’un baflin
dans un autre, & fe perd enfuite dans la grotte
même. La voûte eft couverte de ftalaétices.
La ville de Fréjus eft conftruice fur le cratère de
quelque volcan éteint, dont on trouve des traces
jufqu’à une lieue en tirant vers le nord, au bas
des montagnes de l’Efterel. Les laves, les pierres
foufflées font communes quand on creufe un peu
profondément dans la terre : les murs de l'amphithéâtre
& plufieurs des édifices de cette ville en
font bâtis. La ficuation de la ville de Fréjus eft
avantageufe ; elle domine la campagne : de hautes
montagnes la défendent des vents du nord. La mer
paroît au midi, à demi-lieue de diftance. Le fleuve
d’Argens, qui fe jette dans la mer à une demi-
lieue de cette ville, a formé des marais à fon embouchure.
Ses,eaux refluent quelquefois fur elles-
mêmes , dans les débordemens, parle fouffle impétueux
des vents de fud & d’oueft. Toutes les
eaux pluviales qui découlent des montagnes voi-
fines, des torrens & des ruifteaux couvrent bientôt
la plaine , qui devient alors une vafte mer par
Ton défaut de pente & les alluvions qu elles y ont
caufées. Les Romains avoient conftruit un beau
porc à la partie du midi, au moyen d’un canal qui
ouvroirune communication avec la mer. Les ater-
riffemens du fleuve d’Argens, & les fables foule-
vés & pouffes par les vents de fud, ont comblé
peu à peu ce port ; il n’eft plus aujourd’hui qu’un
vafte marais couvert de rofeaux, d’infeétes , &
trop près de la ville pour ne pas y caufer quelquefois
des maladies par les vapeurs putrides qui s’en
exhalent. Les mêmes caufes qui ont comblé le port
de Fréjus préfentent des obftacles invincibles à fon
rétabliffement. Il paroît impoflible de recreufer
dans les fables un canal qui feroit près de fe recombler
à tout moment, & l’on n’ofe toucher à
ces marais infeéts, dont la vafe putride cauferoit
la mort des habitans. On a effayé de combler la
partie fupérieure de cet ancien port, connue fous
le nom de Lanterne 3 en y jetant des pierres , du
fable & des décombres; mais les pluies & les inondations
d’automne ont fait bientôt difparoîcre ce
fol nouveau : tout s'enfonça dans la vafe, & les
marais reparurent. Sans doute qu’on fera plus heureux
dans les nouvelles tentatives qu’on fait maintenant
pour combler de nouveau ce port. On y
dérive le Reiran, torrént affez confidérable en
hiver, qui, venant des montagnes voifines, doit,
y charier les fables & les pierres qu’il; lèur arrache,
tandis qu’on fait écouler les eaux ftagaàntes
des marais voifins par des faignées profondes. Fréjus
eft totalement dépourvu de bonne eau. La fource
qu’on a à quelque diftance de la ville, & au def-
lous de fon niveau, n’eft pas affez confidérable
pour en fournir à tous les habitans ; ils font obligés
de boire des eaux de pluie ramaffées dans des
citernes. Les Romains y avoient conduit les eaux
de la rivière de Siagne, qui en eft éloignée de
plus de fept lieues au nord, au moyen d’un aqueduc
dont on voit encore les reftes. La branche de
cette rivière, qui fort d’un rocher dans la terre
de Mons, fourniffoit à cet aqueduc une eau claire
& falubre. Le lit de la rivière eft aujourd’hui plus
bas que la prife d’eau dans l’aqueduc.
La forêt de l’Efterel, au levant de Fréjus , eft
terminée au midi par une chaîne de montagnes
qui viennent de Saint-Raphaël jufqu’au golfe de
la Napoule, où elles s’avancent à une demi-lieue
dans la mer par un long promontoire nommé le
Cap de Téoule. Cette chaîne fe fait remarquer par
le granit, le jafpe, le grès & le quartz qu’on y
rencontre. Le granit couvre la cime ordinairement
pelée de ces montagnes, taillées à pic du côté du
midi. Le cap Roux eft la partie la plus élevée de
cette chaîne. Le baromètre lui donne trois cent
foixante toifes d’élévation au deffus du niveau de
la mer.
Dans le ci-devant comté de Calian, au deffus
du moulin de ce nom, on trouve une grotte connue
fous le nom de Garamagnes, qui n’a de remarquable
qu'un ruiffeau qui traverfe fon intérieur.
Les petites pierres calcaires détachées de
la voûte , & qui ont été roulées dans le ruiffeau ,
qui vient d’affez loin, ont acquis un poli & une
forme ronde affez agréables.
Fréjus (Golfe d e ) , département du V ar ,
arrondiffement de Draguignan, & fitué à une
demi-lieue fud-eft de Fréjus y il a d’ailleurs une
demi-lieue de profondeur : outre cela, au fud-
fud-oueft , le cap de Saint-Aigons, &au fud-fud-
eft deux petites îles nommées le Lion de terre &
le Lion de mer.
FREYBERG en Saxe. Après avoir publié, au
mot Filo n, la théorie de la formation des filons»
nous «lions décrire à cet effet les diverfes formations
de filons métalliques que l’on obferve dans
le diftriét de Freyberg. Cette defcription ne fervira
pas feulement à expliquer & à éclaircir cette théorie,
mais encore elle pourra bien être regardée
comme le commencement d’une connoiffance plus
exaéte de ce diftriéf de mines. Je le confidère
comme contenant plufieurs dépôts de divers minerais.
Ce diftriéf paroît s’étendre, du côté du
midi, jufqu’à Langenau ; du côté du levant, jufqu’à
Weiffenborn, & prefqué jufqu’à Navendorffjj
du côté du nord, jufqu’à Groffchirma; du coté du
couchant il s’étend jufqu’à Walterfdorff; de forte
que l’étendue du diftrià eft d’environ deux milles