
du aire (mahde'ftein ) & le bafalte doivent être ranges
dans la clalfe des montagnes feçondaires.
Les montagnes volcaniques, il y a dés montagnes
volcaniques qui doivent réellement leur exiltenoe
au feu. 11 y en a d’autres qui font produites par
une autre caufe : celles-ci tiennent à la nature de
r argile.
Les montagnes qui doivent leur origine au feu
confident en véritables laves , qui font grifes ,
rougeâtres ou noires, qui contiennent des bulles,
qui font fouvent pàs‘ parfaitement dures, & dans
lefquelles on trouve- fréquemment de petits cri {taux
pyramidaux- à huit faces, qu’on nomme fchoen , &
q ui, dans le fait, font une efpèce de criftaüx de
hornblende. On y trouve des pierres-ponces grifes
& noirâtres, des cendres volcaniques qui refïem-
blent à de la terre , 6c qui font mêlées de petites
pierres-ponces & de lave. Quand ces cendres volcaniques
fe font jointes 6c endurcies enfemble jufqu’à
un certain point, elles obtiennent le nom de tuf
ou de trafs. Ges montagnes font affemblées fans aucun
ordre, & toutes les matières qui les compofent i
s'y trouvent comme jetées pêle-mêle entr'elles5
on y trouve ordinairement du foufre 6c du fel ammoniac.
Souvent on rencontre, dans les environs
de ces montagnes, des fources chaudes : on y apert
jçoit ordinairement quelques cratères. Lorfqu'tl.es
brûlent encore* on en voit for tir du feu, de la
fumée. Souvent, ces montagnes ont fubi une fub-
▼ erfion totale 5 elles font enfoncées >j alors on
trouve quelquefois de petits lacs fur leur fommet.
Les fauffes montagnes volcaniques font d'une
-couleur noire ou rougeâtre* les roches qui les forment
, ‘.contiennent de grands vides fous la forme
de grolfes bulles, font pleines de crevaffes, & ne
préiement autre chofe que l’argile calcinée. Ces
montagnes doivent leur origine au feu intérieur
caufé parle charbon qui s'y eft allumé* aufli ont-
elles conf^rvé leurs couches. On trouve dans quelques
unes du jafpe, de la terre de porcelaine, l'empreinte
de plantes, & c .j ce qui prouveroit que,
dans leur origine, elles étoient de i’ardoife argi-
lèufe, dans laquelle ces empreintes font communes.
On trouve plufieurs de ces montagnes dans» la
Bohême5 il y en a près de Sarrebruck, & c.
Les montagnes de bafalte , une partie de celles
de porphyre , de niandelftein, appelé par quelques
perfonnès ' tuf volcanique3 & que plufieurs minéra-
logiftes attribuent au Jeu , ne font que des montagnes
feçondaires. If eft à préfumer que l'agate
d'iflande, la prétendue lave des environs de Tokai
6c celle de Madagafcar ne font point du tout des
produits volcaniques.
Aux montagnesdont on a décrit les efpèces, on
peut ajouter les montagnçs compolées, c’e ft-à -
dire , celles qui, par des inondations ou d'autres
accidens femblables, fe font formées des débris
des trois autres efpèces de montqgn.es. On peut
firg e r dans cette çlaffe les montagnes favonneufes
(feijfen gebirge)i les dunes ou montagnes de fable,
les hauteurs compofées de limon , & c . &c.
Elévation & forme des montagnes.
i° . On a trouvé que les plus hautes montagnes
de Suilfe font élevées d'environ feize cents toifes,
au-dellus du niveau de là mer, ce qui eft plus que
le Canigou, qui eft une des plus hautes des Pyrénées
* aufli font-elles les plus hautes de toute l'Europe.
Les montagnes les plus élevées de l’Afie font le
mont Taurus, le mont Imaüs., le mont Caucafe 6c
les montagnes du Japon, 6c l'on croit qu’elles fur-,
paflent celles de l'Europe.
Celles d’ Afrique, le grand Atlas & les monts de
la Lune, font au moins aufli élevées que les montagnes
d’Afie dont nous venons de parler * mais les
plus confidérables de toutes font celles de {’Amérique
méridionale, furtout celles du Pérou, qui
ont jufqu’à trois mille toiles de hauteur au-deflus
du. niveau de la mer.
; On a dit que les montagnes fituées entre les tropiques
étoient plus élevees que les montagnesdes
:Zones tempérées, 6c celles-ci plus que les /no,-z-
tugnes des zones froides; de forte que plus on approche
de l'équateur, plus les inégalités de la fur-
face de la terre étoient confidérables ; mais il s'ên
faut beaucoup que l'on connoilfe alfez les montagnes
des différentes parties du monde pour èn
conclure cette afferrion.
Les montagnes diffèrent beaucoup en hauteur;
les collines font les plus baffes de toutes ; enfui te
viennent les montagnes du fécond ordre, qui font
fuivies d’un troifièms rang de montagnes encore
plus élevées.
2°. La forme des montagnes eft. différente, fui-
vant les malfifs de !a terre dont ces montagnes font
partie : ainfi, dans la nouvelle terre, les montagnes
font continues & offrent des plateaux fitués à peu
près à Ja même hauteur; elles ne font coupées que
par des valions d’une profondeur à peu près égaie
partout; outre cela les montagnes ont des contours
réguliers. Dans ces mêmes cantons on trouve deux
fortes de plaines, les unes qui couronnent les montagnes
3 les autres qui occupent le fond des larges
vallées difperfées au milieu de ces montagnes.
Dans la moyenne terre la forme des montagnes
eft plus vàriée, parce que les croupes offrent pius
de défordre & des déplacemens plus confidérables ;
le ur fommet eft en arêtes 6c en demi-combles ; enfin,
dans l'ancienne terre, les montagnes ont moins d'ir-
régulaiité , quoique leur forme foit plus variée
encore : quelques-unes des montagnes de l’ ancienne
terre ont à leurs fommets elevés des plaines éten*
dues, mais cependant avec de fréquentes inégalités.
Dans les pays yolcanifés, les montagnes font plus
interrompues 6c plus ifolées ; on les voit s’élever
au-deflus des plaines baffes ou même au-deflus de
la mer en forme de cônes ; tels font le pie deTéné«
riffe ; le pic dé Saint-George dans î’unedës Açores,
le pic d'Adam dans l’ île de Ceylan, les trois pics
de la Martinique.
Il y a même des îles volcanifées qui ne font que
des centres d'irruption élevés avèc un fyftème de
courans dilatés tout autour de ces.ce ntre-s à différens
niveaux 6c à diverfes époques : telles font l’ île
de Sainte-Hélène, l’île de l’Afcenfion, Otaïti
Tabago, &c.
Dans la plupart des îles, des promontoires 8c
des prefqu'ïles, 6c d'es parties de continens qui
s’avancent dans la mer, il y a toujours une partie,
qui eft ordinairement celle du milieu, qui domine
fur tout le refte ; .& de ce point les hauteurs fe dégradent
6c s’abaiffent dans le fens de la plus grande
longueur, & touté cette chaîne divife ordinairement
ces portions de terre en deiyc : telles font les
îles de Sumatra, de Luçon, de Bornéo, de Célèbes
, de Cub a, de Saint-Domingue & de Corfe.
(Voye\ furtout l’article C o r s e ( î le d e ) , où
toutes les circonftances" de cette forme générale
font décrites 6c bien expliquées ; telle eft aufli
ritâlie, qui eft traverfée dans toute fa longueur par
l’Apennin , la prefqu’ île de Corée 6c celle de
Mélage. ) - ,
De la direftion des montagnes.
L’étude des différens maffifs qui fe montrent à
la furface du Globe apprend, à mefure qu’on en
fuit plus attentivement les formes , les limites 8c
leur correfpondance , qu'il n’y a pas de direction
confiante 6c non interrompue dans les montagnes
du Globe : ainfi nous voyons que chacun de ces
malfifs qu’on trouve en France eft terminé par de
grandes vallées qui interrompent leur allure, & qui
ne, permettent pas de fuppofer des chaînes de
fommets bien fuivis & affujenis à une direction,
bien apparente depuis l’extrémité d’un continent
jufqu’à l'autre oppofée. Par exemple, les montagnes
élevées des Pyrénées ne fe prolongent certainement
pas par les Cevennes, l’Auvergne, le Foreft,
le Velay, dans les Alpes; car les fommets des Pyrénées
font de pierres calcaires, & ceux de l ’Auvergne
, sdu Rouergue, du Velay, font de granité
fans aucun veftige de couches qui recouvrent
les fommets. Il eft vrai que les couches inclinées
font adoffées aux nvifiifs de granité dans la partie
méridionale , mais elles ne courent pas fans interruption
ni en Dauphiné d’un cô té , ni dans les Pyrénées
de l'autre. Les couches de Ja nouvelle
terre rempliffentles videsqui s’y trouvent, 6c comblent
en partie les vallées baffes au fond defquelles
ces maffifs s’abaiffent.
On ne peut pas envifager comme une fuite de
hauteurs intéreffantes des maflifs d’une nature différente
& diverfement organifés ; ce n’eft pas le
produit d'un travail de la nature qu’on puiffe présenter
comme un tout. Cette diftinélion néceffaire
des maflifs du GI obe en a même aufli dans la hauteur
& la fuite des fommets, 6c Fôn ne peut pas plus fe
flattér d’avoir, depuis l’Efpagne jufqu a la Chine,
une chaîne continue de hautes montagnes, qu’ un
maffif de fubflances de même nature 6c également
organifées. ' : ’
Nous voyons que-les maffifs de granité font in»
terrompuspar la vallée du Rhône, & ne fe pror
longent point en Dauphiné pour aller rejoindre de
femolables malfifs qui fe montrent dans certaine^
parties des Alpes.
Nous voyons de même que les Vofges grani-
teufes ne fe continuent pas ni^du côté de là Irorêr-
Noire, ni du côté de Beffort, ni du côté dePhals-
bourg., mais que c’eft un maffif ifolé, entouré par
des pierres de fable qui finiffent aufli & ne forment
pas des bandes ou chaînes continues.
îrfaut donc fe défier de tous ceux qui nous pré-
fentent une diftribution générale des chaînes de
montagnes fur le Globe , tant dans l’ancien continent
que dans le nouveau , fans aucune difeuffion
des maffifs, de leur nature & de leur organifation ,
car fans doute le but des vues générales eft'de pré-
fenter l’effet en grand d’un travail de la nature *
en un mot un grand réfultat > 6c lorfqu’on a parcouru
en détail une partie de ces réfultats , il fé
trouvé que rien n’annonce moins un enfemble que
la multiplicité : les effets forcent à multiplier les
caufes, 6c à cliftribuer l.euraétion autant fut un grand
efpace de terrain que fur un grand intervalle de
temps.
Forme des talus des montagnes,
Ce n’eft pas parce que les lits fupérieurs des
collines font de pierres tendres , 6c les inférieurs
de pierres dures, que les collinesfont toujours plus
larges..à la bafe, & plus pointues & plus étroites
au fommet. Il elt vrai que les eaux pluviales qui
ont creufé les vallées 6c. ont donné la figure aux
contours des montagnes, ont ufé latéralement les
matières dont la montagne eft compofée, & les ont
dégradées de manière à entamer toujours d’abord
les couches du fommet; c'eft pour cela que-l=s
couches fupérieures ont fouffert une plus grande
diminution fur leur largeur, & ont été ufées latéra1-
kmentplus que les couches .inférieures, parce que
les debris des couches fupérieures ont recou vent
les talus de h montagne 6c ont préfervé les couches
inférieures. On ne peut donc pas attribuer cette
forme que-prennent affez communément les col»
lines, à la diftribution des lits qui font plus tendres
par le haut 6c plus durs par le bas, car ceci ne
le trouve pas toujours.
Il eft bien.vrai que, dans les maffifs formés de
lits d'une matière plus compacte & plus dure;
& qui ont été plus en état de fe défendre contre
l'aétion des eaux, les couches fupérieures n’ont pas
fouffert de diminution latérale par l’aûion- des
eaux courantes. Ç ’eft fur ces différens états de dureté
des bancs de pierres qu’on doit eftimer la pente-
du talus des montagnes. Cette pente devient chaque
jour-plusdouce, à mefure que les terres du fommet