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efpace de tetris, en fubitances terreufes pulvérulentes
; elle nous montre d'ailleurs l'eau des pluies
& des neiges fondues déplaçant continuellement
ces matériaux mobiles. En conféquence de ce double
travail de l’eau , les bords des cratères, formés
en grande partie de fcories, ont dû s’émouffer ; ces
bouches ont dû fe combler par des nuances infen-
fiWesw 8c enfin difparoitre entièrement, & il n'eft
relié à leur place que des amas confus de grumeaux
pulvérulens , débris de différens produits dû fe u ,
ou bien des maftifs de laves compactes, qui ,
n'ayant pas été verfées au dehors lors de l'extinction
du volcan, fe font refroidies dans ces vaftes
creufets, 8c y ont formé des culots ( i ) plus ou
moins confidérables. A in fi, lorfque la deftruâion
des cratères eft complète, on ne trouve plus, au
lieu d'une bouche large 8c profonde, que des débris
de laves légères, mêlés aux laves compactes,
ou bien des malfifs de laves compares, élevés 8e
efcarpés de tous côtés : ce font des culots dont les
fourneaux 8e les creufets ont difparu. Voilà oy
l'analyfe des faits a conduit M. Defmareft. Il en eft
de même des courans fortis de ces centres d'éruption.
Dans l'état primitif ils ont dû être enveloppés
de fcories, mais ils font réduits actuellement aux
feules laves compactes 8e folides, 8e n'offrent, dans
les fontes de ces laves 8e dans les interftices des
différens lits accumulés les uns fur les autres, que
les matières pulvérulentes dont on a parlé ci-
devant.
Voici encore un changement qui a dû naître des
memes caufes. Les courans qui avoient recouvert
les parties les plus baffes des plaines voifines des
centres d'éruption fe font trouvés , par le progrès
de l'excavation des ravines 3c des vallées , placés
fur des plateaux élevé s, & par une fuite néçef-
faire du travail de l'eau ces courans ont été coupés
8c divifés en différentes portions, à mefure
que les vallons fe font multipliés & approfondis s
en forte q u e , pour retrouver l'anciennè continuité
de ces courans , il faut combler en grande
partie tous cés vallons 8c rétablir le plain-pied qui
a fervi autrefois à l'écoulement des laves.
Ainfi les produits du fe u , .dans ce fécond é ta t,
ne font plus accompagnés de fcories : on n'y voit
plus, à l'origine des courans, de cratère ouvert.
Le feu! moyen de reconnoître les centres d'éruption
eft de retrouver l’origine commune de plu-
fieurs courans : c'eft de cfe point élevé que cés
courans femblertr, en fuivant des pentes favorables
, s’être diftribués fur les plaines environnantes,
couvertes de leurs laves dilatées. Ces centres d’éruption
fe trouvent aufli fort fouvent marqués
pat les culots immenfes de matières fondues dont
nous avons parlé.
Comme les courans de cette époque occupent (i)
(i) Oa appelle culot tout ce qui, dans la fonte des matières
métalliques, fe trouve au fond du créufct, dégagé des
fcories.
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conftamment les plaines hautes, & même quel-v
ques fqmmets applatis de montagnes ifolées, par
une fuite de cette difpolition on en voit fouvent
les coupes le long de la bordure fupérieure des
vallons qui ont été creufés dans le niaflîf de ces
plaines : on apperçoit même aflez communément
1 les portions d’ un même courant, placées fur lçs
deux bords oppofés & correfpondans d’un vallon,
8c 1 on fe convainc aifément que ces différentes
; malfes de laves ont été coupées & réparées par ces
! vallons, & qu’elles ont appartenu à un même tout
anciennement continu , lorfqu’on confidère le
grain femblable des laves, la Forme & le module
des prifmes de bafaltes engagés dans les courans “3
le nombre des étages & des rangées de ces prif-
: mes, qui font les mêmes des deux côtés du vallon ;
enfin, fi l’ on réfléchit à la néceflïté du plain-pied
pour le tranfport de la lave dans toute la longueur
des courans.
i Cette circonftancè de la fécondé époque a paru
l très-importante à M. Defmareft par rapport aux
conféquences qu’il eft en droit d’en tirer. Il en
déduit un principe évident par l ’expofition fimple
du fa it , fa voir : que les courans de laves, pendant
le tems de cette époque 3 Ce font répandus
fur les plaines hautes avant qu’aucun vallon ait
été creufé dans le maflif de ces plaines , & il en
conclut que ces courans font antérieurs à l’appro-
fondiffement des vallons, puifqu’ils n’ ont pu parcourir
tout Je trajet qu’ils ont fuivi fans que le
vide aétuel des vallons ne fût rempli.
Voici encore une circonftancè qui convient à
cette époque. Tous les courans qui datent de ce t
âge ont recouvert également, furtout vers leurs
extrémités inférieures, les maflifsdegranitcomme’
la fuperficie des couches horizontales les plus
élevées. Lorfque ce dernier cas a lieu, il eft vifible
que les courans font poftérieurs à la formation des
couches horizontales. M. Defmareft a faifî cette
circonftancè des couches horizontales, en tant
qu’elles fe trouvent couvertes par les courans de
laves de la fécondé époque, comme un moyen
fimple de fixer leur date avec précifîon, & , par
une conféquence immédiate , celle de Tapprofon-
diflement des vallons, qui eft poftérieur à la diftri-
bution de ces courans comme à la formation des
couches horizontales.
Troifieme époque.
Cette même confidération des couches horizontales
a conduit aufli M. Defmareft à la troifième
époque 3 & pour la diftin&ion de cette époque il
n’ abefoin que de la difpofition relative des couches
horizontales. Dans la fécondé elles fon t, comme
nous l’avons vu , toujours recouvertes par les produits
du feu. Dans la troifième, au contraire, elles
recouvrent ces produits ou font mêlées avec eux.
Les cantons oû dominent les produits du fe u , ap-
partenans à la troifième époque, ont offert de toutes
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parts à M. Defmareft les maflifs de laves enfevelis
fous un affemblage de couches horizontales, com-
pofées ou de fubitances calcaires & argileufes nullement
altérées par le feu , ou bien formées de matières
volcanifées que la mer a dépofées par bancs
entre-mêlés avec les couches des matières intaéles.
On voit aufli, parmi ces dépôts , des lits fort épais
de cailloux rouies, qui font des laves de plufieurs
efpèces.
Tout maflif de laves couvert de couches horizontales
fit fui vies doit avoir été fondu & refroidi
avant que la mer ait formé ces dépôts j car
les éruptions du feu & les exploitons des matières
enflammées qui accompagnent prefque toujours la
fonte des laves auroient culbuté les couches qui
les auroient recouvertes, 8c auroient produit dans
leur diftribution un détordre qu’on imagine aifément,
mais dont on peuc-d’aiileurs citer plus d'un
exemple. Or, on ne voit aucun de ces dérangemens
dans la plus grande partie des couches horizontales
qui couvrent ou enveloppent les maflifs de laves ;
car dans l’Auvergne & dans l ’ Italie, où les dépôts
de,la mer, qui recouvrent ou enveloppent les maffias
;énormes de laves, ont quelquefois une épaif-
feur de cent & même de cent cinquante toifes, les
lits les plus profonds qui font établis fur les laves
les plus baffes font aufli fui vis & aufli réguliers que
ceux qui font établis fur les fommets les plus élevés
des laves. Voilà donc une épaifleur de neuf cents
pieds en couches horizontales, qui a dû fe former
tranquillement dans le baflin de la mer fans avoir
éprouvé le moindre dérangement de la part des
feux fouterrains. Toutes ces maffes de laves étoient
donc fondues & en place avant que la mer ait formé
aucune partie des dépôts qui les recouvrent.
M. Defmareft ne prétend pas au refte que toutes
les laves couvertes par les couches horizontales
datent du commencement du féjour de la mer dans
les cantons qui nous offrent de ces maflifs : il cite
au contraire des produits d’éruptions qui ont eu
lieu pendant ce féjour ; il a trouvé des courans de
laves très-compactes & très-folides établis delfus
des couches horizontales , & enfuite recouverts
par une addition de couches femblables dépofées
fur ces laves. La pâte molle des débris de coquilles
a rempli exactement les trous des fcories ǣ des
laves fpongieufes difperfées à la fuperficie du courant.
Ces matières fondues font quelquefois placées
vers la moitié de l'épaifteur roraledes couches
horizontales} ainfi la mer, depuis l’éruption du
volcan qui a produit ces lits délavés, a formé tranquillement
une épaifleur de couches d’environ
cent toifes. Nous omettons ici plufieurs autres
preuves aufli décifives , & en particulier ces amas
de poix qui , en Auvergne, font engagés dans les
couches horizontales dç pierres calcaires intaéles,
& y occupent différensniveaux. Ils fe trouvent dans
le voifinage de certains lits horizontaux compofés
d’ un mélange de matières calcaires & de fubftances
volcanifées. très-comminuées.
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Conféquences de ces époques.
M. Defmareft, ayant fixé lescirconftances où fe
trouvent les produits du feu dans chaque époque ,
ainfi que la fucceflion de ces époques fuivant l’ordre
analytique qu il a adopté dans fes recherches, ren-
verfe enfuite cet ordre & reprend ces époques pour
les confidérer fuivant la fucceflion naturelle dès
tems.
H trouve d'abord la plus ancienne dans celle
qu’ il nomme toujours la troifième : elle conftate
que plufieurs éruptions des feux fouterrains ont
fondu des malles énormes de laves avant la formation
des couches horizontales & avant l’invafion
de la mer elle-même ; qu’au furplus ces feux ont
eu des accès & des reprifes pendant le tems qu'a
dure cette invafion. Les limites qu’il fixe à cette
époque comprennent une certaine portion du tems
qui a précédé le féjour de la mer dans ces cantons,
ainfi que tout le tems de ce féjour. Voilà deux
âges de la même époque bien diftinéts. Le dernier
comprend certainement ce qu’il a fallu de tems à
la nature pour former une épaifleur de cent &
cent cinquante toifes de couches horizontales qui *
recouvrent les laves.
Dans Vépoque qui fu it , & qui eft la fécondé
fuivant 1 ordre analytique , M. Defmareft nous
montre les laves cheminant fans obftacles à la fuperficie
des maflifs de granit & des couches horizontales
, & fe diftribuanf fur toute l’étendue des
plaines élevées, où elles ont trouvé le fol de plain-
pied, fans aucune coupure confidérable, fans aucun
vallon bien approfondi j par conféquent cette
epoque eft poftérieure à la formation des couches
horizontales, caries produits du feu les recouvrent^
& antérieure au creufement des vallons , puifaue
les courans de laves appartenans à cette époque
n en ont rencontré aucun dans tout le trajet qu'ils
ont parcouru. Ses deux limites font comprifés entre
la découverte des couches horizontales par la mer
& I excavation des vallons, portée à une certaine
profondeur.
y époque qui vient enfuite, 8c qui eft la moins
ancienne de toutes , 8c la première dans l'ordre
analytique, nous ramène, en rérabliffant les altérations
des phénomènes, jufqu’à l'état primitif des
volcans^ & jufqu’ à nos jours. Elle occupe tout le '
tems qu'il faut accorder à l'eau pluviale pour creufer
les vallons ; elle nous montre même les différens
progrès de ce travail, en nous offrant les courans
a tous les niveaux poflibles fur lescroupesinclinées
des vallons, 8c en nous indiquant par-là que chaque
point qui fert de bafe 8c d'emplacement aux cou-
rans a été fucceffivement un fond du vallon lors
des éruptions des volcans qui ont produit ces divers
courans.
C ’eft dans cette époque que les couches horizontales
formées dans la troifième & la plus ancienne
ont été coupées par des vallons j que les
cratères appartenans à la fécondé époque ont été