
toize brades. Les Hollandais ont tenté foiivemcè
pafl'age pour fe rendre à la Chine } mais les amas
de glaces flottantes ont toujours traverfé leurs
* fforts, & les ont forcés à retourner fur leurs pas.
La Nouvelle-Zemble eft compofée de cinq îles*
mais les canaux qui les fépatent , font toujours
remplis de glaces: elles font entièrement défertes,
mais fouvent fréquentées par les habicans des
contrées voifines, qui vont y tuer des veaux-
marins, de s valrufes, des renards du Nord, dés
ours blancs, les feulé animaux de cette terre froide
& reculée, fi Ton y ajoute quelques rennes qui s ’y
trouvent auffi.
On a tertté un paffage aux Indes orientales par
la Nouvelle-Zemble ; mais on n'a pas mieux réufli
par cette rou te, que par le détroit de Waygatz.
Barentz doubla, en 165)6, l'extrémité orientale
de ces îles } mais il y fit naufrage, & il y paffa,
lui & fon équipage, le plus déplorable hiver,
lans celle affiégés par les ours du pôle. Une partie
de l'équipage périt de feorbut ou par l ’excès
du froid} ceux qiii furvécurent, formèrent un petit
nîivire des débris de leur vaiffeau, & arrivèrent
heureufement en Europe} mais leur brave
pilote fuccomba de fatigué.
Les côtes méridionales de ces îles font en quelque
forte inconnues : efltr'ellcs & le continent
eft la mer Kara, qui forme une profonde baie
dans le fud , où l'on a remarqué que la marée y
montoit de deux pieds neuf pouces. Des pêcheurs
s’y rendent annuellement de PeczOra, par le détroit
de Waygatz, pour des objets de commerce.
Sous le règne de l'impératricè Anne , on fit des
tentatives pour doubler le grând cap Jalmal, entre
le golfe de Kara & le golfe de l'Oby. Une
feule réuflit en 1758, après les plûs grandes difficultés.
De-là on peut conclure que f i , pour découvrir
la Sibérie j il eût fallu èn approcher par
mer, elle feroit peut-être encore inconnue aujourd'hui.
La Nouvelle Zemble eft une île féparée du continent
par le détroit de Waygatz , fous le 71*. degré
de latitude, 8c qui s'étend vers le nord juf-
‘qu'au 75 e. L'île eft féparée, dans fon milieu , par
tin canal ou détroit qui la traverfe dans toute fon
étendue , en tournant vers le nord-oueft, 8c qui
tombe dans la mer du Nord , du côté de l'occiden
t, fous le 63e. degré & quelques minutes de
latitude. C e détroit coupe l'île en deux portions
prefqu’égales. On croit qu'il n’eft pas navigable,
parce qu’on l'a toujours trouvé couvert de glaces.
La furface de l'île , du moins autant qu'on en eft
inftruit, eft tout-à-fait déferte 8c ftérile} elle ne
produit que très-peu d’herbes, eft entièrement
dépourvue de bois & même de brouflaillcs. Il eft
vrai que perfonne dont ou fe fouvienne n’a encore
pénétré dans l’intérieur de l’île , au-delà de cinquante
ou foixante werftes * & par conféquent on
ignore f i , dans cet Intérieur, il n’v a pas quelque
terrain plus fertile, & des habitans. Mais
comme les côtes font fréquentées tour à tour ^ 8c
depuis nombre d’années -, par un grand nombre de
gens que la pêche y attire, fans qu'on ait jamais
découvert la moindre trace d’habicans, & que
d'ailleurs on a remarqué que les feuls animaux
qu'on y trouve font ceux qui fe nourriffent de
«poiffons que la mer jette fur le rivage, ou bien de
moufle , tels que les ours blancs , le s renards
blancs-fcc les rennes , & peu de ces autres animaux
qui fe nourriffent de baies, de racines 8c
de bourgeons déplantés 8t fle brouffailles, il eft
très-probable que te pays ne renferme point d’ha*
bitans. On doit donc préfumer que le petit nombre
d’hommts que quelques voyageurs difent y
avoir v u s , n'étoient pas des naturels du pays,
mais des étrangers qui s'étoient habillés comme les
Samoïèdes, ainfî que le pratiquent communément
les Ruffes. Le froid de la Nouvelle-Zemble eft très-
modéré en comparaifon de celui du Spiizberg. Dans
cette dernière ïlé on ne jouit, pendant l’hiver,
d'aucune lueur de crépufcule, au lieu que, dans la
Nouvelle-Zemble, on diftingue le jour de la nuit
par une foible lumière qui fe fait toujours remarquer
vers le midi, mérite dans les temps où le fo-
leil n'y paroît point.
Ceux qui ont le malheur d'être obligés d'habiter
dans la Nouvelle-Zemble ne périffent pas, comme
on le c ro it, par l'excès du froid, mais par l’effet
des brouillards épais 8c mal- fains, occafionnés fou-
vent par la putréfaélion des herbes & des mouf-
fés du rivage de la mer, lorfque la gelée tarder
trop à Venir.
On fait, par une ancienne tradition, qu'il y a
eu quelques ramifiés qui fe réfugièrent & s'établirent
dans la Nouvelle-Zemble, du temps de la
deftru&ion de Novogorod. Un paÿfan ferf
échappé, appartenant à la maifoii des Stroganous,-
s’y étoit auffi retiré avec fa femme & fes enfans^
& les RufTes montrent les endroits où ces réfugiés
ont demeuré} mais les de-feendans de ces mal--
heüreufes familles oàt téus péri en même temps,
apparemment par l’effet des brouillards froids 6c
mal-fains.
NÔVARAIS (Mines d’or d u ) , province du
Piémont, dont la partie nord appartient à la
chaîné des grandes Alpes.
Les recherches faites dans les cantons grahi-
reux, fehifteux, quartzeux 8c ferpefrtineux des
montagnes du haut Nôvarais, de la vallée de la
Sella, du Bielkris 8c des vallées de Challand &c
du mont Jouet, ont offert à Antigorio, dans la
montagne de C rod o, des filons a ’or dans des
marcaflites 8c dans le quartz, 8c qui font l'objet
d'une exploitation. On a trouvé de femblables
mines d'or dans la vallée de Vedro : on rencontre
auffi de ces mines d'or dans les vallées d’Arn
trôna-Piana 8c de Bugnânc} l'on obferve furtout
dans celle d'Anzofque , aux montagnes de Macugf
naga , fept à huit fiions de marcqffices aurifères
en exploitation, qui ont donné jufqu'à quarante
à cinquante marcs d'er au titre de 16 à 10 carats.
Dans la même vallée, vers les montagnes de Saint-
Charles, aux foffes appelées de Cand, l’ on a des
mines pyriteufes, cuivreufes 8c aurifères, avec
du plomb 8c de la pfeudo-galène, qui ont été exploitées
fur les hauteurs de Vo gogne, 8c l'on
rencontre des indices de mines de plomb 8c d'or
à Ornavas. L'on voit à l’endroit nommé Laidalon,
des veines de fer en.rnaffa de nature brune 8c de
matrice ferpentine, dont l'ouverture eft au jour.
De l'autre côté des montagnes de Macugnaga,
au fommet de la vallée de la S ifia , fe trouvent
les mines d’or de Sainte-Marie 8c de Cava-Vec-
ch ia , fur un même filon principal} la première a
donné des minéraux d’argent, blancs', arfenicaux
& aurifères; de 40 onces par quintal d’argent
dans une matrice de quartz , dès marcaflites aurifères
auffi dans le quartz, 8c de la terre rouge.
En 1758 , ce filon produifit cent foixante marcs
d’or 8c trois marcs d’argent. On exploite dans les
montagnes ferpentineufes du village d’Alagne, les
mines de cuivre pyriteufes qu’on trouve dans le
fehifte ou dans la pierre argileufe verte 8c douce,
dans des couches décidées 8c très-importantes de'
Saint-Jacques 8c de Saint Jean. Dans la vallée de
Sermenza, qui eft une branche de cette même
vallée, l’ on a , à Raza. 8c à Carcofaro , des indices
de cuivre} Ton en a de mines d’argent 8c de plomb
àValinala, 8c d’or à Rimella , dans la vallée de
Mafia Ion. On trouve à Valbella une mine de mauvais
fer pyriteux.
En defeendant encore la vallée , l’on rencontre
à Valdagia, qui eft une branche de la vallée de la
Sefia vers l’orient, des indices de filons de plomb
8c de pfeudo-galène. Cette vallée fournit aufli
des carrières de marbre ferpentin très-beau, qui
approche du marbre vert antique, d’où l’on a
tiré entr’autres les fameufes colonnes du fanc-
tùàire de N. D. de Varallo. L'on compte dans
cette vallée" plus de treize forges où l’on travaille
le fe r , 8c où l’on fabrique toutes fortes
d ’outils tranchans 8c de labourage.
Dans le même jrantori, fur les hauteurs de
Crève-Coeur , on voit les anciennes mines de
la Monta, q.ui fournifïent des fiions de marcaflites
aurifères qu’on tient en grande réputation, &
on remarque les filons de galène argentifère 8c
aurifère, qui ^régnent dans la région de Tcirini. {
On trouve a Seffera , au-déffous duMont-Marzo,
des .filons d’or & d’argent avec du plomb, qui font
exploités. Au pied de la vallée, au village de-
Cogiola , fe trouve de la plombagine ou terre à
creulet. Les montagnes de Softegno, vers la plaine,
donnent aufli des indices de mine de plomb fufible.
Ces mines font dans des montagnes gransteufes,
où l'on rencontre en divers lieux le feld-fpath
ou petun-fé, propre à la fabrication de la porcelaine.
‘ La vallée d'Andorno, d’où le torrent C e r f prend
fon origine au Mônt-Marzo, a été de tout temps
renommée 5 on y exploite près de Saillan une
mine de cuivre qui a donné de grands produits ,
& de laquelle on a obtenu le cuivre natif, qui elt
auffi dendritique } c ’eft encore là qu'exifte la fa-
meufe mine briquetée , la chryfocolle 8c la mine
hépatique & pyriteufe. On découvre à Real-de-
Moffe bien des indices d'une mine de cuivre &
argent, dont l'exploitation eft abandonnée depuis
long-temps. Le C e r f donne, dans.fes fables, de l'or
que les habitans de Saillan recueillent. La ferre
dTvrée > qui fépare le Bicllois du Cacavois, renferme
des lieux auffi renommés par les lavages de
l'or. Il en eft de même de la vallée d’Aofte ou
vallée de la Doire-Baltée , depuis le Monr-Jovet
jufqu'à fou confluent dans le P ô , 8c c'eft principalement
vers les montagnes de Chaliand qu’on
trouve le plus de ce métal.
A Greffeney, au fommet de laVafiaife , on rencontre
plufieurs mines de cuivre pyiiteux, renfermant
fept à huit pour cent de cuivre de rofette
8c contenant beaucoup de grenats.
% N O YAN T , département de l’Ailier. Les mines
de Noyant 8c de Fins en Bourbonnais l'ont limées
dans un vallon é tro it, bordé d’un côté par une
chaîne de granités, 8c de l’autre par des montagnes
quartzeufes.Lepied des granités offre des fçhiftes
8c des grès, où l’on retrouve toutes les parties
conftituantes de cette roche antique : l'on y voit
le quartz , le feld-fpath , le mica 8c le fchoi I }
mais les angles en font brifés, l ’agrégation des
parties n’ eft plus la même } leur couleur elt blanche
8c altérée , comme fi elles avoient éprouvé
une efpèce de décompofition : les fçhiftes offrent
une prodigieufe quantité de mica.
. L’autre côté de la vallée , que nous avons dite
bordée de montagnes quartzeufes, préfente bitn
des fçhiftes 8c des grès, mais ils font bien moins
i micacés 8c moins tendres} ils fe rapprochent davantage
de l’état d’ardoife } enfin , iis font homogènes
8c plus durs : l’on n’y diftingue qu'une pâte
grife, étincelante.
Fin du Tome quatrième.-