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font faits, ne peuvent être que les effets d’agens
dont on fuit facilement les opérations , l’intempérie
des faifons & l’eau.
On demandera peut-être comment fe font formés
ces rochers > mais ils reffemblent fi fenfible-
ment à ceux qu’on rencontre dans les pays de granit
du centre de la France , & qu’on peut vifiter
& examiner à fon aife, que la folution d’ un pareil
problème doit être naturellement la fuite ;de l’étude
de ces cantons. L’élévation des maffes ne
peut y avoir apporté d’ autres changemens qu’ert
favorifant l’accumulation de l ’agent deftru&eur
fous la forme de neige & de glace, mais dont la
Nature fait enfuite bien faire ufage fous la forme
torrentielle.
GOUFRE. C ’ eft ainfi qu’on indique ces tour-
noiemens d'eau caufés en mer par plufieurs cou-
rans oppolés. Le plus grand goufre de cette forte
que l’on connoilîe , eft celui de la mer de Norv
è g e , connu fous le nom de maelhftrom. ( Voye[
ce mot, où tous ces phénomènes font décrits. )
On appelle aufli goufre un trou profond rempli
d’eau, fait au milieu des terres,'foit dans le lit
d’une rivière : ce font la plupart du tems dés
ouvertures de canaux fouterrains par où l’eau
s’engoufre ou bien même fe dégorge. Nous en
indiquerons plufieurs dans différens articles de ce
Dictionnaire. ( wMjæ Dégorgeoirs , Maelh-
strom. )
GOUSSAINVILLE, village du département de
Seine & Oife , canton de Gonefle , fur le C rou ,
& à trois quarts de lieue de cette ville. On trouve,
près de ce village, une fontaine d’eau minérale,
connue fous le nom de fontaine d'Épuifars. Il y a
des fabriques de dentelles.
G O U S T , village du département des Baffes-
Pyrénées, arrondiffement d’Olé ron, canton de
Laruns , fur le bord du gave de Pau, à une lieue
fud de Laruns. Dans les montagnes à l ’oueft de
ce village, il y a des pierres calcaires & des fchil-
tes. A l’eft au-delà du gave eft un lieu nommé les
JZaux-Ckaudes à caufe des fontaines minérales qui
y fourdent. Dans cet endroit les montagnes font
compofées de bancs prefque horizontaux de marbre
gris, immédiatement placés fur des maffes de
granit. Le gave coule fur cette roche, mais elle eft
couverte, fur les deux bords, par des matières
calcaires & argileufes. A l’eft-fud-eft des Eaux-
Chaudes, vers le quartier de Gourzy, on voit des
couches de fehifte qui fe lève par feuilles, & en-
fuite des bancs de marbre gris. La montagne de
C e z y , dont la hautèur eft confidérable , fournit
du gypfe folide & de l’albaftrite. Sur la rive
droite du torrent de Fufoen s’élèvent des montagnes
de marbre gris , qui renferment, p.rès du
quartier de C e z y , quelques couches de fehifte de
deux pieds d’épaiffeur, qui ont pour bafe des maf-
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fes de granit. A la montagne de C e z y , dans le
quartier de Hougens, il y a une mine de cuivre.
Près de cette mine, dans un ravin au deffous du
col de Loudet, eft une mine de plomb én galène,
dans une roche verdâtré, argiléufe & quartzëuze :
on y voit aufli des efflorefcences cuivreufes. A la
Pene de C e z y , on trouve un ancien travail fur la
mine de plomb, dans lequel on voit encore du
minerai.
GRAINS , forte de coups-de-vent qui fe- ca-
raétérifent par plufieurs phénomènes que nous
allons indiquer.
Les grains ont leur fource dans les nuages , fui-
vant la quantité de matière aqueufe qu’ils renferment
, & fuivant la force du vent qui les accompagne
j ils fe réfol vent, ou en pluie, ou en grêlé,
ou en autres météores aqueux.
Il y a des grains qui ne donnent que du vent ; il
en eft qui né donnent que de l’eau, mais le plus
fouvent ils donnent l’un & l’autre : quelquefois
ils portent la foudre. Le peu d’étendue qu’ils em-
braffent, les rend dépendans du vent qui règne &
qui les force à fuivre fon cours parce qu’ tl il y
concourt comme caufe ou comme xirconftance
principale j mais affez fouvent ils influent fenfible-
ment fur le vent en le faifant varier quelquefois
de plufieurs aires de vent. Outre cela, on a remarqué
que prefque toujours le paffage d’ un grain à
un autre eft occupé par un moment de calme.
Voilà les faits : ils font affez curieux, & nous pouvons
les préfenter en nous bornant à ces détails
fans hafarder rien fur les caufes. Dans cette pofi-'
tion, nous ferons plus à portée de les découvrir
par la fuite , que fi nous étions prév^nils par une
hypothèfe plus ou moins féduilante.
G r a in s des p ie r r e s . (V o y e i Pie r r e s .)
GRAISSESSAC, village du département de
l’Hérault, canton de Bédarieux, à deux lieues &
demie de cette ville. Il y a des mines de houille
en exploitation.
G R AM A T , ville du département du L o t , à
trois lieues fud- oueft de Saint-Céré. Il y a plufieurs
bancs de pierres calcaires, dont on tire des blocs
qu’on taille.
G R AM M O N T , village1 du département des
V o fg e s , canton de Bains, & à deux lieues &
demie de cette ville. Il y a une verrerie.
G R AN C E Y -L E -CH A TE AU , bourg du département
de la Côte-Dor, à cinq lieues d’Is-fur-
Tille. On trouve près de cette commune , fur la
rivière d'Ouchè, une forge pour la fabrication de
la tôle.
GRAND-CHAMP, village du département du
Calvados >
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Calvados, à deux lieues & demie d’ Ifigny. Les
foies qu’on pêche le long des côtes voifines de ce
village font très-eftimées.
G R AN D -G EN T , village du département de la
Gharente-Inférieure , arrondiffement de Saint-
Jean-d’Angely, & à deux lieues un quart de cette
ville. On trou ve, dans cette commune , des filex
qui ont la plupart une eau fort claire. Il font fitués
à une toife de profondeur, dans une terre graffe
& molle. Ces filex fe taillent en pierres à fufil, &
font l’objet d’un commerce confidérable.
G RAND -VILLARD, village du département
du Bas-Rhin, arrondiffement de Béfort, & à trois
lieues de cetté ville. Il y a deux forges & deux
martinets pour la fabrication des inftrumens- aratoires:
outre cela, une tirerie en fils de fer. On y
trouve aufli des tourbières.
GRAND-VILLIERS , bourg du département
de l’O ife , arrondiffement de Beauvais. Ce bourg
eft un des plus confidérables & des mieux fitués
du département pour le commerce : il s’ en fait un
très-étendu en étoffes de laine, de ferges & de
bonneterie: on y fabrique de l'huile de navette,
& le cidre y eft excellent. Il y a enfin des bétoires
(voyei ce m ot) comme à Formerie;
GRANIT. Cette pierre mérite d’être décrite
ici parce qu’elle occupe une place confidérable
à la furface de la Terre , & que d’ailleurs , par fa
ftru&ure, elle fe diftingue de toutes les autres.
Le granit eft un affemblage de trois ou quatre principes
tous criftalfifés , & liés entr’eux au moyen
d’un ciment plus ou moins tendre, plus ou moins
dur. Ces principes font le quartz, le feldfpath,
le mica & une efpèce de gabbro ou fchorl. Souvent
on ne trouve réunis que deux de ces principes
, le feldfpath & le quartz $ quelquefois trois,
le feldfpath, le quartz & le gabbro ou fchorl.
Dailleurs , leur proportion varie beaucoup. Le
feldfpath domine dans certains granits; dans d’autres
c'eft le gabbro ou fchorl j enfin, dans d’autres
le mica en grandes lames domine fur le quartz &
fur le feldfpath. Une autre forte de variétés, qui
mérite une grande attention dans les granits, c’eft
celle des volumes de chacun de ces principes : on
en voit qui renferment de gros criftaux de feldfpath
fous forme trapézoïdale, ou même de grandes
lamés de mica ou talc, & que pour cette
rai fon pn nomme talcites. Enfin, la difpofition
de ces'principes paroît avoir été arrangée par la
Nature fur deux fyftèmes totalement différens
dans'de grandes maffes de granits , où l’on trouve
tous ces principes diftribués uniformément, &
formant des mélanges égaux partout. Ainfi le feldfpath
eft, d’un c ô té , contigu au quartz, & touche
au mica de l'autre j de même les points ou
lames noires de gabbro font difféminés égale-
Géographie-Phyfique, Tome 1V%
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ment dans toute la maffe. Je confidère ce granit
comme bien différent, loit quant aux maffes, foit
quant à la diftribution des principes de celui que
les Allemands appellent kneis. Je nommerois v o lontiers
celui-ci granit rayé, parce que les principes
font diftribués chacun fur. des lignes ou raies plus
ou moins larges, & qui le diftinguent d’autant
plus facilement, qu’ elles font mieux fuivies.
Les principes du granit & le ciment qui les lie ,
varient par la couleur : on en trouve dont le fond
eft blanc & quartzeux ; dans d'autres il eft rouga
& de la nature du feldfpath5 dans d’autres enfin
le feldfpath eft verdâtre pu jaunâtre, & paroît
être très-dur & de couleur variée. Ces couleurs
font beaucoup plus diftin&es lorfque le granit eft
affez dur pour recevoir le poli. Dans le cas où le
granit eft tendre & a pour bafe le feldfpath ou
fpath fufible, il fe décompofe très-aifément, &
le feldfpath donne pour lors, par fa décompofi-
tion, une fubftance blanche & farineufe. Le ciment
(qui unit les principes du granit donne
étant expofé à | a ir , prife à i’aétion de l’eau & de
la féchsreffe. On a remarqué que certains granits,
même ceux d’Egypte, qui prennent un fi beau
poli, s’altéroient fur les faces expofées aux mauvais
vents, & furtout à l’air de la mer j mais en
'général la plus grande partie des granits fe décompofe
facilement , parce que les principes eux->
mêmes & le ciment n’ont pas une confiftance affez
forte pour réfifter, même dans le fein de la Terre
à l’aétion de l’eau & de l’air.
Mais ici nous ne nous occuperons pas des différentes
qualités des granits & de la richeffe des
carrières d’où on les tire 5 nous ne confîdérerons
que l’étendue des maffifs de cette pierre, & leur
pofition relative atfec les autres maflïfs d’une nature
& d’une organifation différentes.
Nous dirons d'abord que 1 as granits s’offrent partout
à la furface de la Terre, en maflïfs proprement
dits, & fans aucune diftinétion de couches ou de
lits , foit qu’ils foient compofés de principes mélangés
uniformément, foit qu’ils foient un affemblage
de principes diftribués par raies & par. rubans
; mais on remarque, dans ces maffifs, un grand
nombre de fentes diitribuées fous tous les fens, &
qui font vifiblement des fentes produites par la retraite
des matières fur elles-mêmes en conféquence
de la defliccation & du travail de la pétrification
qui s’eft continuée long-terns même après ou pendant
la formation de ces fentes.
Il refaite de là que les granits ne font point les
produits des dépôts de l’eau , comme tous les autres
maffifs dont les différentes parties font diftri-
buées par couches & par bancs la plupart horizontaux.
Lorfque l’hiftoire naturelle de la Terre aura été
cultivée fuivant les piincipes de la géographie-
phyfique, qui confident à déterminer les limites
des maffifs de nature différente , ôc qu’ en particulier
ceux de granits auront été reconnus & bien
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