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dans leur centre. On croit que le voifinage de la
mer elt néceffaire à remblaiement des matières
inflammables renfermées dans le l'ein de la Terre.
Les Alpes en fourniroient un exemple } car dans
les lieux où elles s'approchent de la mer Adriatique
, dans le Vicen.tin , paj exemple, on a trouvé
des veftiges confîdérables de volcans. MM. Jean
Arduini & Jérôme Feftari ont décrit les «m is de
bafaltes & les autres productions volcaniques du
val d'Agno & d'autres parties des Alpes Vicen-
tines. Non loin de là , dans les plaines du Padouan,
font les collines Enganéennes, entièrement volcaniques
, renfermant aufli des bafaltes, des granits
à demi fondus, & d autres lingulières productions
des feux fouterrains, qui ont été très-bien
décrites par M. Strange.
Mais dans toute la chaîne des Alpes, qui s'étend
depuis le mont Baldo près de V erone incluûveinent,
jufqu’à la mer, entre Gênes & N ic e , on
n'a trouvé aucun indice cértain de l'aCtion des
volcans. Les montagnes delignees comme des volcans
dans quelques cartes des Alpes de la Suilfe,
n’ont rien de volcanique, & les indices que quelques
obfervateurs inexaCts avoient cru en apperce-
voir dans ces mêmes Aipes, fe font aufli trouvés
abfolument faux. On peut en dire autant de ceux
que le Père Beccaria a cru voir fur le Moiite-Ba-
rone & dans le voifinage d'Yvrée. C'étoient des
pierres quartzeufes ou des pierres calcaires qu'il
avoit prifes pour des laves.
L'Apennin même ne montre aucun veftige de
volcans dans le voifînage des.Alpes ; car les pierres
noirâtres du paÏÏage de la Socquette, fur la route
de Turin à Gênes, que l'on a dit. être volcaniques
, font des pierres oliaires qui n’ont jamais été
touchées par le feu. Les yeftiges connus des anciens
volcans les plus voifins des Alpes , que l’on
rencontre dans l’Apennin, font fur le mont Tra-
verlo , entre Bologne & Florence. Depuis là ils
deviennent continuellement plus fréquens à Ra-
dicofani, Acquapendente, Boliena. Le lac même :
dont cette dernière ville porte le nom eft entié- |
rement entouré de laves & de bafaltes.
Les environs de Rome font aufli volcaniques.
Les catacombes fous la ville même ont été creuiées
dans une efpèce de tufa ou pouzolane rougeâtre,
qui eft évidemment une production de volcan. Les
lacs de V i c o , de Bracciano & de Caftel-Gandolfo
ne paroiffent être que des cratères d’anciens volcans.
Mais les eaux ont aufli exercé leur aCtion fur
le fol & fur les environs de cette ville fameufe :
on a trouvé de grands offemens de poiflons dans
ces mêmes catacombes , & le Monte-Mario, de
même que d'autres collines voifines de Rome,
préfeme des alternatives finguliètes du travail
de l'eau & de celui du feu.
La route de Rome à Naplés paffe prefque partout
fur des vertiges de volcans éteints, & les environs
de Naples n'offrent que des productions
volcaniques. Les îles voilines, telles que Procida,
r t a
Ifchia, Ventotiene, Monte-Chrifto, font entièrement
volcaniques5 mais Caprée eft calcaire, de
même que dans le coeur de l'Apennin. A l'orient
de Naples, au milieu de tant de volcans éteints,
le Véfuve eft le feul dont les feux (oient encore
allumes. Je ne parle point du feu de Pierra-Mala,
qui n eft point un volcan , mais la flamme légère
d une vapeur combuftible j 8c. quant à l'Etna 6c
aux volcans des îles Eoliennes, ils n’appartiennent
pas proprement à YItalie.
Les grandes & belles plaines de la Lombardie,
les collines du Mont-Ferrat & les bords de l'Adriatique
ne renferment aucun veftige connu de
l'aCtion des feux fouterrains, excepté les collines
Enganéennes dont nous avons déjà parlé. 11 en eft
de même des plaines de Lacques, de Pife, de Livourne
, de celles de la Pouille & des maremmes
de la Tofcane &' de la Romagne.
Il ne s'enfuit pas que ces plaines n’ont réellement
jamais été ravagées par les feux fouterrains.
Peut-être que les fables, les graviers, les aterrii-
femens qui les recouvrent, dérobent à nos yeux
les vertiges des anciennes opérations de ces feiix :
c'eft ce que l’ on voie du moins dans la Campanie
heureufe. Le fqftd_de cette plaine eft tout volcan
nique ; mais il eft entièrement recouvert d'épaifT s
couches de fable , de- gravier & de galets chariés
par les eaux , & mêlés même encore de coquillages.
Enfin, dans les lieux mêmes que les volcans
femblent avoir le plus refpeCtés, on trouve fréquemment
d autres indices de l'aCtion. des feux
fouterrains, telles que des fources chaudes , des
vapeurs enflammées, des bullicames pu fontaines
qui parodient bouillantes. 11 eft donc bien vrai-
femblable que la plus grande partie de cette belle
contrée recèle dans fon iein de grands amas de matières
inflammables.
Quant à la nature des productions volcaniques
que Y Italie renferme, leur variété eft immenfe. On
fe contentera d’indiquer les clafles fous lefquelles
on peut les ranger.
i*. Les laves proprement dites, qui font des
pierres ou des terres vitrifiées ou du moins fondues
par l'aCtion des feux fouterrains. Cette clafle
peut (e fubdivifer en laves informes!, laves à formes
régulières ou bafaltes, laves poreufes, laves
filamenteufes ou pierres-ponces, débris atténués
de ces différentes efpèces ou pouzolanes, &c.
2°. Les terres ou pierres qui n'ont été qu’à demi
fondues, &.qui ont confervé en partie les formes
8c les caractères qu'elles avoient avant d’être ar-
taquées par le feu : tels font les granits volcaniques
des collines Enganéennes, dont eft pavée en
grande partie la ville de Venife , & dans lefquels
on reconnoït encore les criftaux de feldfpath, les
fragmens de quartz, & c .
3°. Les pierres qui ont entièrement furmonté ou
éludé l'aCtion des feux volcaniques j ce lle s , par
e xemple , qui ont été lancées par des explorons
foüterraines, fans avoir fubi aucune altération,
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Cnrtimé ces fragmens de marbré que lo ll trôüve
épars fur les flancs du V é fu v e , & c ,
4°. Les mélanges de terre , de pierres & de laves
brifées , qui ont été vomies par les volcans
fous la forme d’ une bouillie aqueufe , & qui ont
acquis enfuite une plus ou moins grande confif-
tance, tels que le tufa de Naples, le peperino de
Rome j telle fut encore la matière qui engloutît
Herculanum.
r". Les laves ou autres productions de volcaps
qui ont été décompofées par l'aCtion, foit de l’eau,
Toit de l’air , foit des fumées fulfureufes , comme
les laves blanchies & les argiles de la Solfatare.
6°. Les matières qui, après être fortiesdes volcans
fous quelques-unes des formes précédentes,
ont été di flou te s par les eaux, & en fuite criftalli-
fées ou agglutinées fous des formes entièrement
nouvelles, comme les hydropoles de Vicence, les
brèches volcaniques du val d’Agno , & les matières
criftallifées qu’on trouve dans les laves.
La température de Y Italie n'eft point uniforme
dans toute fon étendue} eile eft même fujète à des
exceptions locales, extrêmement remarquables. Il
femble pourtant que, d'après les productions propres
à chaque contrée, on pourroit divifër Y Italie
en quatre climats, qufauroient chacun deux degrés
en latitude. Le climat feptentriona), qui comprend
toute la Lombardie & une partie de la Romagne,
ju(qu'aux pentes de l’Apennin , du côté de Florence
, & qui fe termine ainfi vers le quarante-troi-
fième degré & demi de latitude , ne produit ni
oliviers ni agrumi (ce font en général tous Jes arbres
du genredes orangers, citronîers, &c.).Dans
cette partie (excepté dans les abris-privilégiés,
tels que la côte de Gênes 8c les bords du lac de
Lugano, d eC ôm e , & c . ) , les;froids, en hiver,
font allez rigoureux. Le thermomètre y defeend
affez fréquemment jufqu'au dixième degré au def-
fous de la congélation.
Le fécond degré renferme Florence, Rome &
fes environs, jufqu'à Terracine. Il eft par confé-
quent compris à peu près entre les degrés quarante
trois & demi & quarante-un & demi de latitude.
Là , les oliviers &: les orangers fauvages,
manci forti, réflftent aux froids de l'hiver 5 mais
les oranges douces, les citrons & les bergamotes
ne peuvent point profpérer en plein air.
Le troifïème climat comprend la moitié fepten-
trion.ale du royaume de Naples, depuis le qua-
rante-nnième degré & demi, jufqu'au trente-
neuvième degré 8c demi. Dans cette latitude , les
agrumi de toute efpèce réufliiTent en plein air ,
fans aucun abri j mais il gèle pourtant encore,
même dans les lieux peu éleves au deflîis du ni /eau
de la mer, & l'on y v o it, à Naples, par exemple,
le thermomètre defeendre jufqu'à deux ou trois
degrés au .deffous de zéro.
Enfin, dans le climat le plus méridional ,'celui
de la Calabre ultérieure, comme dans la Sicile, il
eft infiniment rare d’y voir ,.même dans les hivers
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les plus froids, le thermomètre defcéndre au de P
fous de zéro. La neige, ou n'y paroîr p o in t, ou
n'y prend aucune confiftance. Non-feulement les
agrumi, mais le palmier, le grand aloé, le grand
figuier,d'Inde, profpèrent en plein champ. C ts
deux dernières plantes leur fervent même de clôture.
On fait des toiles avec le fil de l'aloé , 8c
le fruit du figuier dinde fert, en quelques endroits,
de nourriture au peuple. Mais cette température
ne règne qu’au bord de la mer ou dans
des lieux peu élevés au de (fus de fon niveau $ car
là , comme far tout le relie du Globe, l’air fe refroidit
à mefure que l’on s'élève. Toutes les montagnes
fe couvrent de neige en hiver, & l'on en
trouve même en été fur l'Etna, malgré la chaleur
du foyer qu'il recèle.
VItalie eft peut-être le pays le plus fertile de
toute 1,'Europe, parce qu’elle eft très-anciennement
cultivée, & furcout parce que les Aipes &
l'Apennin verfent de tous côtés des eaux qui l'ar-
rofeiît avec abondance} en forte que l'on y voit
les plus belles prairies 8c les plus beaux ombrages
avec la chaleur & les productions des pays les plus
méridionaux. On ne laiflfe pas repofer la terre : on
voit prefque partout ia charrue fuivre pas à pas les
m o iflo n n è u r s8c rendre à ia terre fa fertilité en
variant habilement les récoltes, furtoutau moyen
dv-s lupins q u i, renverfés par la charrue avec leur
tige & leurs feuilles fucculentes, fourniflent à la
terre un excellent engrais.
La Lombardie produit une quantité confidéra-
ble de r iz , que l'on exporte, à dos de mulet, au
travers des Alpes, en SuifTe 8c en Allemagne. Les
prairies nourrilïent une quantité de befliaux, donc
les fromages font aufli l'objet d'un commerce 8c
d'une exportation confidérables , & cette contrée
eft la feule de l'Italie, qui jouiifq^e ce t a vantage.
Toutes les plaines de Y Italie font fertiles en
blé, & en produifent fort au-delà de ce qu’il en
faut pour la confommation intérieure. On y cultive
plufieurs efpèces de b lé , 8c deux furtout fort
diftinétes : l'une a le grain plein, arrondi, blanc,
tendre, & donne un pain extrêmement délicat &
d'une grande blaocheur; mais ce grain ne pouvant
ni fe conferver long-tems ni fupporter le tranf-
port, fe confommeen entier dans le pays. L'autre*
d ’une formealongée, dur,rougeâtre, demi-trant-
parent, contient beaucoup de matière glutineufe,
le tranfporte au dehors, foit en nature, foit fous
la forme de différentes pâtes , & petit fe çonfer-
ver plufieurs années.
La ioie eft, de toutes les productions de VIta-
lie , celle qui y fait entrer le plus d'argent. Dans
I lés provinces méridionales elle eft plus fo r te , mais
j n'eft point aufli fine ni aufli douce & aufli brillante
| que dans les pays feptentrionaux de l'Europe.
J Cela vient de ce que dans la Calabre, de même
! que dans la Sicile, les vers ne font pas nourris,
j comme en Francè, de la feuille de mûrier blanc,
1 mais de celle du mûrier.noir, qui,étant plus épaifle