
guedoc après les Cévennfes, gagne la montagne
Noire ou le baflin de Saint-Ferreol , fournie au
canal des eaux qu'il partage entre les deux mers,
& tournant droit au midi, va joindre les Pyrénées
dans le Capfic, vers Puyvalador, entre le
comté de Foix & le Rouflillon. La crête des Pyrénées
devient alors le point de réparation des
eaux de l'Océan & de la Méditerranée, jufqu’en
Navarre, où s'embranchent les montagnes d'Aralar,
qui prolongent la chaîne vers la BiTca.ye tic le
royaume des Aftiiries, tic fe fubftituent aux Pyrénées
proprement dites dans l ’eïnploi de divifer
les eaux.
Aux fources de l’Ebre enfin, la crête du con-
-tinent fe courbe en arrière , tic paffant d’une
chaîne à l ’autre, defeend perpendiculairement à
la direction de ces chaînes, coupe, en lerpentant,
les deux Caftilles, fépare le royaume de Murcie de
l'Andaloufie, arrive dans le royaume de Grenade,
fe replie au couchant, & , ferrant de près la Méditerranée,
terminé à Gibraltar la longue tic vafte enceinte
qui commence au Bofphore. Au midi delà
Méditerranée, le même fpeChcle fe préfeme. Il fem-
ble que les chaînes des Alpes tic des Pyrénées,
après être defeendues dans fon baflin, fe relèvent
en Afrique, & vont former le Mont-Atlas : celui-
ci naît; comme on v o it , au détroit de Grbraltar,
côtoie la Méditerranée jufque vers l’Egypte, où
d’autres chaînes le remplacent, s’étendent dans
î ’Abyffinie jufqu’aux fources du N il, s’approchent
de la Mer-Rouge tic s’arrêtent au détroit de Ba-
belmandel. Là elles font remplacées par de nouvelles
chaînes qui côtoient le bord oriental de
ce tte mer, feprolongent tout le long de l’Arabie ,
& vont en Syrie fe fondre dans le Liban , en fé-
paranc la Méditerranée du go4fe Perfique & du
cours de l’Euphrate, fe replient vers l’Afie mineure
, profitent des hauteurs du Taurus, & at-
teignent enfin Le Bofphore, où les Alpes leur fiio- i
cèdent. Il
Il exifte donc .un vafte bafl'n qui appartient ex- ;
clufivement à la Méditerranée, quoiqu’elle n’en
rempliffé qu’ une partie , tandis qu’ai en relie
à fec une autre dont l ’enceinte eft tracée par
des monts primitifs , aux enchajnemens & à la
liaifon defquels font fournis les amas fecondaires
qui en rempliffent les lacunes. Les Alpes tic les
Pyrénées concourent i la forme & à l’enceinte
de ce grand baflin. On ne doit donc pas s’étonner
de trouver une étroite liaifon entre ces monta-
gnés & le baflin. ïi eft aifé de reconnoître que les
Alpes font fi particulièrement deftinées à le bord
e r , que c ’eft toujours dans leurs branches méridionales
que l’on a trouvé, avant le Tirol comme
après le Valais, le plus de confiance à maintenir ;
leur hauteur; que les Pyrénées font fi fidèles à
la même fonction, que c.’eft toujours dans leurs
branches méridionales que l’ on trouve les grandes
élévations, tic que, dans k s endroits mêmes où
l’une & I’autré chaîne eft la plus haute, elle forme
immédiatement les bords de ce grand baflin.
On feroit donc fondé à croire que c ’eft relativement
au lit de cette mer , tic non aux afpe&s
folaires, que les pentes de ces mafles montueufes
font plus efearpées au midi.
Et cette conjecture prendra un nouveau degré
de probabilité, quand on remarquera que cette dif-
pofition paroît moins fenfible tic plus dérangée
dans les Pyrénées , du côté defquelles le rétrécif-
fement de la mer annonce une moindre profondeur
, & explique pourquoi certaines pentes font
plus adoucies fur fes bords. On fera même tenté
de fuppofer, en examinant le cours defreaux du
côté de l’Afrique & de l ’A fie , que le mont Atlas
a fes efearpemens plus roides au nord, tic le mont
Liban au couchant. Mais ce qui confirme cette
conjecture, c’ eft que les efearpemens latéraux des
Alpes.& des Pyrénées, ces efearpemens qu’elles
s’oppofent l ’une à l’autre, vont actuellement rentrer
dans la même difpofition ; car fi ce baflin a
pu être rempli quand le Bofphore , le détroit
de Gibraltar & celui de Babelmandel étoient encore
fermés, & s’ il l’a été en effet dans les temps
ou Buffon a imaginé les deux mers frapper à la
Fois les montagnes de La-ngres, que l’on a indiquées
ci-deflus comme faifant partie de l’enceinte de
la Méditerranée & en creufer lès ravins & les vallé
es, alors le rang des Pyrénées qui s’ abàiffe fubi-
tement devant la vallée d’Arau, celle qui eft e£-
carpée en Rouflillon vers la Méditerranée , celle
enfin des Alpes, où l’on voit la chaîne defcendne
brufquement de la hauteur du Mont-Blanc ramifier
fes chaînons le long du lit du Rhône,.étoient
toutes trois en dedans de l’enceinte que remplif-
fok cette me r , & formoient trois promontoires
plus ou moins faillans. A cet afpeCt l ’oppofîtion
difparoît, tout ce qu’il y a de commun dans tous
ces efearpemens fe raflemble fous un même point
de vue ; ceux du mid i, ceux du levant & du
couchant, tous font relatifs à la Méditerranée, &
dirigés vers elle j tic cette grande déprefliôn de la
terre, quittant le caraCtère d’accident, primordiale
comme les montagnes de fon enceinte le
font, entre inconteft.rblement dans le premier def-
fein de notre hémifphère.
Nature des montagnes.
Les montagnes ont été principalement divîfées
en primitives & fecondaires, d’après la nature
des matériaux qui entrent dans leur compétition.
Ainfi, les granités appartiennent aux anciens
maflifs , tandis que les marbres doivent être rangés
dans les maflifs poftérieurs. La différence de
leur matière eft clairement marquée vies unes font
feu avec l’acier tic font très-dures; Us autres fe
laiffent rayer avec la pointe du couteau ; les unes
fe réduifent en verre, tic les autres en chaux fie s
unes
ttoes réfiftent aux acides, tic les autres font effer-
yefcence avec eux.
Si nous confidérons la difpofition intérieure
des maflifs , nous trouverons que les granités font
par mafles remplies de fentes, niais fans aucune
diftinCtion de couchés; le marbre, au contraire,- eft,
par bancs plus ou moins épais : les accidens les
diftinguent encore, car'les criftallifationsdes gra-
njtes font de quartz, maiière vitrefcible, avec des
fondans, tic celles du marbre font des fpaths de matière
calcaire > enfin, jamais on n’a trouvé; de corps
marins dans le granité & dans les maflifoqui le contiennent
; ceux de m.arbre^au contraire , en contiennent
le,p!us; fouvent.
Ces caraCtère défignent évidemment les deux
claffes dp maflifs que nous avons diftinguées; mais
il' ne faut pas croire, qu’ils foient toujours auflî
marqués. Ainfi l’on trouve des maflifs de fehiftes
tic d’ardoiles qui font par couches horizontales ou
:très-peu inclinées, tic qui renferment des .productions
marines;, aufli nous les coniidérerons comme
appartenant à lafecoade clafié de maflifs , quoique
peut-être ils puilfent être rapportés à une autre
époque., tic qu’ils méritent d’être diltingués des
maflifs renfermant un grand nombre de corps marins
& des li ts bien fui v is d e pierres calcaires mais on
.eft beaucoup plus e.mbar rafle pour çlafl’er ces mafles
d’ardoifes , dont les feuillets font prefque. verticaux
©u tortillés tic pliés fingiilièrement, tic parmi
iefquels on ne. trouve plus aucun corps marin ni
des impreflions de plantes, quoiqu’ ils: (e.rapprochent
infiniment des couches calcaires, & qu’ils
.annonce ne à peu près le même travail..
. Mais.il y a une pbfervation qui peut, contribuer
à ranger dans leur véritable place, les . maiiïfs de
fehiftes ou vde pierres.argikufes feuilletées, c’eft
leur pofîtion confiante deffous les pierres calcaires
des.-grandes montagnes, & leur diflribution
fréquenté autour des itiafljfs de granités. Ces
utraggemensà part, pour ainfi dire.,, femblent nous
indiquer les maflifs des pierres fchifteiifes comme
formant une nuance, entre les maflifs primitifs tic
lés maflifs fecondaires.
% Nous avons encore un caractère bien remarquable
, ç’èft que, les fchift.s qui ne renferment
aucun corps marin ..font les ; principaux gîtes des
«létaux .; .par c ’eft là qu’ on trouve communément
les filons tic les veines.métalliques qui coupent ces
maflils pour l’ordinaire de haut en bas, fans donner
aucun indice d’avoir été formés par la mer;
& ce qui achève de le prouver, ç’eft que les inaflifs
xjui font le produit des fis dépôts, lorfqu’ iis. fe
trouvent, dans ie voifinagè-dts premiers, les recouvrent
en tout ou en partie : ainfi les maflifs de
•fehiftes font d’une,.époque antérieure aux maflifs
qii.i font incpnteftàbleoient l’ouvragé de la mer..
c On trouve aufli des maflifs dont i’intérieur eft
„dffpofé par couch as comme k s maflifs calcaires,
■ mais qui en diffèrentj;p.vtce qu’bn n’y trouve pas
4e corps marir'S; cependant on y voit.fouvent des
Géographie-Phyjtque. Tome l Ki
pierres rôulées , arrondies, qui ont ete fournies
primitivement-par les anciens maflifs, autour
defqiiels ces maflifs compofés de fables font ordinairement
rangés. Ges maflifs de pierres fabléufes
font fort étendus; ik y en a même quelques-uns
qui recouvrent les anciens maflifs de granité, particulièrement
fur les bords mêmes , quelquefois fur
leurs fommets' les plus élevés. L’examen de ces
maflifs de pierres de fable ou brafier nous prouve
également que les dépôts formés dans la mer, le
long des bords de l’ancienne terre grahiteufe, fe
font formés dans des parties du baflin de la mer où
les animaux marins na'fe multiplioîent pas, parce
que ces matériaux combîoient apparemment &
envafoient ces pai'agés.
. Si nous revenons aux maflifs anciens, ils nous
offriront des granités de différentes couleurs, coni-
pofés de principesde'nature tic de forme totalement
différente; on y voit d’abord une matière criftàl-
line opaque, que lesnaturaliftes nomment quan£,
puis une autre matière par lames brillantes de di-
veffes couleurs ; enfin, une fubfhnce fous forme
trapézoïdale, plus ou moins rouge , tic qu’ on
nomme f-eld-fpath. Les granités^en grandes inaffés
forment tous les maflifs les plus anciens ; ils font
fouvent recouverts par d’autres maflifs, mais ils
• n’en recouvrent jamais : où font ces pierres à grains
on trouve même au milieu des granirt s, des maflifs
de' ferpentine tic des jafpes ,;des porphyres, des
pierres ollairos qui ont les mêmes caractères que
, les granités, ç’eft-à-dire, que lès matières ne font
pas diflribùées par couches, mais remplies de
fentes en tous fens plus ou moins fréquentes 9
comme, la retraite qui réfultè déjla! delfiecation a
dû les produire; outre cela nul vcfiige de’ corps
marins.
■ En confidérant ces divers maflifs, il eft facile
d’en faifir la différence, & quant à la nature des
fobftances qui les compofent, & quant à l’époque
de leur formation^-On vo it, par exemple,
que, .dans l’arrangement de ces mafles, il y en a
qui font toujours au-deflus des autres, tic q ui,
par cette rai fon , doivent avoir été formées les
premières; que celles qui font établies deflus, ont
d û ’fuccéder à d'autres. C'eft ainfi que nous pouvons
juger que le maflif de l’ancienne te rre a pré*
1 cédé celui de la moyenne, tic fucceflivemént celui
de la moyenne eft antérieur aù maflif d e la nouvelle
terre.
. .Entre- les corps étrangers qui font mêlés:aux
fubftances terreftrës accumulées par la mer : tandis
qu’elle formoit la nouvelle terre, & qui fontdif-
tribués par couches, on tr.ouve des échantillons
de des-empreintes de végéc .ux , des dépouilles
d’animaux terreflres en grande quantité, & particulièrement
dans les parties voifines des limites
: de l’ancienne tic de la nouvelle terre. Ges monu-
mehs intéreffans, cju’On a jufau’ ici ramaffés fans
trop.faire attention à leur pofîtion, nousprouvtnt
d’une manière iriconteftable qu'il exHfoit des parties
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