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conds préfèrent le$ eaux douces & celles qui ne
font que faumatres. Tous les deux font formidables
pour l'homme qiû cherché le frais dans les rivières.
Il eft vrai que l’Indien combat le requin avec avantage.
Obligé de fe retourner pour faiiîr fa proie,
lent & fans foupleffe dans fes mouvemens, l ’Indien
qui le découvre dans l’eau lui porte fous le
ventre des coups mortels avant qu’ il ait pu fe mettre
en état de l’attaquer.
Les caïmans, prefqu’auflî dangereux, habitent
des eaux qui , moins profondes, moins pures,
offrent moins d'attraits à l ’homme épuifé par la
chaleur j mais ils ne font-pas obligés, comme le
requin, de demeurer dans l’eau j ils en forteïit,
gagnent la terre } ils y courent j & quoiqu’ils
reipeéfcent l’homme, à moins qu’ il ne les ait provoqués
, ils ofent lui difputer les provifions qu’il
ramalfe pour fa nourriture, & furtout les animaux.
Nous devons dire i c i , relativement aux
dangers des requins & des caïmans, qu’il feroit
fa c ile , d<ms un pays habité» de préparer pour le
bain des lieux inacceflïbles aux requins» en fécond
lieu , que l'efpèee des caïmans feroit naturellement
diminuée par la proximité de l ’homme & fa mul-
tiplication. Si les crocodiles- n’ont point été en
Egypte un obftacle à la population, comment les
caïmans , qui font le même animal, le feroient-
ils en Amérique lï d’ailleurs les conditions font
égales.
Ce feroit ici le lieu de parler des effets d’un
climat chaud & humide, de ceux d’ un air chargé
des exhalaifons d’une terre détrempée qui fe fèche,
& des moyens de remédier à ces inconvériiens,
qui n’excèdent pas les forces de l’homme réuni
en fociété & laborieux.
Concluons donc que les biens offerts par la
Guiane à l'homme qui l’habite, font, comme partout
ailleurs , balancés par des maux que fa population
, fon induftrie, peuvent reftreindre par une
fuite de travaux qui mettront ;à la place tous les
avantages qu’on trouve dans les pays cultivés &
peuplés.
G U ICH EN , village du département d’IIle &
Villaine, à trois lieues de Bain &.à quatre lieues de
Rennes. La carrière de la Prévotais, voifîne de ce
village, fournit des grès très-durs, propres à faire
d’excellens pavés : on les emploie auffi pour ferrer
les grandes routes. Les environs de Guichen offrent
une fource d'eaux minérales, acides, vitrioliques,
ferrugineufes, fouveraines pour di verfes maladies,
& recommandées, comme toniques*, par les médecins.
On apporte , à Rennes, de cette eau en
bouteilles.
GUIENNE E T G ASCOGNE, grand gouvernement
général, borné au feptentrion. par la Sain-
tonge, l'Angoumois, le Limoufin & l’Auvergne $
au midi par les Pyrénées, le Béarn & la Navarre 5 ■
au levant par le Languedoc, & au couchant par :
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l’Océan. On lui donne quatre-vingt-dix lieues de
longueur , fur quatre-vingts lieues de largeur.
Les principales rivières qui arrofent ce gouvernement
font la Garonne, la Dordogne, l’Adour,
le Tarn, 1 Aveyron & le Lot. La Guienne propre
renfermoit lé Bordelois, le Médoc avec la petite
Flandre de Médoc, les landes de Bordeaux , le pays
de Bufch, le pays de Born, le Benauge, le pays
d’Entre-Deux-Mérs, le Bafadois, le Périgord ,
l’Agenois, le Quercy & le Rouergue. La Guienne
fait actuellement partie des départemens de la
Dordogne, de la Gironde,de l ’Aude, du L o t , de
Lot & Garonne & de l'Aveyron.
Le Périgord eft intéreffant en ce qu’il offre les
limites de 1 ancienne terre fur une affez grande
étendue} que dans l’intérieur, & furtout vers les
limites, font des dépôts torrentiels qui couvrent
les fommets des collines : ces dépôts font venus de
l’ancienne terre du Limoufin } que les eaux qui
viennent du Périgord ont pour origine les rivières
de l'ancienne terre du Limoufin.
Dans l’intérieur du maflîf du Périgord on y
trouve beaucoup de corps marins filifiés, une fa-
mille de coquillages nouveaux & inconnus, dont
l’amas s’étend auffi dans l’Angoumois.
Il y .a des mines de fer le long des limites de
l’ancienne terre, & de la manganèfe connue anciennement
fous le nom de pierre de P êrigueux ,* il
y a auffi un pierre de fable littorale.
C ’eft en Périgord que fe trouvent la grotte de
Miremont &.de Doma, & c , » le ruiffeau deTre -
molac, qui donne de l’air inflammable } la perte de
| la Dordogne deffous un rocher qui en traverfe le
canal. ( ^oye^ Dordogne. )
Les landes méritent un examen particulier.
L ’Entre-Deux-Mers offre beaucoup de dépôts :
i° . les dépôts, torrentiels} 20. les dépôts terreux ,
le long de la Garonne & de la Dordognèi
Les landes s’étendent au-delà de rEntre-Deux-
Mers & même dans le Périgord, & un peu dans le
petit Angoumois.
L ’Agénois eff un pays de nouvelle terre, tra-
verfé par la Garonne , Je L o t , qui y ont fait des
dépôts de l’ancienne terre.
11 en eft de même duCondomois & du Bafadois,
où quelques rivières des landes font des dépôts.
, GUILLAUME (Détroit du Prince), vafte détroit
fur la côte occidentale de l’Amérique fep-
tentrionale., à la latitude de foixante-un degrés
trente minutes , à l’abri d’une longue île appelée
Montagne, qui sfètend obliquement & le traverfe
du nord-eft au fud-oueft. Autour de ce havre fa
terie a une hauteur confîdérable & eft couverte
d'une neige épaiffe. La végétation paroït diminuer
& fe ralentir, fi on la compare avec celle des
contrées pjus au fud. Les principaux arbres font le
fapin & la fapinette du Canada, 3c quelques-uns
font d’une groffeur médiocre.
■ Outre les quadrupèdes.qu’on trouye à Nootka
( voye^
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( voye% cet article'), il y à une variété d’oursd’une
couleur blanche, qui n’eft pas l'ours polaire, parce
que celui-ci n'habite que les climats les plus rigoureux,
ceux où il peut trouver des tanières
enfoncées dans la neîge & des îles de glace. On y
voit un animal de l’efpèee de l'hermine, des blaireaux
d’une couleur très-brillante & la marmote
fans oreilles : il s ’y trouve auffi des veaux-marins-
lions.
Parmi les oifeaux étoient les pies de mer noires
à bec rouge, un canard égal en groffeur à notre
canard fau-vage, mais avec des couleurs variées}
un plongeur, les fuce-miel ou colibris, certaines
efpeces de petrels, & furtout des petréls bruns.
L’efpèee humaine offre ici quelque variation &
des différences affez remarquables a vec la nation du
détroit de Nootka. Les habitans font en générai
au deffus de la taille commune, mais plufîeurs
reftentau deffous : ils ont une forte charpente, la
peau bafanée} ils fe fendent la lèvre inférieure;
ils peignent leur vifage ou tatouent leur peau} ils
ont deux efpèces de bateaux, qui font faits de
peaux d'animaux tendues fur des côtes de bois, &
femblables aux bateaux des Groenlandais & des
Efquimaux. Leurs armes pour.la pêche ou pour la
chaffe des quadrupèdes font les mêmes que celles
des Groënlapdais, & elles font égales en nombre.
Du détroit du Prince Guillaume la côte tire au
nord-oueft, & fe termine par deux promontoires
appelés le cap Élifabeth & le cap Bede : ces deux
caps, avec le cap Bancks fur le rivage oppoféy
forment l’entrée de la rivière de Cook. (Koyeç
C ook (Rivière d e ) .)
GUILLASTRE , village du département des
Alpes, arrondiffement d’Embrun, & à trois lieues
& demie nord-eft de cette v ille, fur le Rioubel.
Son territoire eft couvert de neige pendant la
plus grande partie de l’année. Il y a une ufine à
quelque diftance pour la fabrication du fer.
GUILLON, village du département de l’Yonne,
arrondiflement d’Avallon, & à trois lieues & demie
eft de cette ville. On trouve dans le territoire
de ce village des pierres ardoifières, où font empreintes
plufîeurs ramifications intéreffaDtes. Il eft
fitué fur le Serin.
GUINES , ville du département du Pas-de.-Ca-
lais,dans un pays marécageux, à deux lieues &
demie fud de Calais. La ville de Guines eft un lieu
de paffage très-fréquent pour les pierres des carrières
de Ferques & les bois de la forêt de Guines.
C ’eft l’entrepôt des charbons de terre d’Har-
dighen, qui fe tranfportent par le canal aux lieux
circonvoifins. II y a une fabrique de poterie, tuiles
& pannes affez belles. Cette ville fait un commerce
confîdérable de beftiaux de toute efpèce.
Qn exploite des tourbières dans les environs.
Géographie-Phy/ique. Tome IV ,
GU R 507
GUINGAMP, village du département des C ô tes
du-Nord , fur le T r ie u , rivière qui traverfe
de vaftes prairies. 11 fe trouve, dans le territoire de
Guingamp, des terres bolaires figillées, très-propres
aux potiers de terre, & une manufacture où
fe fabriquent des berlinges.
GUOLLE; ( l a ) , ville dans le département de
l’Aveyron, à trois lieues oueft deSaint-Uruze.On
y fabrique des draps du pays & des bas de laine à
l’aiguille.
GURJEF en Sibérie. Gurjef n’eft pas grand,
mais c’eft, de toutes les petites fortereffes élevées
le long du Jaïk, la plus régulière, & dont les ouvrages
font le mieux conftruits. La fîtuation de cet
endroit eft fi mal-faine, qu’on auroit infiniment
de la peine à trouver un féjour plus nuifible à la
fanté, que Gurjef, depuis le printems jufqu’en
automne. Son commerce, par cette raifon,na
peut être fufceptible du moindre accroiffement.
La forterefiè eli bâtie au milieu d'un marais falé,.
que les eaux de la mer, chaffées dans l’embouchure
du fleuve parles vents du fud, inondent fou-
vent , furtout à la fin de l’hiver. On a bien peu
exhauffé le fol dans la fortereffe même} mais fa:
nature làline & argileufe ne permet point qu’ il
perde fon humidité naturelle. On y refpire par
conféquent toujours un air putride, qui conferve
la mauvaife odeur du'limon marin, lors même que
l'atmolphère eft le plus violemment agitée par les
vents. L'intérieur des maifons eft tapiffé de blaftes
& de cloportes, & dès qu’on vient à l’air, fur-
tout lprfqu’on fort de la place, on eft aflailli par
un nuage de coufins, auxquels fe joignent encore,
en é té , les taons de la greffe efpèce , tabanus bo-
vinus occidentalis. Il n’eft pas étonnant que tant de
différens fléaux réunis fur un feul lieu n’occafion-
nent quantité de maladies parmi les habitans,
C ’ett fans contredit à la falure des marais dont
Gurjef eft environné, qu’il faut attribuer ces ro-
fées faiées fi remarquables, qui font fréquentes ,
durant l’é té , dans ce cancon, phénomène qui doit
paroître incroyable à bien des perfonnes. Qu’on
trouvât de la rofée falée fur les feuilles des plantes
, il n’y auroit là rien d’ extraordinaire, puifque
tous les végétaux de ces contrées exhalent une
grande abondance de molécules falines} mais ce
font les gouttes de rofée qui s’attachent en plein
’ air aux furfaces polies, & l’humidité dont les habits
fe pénètrent, qui décèlent une falure très-
fenfible. Il n’eft donc pas étonnant que plufîeurs
chimiftes fe foient apperçus qu’en faifant diffou-
dre & évaporer de nouveau des fels , & en réitérant
plufîeurs fois la même opération, ces fels fu-
biffoient une diminution fenuble, & qu'ils en aient
conclu que les fels pouvaient fe réloudre entièrement
en eau & en terre, & en quelque manière
fe détruire. Cette rofée faline fe remarque également
plus haut en fuivant le Jaïk, & l’on peut