
greffier ; cela fe voit aux Guèbres, qui font le refte
des anciens Perfans. Ils font laids, mal faits , pe-
fans, ayant la peau rude & le teint coloré : cela
fe voit auffi dans les provinces les plus proches de
1 Inde, où les habirans ne font guère moins mal
faits que les Guèbres, parce qu’ils ne s’allient
qu'entr'eux ; mais dans le relie du royaume le fang
perfan eft préfentement devenu fort beau, par le
mélange du fang de la Géorgie & de la Circaffie.
Ce font les deux pays du Monde où la Nature forme
de plus belles perfonnes; auffi il n’y a prefqti’aucun
homme de qualité en Perfe, qui ne foit né d’une
mère géorgienne ou circadienne. Le roi lui-même
eft ordinairement géorgien ou circaffien d’origine,
du coté maternel ; & comme il y a un grand
nombre d années que ce mélange a commencé de
fe faire, les Perfanes font devenues fort belles
& fort bien faites, quoique ce ne foitpasau point
des Géorgiennes. Pour les hommes, ils font communément
d’une belle taille, droits, vermeils,
vigoureux, de bon air 8c de belle apparence. La
bonne température de leur climat 8c la fobriété
dans laquelle on les élève, ne contribuent pas peu à
leur beauté corporelle : ils ne la tiennent pas de
leurs peresj car fans le mélange dont je viens de
parler, les gens de qualité de Perfe feroient les plus
laids hommes du Monde, puifqu’ils font originaires
de laTartarie, dont les habitans font,comme
nous l’avons dit, laids, mal faits & greffiers ; ils
font au contraire fort polis 8c ont beaucoup d’ef-
prit. Leur imagination eft vive, prompte 8c fertile.
Ils font galans, même voluptueux ; ils mangent
beaucoup de fruits.
On voit en Perfe une quantité de belles femmes
de toutes couleurs ; car les marchands qui les
amènent de tous les côtés choiliffent les plus
belles. Les blanches viennent de Pologne , de
Mofcovie, de Circaffie, de Géorgie & des frontières
de la grande Tartarie; les bafanées des terres
du Grand-Mogol 8c de celles du roi deGolconde&
du roi de Vifapour, 8c les noires font amenées de
la côtedeMelinde 8c de celles delà Mer-Rouge.
Les peuples de la Perfe, de la Turquie, de
T Arabie , de l’Egypte 8c de toute la Barbarie
peuvent être regardés comme une même nation,
qui, dans le tems de Mahomet 8c de fes fuccef-
leurs; s’eft extrêmement étendue, a envahi des
terrains immenfes, 8c s’eft prodigieufetnenr mêlée
avec les peuples naturels de tous ces pays : les
Perfans, les Turcs, les Maures fe font policés
jufqu’à un certain point; mais les Arabes font demeurés
pour la plupart dans un état d’indépendance
qui fuppofe le mépris des lois. ( Foyer l’article
A rabes.) 1
Les Égyptiens, qui font fi voifins des Arabes,
qui ont la même religion, 8c qui font comme
eux fournis aux Turcs, ont cependant des coutumes
fort différentes de celles des Arabes. Les
Egyptiennes font fort brunes ; elles onr les yeux
vifs. Leur taille Ul au àeüous de la médiocre ; la i1
manière dont elles font vêtues n'eft point du
tout agréable. EHes font fort fécondes ; ce que
quelques auteurs attribuent à l’inondacion du Nil.
D autres voyageurs prétendent au contraire que
le débordement du Nil produit des maladies tâ-
cheufes, 8c furtout des maux d'yeux .teries. 8c des dyffen-
Les femrnes font communément affez petites &
trapues, lurtout dans les campagnes ; ce qu'on
attribue non a ia nature , mais à l'ufage où font
les jeunes filles de ia campagne d'aller tous les
jours plufieurs fois chercher de l’eau du Nil, qu'elles
portent toujours dans une jarre fur leur tête; ce
qui leur affailfe le cou 8c la taille, les rend trapues
& plus carrées aux épaules : elles ont néanmoins
les bras 8c les jambes bien faits , quoiqu'un
ppeeuti tg rjuops o5 ne ltlreèss v-oconut rptr.efque nues, ne portant qu'un
Les hommes au contraire font affez grands 8c menus; auffi les garçons ne portent jamais de
fardeaux fur la tête. Les hommes 8c les femmes
.ont, généralement parlant, de couleur olivâtre ;
& plus on s’éloigne dü Caire en remontant le
Nil, plus les habitans font bafanés, jufque-là que
ceux qui font aux confins de la Nubie font
prefqu auffi noirs que les Nubiens mêmes. Les défauts
les plus naturels aux Egyptiens font l’oifîveté
oc ia poltronerie. Ils font fort ignorans, & cependant
pleins d'une vanité ridicule. Ils font fi
dtreif tfeêste &s qfiu m’auéclaunnc aoulitqreu epse,quupl'iel.s ont befoin déplus
Les Cophtes eux mêmes ne font pas exempts
de ces vices ; 8c quoiqu ils ne puiffent pas nier
qu’ ils aient perdu leur noblcffe, les fciences
leur propre hiftoire, 8c Ieu'r langue même 8c
que d'une nation illuftre 8c vaillante ils ne loient
devenus un peuple vil & efclave , leurorgueil
va jufqu’ a mépnfer les autres nations.
Les autres habitans de l’Égypte font des Arabes
barrafins qui ont conquis le pays 8c fe font mêlés par force avec les naturels.
Les nations nombreufes qui habitent les côtes
de la Méditerranée depuis l’Égypte jufqu a l’Océan
, 8c toute la profondeur des terres de Barbarie
jufqu’au mont Atlas 8c au-delà, font des peuples
de différentes origines. Les naturels du pays les
Arabes, les Vandales-, les Efpagnols, & plu.
anciennement les Romains 8c les Egyptiens ont
peuplé fucceffivement 8c à différences épjques
cette contrée d'hommes allée différens entr’eux.
Par exemple, les habitans des montagnes d’Au-
reff ont une phyfionomie différente de celle de
leurs voifins : leur teint, loin d’être bafané eft
au contraire blanc 8c vermeil, 8c leurs,cheveux
font dun jaune-foncé, au lieu que les cheveux
de tous les autres font noirs ; ce qui, ffiivant
M. Shaw, pourroit faire croire que ces hommes
blonds descendent des Vandales, qui, après avois
ete chaires , trouvèrent le moyen de fé rétablir
dans quelques endroits de ces montagnes.
Les femms du royaume de.Tripe1 ï ne refiem- j
blent point aux Égyptiennes , donc elles font
voifines : elles font grandes, 8c elles font même
confifter la beauté à avoir la taille exceffivement
longue ; elles fe font, comme les femmes arabes,
des piqûres fur le vifage, principalement aux joues
& au menton ; elles eftiment beaucoup les cheveux
roux commeen Turquie » & elles fonrmême
peindre en vermillon les cheveux de leurs enfans.
En général les femmes Maures aff-élent toutes
de porter des cheveux longs; & celles qui n’ont
pas beaucoup de cheveux en portent de poftichës,
& toutes les treffi.nt avec des rubans. Elles fe
teignent le poil des paupières avec d elà poudre
de mine de plomb ; elles trouvent que la couleur
fombre que cela donne aux yeux ett une beauté
fingulière : cette coutume eft ancienne; caries
femmes grèques & romaines fe bruniffoient les
yeux.
La plupart des femmes Maures pafferoient pour
belles , même dans ce pays-ci : leurs enfans ont le
plus beau teint du monde & le corps fort blanc.
11 eft vrai que les garçons, qui fontexpofés au foleil,
bruniffent bientôt; mais les filles^ qui fe tiennent a la maifon, confervent leur beauté jufqu'à l’âge
de trente ans, qu'elles ceffent communément d’avoir
des enfans; en récompenfe elles en ont fou-
vent à onze.
On a remarqué que les habitans des montagnes
de la Barbarie font blancs, au lieu que les habitans
des côtes de la mer & des plaines font bafanés
& très-bruns. Les habitans de^Capez, ville
du royaume de T unis, font noirs > de même ceux
qui habitent le long de la rivière de Dara, dans
la province d’E fcuré, au royaume dè Maroc,
font fort bafanés : au contraire, les habitans de
Zarhou 8c des montagnes de F e z , du côté du
mont Atlas, font fort blancs. Ces derniers font fi
peu fenfibles au froid , qu’au milieu des neiges
& des glaces de ces montagnes, ils s'habillent fort
légèrement & vont tête nue toute l'année.
Mais les habitans de laNumidie font plus bafanés
que nous : les femmes y font même affez blanches
, & ont beaucoup d'embonpoint quoique les
nommes foient maigres. Mais les habitans de Gue-
den , dans le fond de la Numidie, fur les fron-
tieres du Sénégal, font plutôt noirs que bafanés;
au lieu que dans ia province de Dara les femmes
font belles, fraîches, & que partout il y a une
grande quantité d'efclaves nègres de l'un 8c de
l ’autre Exe.
Tous les peuples qui habitent entre le vingtième
& le trente cinquième degré de latitude nord dans
I ancien Continent, depuis l'empire du Mogoi jufqu
en Barbarie, 8c même depuis le Gange jufqu'aux
cotes occidentales du royaume de Maroc, ne font
donc pas fort différens les uns des autres, fi l’on
en excepte les variétés particulières occafionnées
par le mélange d'autres peuples plus feptentrionaux
qui ont conquis ou peuplé quelques-unes de çejs
vaftes contrées. Cette étendue de terre, fous les
mêmes parallèles, eft d’environ deux mille lieues.
Les hommes , en général, y font bruns & ba*
fanés ; mais ils font en même tems affez beaux &
affez bien faits. Si nous regardons maintenant
ceux qui habitent fous un climat plus tempéré,
nous trouverons que les habitans des provinces
feptentrionales du Mogol & de la Perfe, les Arméniens
, les Turcs', les Géorgiens, les Mingre-
liens, les Circaffiens, les Grecs 8c tous les peuples
de l’Europe, font les hommes les plus beaux, les
plus blancs, les mieux faits de toute la Terre,
& que quoiqu'il y ait fort loin de Cachemire en
Efpagne ou de la Circaffie en France, il ne laiffe
pas d'y avoir une fingulière reffemblance entre ces
peuples fi éloignés Tes uns des autres, mais fitués
à peu près fous les mêmes degrés de latitudes.
ils Lfeosn Ct aacühffei mbiierine nfsa iftosn qt rueen olmesm Eéusr poopuére nlas b,e &au tnée:
tiennent en rien du vifage tartare; ils n'ont point
ce nez épché & ces petits yeux qu'on trouve chez
leurs voifins. Les femmes furtout fon* très belles ;
auffi la plupart des étrangers nouveaux venus à
la cour du Mogol fe fournirent de femmes cache-
miriennes afin d’avoir des enfans qui foient plus
bploaunrc sv qrauies lMeso Ignodlsie.ns, & qui puiffent auffi paffer
Le fang de Géorgie eft encore plus beau que
celui de Cachemire : on ne trouve pas un iaid
vifage dans ce pays, 8c la nature a répandu fur la
plupart des femmes des grâces qu'on ne voit pas
ailleurs.Elles font grandes, bien faites, extrêmement
déliées à la ceinture; elles ont le vifage
charmant. Les hommes font auffi fort beaux ;
ils ont naturellement deTefprit, & ils feroient
capables de cultiver les fciences & les arts avec
fuccès ; mais leur mauvaife éducation les rend
très-ignorans & très-vicieux ; 8c il n’y a peut-être
pas de pays au Monde où le libertinage 8c l'îvro-
gnerie foient aun fi haut point qu'en Géorgie. Avec
tous ces vices les Géorgiens ne biffent pas d'être
civils, humains, graves & fnodérés ; ils ne fe
mettent que très-rarement en colère . quoiqu'ils
fdoei elna t heaninneem cios nirtrréec oqnuceillqiaub'ulens. lorfqu’ils ont conçu
Les femmes font auffi fort belles & fort blanches
en Circaffie ; elbs on: le plus beau teint & les plus
belles couleurs du Monde. Leur front eft grand &
uni, & fansje fecours de l'art elles ont fi peu de
fourci’s , qu'on diroit que le leur n'eft qu’un filet
de foie recourbé. Elles ont lesyeux grands, doux
8c pleins de feu ; le nez bien fa it, les lèvres vermeilles
, la bouche riante & petite, & le menton
comme il doir être pour achever un parfait ovale.
Elles ont le cc>u 8c la gorge parfaitement bien faits *
la peau blanche comme neige, la taille grande &
aifée, les cheveux du plus beau noir ; elles paroif-
fent toujours fraiches jufqu'à l’ âge de quarante-
c in q à cinquante ans elles font toutes fort labo-
rieufes, & elles s'occupent fouvent des travaux les