
120,000 francs par an. Le produit des mines de cuivre
eft certain j mais elles font chargées de fortes
taxes 8c redevances envers le Gouvernement,, qui
n’ a pas d’autres reffources pour les befoins de l’Etat.
Ces demeures fouterraines font prodigieufement
fpacieufes , 6c en même rems commodes pour leurs
habitans ; elles femblent former un monde caché.
Des chutes d’eau, en Suède, font d’ un très-grand
avantage pour faire tourner les moulins à forges
depuis quelques années, l’exportation du fer a été
à 7,000,200 francs. Bufching croit que ces exportations
donnent les deux tiers des revenus publics. On
, doit ob fer ver néanmoins que les extorlîons du Gouvernement
fuédois & l’importation du fer en barre
en Europe par les Américains ont confidérablemenc
diminué cette fabrication en Suède ; de forte que
les habitans de.ee pays feront obligés des’adorinerà
d’autres branches de commerce & d’amélioration,
furtout en agriculture.
Norwège. La lignification naturelle de Norvège
eft le chemin du Nord. Elle eft bornée au fud par
l’entrée de la Baltique, qu’on nomme Scaggerac ou
Categat ; à l’oueft & au nord par la mer du nord ,
& à l’oueft elle eft féparée de la Suède par une
longue chaîne de montagnes qui portent différens
noms * tels queFilefield3 Dofrefield3 Runfield& Dour-
field.
Le climat de la N orvège varie fuivant fon éten-
'due & fa fi tu a don vers la mer. Dans l’intérieur du
pays-, & vers l’e ft, l’air eft pur & fain j à l’oueft,
vers les côte s , il eft humide par les pluies fréquentes
qui tombent dans cette contrée. La température
varie beaucoup j ce qui ©ccafionne fouvent le feor-
but. A Berghen , l’hiver eft modéré, & la mer na-
. vigable. Pontopidan obferve que les ports d’Amsterdam
, d’Hambourg ; de Copenhagne, de Lubec,
font plus fouvent fermés par les glaces, que ceux de
No rvège. Les parties orientalesde la Norvège font
‘ordinairementcouvertes de neigé, tandis que celles
-qui font à l’oueft, quoiqu’ à la même latitude, font'
^échauffées par les douces brifes de mer. Le froid
commence vers le milieu d’oêtobre, & y eft tres-
rigoureuxjufqu’au milieu d’ avril. Les ëaux y font,
-en tout tems, couvertes de glaces d’une épaiffeur
confidérable.En 17 19, fept mille Suédois partis pour
attaquer Drontheim, périrent dans les neiges des
montagnes qui féparent la Suède de la Norvège.
Mais les glaces & la neige ontauffi leurs avantages ;
elles facilitent les tranfports par terre.Quantaux parties
de ce pays qui font les plus reculées vers le nord,
telles que le Finmarck, le froid y eft fi v i f , qu’elles
font très-peu connues. A Berghen, les plus longs
jours font d’ environ dix-neuf heures, & les plus
courts d’environ cinq heures. A minuit, en-été', :
les habitans peuvent lire & écrire à la fimple clarté
du ciel} & dans les parties les plus au nord, vers
le milieu de l’é té , le foleil ne difparoît jamais totalement
de l’horizon. Dans le coeur de l’ hivej ces
pays n’ ont, à midi qu’une faible lueur pendant environ
une heure & demie} elle provient de la réfleêtfon
des rayons du foleil furies montagnes. Pendant
cette obfcurité, le ciel eft toutefois fi ferein ,
la lune & l’aurore boréale fi brillantes, que les habitans
vont à la pêche, & s’occupent de différens
métiers en plein air.
Dans quelques parties de l’intérieur du pays ,
l’air eft fi pur, que les habitans y vivent très-long-
tem*s. Quoi qu’il en fo it, les dégels fubits & les
neiges continuelles y produifent quelquefois des
effets funeftes , & détruifent entièrement des villages.
Dans l’é té , les chaleurs font exceflîves dans les
vallées, quoique de courte durée. Elles proviennent
en partie de ce que les hautes montagnes ré-
fléchiffentde tous côtés, dans les vallées, les rayons
du foleil. La plus grande preuve que l’on puiffe
donner de la chaleur de l’été en N o rv è g e , c’eit que
plufieurs végétaux, & notamment le blé, pouffent
& mûrifi'ent en quelques endroits en fix femaines
ou deux mois. La plus grande partie de la N orvège
étant inégale, pierreufe & couverte de montagnes,
de rochers & de marais, renfermant des contrées
fauvages 6c quelques déferts, eft peu propre à
l ’agriculture} auffi, fi les habitans des côtes ne s’en-
tretenoient de h pêche, comme ceux qui font dans
l’intérieur du pays vivent du tranfport & de la
vente des bois de charpente, du charbon qu’ ils
fourniffent pour l ’exploitation des mines, du bétail
& de la chaffe, la moitié mourroit de faim. Les
grains périffent fouvent tant par les froids fubits,
que par la féchereffe qu’occafionne îa grande chaleur
> ou par la trop grande quanti té d’eaux qui tombent
des rochers & des montagnes durant les étés
pluvieux. Les grains qu’on recueille, font le feigle,
i’orge , l’avoine', des pois, du blé farrafin , du lin
& du chanvre. La cherté fuit toujours les mauvaifes
récoltes, 8c lorfque l’importation n’y fupplée pas,
les habitans font affligés de la famine. :
La N orvège paffe pour un des pays les plus montagneux
de l’Univers 5 elle comprend une chaîne
de montagnes d’inégale hauteur, qui s’étendent du
fud au nord. La traverfe de celle d’Ardanger eft
d’environ vingt lieues, & celle des autres d’environ
dix-fept.Dofrefield eft regardée comme lapins
haute montagne de la Norvège : fa hauteur perpendiculaire
, au deffus du niveau de la mer, eft
évaluée à environ mille fept cents toifes. Les rivières
& les cataraêles qui entrecoupent ces effrayais
précipices, 8c qu’on ne peut paffer que fur
des ponts de Dois très-fragiles, rendent les voyages
fort dangereux dans ces pays, quoique le Gouvernement
ait établi & entretienne aux differentes Rations
une maifon où l’on trouve du feu , de la lumière
& des uftenfilès de cuifine'. Indépendamment
de la chaîne dont nous venbrisde parler, toute la
Norvège eft couverte d’au’tres-môntagnes énormes.
Sur la cime dé quelques-unes on trouve des réfer-
voirs cï’eaiL L’enfemble de ce pays préfente une
perfpedtive impofante. Les habitans montrent une
adreffe 8c une activité très-ét©nnantes à retirer leurs
brebis
brebis 8c leurs chèvres d’entre les rochers, lorf- ’
qu’ un faux pas les y précipité. Celui à cjui l’animal
appartient, fe fait descendre dans le précipice,
à califourchon fur un bâton attaché à une longue
corde. Lorfqu’il arrive à l’endroit, il lie la chèvre
ou la brebis avec cette corde, 8c oh la remonte
avec lui. Les cavernes qu’ on rencontre dans ces
montagnes font peut-être les plus extraordinaires
qui exiftent fur le Globe. Deux eccléfiaftiques qui
vifirèrent, en 1750, celle qu’on nomme Dolfteen,
s’y avancèrent jufqu’ à un endroit où ils entendirent
Je bruit des vagues de la mer au deffus de leur
tête. Le paffage étoit aufli fpacieux 8c aufli élevé
qu’une églife ordinaire : les côtés étoient perpendiculaires,&
le comble formoit une voûte. Ils descendirent
un efcalier fait par la Nature; mais arrivés
à un.autre, ils n’ ofèrent pas fe hafarder plus
loin, & revinrent fur leurs pas.
La principale richeffe de la Norvège confifte
dans fes forêts : elles fourniffent aux étrangers des
mâts, des poutres, des planches & du goudron}
elles fervent en outre pour tous les ufages do-
meftiqües, 8c particuliérement pour la conftruétion
des maifons, des ponts tic des navires : on en fait
dii charbon pour les fonderies. Les arbres quicroif-
fent dans ce pays font le pin, le fapin , l’orme, le
frêne, l’i f , le benreed, efpèce de bois fort curieux}
le bouleau, le hêtré, le chêne , l’aulne, le gêné- j
vrier, le tremble, le prunier fauvage, le noifetier,
lé fureau, l ’ébène.} & au bas .des montagnes de
Koîen ,'!e tilleul 6c le faule. Les.bois de la Nor- ,
v/ège produifent des fournies très-confidérables. Le ,
cours des rivières & lapôfition des lacs font très- 1
favorables à l’ induftrie des habitans} ils facilitent
non-feulement le tranfport par flotage, maisl’éta-
bliffement des moulins pour le feiage des poutres
qu’ ils réduifent en planches. La dîme de tous les
bois fciés appartient au roi de Danemarck, & n’eft
pas la branche la plus indifférente de fes revenus.
La Norvège abonde en carrières de très-beau
marbre. 6c de diverfes autres fortes de pierres. On
y trouve l’ aimant dans les mines de fe r , l’amiante
ou asbefte , qui eft d’une nature incombuftibje ,
cornpofée d’une infinité de filamens coteneux dont
on fabrique une^ forte d’ étoffe qu’on nétoie en
la pallanc au feu : on y rencontre des criftaux, des
granits, des améthyftes., des agates & la pierre de
la foudre. On a fabriqué des ducats de l’or trouvé
dans la No rvè g e , 6c le roi de Danemarck exploite
encore une mine d’argent à Konsberg, dont il tire
un grand bénéfice. Dans diverfes parties de ce pays
on a découvert des mines. On peut v o ir , au Mufée
de Copenhague/ plufieurs maffes d’argent qu’ on
en a exrraites : il y en a une du poids de cinq cent
foixante livres. Les mines de plomb, de cuivre ,
de fer y font très-communes. La mine de cuivre
Ro-Raas paffe pour la plus riche de Y Europe. La
Norvège produit du v if argent, du fe l, du charbon
, du v itriol, de l’alun en différentes fortes de
Géographie-Phyjique. Tome IV .
lu t , & dont les manufactures rendent beaucoup
d’argent à la couronne.
Les rivières 6c les lacs de ce pays font remplis
de poiffons, 6c né font pas navigables. La plupart
des rivières ne font que des torrens qui fe précipitent
des montagnes, 6c qui, embarraffés par des
rochers, forment quelquefois des cafcades ou cataractes
étonnantes, dont quelques-unes ont jufqu à
fix cents pieds de hauteur. On remarque entr autres
la cataraCte de la Glamer , qui, à quelque diftance
de fon embouchure, fe précipite de fi haut , qu on
en entend le bruit à douze lieues de là : c eft une
des plus fa me 11 fes du Monde. La fingularite la mus
remarquable de ces lacs eft qu’on y voit des liés
flottantes, formées par la cohéfion des racines des
arbres & des plantes. Quoique détachées de la terre,
elles produifent des herbages 6c des arbres. En
1702 , le terrain de Borge , fitué près de Frédé-
rickftadt, 8c appartenant à une famille noble , fut
fubitement englouti, avec fes tours 6c fes dépendances,
dans un abîme de cent toifes de profondeur.
Son fice fut immédiatement rempli d’eau,
& forma un lac d'environ mille pieds de long, fur
environ moitié de large. Ce funefte accident, qui
fit périr quatorze perfonnes 6c deux cents animaux
domeftiques, fut occafionné par les eaux d’ une rivière
qui aveit miné les fondations. On diftingue
aufli en Norvège trois caps remarquables, celui
de Lindefnes au fud, les pointes de Stad au milieu
6c le Nord-Cap au nord.
On trouve dans cette contrée tous les animaux
qu’on voit dans le Danemarck, & plufieurs efpèces
qui n’y font point connues. Les fauvages font l’élan,
le renne, le lièvre, le lapin, l’ours , le loup , le
lyn x , le renard, le glouton, l’hermine & le mar-
tin. L’élan eft un grand animal couvert d’ un poil
gris-cendré. Sa conformation tient de celle du cheval
& du cerf. Il n’ eft point méchant, & dans l’hiver
il eft prefque familier : fa chair a un goût de ve-
naifon. Le renne eft une efpèce de cerf, dont nous
aurons occafion de parler plus amplement. Les lièvres
font très-petits : on prétend qu’ ils fe nourrif-
fentdefouris pendant l’hiver, & que leur poil brun
blanchit. Les ours de la Nor v è g e font forts & rufés :
on allure qu’ ils ne font jamais de mal aux enfans.
Quant à leurs autres inclinations, elles font conformes
à celles des animaux de leur efpè.ce qui habitent
les différens pays du nord, & on a peine à
croire aux traits de fagacité que les Norvégiens
en racontent.Ils fe fervent, pour la chaffe aux ours ,
d'une forte de chiens d’ une fort petite taille , &:
quelques-uns préfèrent un jambon d’ours au meilleur
de la Weftphalie. Les loups de la N o r v è g e ,
quoique féroces, ont peur d’une vache ou même
d’ une chèvre, à moins qu’ ils ne foient affamés.Les
habitans du pays font très-habiles à leur tendre des
pièges, 6c les tuent quand ils s’y laiffent prendre.
Le lynx eft plus petit qu’un loup 8c plus dangereux ;
il tient un peu du chat : fes griffes reffemblent à
celles des tigres ; il creufé la terre, & s’ introduit