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fchifteufes., quartzeufes j des pierres vertes & des
granits qui viennent des montagnes fupérieures.
Après Sogens, village, on trouve des rochers
calcaires qui ne paroiflent pas tenir au fol, & en
• montant pn retrouve des fchiltes verdâtres. Lorf-
qu'on s’efi élevé au deflus de Nider-Sogens on
monte continuellement fur un terrain calcaire rapporté^,&
dans les hauteurs il y a de grandes maffes
des mêmes pierres qui ont pu fournir aux éfroule-
mens.
Grand ravin»
On parvient à coté cTun ravin d’une profondeur
confidérable 8c d’une grande largeur : on
..peut y voir commodément l ’intérieur de la montagne}
elle.jeftroute cornppljée de débris de pierres
calcaires > d’autres petites montagnes, dans le
bas, formées de la m è re manière, font creuféés
& minées par les mêmes agens. Le Rhin palTeau
pied du ravin. En continuant à monter, & laif-
; fant le village de Lax fur le c ô té , on trouve, fur
la hauteur , des malles ifolées de fchifte vert.
Après avoir marché deux heures .& demie, on fe »
trouve à la .tête du grand ravin : on reconnoîc qu'il
a ere creufé par un petit ruilfe.au 3 on voit en
même tems que cè font les mêmes eaux qui ont
amaffé ces matériaux immenfes &: qui les excavent.
Maisen confidérant l’efpèce de terrain dans lequel
l ’eau s’eft ouvert un pafiage , on conçoit les facilités
qu’elle a trouvées & les progrès qu’elle a du
.faire dans ces terres mal liées , comme font toutes
ces maffes produites par des alluvions.
Tous les environs font en défor dre : on ne voit
que des pierres & des maffes de rochers déplacées’,
Æ tou? les mamelons qui entourent cet endroit
font également de pierres rapportées, & l’on ne
voit nulle partie affez élevée pour ayoir pu: fournir
a tant de débris & de décombres. Un petit
ruiffeau à côté charie aufli des fchiftes verts. Mais
en defcendant on voit une montagne fort élevée :
c ’eft de là que font venus tous les matériaux qui
-oqt couvert cette partie & y ont formé des mon- i
tagne^ cqnfîdérables de décombres. On voit en-
fujte un lsirge 8c grand vallon, qui eft bordé par
une rôcfye calcaire à pic , d’une hauteur prodi-
gieufe, qui va en retour fur là gauche, d’où font
venues, toutes les alluvions qui ont tranfporté les
débris calcaires. Au milieu du vallon eft le village
de Fleins, entouré de bons pâturages & de terres
labourées. Le fond du vallon,eft également de matières
calcaires rapportées, fous iefquelles-font des
fchiftes yerts qu’on voit, dans les ravins". Plus on
approche de la montagne calcaire, plus on eft
étonné de fa prodigieufe hauteur3 elle eft par couches
à fon extrémité.
Après avoir remonté quelque tems on paffe à
portée de W ick. Toute? les roches du canton font
calcaires , du moins dans les hauts, 8c le pays eft
fertile. Après avoir, paffé Trius, qui eft un bon
village entouré d’ arbres fruitiers & d e chaipps, 011
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defcend, & l’on apperçoit les deux Rhins qui fèr-
pententdans la plaine. Le Bas-Rhin tourne au pied
de petites montagnes formées de matériaux rapportes,
qui font à la fuite du grand ravin. Ses bords
iont a pic. Le Haut-Rhin ferpente dans un grand
& beau vallon entouré de très-hautes montagnes.
Il tourne, & fe.joint au Bas-Rhin à Richenau. On
y trouve des roches fchifteufes & au deflus des
roches calcaires.
Environs de Richenau.
Des montagnes formées par des alluvions, couvertes
de pâturages, iont au pied des grandes &
belles roches calcaires. .Ces roches font par couches
inclinées, d’environ quarante-cinq degrés au
dellus de l’horizon. Les deux Rhins , venant de
cotes diamétralement oppofés, fe gênent réciproquement
dans leur cours 3 de telle forte que fi la
fonte des neiges ou la pluie en a groffi les eaux ,
les deux courans forment une groffe vague qui
monte à une hauteur de neuf à dix pieds dans les
fortes crues. La plupart des pierres roulées qu’ on
trouve dans le lit du Haut-Rhin, au deflus de Richenau
, font des pierres fchifteufes mêlées de
quartz & de mica , beaucoup de fchiftes noirs
fans mélange, beaucoup de pierres calcaires dont
les montagnes des environs font compofées; des
pierres de fable rouge, la même forte mêlée de
quartz j des pierres vertes argileufes & fort dures ;
une autre traverfee de filons de quartz ou de
fpath jaune 3 quelques pierres ollaires vertes’,
d autres de diverfes couleurs ; des, fchiftes verts ,
.mêlés de taches rouges5 d<s.fchiftes rouges, des
pierres micacées noires, d’autres verdâtres, où il
y a de petits rognons de quartz 5 un granit d’ un
beau vert 5 quelques autres granits ordinaires.,
mais en très - petite quantité. Toutes ces pierres
font roulées. • :
..-p^ JY ^R GN É E j village du département de
1 Ourthe, canton de L iège, & à trois quarts de
lieue fud-eft de cette ville. Il y a deux hauts fourneaux
8c une fabrique de poterie de fer.
_GRIZELLES, village du département de la
C ote-D or, canton de Laignes, fur un tertre près
de la Laigne. Il y a des tourbières.
G R IZ Y , village du département de Seine &
O ife, arrondiffement de Pdntoife, & à deux lieues
nord de cette ville. On trouve dans le territoire
de ce village des carrières à plâtre & des veines
de mines de fer imparfaites, qui donnent de l’ or
& de l ’argent en très petite quantité.
GROENLAND. A la pointe de l’ Iflande commence
la partie autrefois habitée de l’ancien Gro'èn-
land. Un détroit Fort profond s’ouvre, & traverfe
m Groenland près. du havre .de Jacob, jufqu’aji
détroit
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détroit de D avis, de manière qu’il ifole cette contrée.
Maintenant,il eft entièrement obftrué par les
glaces, & c’eft dé là que fortent annuellement les
plus grandes montagnes de glaces qui viennent
flotter dans les mers voifines. Un peu au nord de
l’entrée orientale font deux montagnes fort élevées
, appelées Blaaferk 8c Huitferk, enveloppées
d’une ceinture immenfe de glaces. Tout ce pays,
à l ’extrémité méridionale, eft compofé de fem-
blables montagnes, dont quelques-unes offrent à
nu les pierres 'dont elles font formées 5 mais la
plupart font des glaciers qui s’élèvent en pics jusqu’aux
nues, ou en larges fommets hérifles de
glaçons.
Cette horrible contrée a été habitée, pendant
plufieurs fiècles, par une colonie de Norvégiens
qui y établirent des évêchés, & même des cou-
vens. O a raconte même qu’ un de ces couvens
avoit été conftruit près d-’ un volcan qui avoit
fourni de la lave & de la pozzolane pour cette
conftruétion. On ajoute qu’il y avoit une fource
d’eau bouillante près de la maifon, où l’on en
avoit conduit les eaux pour les ufages domefti-
ques. Il paroît que ces aventuriers furent chafles
par la glace, qui forme, fur la côte orientale,
une barrière infurmontable à tous ceux .qui voudraient
faire des tentatives pour s’y établir. Ce
n.e^ qu’un front effrayant de glaçons depuis la latitude
quatre-vingt-une jufqu’au capFarevell, fon
extrémité méridionale. Les deux côtes font profondément
creufées par des baies, & bordées de
promontoires de glace. Plufieurs de ces baies
pénétrables divifoient autrefois cette contrée en
plufieurs îles 5 mais comme elles font entièrement
obftruées par des maffes de glaces, la terre & l’eau
font un tout également folide. On fait que For-
bisher pénétra l’efpace de fix lieues dans un de ces
détroits, qui porte fon nom 3 mais il ne put aller
plus loin pour s’ouvrir un paffage au Cathay.
Le Groenland fut repeuplé en 1721 par de nouveaux
établiffemens norvégiens, par le zèle de
M. Ëgède. Au cap Farevell commence une vafte
ouverture entre le Groenland 8c la terre de Labrador,
ouverture qui conduit à la baie d’Hudfon.
Entre la côte occidentale du Groenland 8c queU
ques îles étendues eft le détroit de Davis, qui
conduit à la baie de Baffin. Voilà ce que nous con-,
noiffons de ce pays.Si nous entrons dans le Gro'èn-
land, fi nous en tentons la defcription d’après les
renfeignemens que nous a fournis cette fécondé
expédition, nous le repréfenterons comme un
amas confus de neiges, de glaces & de montagnes.
Quelques-unes de ces montagnes ont jufqu’à
mille toifes de hauteur, s’élevant en précipices
efcarpés ou en pointes pyramidales fort aigues,
fur des vallées qui ne font couvertes que d’un tapis
de moufles & de quelques plantes aquatiques &
inarécageufes. Dans quelques parties font d’autres
montagnes à fommets plats, couverts de neige &
de glace,. M. Egède a remarqué, à la latitude de
Géographie-Phyjique. Tome IV»
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foixante 8c foixante-un degrés, de petits genévriers,
des faules & des bouleaux. Ces deux dernières
efpèces d’arbres étoient hautes de fix à neuf
pieds, 8c grofles comme la jambe d ’un homme.
Davis a vu aufli quelques bouleaux 8c des faules à
la latitude de foixante-cinq degrés ; mais le pays ,
au lieu de s’améliorer, devient de jour en jour
moins habitable. Les glaciers empiètent conftam-
ment fur les vallées, & détruifent toute efpérance
de changement avantageux dans cette contrée.
eton?.ans glaciers fitués fur la côte occidentale
du Groenland font bien décrits par M. Crantz.
C ’eft un amas immenfe de glaces, fitué à l’embou-
chure d’ unê petite baie 3 il s’élève à une hauteur
11 confidérable, que l’éclat des glaces frappe les
navigateurs à plufieurs lieues de diftance en mer.
A la bafe de ce glacier, les blocs de glace ont la
forme d arcades magnifiques, qui fe continuent
dans I etendue de huit lieues, fur une largeur de
deux. Entre ce.s arcades étonnantes font d’énormes
quartiers de glace précipités des hauteurs voifines,
& que la marée, dans le reflux, entraîne à
la mer : c’eft ainfi que ces glaciers fourniffent continuellement
à la mer des glaçons qui remplacent
ceux qui fe brifent ou fe fondent dans des parages
un peu moins froids que ceux-ci. Les détroits au-
jourd hui fermés font probablement ouverts dans
le fond par de femblablës arcades, qui fourniffent
également des quantités de glaçons énormes qui
débouchent dans. la mer. Ceci eft un effet de la
marche continuelle des glaçons depuis la région
des neiges fupérieures aux glaces jufqu’à la mer,
& des déplacemens qui ont lieu en cohféquence
des pentes du terrain & du petit dégel que la glace
éprouve à la furface de la terre : c’eft: le même mé-
canifme qu.e nous avons décrit à l’article Glacier,
& que nous avons fi bien vus dans les alpes de la
Suiffe & de la Savoie. F
J’ai parlé des îles de glace à l’article du Sp it z -
berg : celles du Groenland leur reffemblent parfaitement
en tout : peut-être les couleurs en font-
elles plus vives 8c plus éclatantes. La couleur verte
eft produite, félon M. Égède, par la congélation
de 1 eau douces la fécondé, couleur bleue, par
celle de l’eau filée. Ici on trouve de grandes étendues
d’eau de mer gelée 5 car il y a des communi-
canons de glace d’une île à l’autre, & d’un bord
à l’autre d’ une baie.
La marée, s ’élève fur la côte méridionale, à la
latitude de foixante-cinq degrés de dix-huit pieds;
de douze fur la côte occidentale. A Difco , latitude
foixante-cinq, de fix pieds, & plus lo in , vers
le nord, elle ne s’élève plus que d’ un pied. Dans les
grandes marées, furtout en hiver, on a obforvé
que des fources d’ eau douce fe formoient, ÔcjaiL
liffoient dans des endroits du rivage, où l'on n’ en
avoit pas vu auparavant.
Durant le long jour du court été de ce climat
la chaleur y eft confidérable. Le long hiver y eft
un peu égayé par l’aurore boréale, qui fe montre
S s