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& dénuéesdeboîs, excepté aux embouchures des
rivières. Le dos des collines eft nu, Srce n'eft qu’à
une grande diftance dans les terres que les arbres
commencent à croître.
■ Tontes les rivières , à leurs embouchures, font
remplies de bancs de fable , excepté celle de
Churchill, où peuvent entrer les plus grands vaif-
feaux. Mais dix milles plus haut, le canal eft obf-
trué de bancs de fable comme les autres. Outre
cela toutes ces rivières, aufli loin qu’on a pu les
remonter, ont offert des chutes ou lapides, & des
cataraâes de dix à foixante pieds de hauteur perpendiculaire.
Audi loin que vont dans l’ intérieur
du^ pays les établiffemens de la compagnie de la
baie A'Hudfon, c ‘eft-à-dire,à fixcents milles vers
l’oueft, c’eft un pays plat, & l'on ne fait pas iuf-
qu’ à quelle diftance vers l’eft s'étend la grande
chaîne de montagnes vue par les navigateurs qui
ont fréquenté la mer du fud à ces mêmes latitudes
nord.
Le climat même, aux environs de la rivière
H ay e , à la latitude cinquante-fept, e f t , durant
Thiver, exceffivement froid. La neige commence
à tomber en cétobre, & continue à diverfes re-
prifes pendant tout l’hivers & lorfque le froid eft
très-rigoureux, elle tombe fous la forme du fable
le plus fin. La glace fur les rivières a huit pieds
d’épaiffeur. Le vin de Porto fe gèle en une maffe
folide. L’eau-de-vie même fe coagule. L’haleine
de l’homme tombe fur les couvertures des lits en
gelée blanche. Le jour le plus court eft de cinq
heures cinquante minutes, & le plus long eft de
dix-huic heures en été.
La glace commence à difparoî re en mai, &r la
chaleur à fe faire féntir vers la mi-juin j & quelquefois
elle eft fi violente, que le foleil brûle la
face des chaffeir s. Le tonnerre n’y eft pas fré-
que'rrt, mais il eft accompagné de violens orages.
Aii.fi l’on voit qu 'a thaleur & le froid doivent
varier par de grandes différences dans cette vafte
étendue de pays comprile depuis la larfude de
cinquante d , r s quarante minutes, jufqu’à la latitude
de foixant -trois.
Pendant l’hiver le ciel offre d’affezbeaux fpec-
tacles. Les faux foleils ou parélies font affez ]
fréquen» : Outre cela ils font fort brillans, & richement
te nts de toutes les couleurs de l ’urc-cn-
ciel. Le foleil fe lève & fe couche avec un large
cône de lumière jaunâtre. L i nuit eft éclairée par
Faurore boréale, qui répand mille couleurs différentes
fur la voûte du ciel , & leur vivacité eft
te lle , que l’éclat de la pleine lune ne J’ efface pas.
La baie d H-.dfon eft fort mal pourvue en poif-
fons. La baleine commune y eft fort abondante. La
compagnie anglaif* attachée à cette baie a tenté
d’établir une pêcherie de ce poiffon, & dans cette
v u e , s’étant procuré des hommes exerces fut les
vaiffeaux du Spitzberg, elle a fuit des tentatives !
confidérables entre la latitude de foixante-un de- i
grés & de foixante-neuf ; mais le peu de fuçcès '
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qu elle a e u , l a obligée d'y renoncer en 1771 La
glace empêchoit, dans la faifon de la pêche, de gagner
la nation convenable : outre cela les vents
violens & je prompt retour du froid privoient les
pécheurs des moyens de fe procurer des charge-
mens complets.
La pêche de la béluga ou baleine blanche a eu
plus de lucces ; elle fe tient.dans les embouchures
des rivières au mois de juin auflitôt qu'elles font
libres de glaces, & on peut en prendre un grand
nombre dans ces parties de la baie. On en diftingue
deux variétés : l'une a une teinte de bleu ; l'autre
elt d un blanc fans mélangé d'autre couleur.
Be/eue rayée. La Nature les a pourvues d'une
deJ-enfe fupéneure à la force des dents & des
guncs j ce qui leur a fait donner la dénomination
de beces puantes. C'eft une vapeur empeftée qu'ils
rendent par l'anus lorfqu'ils fe croient en péril.
Les animaux ne redoutent pas moins que l’homme
cette émanation li terrible. Les chiens bien dref-
fes qui ofent l'attaquer, font obligés de s'enfoncer
le nez en terre avant de retourner à la charge,
pour achever de fe faifir de cette proie. C et ani-
mal grimpe fur les arbres avec une grande agilité
j il fe nourrit de fruits & d’infe&es. C'eft un
grand ennemi des oiféaux, dont il dévore les oeufs
& le s petits. S’il peut fe gliffer dans un poulailler,
il détruit toute la volaille. Il faitfes petits dans des
trous fous terre ou dans des creux d'arbres, 8c il
y laiffe fa jeune famille tandis qu’il va chercher
fa proie & leur nourriture.
Le boeuf mufqué. Le domicile de ces animaux
u F a crès-circonfcrit} ils paroiffent
bfjrd dans l'étendue qui eft entre la rivière Churchill
& celle des veaux marins, fur le côté occidental
de la baie d'Hudfon, Ils deviennent fort
nombreux entre les latitudes de foixante-fix 8c
fojxante-tieizs nord, & c’eft s'étendre aufli loin
que les tribu? indiennes , qui ne vonr pas au-delà.
Ils vivent par troupeaux de vingt à trente. On en
a vu dans les hautes latitudes, plufieurs troupeaux
dans refpace d’un feul jour. Us fe plaiftnt furtout
dans les montagnes, au mi ieu des rochers ftériles,
& fréquentent rarement les cantons couverts de
bois. Sa chair eft très-falutaire pourrérablir promptement
la famé d^s équipages. Les Indiens les chaf-
fen t, & les tuent pour en manger la chair & en
avoir la peau, qui fait d’excellentes couvertures.
On en trouve encore dans le pays des Criüinaux
& dts Aflinibouels, & .chez une nation qu'on
place vers la fource de la rivière des Veaux-Ma-
ri ns, probablement à peu de diftance de la mer du
Sud. L'efpèce fe trouve encore en defeendant vers
le fud, jusqu'aux provinces de Quivera & de C i-
bola.
On a découvert quelques crânes d’une efpèce
du boeuf mufqflé dans les plaines de Moufle, qui
aypifinent l’embouchure de l'Oby en Sibérie, on-
ne dit pas à quelle diftance de la mer. Si c’eft fort
avant dans les terres, onpourroicen conclurequ’ijs,
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ont é té , dans des tems anciens, communs au nord
de l’Afie 8c de l'Amérique. Si c ’eft près du rivage,
il eft très-probable que les fquelètes en ont été
portés d’Amérique en flottant avec les glaces jusqu'aux
lieux où l'on en a rencontré les dépouilles.
On en a trouvé de fen.blables fur les côtes du
Groenland. LèsElquimauxdunord-oueft de la baie
d‘Hudfon fe font de la queue du boeuf mufqué un
bonnet d'une hideufe apparence, mais qui fert à
les préferver des mofquites.
L’ours noir de l’Amérique feptentrionale fe
trouve aufli à la baie d‘Hudfon. Cette efpèce eft ordinairement
plus petite que celle de l'ancien continent.
Elle fe nourrit de graines fauvages , de
fruits & de légumes de toute efpèce. Ces animaux
recherchent les patates, qu’ils tirent de la terre avec,
facilité. Us font de grands dégâts dans les terres
enfemencées de maïs. Ils aiment beaucoup les ha-1
rengs qu’ ils prennent dans la faifon , lorfaute ce
poiffon remonte en vaftes bancs jufque dans les
petites baies.
Us ne font aucun mal à l'homme tant qu'on ne j
les irrite pas.
Les ours du Kamtzchatka reffemblent à ceux de
l’Amérique : ils ne font, comme ceux -c i, ni très-
grands ni cruels ; ils descendent auilï des collines
dans les baffes terres durant l'été , & fe nourriffent
également de graines &sde poiffon.
Les ours américains ne logent pas dans les creux
ou fentes des rochers comme ceux d'Europe à la
baie d'Hudfon. Les ours forment leurs tanhèris fous
la neige, & laiffent quelques glaçons pendant pour
en mafq,ier l'ouverture , pour mieux cacher leur
retraite. Ceux des parties méridionales habitent le
creux des vieux arbres. Le thafleur les découvre en
frappant d’une coignee fur l'arbre qu’ il foupçonne
leur fervir de retraite, 8c va fe cacher auiiïcôt.
L'ours s'éveille, avance la tête hors du trou pour
reconnoître la caufe de l’alarme, 8c ne voyant rien
il fe recouche en paix ; alors le chaffeur le force à
quitter fon afile en lui jetant des rofeaux alumés,
& ii le tire tandis qu'ii defeend du tronc de l’arbre ;
ce qu'il fait avec une grande agilité, 8c il ne monte
pas moins leftement fur les arbres les plus élevés
pour y chercher leurs graines & leurs fruits.
La longueur du tems que ces animaux peuvent
fubfifter fans manger eft furprenanre ; mais vosci
dans quelles circonftances ils fupportent une diète
aufli longue. Lorsqu’ils ont pris un embonpoint
exceflif par l’abondance des fruits que leur procure
l'automne, ils fe retirent dans leurs tanières,
& alors cet animal, qui tranfpire peu dans le repos, λeut foutenir une diète fi extraordinaire; mais
orlqu’ils ne cirent plus aucune fubfiftance de leur
fond & qu'ils commencent à reflentir la faim aux
approches de l'hiver, ils quittent leur tanière^our
chercher pâture : c'eft alors qu'ils defeendent par
troupeaux dans les parties baffes de la Louifiane,
où ils arrivent très-maigres, & bientôt ils s’en-
graiffent avec les végétaux de ce climat plus doux.
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Jamais ils ne s'écartent beaucoup des bords dtt
Miffiflipi, & dans leur marche ils forment un rentier
battu comme la trace dés hommes.
L e raccoon, petite elpèce dans le genre des
ours, habite les parties tempérées de l ’Amérique
feptentrionale, depuis la Nouvelle-Angleterre
jufqu à la Floride, li fe trouve aufli au Mexique,
il vit de même que les autres efpèces dont nous
avons parlé. Ceux qui habitent près d-s rivages
de la mer vivent principalement de coquillages',
8c particuliérement d’huîtres; ils mangent aufli
des crabes. On le recherche pour la fouiure. Son
poil fait les meilleurs chapeaux, après ceux faits
de poil de caftor.
On trouve dans les rivières de cette contrée cîes
efturgeons de petite efpèce : on en trouve abondamment
dans les lacs fort éloignés de la mer, &
depuis le poids de fix livres jufqu’à quarante livres.
U y a grande apparence que ce font les mêmes
que ceux des grands lacs du Canada, & peut-être
que ceux du Danube 8c du Wolga.
La lote eft aufli fort commune dans lestivières,
& fe prend a l’hameçon le loir. Ce poiflon groflic
jufqu’ à acquérir le poids de huit livres. 11 eft fi
vorace , qu’il fe nourrit du brochet. Il jette fon
f a i vers le mois de fé v r ie r , & il a beaucoup
d’oeufs. ^
Un allié à ce poiffon eft la morue de terre des
Anglais, poiffon qui abonde dans les lacs du nord.
Il croît jufqu à la longueur de trois pieds & au
poids de douze livres.
La perça Jiuviatiiis ou perche commune fe
trouve dans les rivières, mais en petite quantité.
Le pinoche ,au contraire, y eft fort abondant. Le
faumon commun fe prend en abondance depuis
juin jufqu’au mois d’ août dans des filets places le
long des rivages de la mer : on en prend fort peu
au midi de la rivière de Churchill.
La truite des lacs, qui a la tête, le d o s , la nageoire
dorfale & la queue d’ un bleu-foncé , fe
prend a 1 hameçon dans les lacs qui font reculés au
milieu des terres.
Le faumon guiniade eft très-abondant. H y a une
petite efpece qui^eft fort nombreufe en automne,
au tems précis ou les rivières font toutes glacées»
On obfervequele faumon ar&ique ou capelin précède
le faumon ordinaire, & quelquefois les vents
violens en jettent fur le rivage des quantités pro~
digieufes.
Uomifco mayeus eft une efpèce de truite qui fe
prend en mai dans la rivière Albany, & qui n'excède
pas quatre pouces & demi de longueur.
Le bro.h t remplit tous les lacs, mais il n'y atteint
pas la groffeur du brochet d’Europe. De bon9
obfervateurs n’en ont pas vu au deffus du poids de
douze livres. Les carpes font fort nombreufes dans
les rivières & les lacs inéditerranés.
Cette mer a très-peu de coquillages. La moule
eft la feule efpèce abondante; mais pour les pétoncles
, on n'en voit que les coquilles. Par le nombre