
M OSEL LE , rivière de France. La Mofelle
prend fa fource dans les Vofgesi elle a deux
branches : la première a Ton origine un peu au-
deffus de Buffang, & fuit une vallée profonde &
étroite qui débouche à Remiremont ; c'eft là que la
fécondé branche de la Mo[elle fe réunit à la première
; elle prendfon origine au lac de Lifpac, 3c
luit de même une .vallée étroite & profonde, fem-
blableà la tige principale de la Mofette.Nous ayons
obfervé dans ces deux vallées ce que nous avons
remarqué ailleurs en pareille circonllance ; c’eft
que tous les vallons latéraux, quoique nombreux
& multipliés, la plupart très-peu alongés & ayant
des pentes allez rapides, font généralement abreuvés
par un ruiffeau d'eau courante , ce qui prouve
que les fources fe trouvent à tous les niveaux
pôflibles. Le pays eft aulft granitique , & la même
diftribution des eaux a lieu en Litnofin, dans
l'Auvergne, en Velay & dans les Cevennes, &rc.
C ’eft en 1760 que nous avons fait la première
lois cette obfervation dans les Vofges 5 & , depuis
ce temps-là, des courtes multipliées au centre
de la France nous ônt fourni les occafions fréquentes
de la généralifer & d’en faire un piin-
cipe*
A quelques lieues au-deffous de Remiremont,
la MoJelU reçoit la Vologne, qui, comme la Mo-
fette, a deux branches : la plus longue prend fon
origine dans les lacs de Retqurnemer,.Longemer
& Gerardmer , & dans un ruilfeau qui reçoit le
trop plein de ces lacs; la plus:courte prend fon
origine du côté de Gerbepal. Elles coulent d'abord
du fud au nord-oueft , & 3 après ltur réunion,
du nord-eft au fud-oueft, elles viennent chercher
la Mofette. Cette rivière coule à l’ oueft, enfuite
au nord-oueft; & après avoir reçu le Durbion &
l'Euron à fa droite , & à fa gauche le Madon du
fécond ordre, & qui prend fa fource près celle
de la Saône , elle fèxrend à T o u l, en tournant à
l’oueft. Toul eft le point de fon plus long détour
vers l'oueft. C'eft là qu'elle changeTon cours &
femble aller chercher la vallée de la Meurthe, qui
eft bien plus vafte & plus étendue que la fienne.
Effectivement, la Meurthe reçoit les eaux d'une
grânde fuperficie de terrain, dont une partie eft
comprife dans le maffif granitique des Vofges :
elle a fa fource près de Lubine, à l’extrémité de
ia Lorraine; elle reçoit, un peu au-deffus de Saint-
D ie y , les rivières du Valtin , dont la fource eft
voilîne de celle de la Vologne & de la fécondé
branche delà Mofette; à Raon-l’Ètape, la plaine
qui coule du nord-eft au fud oueft. Les deux rivières
réunies fuivent la diagonale jufqu'à Lunéville
, où la Meurthe fe-réunit à la V ezouze, qui
raffemble les eaux de plufieut s ruiffeaux confiéra-
bles. Enfin, à une lieue au-deffous de Lunéville ,
la Meurthe fe trouve groffie par la Mortagne, qui
prend fon origine entre Bruyère & Saint Diey.
M o s e l l p ( D é p a r t e m e n t d e l a ) . C e d é p a r t e -
ment a pris fon nom de fa principale rivière qui
l’arrofe du fud au nord.
Il comprend une partie de l’ancien duché de
Lorraine & le pays Mefiîn , l'un des trois évêchés
qui faifoient partie de ce duché.
Il eft borné au nord par le département des Fo^-
rets & celui de la^Sarre, à l’tft par le département
,du Bas Rhin, au fud par celui de la Meurthe, & à
l’oueft par celui de la Meufe.
Les terres de ce département font très-fertiles.
Les principales rivières font :
La Mofette, qui, ayant pris fort origine dans les
Vofges,-defcend au nord, & traversant depuis Pont-
à-Moufton jufqu'à Sierck , arrofe Metz & Thion-
ville , &t reçoit à fa droite la Meurthe & va fe
rendre dans le Rhin à Coblentz. La Mofette reçoit
la Seille à fa droite, qui traverfe les mines de
fel.
Si l’on fe porte versl’eft, on trouve dans ce dé;
partëment la Sarre, quipaflé à Sarew'erden, Sa-
raibé, Sarguernine, Sarrebruck, Sirailhe & à
Mertfig ; c'eft au-deffus de cette viile qu'elle reçoit
la Nied françaife & la Nied allemande , q u i,
après leur réunion, circulent beaucoup au milieu
du département. Vers l'oueft on voit l'origine dè
l'Orne &' les embrarichemensdu Chiers, dont l'un
paffe à Longvry & l'autre à Longuion.
Les deux Nieds méritent grande attention :
l'une a fon origine à l’oueft de Potelafigç , paffe à
Fouquemonr , & fe nomme la Nied allemande;
l'autre a fa fource' à l'oueft de Morhange, & fe
diftingue par le nom de Nied françaife : elles fe
réunilfent au fud-oueft de Boulay, & , fous la dénomination
de Nied, àrrofent Bouzonville, puis fe
jettent dans la Sarre au nord-oueft de Sar-Louis.
Les principales villes du département font
M e tz , Thionville, Longwy, Sar-Louis.
MOUSSONS, fortes de vents périodiques qui
fe montrent dans certains lieux & dans certaines
faifons; on appelle auffi mouJfon3 lafaifon où foufflent
ces vents.
i° . Les moujfons ont lieu particulièrement dans
la mer des Indes, & ne vont point au delà de l'Archipel.,
des Moluques & des Philippines. Cette
mer des Indes, n'eft, à proprement parler, qu'un
grand golfe formé par les côtes d’Afrique, d'Arab
ie , de Perfe, des Indes, des îles de la Sonde &
de la Nouvelle-Hollande, entièrement fermée au
nord par les - terrés., ( Voye\ M e r d e s I n d e s . )
2°. Les moujfons ne font pas les mêmes au nord &
au fud de l’équateur, caries vents font ou nord-
eft ou fud-oueft dans la partie feptentrionale, &
fud-eft ou nord-oueft dans la partie méridionale.
Ainfi, tandis que le vent eft nord-eft au feptentrion
de la ligne, il eft nord-oueft au fud de la même
ligne; au contraire, lorfqu’il eft fud-oueft au nord
de l ’équâteur, il eft fud-eft au fud de la ligne.
.xPç L'étendue des moujfons diffère auffi : au nord de 1
la ligne elles régnent lucceffivemept de l'équateur j
jufqu’au fond du golfe de la mer- des Indes par
vingt degrés de latitude, tandis qii’au fud de l'équateur,
la moujfon du nord-oueft ne s'étend pas
plus loin que huit à neuf degrés de latitude, ex- •
cepté vers la Nouvelle-Hollande, 011 elle fe prolonge
jufqu'à douze ou treize degrés. Dans le
Neptune oriental de M. Daprés, qui nous fournira
tous les faits que nous cjterons par la fuite , on a
tracé fur la carte une ligne ponéiuée pour cts limites.
40. Les vents de nord-eft de la p-artie fep-
tcntrionale, & ceuxde nord-oueft qui leur correfi
pondent dans la partie méridionale , durent fix
mois, c’elbà-dire, depuis le iy oétobre environ
jufqu’ au iy avril : alors les vents de fud-oueft
au nord de la ligne & ceux de fud-eft au midi
leur fuccèdent pendant fix autres mois, c ’eft-à-
dire , depuis le 15 avril environ jufqu’au iy
oétobre. Ainfi , le vent- de nord - eft ou vent
alifé ordinaire le fait feniir dans la partie feptentrionale
, lorfque le foleil eft dans rhémifphère
auftral, & il y devient fud ou-ft, c'eft à-dire,
qu'il fe porte vers les terres, lorfque le foleil a
paffé au nord de la ligne. Ainfi, dans la partie méridionale,
le vent alilé de fud-eft a fonceurs ordinaire
lorfque le foleil eft dans rhémifphère boréal,
&- le vent dé nord-oueft change cet ordre
lorfque le foleil eft au fud de l'équateur.
Nous allons faire voir maintenant que toutes les
combinai&ns. de ces vents dépendent des dilatations
& des condensations locales de l’atmofphère
par l’aêfion du foleil, ainfi que nous l’avons expliqué
bien en détail à l'article desve/zrs variables.
Nous allons commencer cette application de nos
principes aux faits par la moujfon du fud-oueft au
nord de la ligne, & celle du fud-eft dans rhémifphère
auftral.
De la moujfon du fud-ouefi au nord de la ligne,- & de
celle du fud■ ejl qui lui' correfpond au fud de 1‘équateur.
Nous avons expliqué aux articles vents variables
des vents alifés, comment la chaleur du
foleil produifôit fur la terre la différence dès com-
binaifons des vents qui régnent dans certains temps
& dans certains lieux. Nous avons prouvé qu'à
plufîeurs égards l’aêlion du foleil pouvoir être con-
fidérée comme la caufe unique des vents, parce
que toutes les autres circonftances qui y concourent,
en dépendent toujours d’ une manière très-
fenfible & très-marquée.
C ’eft particulièrement dans une région fituée
fous la zone torride, où les terres reflechiffent
fortement Jes rayons folaires, que l’on'obferve
mieux ces effets; c’ eft là qu’on retrouve.en grand
ces phénomènes qu’on remarque en détail, mais
toujours affaiblis dans plusieurs autres parties de
la terre. Ainfi, quelque temps après que le foleil
a paffe'au nord de.la ligne, on doit juger que les
tetres dé l’ indoftan, de l'Arabie, de Siam, doivent
recevoir & réfléchir une chalçur forte &puiflante:
alors c’eft au-deffus de ces parties du continent ,
plutôt qu’ à l'équateur, au^deflus des mers, que
doit avoir lieu la plus forte dilatation de l’air. Les
colonnes d’air fïtuées au fud de ces terres doivent
donc fe porter vers elles avec uns force d’au tan G
plus grande, que la chaleur réfléchie eft plus forte,
& auffi parce qu’il n’ y a point de terre au fud qui
puiffa affoiblir ou eootrè-balancer cet effet. Ainfi,
depuis le iy avril jufqu’au iy od o bre , les cho-
fes doivent fe paffer comme nous l'avons dit &
comme on l'obferve. Le vent doit fe porter alors
vers les,terres, & c’eft une fuite néceffaire de la
forme du golfe de la mer des Indes, ouvert au fud
& fermé par des côtes au nord. Les détails de ce
qui fe paffe aux .changemens de la moujfon du fud-
oueft & pendant fa durée font encore très-propres
à fervir d’appui à notre explication. En effet, lai
moujfon commence plus tôt proche des terres,
quelquefois s’y établit un mois plus tôt que de fe
faire fentir en pleine mer; les diverfes côtes ne
l’ont point non plus en même temps; elle eft plus
tardive fur les côtes de la prefqu’ île de l’ Indoftan,
qu’au-deffus des vaftes teries du continent d’Afie :
il y a de même un mois de différence entre les .parties
qui la reçoivent le plus tôr,. & celles où elle fe
montre le plus tard. Enfin , cette moujfon3 d’abord
fo-ible & variable, fe fort fie à mefure que le foleil
s’avance dans rhémifphère boréal, & elle eft
dans fa plus grande force en juin , juillet & août;
puis elle décroît jufqu’ à fon changementr qui fe
manifefte par des effets variés jufqu’aux Calmes.
/Tous Ces faits fie prouvent-ils pas que la caufe
des moujfons dif fud-oueft ne vient pas du large ,
mais qu'elle eft la fuite de là chaleur des terres,
ainfi que du gifement & de la nature de ces parties
du continent, plus ou moins difpbfées pour
recevoir &: réfléchit les rayons du foleil ? f
Dans- cette même failbn , depuis avril jufqu’en
oélobre, rien ne. gêne dans l’hérr.ifphère auftràl le
cours orJinahe du vent alifé, & conlequemment
on doit y trouver les vents du fud-eft pendant tout
le temps que les- vents de fud-oueft régnent dans
rhémifphère boréal. ( F o y c ç Üarticle^ ] e n t a l i s e .)
Nous devons-remarquer ici un défaut- d’exaéli-
tude & de précifion dans la direction des moujfons;
car il femble d’abord que, d’après nos principes ,
Jes moujfons devroier.t être du.fud , au lieu qu’elles
régnent du fud-oueft, d’ou peut venir cette tendance
qu’a le venta fe ranger de îa partie de l’oueft.
Nous retrouvons ici un effet que nous avons remarqué
fur les côtes de la Caroline & de l'Amérique
feptentrionale. Il efbaifé de voir d’ abord,
que la difpofition des côtes d’Ajan & de l’Arabie,,
en brifant le vent du fud , l’oblige à prendre la
dir-e&ion du gifement de h côte vers l’oueft : de