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bution des eaux, & pour les fources & l’origine des
fleuves. Les environs du mont Saint-Gothard font
un de ces points en Europe : !à fe trouvent les
fources du Rhin, de l’inn , du Teflïn, du Rhône.
11 feroit fort aile de multiplier les exemples de pareils
points de partage 6c de l’origine des fleuves,
qui femblent diftribués dans tout le contour de ces
plateaux, & d’en conclure que toutes ces eaux
courantes qui coulent depuis ces points élevés jusqu’aux
différentes mers qui correfpondent aux
pentes différentes que ces fleuves ont fuivies, n’ont
point de direction confiante dans leur cours. On
s’ett donc trompé grofliérement lorfqu’on nous a
établi comme une règle générale delà Nature, que
les fleuves couloient d’orient en occident ; car il
feroit facile de trouver des fleuves qui coulent du
fud au nord, tels que l’Oby, le Jenifca, la Lena,
le Nil, le Rhin , ou du nord au midi, comme le
Rhône, les grands fieuves du Pégu, de Siam, de
rindus, du Gange,. &c. Enfin on pourroit en citer
un grand nombre , dont le cours varie beaucoup
dans toutes leurs parties. L’elTentiel, dans ces
fortes de matières, eft d’établir des règles que la
Nature puiffe avouer, parce qu’elles font fondées
fur l’examen 8c la connoilTance de toutes les cir-
conftances qui concourent à certains effets. Or, il
eft vifible que la direction des fleuves dépend conf-
tammeotdela diftributiondesmafiîjL$àla furfacedu
Globe, & des pentes de ces maffifs vers les mers.
Les fleuves font fujets à de grandes variations par
rapport au volume des eaux qu’ils charient fuivant
Jes différentes faifons de l’année, & quelquefois
dans un même jour. Ces changemens font occafion-
nés par les pluies & parla fonte des neiges.
Certains fleuves- font fujets à des débordemens
périodiques qui inondent toutes les terres voifines
de leurs bords en y portant la fertilité & l’abondance.
Parmi ces fleuves, le plus célèbre eft le Nil;
il inonde une grande partie de l’Egypte, qui fait
proprement le fond de fa vallée & les plans inclinés
vers ce fond. 11 en eft de même de rindus, du
Gange, du fleuve de Siam, qui ont des débordemens
affujettis aux mêmes lois que ieNil. ( Voye^, pour les circonftances & les effets de*ces débordemens,
les articles de tous ces fleuves. ) Ces débordemens
périodiques font dus, comme on fair, aux
pluies de la Torride, qui régnent aux environs de la
ligne & dans certains teins de l’année.
Les plus grands fleuves del’Europe font le Volga,
Je Danube , le Don, le Niéper, la Dvina, le
Rinn.ijeRhône, la Loire , la Garonne, la Seine, 1a ^lé.ùfe,TEfcaut, l’Ëbre, le Tage, la Guadal-
quivir , lé Pô & le Tibre. Les plus grands fleuves deT'Afie font l’Oang,le fleuve Amour, le Jenifca,
l’Oby, le Kiang, le Gange, l’indus, l’Euphrate &
Je Tigre. Les plus grands fleuves de l’Afrique font
Je Nil, le Niger, le Zaïre, le Coanza, la Gambie,
le Zambèze. Les plus grands fleuves Ae l’Amérique,
qui font les plus grands fleuves <£e la'T’erre,
font la rivière des Amazones, le Miffifi'ipi, qui
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rèçoit le Miflburi, l’Orénoque, celui de la Plata &
le f l cuve Saint-Laurent. Les fleuves les plus rapides
de tous font le Tigre, l’indus, le Danube, l’Irtis
en Sibérie , le Malmiftra en Cilicie, & le Rhônç
en France..
Un affez grand nombre de fleuves Ce perdent dans
le fein de la Terre : quelques-uns, comme le
Rhône , difparoiffent dans des goufres ou des cavernes
qu’ils fe font creufées, mais fe remontrent
en fuite 8c continuent leur cours ; d’autres fe
perdent, vers leurs embouchures, dans les fables
que leurs eaux ont voitures dans la mer, & que
les flots ont repouflfés 8c accumulés de manière à
combler leur lit.
Un des fpeâacles les plus impofans, après celui
du volume d’eau que les fleuves charient, c’eft celui
des grandes vallées, au milieu defqüelles ils ont
creufé leur lit. Quiconque a fuivi les vallées du
Rhône, du Pô 8c de l'Ailier, furtout dans la Li-
magne , ne peut ceffer d’admirer ces coupures
énormes qui préîehtent toutes les formes d’un
terrain creufé 8c approfondi par les eaux courantes
, 8c enfuite envahi par la mer, qui en forme
autant de golfes larges 8c profonds. Quelques
fleuves fe déchargent dans la mer par une feule embouchure
, mais le très-grand nombre par plufieurs
à la fois. Ainfi le Danube fe jette dans la Mer-
Noire par fept embouchures , 8c le Vplga par
foixante-dix au moins. Le Nil, autrefois , n’en
avoir qu’une feule} enfuite les fables qu’il a cha-
riés lui avoient formé jufqu’à fept embouchures ,
feptem ofiia N iii ; mais l’accumulation en a depuis
obllrué une grande partie, 8c il n’en relie aujourd’hui
que deux qui foient navigables.
La pente de prefquetous les fleuves v a toujours en
diminuant jufqu’à leurs embouchures; mais fouvent
il y a des pentes trèsrbrufquées, qui forment des
chutes plus ou moins rapides, qu’on connoït fous
le nom de rapides,.. de cafcades, de catâïaftes,
(.Voye% ces mots.) Une fingularité remarquable,
c’ett que les lies des fleuves éprouvent des finuofi-
tés , des balancemens confidérables lorfqu’ils approchent
de la mer. On prétend qu’en Amérique
les fauvages jugent, par ce moyen, à quelle diftance
à peu près ils font de la mer; mais ces indices font
fujets à erreur.
Il y a dans l’ancien Continent quatre cent trente
fleuve j 8c xiyièces, grandes comme l’eft la Somme
en Picardie ,çV. qui ont leurs embouchures dans l’Océan,
danslà Méditerranée ou dans la Mer-Noire;
mais le nouveau Continent n’en a guère que cent
quatre-vingts qui aillent fe décharger immédiatement
dans la mer.
Les eaux des fleuves, en defeendant des plateaux
élevés où ils prennent leur fource, acquièrent une
viteflfe 8c une accélération qui fervent à en entretenir
le courant. A mefure qu’ils font plus de che-
4iin, leur viteflfe diminue, tant à raifon du frottement
de l’eau contre le fond 8c les côtés des bancs
de fables qu’elle rencontre, que parce que k s fleuves arrivent
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arrivent après un certain trajet dans un pays plat; de
plaines & de collines où elles coulent prefqu’hori-
zontalement. Le choc des eaux contre les rivages
en rompt d’autant plus: la violence, qu’il leur pré-
fente plus de Turface, & plus le cours en eftfi-
nueux, plus ce choc eft répété.- Elfe clive ment, les
plans inclinés fe prolongent jufque dans le lit des
f le u v e s8c arrêtent, dans toutevla partie qu’ils occupent
, le mouvement de l’eau j qui éprouve un
détour 8c un ralentiflfement notable dans toutes
•les alternatives de ces apgles failians ; mais, d’un
autre côté, les eaux dés f l euves rongent continuellement
les bords de leurs lirs, qui font oppofés aux
plans inclinés, 8c vont dépofer leurs débris à l’extrémité
de leur prolongement; en forte que leur
courant en devient de plus en plus tortueux ; ce
qui continue jufqu’à. ce qu’il y ait équilibre entre
la force de l’eau 8c la réfiftancé des bords. (Voye^
Mouvement vermiCulaire.des fleuves.. <) Les fleuves fontqiie quantité de mers .abandonnerit
les côtes voifines de leurs embouchures; car elles
parviennent à dépofer .fur Je. rivage allez de matières
8c de fédimens pour augmenter la hauteur
de la côte , de manière que la mer n’eft plus en état
de la couvrir de fes eaux. C’eft ainfi que fe font
formés tousses terrains nouveaux qui font à l'embouchure
des fleuves^ c’eft ainfi que plufieurs parties
de laHollanae,. de. U .Gueldre ont été Tonnées ;
ç’ëft ainfi que les environs de l’embouchure du
Rhône fe font prolongés , ainfi que de grandes
plages qui bordent la Méditerranée le long desi
côtes du Languedoc ; c’eft ainfi que les Delta du
Nil 8c du Gange ont été formés..Ces fortes de terrains
nouveaux font non-feulement l’ouvrage de
l’eau de fleuves qui voiturent les matériaux, mais
encorecelui des vagues, des flots de la mer, qui les
rabattent dans les anfes. Ôc fur les rivages plats.
Direction des fleuves.
On a prétendu, fort gratuitement d’abord, que
toutes les grandes montagnes formoient des chaînes,
dirigées d’orient en occident; enfuite .on a
dit que les grands,fleuves CQuloient de même dans
urçe direction parallèle à celle des plus grandes montagnes;
mais toutes ces fuppofitions font certainement
fauffes. Pour fe convaincre du contraire^il faut
parcourir les grandes mafifes, de mopragnes,,8cl’on
verra que tous les grands fleuves 8c toutes les-rivières
principales fortentdes montagnes, toujours
par une ligne perpendiculaire aux croupes de ces
rriontagnes, 6c qu’il s’en détache par conféquent.
d$ns tout le contour des mafTes montUjeufes 8ç vers
tous les afpeéls de l’horizon. Ainfi la partie, fupé-
rieure du cours de tou^ les fleuves e|l aflfujettie à;
cette difpofition generale;; 8c pourpeuqu’on ait vu
ayec attention les grandes montagnes , 8c qu’on ait
étudié la diftribution des eaux ,, il eft facile de
remarquer que cette: loi,eft générale,.- Quant à la
fuite du cours des fleuves jufqu’à leur embouchure
Çéograpkie-Phyflque. Tome
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dans îa-mer, ceci tient:certainement à d’autrescir-
conftances qu’à la direction des grandes montagnes,
mais au contraire à l’intervalle de ces montagnes,
aux plaines, Ite aux parties de la terre formées depuis
& de leurs débris, & enfin au débouché de
ces plaines vers la mer.
S'il falloit montrer en détail ce que j'avance ici
comme une obfervation générale,, il ne faudroit
pas le contenter de jeter les yeux fur un globe ordinaire;
.il faudra fuivre le cours le plus grand détail. des fleuves dans 11 eft vifible d'abord, en commençant par l’Ef-
Pagne, que lé Vigo, leDouro, le Tage & laGua-
diana fe détachent perpendiculairement des maffifs
de montagnes qui font diftribuéesdans le centre
de l’Efpagne, & qu’elles font dirigées d'orient en
occident. L'Ébre, qui part des croupes oppofées,
va d'occident en orient. Il y en a d'autres enfin
qui, au commencement'de leur cours, font dirigées
cveetr sa lfep efuétd., parce.que-les croupesrdes grandes ont
Il fuit de là quelles.montagnes font flirigées du
nord au fud, & forment dans la Galice & les Af-
turies une branche qui fe détache des Pyrénées,
& la Sierra-Morena s'étend aufli dans la même di-
reétion vers le détroit : donc les chaînes de mon-
tagnes-nontpas 1amême direûion que les fleuves, f : Si 1 oh vient en France, on trouvera ce même
arrangement dans la direflion des montagnes &
dans celle des rivières & des fleuves.
: On voit que les rivières fe détachent des Vofges'
par tous les points de leurs contours, telles que la
Mofelle, la Saône & la Sarre; enfuite, à mefure
qu’elles s'éloignent de ce centre, éllès confervenc
leur dire&ionprimitive, oubienelles en changent
fuivant que les. intervalles entre les montagnes y
influent. Ainfi le cours des fleuves n'eft pas feuleu
ment modifie .par les grandes montagnes , mais
encore par les pentes fecondaires dés pays de cok
lines, des terres baffes de la nouvelle -terre.
De même les rivières qui prennentdeur fourbe
aux environs de Langres, font dirigées: vers tous'
les points de l’horizon ; excepté au midi. :
La Loire & l'Allier.coulent d’abord du fud au
nord ; enfuite elles fe dirigent à l’oueft.îll en eft
de même de la Charente , qui coule d'abord du
fud au nord, puis ..du nord au fud ; enfin fe dirige
vers l’oueft à‘la moitiéde fon cours.
La .Garonne eft dirigée dans la partie fupérieure
de fon cours, du fud.au nord ; puis elle coule
d’orient en occident jufqu'à la mer. La Dordogne1
ad eunnt#. direélion aflez conftante d'orient en occiLa
Saône fuit dans tout, fon cours la dire£lion:
du rnord au fud.. Le Doubs coule d'abord du fud
aquu enmoerdn:t, dpauniss ldauS anôonrde .’a,u fud, & va fe jeter;obli
Les-civières quiprennent raiflanceenLimoufin '
débouchent par .tous les points, ia Vienne, laGar-1
thempe, le Cher & la Loire. I . . 1 : ;
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