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bateau , parte par le duché de Lorraine 8c de B ar ,
par Neuchâtel, Vaucouleurs,Saint-Mihiel, Verdun
& Mouzon, où elle reçoit la petite rivière
de Chers. En prolongeant fon cours elle baigne
Mézières , Charleville, Bouvines, Dinant &
Namûr. Après s1 être augmentée des eaux de la
Sambre, elle paffe l'évêché & par la ville de
Liège : de là elle le rend à Maëürich-ï & à Rure-
monde, où elle prend les eaux de la R oë r, puis
elle defcend par Venloo, Graves, Raveftein & le
comté de Megen. Après avoir baigné encore
quelque teins à gauche les terres fituées entre la
Meufe & te Wa al, elle s’unit, près de Herwer-
den ou Heerwaardcn , avec le bras du Rhin,
nommé le Vahal, & forme, par cette réunion,
une ile du Bommelerwaard. A l’extrémité occidentale
de cette î le , la Meufe & le Vahal ne forment
plus qu’une feule rivière j q u i, à la hauteur
deWoudrichen, prend le nom d e Merwe 3 & continue
fon cours fous ce nom jufqu’au deffous de
Dordrech, baigneenfuite Rotteraam, Schiedam,
& palfe entre Maaflandfluis & la Briel, où elle fe
jette enfin dans la mer du Nord après avoir repris
le nom de Meufe par fa réunion avec une ancienne
branche de cette rivière.
’ Telle eft la defcription ordinaire qu’on nous
donne de la Meufe 5 mais pour examiner plus particuliérement
le cours de cette rivière en Hollande,
nous allons revenir à l’endroit où elle commence à
baigner cette province, à la pointe de terre qui
fe trouve entre la Meufe & le Vahal. C ’ eft là que
la Meufe communique avec le Vahal par trois
branches différentes > de forte que la proximité &
Je concours de ces deux rivières ont fait donner à
cette portion de terre le nom de Pays de Meufe &
de Vahal y qui s’étend depuis Nimègue jufqu’au
Tieler-Waard & au Bommeler-Waard.
Tandis que le Vahal baigne le côté droit du
Bommeler-Waard , la Meufe coule du côté gauche
, 8c defcend près de Roflum , devant le village
de Briel, vers le fort de Crèvecoeur, où elle
forme un canal de communication par lequel on fe
iend à Bois-le-Duc. En descendant de Crèvecoeur,
elle continue fon cours le long de Vèen , Aalft,
Andel & Gieffen, vers le fameux château de
Loeveftein j & c ’ett entre ce château & la ville de
Woudrichem que fe fait la parfaite jon&ion de
la Meufe & du Vahal. Ces deux rivières continuent
à defcendre de là avec rapidité, changent
en même tems leurs noms, & prennent celui de
Merwe. Cependant la plupart des bateliers qui naviguent
fur la Meufe , l’appellent encore ici de ce
nom, tandis que ceux qui defcendent lè Vahal lui
donnent le nom de Vahal jufqu’au deffous de Go-
rinchem $ mais les géographes défignent cette rivière
par le nom de Merwe dès qu’elle approche la.
ville de Gorinchetn.
C ’eft auprès de cette ville que la Merwe reçoit
une petite rivière nommée la Linge, laquelle, def-
cendant de l’Overbetuwe , 8c s’ étant unie dans le
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| Tieler-Waard avec leV lie t, baigne les villes d’Af-
I peren, Leerdam & Heukelnn, & fe jette par
I Gorcum dans la Merwe. Elle fe difperfe au def-
! foas de cette dernière ville en un grand nombre
| de branches qui forment plufieurs îles connues
fous le nom général de Warden, au nombre de
plus de foixante-dix, tant grandes que petites.
L’eau qui baigne ces îles fe partage en plufieurs
: jüts 3 qui tous fe jettent dans le Biesbofch ou le
pays fubmergé de la Hollandeméridionale. Mais
on compte que la Merwe fe termine ici par trois ,
quatre ou même cinq branches nommées 1 e Bruine-
I K i l , le Hooge-Kil, le Bajfe-K.il, le Groote- Wejl-
] K il & le Wefi-Kil. Aux S :aux de ces cinq branches
fe réunifient dans le Biesbofch > à la hauteur
de Gertruidenberg, non-feulement la Donge, qui
defcend de la mairie de Turnhout, par la baroniè
de Bréda, vèrs la feigneurie de Geertruidenberg,
! mais encore l’ancienne Meufe. Cette rivière pa-
: roît avoir coulé anciennement depuis le château
' de Bokhoven dans le pays de Henfden , 8c être
; defcendue par-là jufque près de Gertruidenberg j
j car on trouve encore près de cette ville une cri-
que qui porte le nom d'ancienne Meufe ou de
! Maafe. Plufieurs géographes prétendent qu’ancien-
nement cette rivière couloir par le pays de Putten
, vers Geervlie t, où elle doit s’être réunie
avec la Merwe-ou la nouvelle Meufe. Quoiqu’il
en fo it, il eft certain que toutes ces eaux ont
éprouvé de grands changemens, tant par la fub-
merfion du Zuid-Hollandfche-Waard, que par la
réunion de la Meufe avec le Vahal, près de Woudrichem
j ce qui a augmenté le courant de la rivière
entre Woudrichem 8c Gorinchem.
Nous allons quitter pour un moment le cours
de la vieille Meufe, afin de pouvoir mieux fuivre
celui de la nouvelle Meufe ou de la Merwe. Cette
rivière, en partant entre Woudrichem 8c Gorin-
chem, continue fon cours entre Hardinkendam,
dansle grand Zuid-Hollandfche-Waard, vers Gief*
fendam, fitué dànsl’ Alblafler-Waardi. Ici la Merwe
forme un canal nommé le Gieffen, qui Va jufqu’ à
Zerikerdyk. De Gieffendam la Merwe parte devant
Slydrecht 8c le G root-Wiel, entre lefquels
cetre rivière forme un canal affez large, où il y a
quelques bas-fonds couverts de fange jufqu’au-de-
. là de Dordrech. Le concours des eaux forme, de
cette ville & dès terres de fa juridiction, une île
parfaite j car la Merwe baigne fes terres à l’eft &
au nord-eft, tandis quelles ont, au fud-éft, le
Biefthbofch ; & le canal de S’Gravendeel ou de
Dordrech à l’ oueft. A l’embouchute de ce canal
fe trouve une petite île nommée le Krabbe.
Depuis Dordrech la mer defcend par deux bras
fpacieux , dont l’ un continue à couler le long de
l’Alblaffer-Waard, & retient le nom de Merwe ;
l’autre bras prend le ,nom de Vieille-Meufe. Le
premiër de ces deux bras forme de l’autre côté un
canal q u i , fous le nom d’Æblajtroom, fe perd
dans les terres de l’Alblaffer-Waard. L’eau de la
Meiwe
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Merwe, s'étant réunie près de Crimpen avec le
Leck , prolonge fon cours dans les terres d’ Iffel-.
monde, de Roon & de Portugal : ces terres font
baignées par cette rivière d’ un c ô t é , & par la
Vielle-Meufe de l’autre. C ’eft à cette île que la
Merwe reçoit l’ Jffel, à la hauteur du village d’If-
felmonde, qui de là a pris fon nom. La Merwe,
fe trouvant ainfi réunie au Leck & à ITffel, coule
le long de ces terres vers Rotterdam. C ’eft par
cette ville que la Merwe, qui y reprend le nom
de Nouvelle-Meufe, communique avec deux grands
canaux, la Rotte (1 ) & le Schie. La R otte , qui
a donné fon nom à Rotterdam, traverfe le diftriéî:
de Zevenhuizen , où ce canal finit. Le Schie >
de qui Schiedam ka pris fon nom, traverfe par 1
le moyen de canaux artificiels qui ont même !
communication avec le Rhin , tout le Delfland ?
qui verfe fes eaux fuperflues , tant à Rotterdam
qu’à Delfshaven, 8c particuliérement à Schiedam,
par le Schie dans la Meufe. La Meufe, continuant
à couler depuis Rotterdam devant Delfshaven
, Schiedam 8c Vlaardingen, fe partage, un
peu au deffous de Vlaardingen, en deux nouvelles
branches , après avoir formé, près de Vlaardingen,
un canal intérieur, q u i, en traverfant Schi-
plui, fe rend à Delft. L ’une de ces branches, fe
jetant à gauche, tombe avec un large bras dans la
Vieille-Meule, vis-à-vis d’une petite île nommée
le Taruwe-Zand ; & l’autre branche, tirant à la
droite, coule devant Maasfluis, fous le nom de
Scheur ou de Sluifcke-Diep. Ici laNouvelle-Meufe,
apres avoir baigné Pîle de Roozenburg ou de
Biankenbuyg, fe réunit tout-à-fait avec la Vieille-
Meule ( c ’eft pourquoi quelques écrivains confer-
vent jufqu’ à cet endroit, à laNouvelle-Meufe, le
nom de Merwe ) j & après avoir enfuite formé
quelques bancs de fable qui tous les ans changent
ae fituation, elle coule dans la mer du Nord, près
du coin de Hollande.
La fécondé branche de la Merwe, dont nous
avons parle plus haut, qui de Dordrech coule
le long du Zwyndrechfchen - Waard vers le
Hoekfche-Waard , & prend le nom de Vieille- ■
Meufe, parte autour 8c par le milieu du Beyerland
& du pays de Putten, jufqu’à ce qu’elle commence
à 1e réunir avec la Nouvelle-Meufe près
de la petite île de Taruwezand, dont nous avons
parlé. De là elle prolonge fon cours entre l’ile de
Roozenburg ou Blankenburg 8c le pays de Woorn
devant le Briel, 8c par le Brielfche-Diep, le long
des terres d’Ooftvoorn, où elle, fe réunit enfin entièrement
avec la Nouvelle-Meufe, & coule avec
elle dans la mer du Nord par l’embouchure dont il
a été parlé. Mais, en faifant le tour des terres dont
nous avons parlé, elle forme une autre branche
de 1 autre coté du Hoekfche-Waard 8c du pays de
(1) La Rotte ou Bottera eft un ruifleau qui defcend du
’’aU ^ combe dans la Me.ufe à Rotterdam.
(M. de Lalande , d e s C a n a u x d e n a v ig a t io n , pag. 4 9 3» ) ;
Gêographic-Phyfiquet Tome IV ,
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Voorn : ici elle coule dans le Haring-Vliet devant
Hellevoet-Sluis, & tombe, en partant du côté
droit d’Overflakkée 8c de.Goerée, dans-le Go -
refche-Gac (lepertuis de Goerée ) & le Splec t
ou le ICwaks-Diep, par où elle verfe enfin fes.eaux
dans la mer du Nord. De plus , elle communique
encore, par le Vrouwerak, avec le Krammer, &
coule du côté gauche d’Overflakkée & de Goerée
par le Rieningen ou Grevelingen & Je Brouwers-
havenfehegat ( le permis de Brouwershaven ) , le
long des côtes de la Zélande dans la mer du Nord.
Il nous refte à remarquer que la Meufe 8c fes
différentes branches font d’ une largeur fort inégale
en Hollande. Son lit eft fouvent fort refferré*
tandis qu’ailleurs il eft extraordinairement large.
En quelques endroits cette rivière eft fort bom>
beufe, 8c fes bords font peu élevés ; dans d’autres
elle coule entre des bords fermes & folides. La
largeur de la Merwe eft plus inégale encore.
Elle a 3 par exemple, fa plus grande largeur à la
hauteur de Gornichem, de forte que plufieurs radeaux
de bois peuvent y paffer de fron t, pendant
qu’à Hardinkfveld fon lit eft fi é tro it, qu’ il ne
peut y paffer qu’ un feul radeau à la fois. 11 faut ob-
ferver que ces radeaux ou trains de bois ont quelquefois
deux à trois cents pieds de long, 8c qu’il
font larges à proportion.
L’ inégalité du courant de cette rivière eft caufe
qu’elle eft fujète àdes bancs de fable & à des amas
ae fange, principalement au deffus & au deffous
[ de Dprdrech, où la rapidité du courant eft ralèn-
i tie par les branches qu’elle forme dans les terres
qui privent le courant de la force néceffaire pour
! entraîner la vafe jufqu’ à la mer ; ce q u i, au con-
: fluent de la Meufe & de la Merwe, forme plu-
l fieurs bas-fonds & bancs de fable , 8c fait qu’il y
| a tant de lits ou killen peu profonds, qui chan^*
gent fouvent de fituation , comme on le voit
| pour ainfi dire tous les jours aux environs de
Putten. On entend ici par killen ou lits les criques
rentrans ou faillans formés par les efforts des
eaux contre les anciens bords de la rivière, dans
lefquels & aux environs defquels l’eau , par ces efforts
continuels, a inondé les terres ou formé de
nouvelles petites îles, comme nous l’avons déjà
dit en parlant de ce qu’on nomme les Waarden.
Le Gouvernement prend tous les foins imagina^*
blés, & fait des dépenfes extraordinaires pour
prévenir les engorgemens de vafe & de fable, l’af^
foibliffement des rivières & le grand frottement
des eaux contre les digues, foins qui jufqu’ à pré-
fent ont préfervé la Hollande des malheurs dont
elle paroît menacée. Au refte , le cours de la
Meufe eft.fort rapide î mais plus cette rivière ap~
proche de la mer & du confluent des eaux de la
Zélande , plus elle eft fujète au flux & au reflux ,
& aux changemens de la marée} ce qui expofe fou-
vent les terres voifines aux inondations, & la rivière
même fe trouve quelquefois par^là engorgée
de fange & de vafe.
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