
faire, & par conféquent le baflin ou l’équivalent
du baflin a&uel de la Mer-Cafpienne qui les con-
tenoit a dû fubfifter en même temps, indépendamment
des courans venus du fud & de leur irruption
contre les côtes de la Perfe par le golfe
Perfique, &c. ; par conféquent fi la mer des Indes
a couvert la Perfe, qu’elle y ait laillé des veftiges
de fon féjour, c’eft plutôt la fuite d’un débordement
de la Mer-Cafpienne que de l’Océan. Nous
voyons d’un côté la caufe aélive de l’accumulation
de l’eau des fleuves, & de l'autre nous ne découvrons
aucune caufe capable de produire le moindre
effet fenfibles car l’évaporation étant une fois donnée,
elle détermine la furface du réfervoir, qui
peut raifembler une certaine quantité d’eau. Si les
eaux qui affluent, font plus abondantes que le produit
de l’évaporation , leur furface s’étend jufqu’à
ce que l’une & l’autre foient en équilibre.
Nous ne pouvons raifonner de même par rapport
au golfe Adriatique & à tous les golfes voi-
ffns de la Méditèrrànée. Les fleuves qui fe déchargent
dans ces golfes y portent une quantité d’eau
qui, pour être enlevée par évaporation, a befoin
d’un baflin égal au moins en fuperficie à celui
<ju’occupe cette partie de la Méditerranée. : Maintenant il refte une confédération à dif-
cuter : c’eft celle des veftiges du féjour de la mer
cjue l’on a trouvés, fuivant certains auteurs, entre
la Mer-Cafpienne & le golfe Perfique , ainfî que
fur toute la largeur de l’ffthme de Suez. Ils prétendent
qu’en examinant la nature des terres aux
environs de l’ifthme, on reconnoît que la mer y a
coulé. On pourroit demander à ces auteurs quel
eft le cara&ère des dépôts que la mer a biffés
dans les contrées où elle a fait des irruptions paf-
fagères, comme ils le fuppofent : en quoi ces dépôts
diffèrent de ceux qui font h fuite du long
féjour qu’elle a fait dans une infinité de parties
de nos continens,;qui fervent de bords à la mer :
en quoi les dépôts des méditerranées 8c des lacs,
occasionnés par des débordemens fortuits, diffé-
rèroient des dépôts dé l’Océan ftationnaire dans
un baflin fixe 8c déterminé ? Si l’on n’eft pas parvenu
, par une fuite d’obfetvations difcutées &
comparées, à diftinguer réellement la différence de
ces dépôts, il n’eft pas poflible de rien conclure
des conje&ures.des auteurs qivenbus réfutons pour
établir les événemens hafardés' dont ils ont cru
entrevoir les traces. Au refte , ce qu’on allègue
pour prouver que l’intervalle de la Mer-Cafpienne
au golfe Perfique a été couvert par la mer, eft plus
propre à établir que la Mer-Cafpienne a pu inonder
ces contrées, mais non que l'Océan s’y eft porté
par une irruption particulière dont nous ne con~
noiffons pas d'exemple.
Nous ajoutons au furplus que l’Océan, la mer des
Indes, a pu couvrir la Perfe, les environs de l'ifthme
■de Suez, &c., & enfuite lès abandonner après
un féjour plus ou moins long ; mais il fera convenable
de néterminèr quel eft cet Océan j fi c’eft
celui qui baigne les côtes actuelles de la Mer-
Rouge , & qui eft renfermé dans le golfe Perfi-
que , ou bien celui qui a formé toutes les couches
horizontales qu’on rencontre dans ces contrées.
On ne peut décider cette queftion intéreflante
qu’en examinant les dépouilles que les animaux
marins y ont biffées ; & en les comparant avec les
analogues qu’on trouve dans les mer, il nous parole
qu’on perfectionnera tellement l’obfervation de
certains corps naturels, qu’il fera poflible de re-
connoîrre à leurs caractères les caufes auxquelles
il conviendra de rapporter telle ou telle révolution
donc ils font partie ; mais on ne parviendra
pas à ces moyens en fié renfermant dans les indications
vagues auxquelles fe font attachés les auteurs
dont nous difcutons les idées fyftématiques.
11 faut des obfervations tiès-précifes pour être en
état de diftinguer les différentes époques, & nous
les trouvons difficilement dans les voyageurs, &
furtout dans ceux qui ont parcouru la Perfe j il
faut de même fa voir décider que telle maffe, orga-
nifée de telle manière, annonce le dépôt d’une
mer tranquille & fédentaire; que telle autre dif
pofition caraCtérife les fédimens d’une mer qui fait
une violente irruption dans les terres, ou qui répand
fes eaux par des inondations accidentelles.
D’après ce plan méthodique, on marchera fûre-
ment dans l'examen des faits qui peuvent fervir de
preuves juftificatives de toutes les révolutions qui
nous intéreffent ; on faura , d'après ces principes,
réduire à leur jufte valeur les affertions des voyageurs,
& furtout de ceux qui, comme Buffon &
Pav/, ofent les apprécier dans leur cabinet. (Foye^
les.articlesCaspienn.e (mer ),Persique (golfe),
Rouge ( mer ), Baltique ( mer ).)
Golfes des mers intérieures ou méditerranées.
Nous croyons avoir prouvé par le développement
des confidérations précédentes fur les méditerranées
8e certaines parties de ces mers intérieures
, que nous appellerions plus volontiers
mers extérieures à l'Océan, que ces amas d’eau,
ainfique leurs baflins,étoient l’ouvrage des fleuves
qui s’y déchargent, 8e qui, en y portant leurs eaux,
ont creufé néoeflairement ces baflins dans une
éténdue proportionnelle à la quantité des eaux
qu’ils verfoient. Cet état de méditerranée fe décide
par la comparaifon entre le produit des eaux
courantes 8e celui de l'évaporation fur une furface
donnée : or, il eft aifé de voir que ces deux produits
font égaux dans les golfes. Mais il ne paroît
pas qu’on puiffe généralifer cette affertion 8e l’appliquer
à toute l’étendue du baflin de l’Océan,
8e même de certains grands golfes : il eft certain,
au contraire, que l'évaporation de l'Océan eft plus
confidérable que les produits des fleuves, car il
tombe une quantité d’eau par les pluies fur l’Océan,
laquelle eft aufli évaporée, puifque cette
maffe d’eau ne déborde pas. En fuppofant donc
que, dans les premiers temps, les fleuvesaient formé
la partie du baflin de l'Océan néceflaire pour y
renfermer la maffe d’eaü que chacun d’eux y ver-
foie, il ne paroît pas qu’ils l’aient étendue au-
delà. Il eft vrai qu'à mefure que la maffe -d’eau
ratTemblée s’eft trouvée réunie fans obftacles, elle
a détruit fes bords & fes -digues, 8c augmenté
b furface évaporante. Au refte, il n’eft pas pof-
fîbfe de croire que l’équilibre ait été long-temps
à s’établir, ou qu’il ait été troublé dans beaucoup
de circonftances.
D’ailleurs, il eft affez probable que l’eau circulante
à la furface du Globe étant autrefois
plus confidérable, elle aura dû offrir dans les baffins
des mers une plus grande^tendue en fupe-
ficie, 8c que l’évaporation aura été proportionnellement
plus abondante j mais, dans tous les cas,
le baflin de la mer ne fe fera pas augmenté au-delà
de ce qui aura été néceflaire : fi enfuite l’eau des
fleuves a diminué , l'évaporation a diminué de
même. Il n'y a guère que la température de l’at-
mofphère qui ait occafionné des aérangemens dans
cette économie de b nature, ou bien un plus
grand approfondiffement dans le baflin de la mer,
ce qui auroit détruit le rapport des maffes aux fur-
faces évoporantes. Nous,terminerons cette dif-
euflion par obferver que, dans cette queftion, il eft
affez difficile de réunir toutes les circonftances
qui ont pu concourir à l’établiffement de l’équilibre
qui doit toujours fubfifter entre toutes les
parties de b maffe d’eau qui circule à la furface
du Globe, & qui pafîe des fleuves à 1a mer, &
de b mer aux fleuves. En tous cas, il eft difficile
de décider fi le baflin de 1a mer a été formé’tel
qu’il eft par la feule eau ces fleuves, quoique
nourfoyons fondés à croire que cette opération
de la nature ait une grande analogie avec ce qui
a eu lieu dans. 1a formation des mers méditerranées
8c des grands golfes.
BaJJins des méditerranées.
Dansles réflexionsque nous avons faites furla formation
des méditerranées 8c des -golfes alongés par
les fleuves qui s’y déchargent, ryaus n'avons pas parié
d'une circonftance importance, & qui eft effentielle
à l'explication de ce travail de la nature; ce font
les matériaux immenfes que les eaux des fEuves
ont dû tirer des baflins des méditerranées 8c des
golfes, à mefure qu'elles les onccreufés&agiandis.
Par l’examen des differens bords des golfes 6c des
méditerranées que nous avons eu occafïonde faire,
nous avons reconnu, à b correfpondance des lits 8c des bahes, & à la difpofition générale des maflifsqui
font à découvert fur ces bords, que les couches ont
été coupées & détruites, 8c que les matériaux
qui Bempliffoient ces parties creufées ont été enlevés
par les mêmes eaux courantes; mais comment
ces terres & ces' pierres auroient-elles pu être
déplacées de leur gifement naturel? comment au-
roienr-tllespu être enlevées . fi le eolfe ou b por-
Géographie - Phyfique. Tome 1 V^.
tion des côtes de la Méditerranée qui avoir été
dégradée, n a voit pas eu line iflue 8c un débouché
dans l’Océan ?
Pour fuivrè les progrès de. tout ce travail de b
nature, il faut fe repréfenter les eaux du Pô &
des autres rivières ^ par exemple, qui fe jettent
dans le golfe Adriatique '} cpulant à la furface des
terrains qui occupoient ce golfe^ s’y creufant de
larges vallées qui fe prolongoient jufqu’à l’Océan ;
que ces vallons fe font élargis à mefure que les
eaux courantes y ont ofcillé 8c qu’elles ont augmenté
en quantité, par les obftacles que leur ont *
oppofés, ou 1a forme des terrains qu’elles avoienc
à parcourir, ou bien les eaux des autres parties de
1a Méditerranée fournies par d’autres rivières,
lefquelles dévoient avoir un courant particulier,
8c qui cherchoient à fe creufer un baflin qui leur
fût propre. C’eft ainfî que les eaux.de 1a Brenta,
du Pô, du Garigliano, du Tibre, de l’Arno, de
la Magra, fe font réunies à celles du Rhône, 8c qu’aidées par les eaux des rivières d'Efpagne, elles
fe font creufé un baflin dont les m atériaux font
foriis par le détroit de Gibraltar, qui afuçcédé à
1a réunion des premiers vallons. Nous le répétons,
les eaux des fleuves qui affiuoient dans b Méditerranée
des différentes parties des côtes de cette
mer, ont creufé d’abord des vallons particuliers;
ces vallons fe font élargis à mefure que l’énergie
des courans a éprouvé des accès. Enfin, des lacs
ont fuccédé aux canaux des vallons, &l’eau, par
fa réunion, ayant celle d'avoir une direction &
des canaux libres, a été retardée dans fa marche
vers 1 Océan , 8c elle a rempli, aux îles près,
toute la fuperficie qu’occupe 1a Méditerranée, à
mefure qu’elle a dégradé les bords des lacs où elle
fe trouvoit raffemblée.
On doit fuppofer des progrès lents dans ce travail
des eaux courantes venues de l’intérieur des
terres ; mais il n’eft pas poflible qu’elles aient pu
creufer aucune partie de ce vafte baflin fans qu’il
y ait eu, dès les premiers temps, communication
des courans des fleuves avec l’Océan, qui recevoit
en même temps & les eaux des fleuves 8c les matériaux
qu’ils charioient. Il faut néceffairement,
ou que le détroit de Gibraltar ait été ouvert, ou
que les eaux qui ont travaillé au baflin de la
Méditerranée fe foient déchargées par des routes
femblables à ce détroit. Enfin, il eft néceflaire
que , de tout temps , le cours 8c la pente des eaux
des rivières 8c des fleuves, circulant dans les premiers
vallons, aient toujours été dirigés depuis
l’embouchure aétuelle des fleuves jufqu'à queiqûfe
point des côtes de l'Océan.
Mais on ne peut concevoir, 8c nulle obferva-
tion décifive n’autorife à le fuppofer, que l’Océan
ait pu faire une irruption dans les terres , & qu'il
fe foit creufé gratuitement un baflin dont il n’avoit
aucun befoin, par des efforts fubits , ou par une
fuite d’entrepriles répétées fouvent.Nous ne voyons
pas comment les flots de b mer auroient pu agir