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mires à tous les fonds fab'onneux de la mer Adriatique
3 on y obferve au&.des porpites femblables à
ceux que dépotent les ruifleaux à Bologne quand ils
ont lave les collines d’alentour formées par la mer.
Les terres voifines du h c .de Morigue font de la
même qualité que celles des environs deZabla-
chie (voye^ cet article) \ elles font enfemble une
partie du Ca:npo d'AbafTo./qui .eft le meilleur
canton du territoire de Sibenico. Le marbre commun
de Dalmatie eft une efpèce de' pieirë molle
remplie de lenticulaires qui dominent dans les
côtes élevées près de la mer. En s’approchant
du p;ed des hautes montagnes , on les trouve
compofées d’une argile durcie comme celle des
rivages voiiîns de Zara. ( Foyei Z a r a .)
M ORNE , terme qu’emploient les Français de
l'Amérique, pour lignifier un cap élevé ou une
petite montagne qui s’avance en mer ; c’ eft pour
■ cela qu’ils nomment gros morne une haute montagne
de l’Amérique feprentFionale dans l'île de h
Martinique, près du bourg de la Trinité 8c de
1 anfe du Gallion. Vainement nous voudrions rejeter
aujourd’hui ces fortes de termes barbares,
nous nous trouvons forcés de les adopter.
MORNES. On nomme ainfi des mafles mon-
tueufes, la plupart du temps arrondies, qui .le
trouvent dans les île s , foie à Saint-Domingue,
foit à la Martinique & à la Guadeloupe. On voit
furtout du Cap trois mornes fort élevés , détachés
les uns des autres , 8c qui font vifiblemenc des culots
de volcans bien arrondis 8c tronqués par le
lommet : ils donnent leur nom à un quartier, qui
ett celui des trois Mornes. Nous avons décrit dans
un article particulier tout ce que l’examen qu’ en
.ont fait des obfervateurs inllrnits nous ont appris
fur leur compofiuon. On appelle aufli mornes, à
Saint-Domingue, furtout les élévations de terrain
que nous nommons coteaux Sc collines en France,
& momets de petits tertres peu élevés* & qui occupent
un efpace de terrain peu étendu.
MORTER , île du. comté de Sibenico én Dal-
matie. Le marbre de cette île & des petites îles;
voifines', qui font fort nombreuCes, eli rempli de
corps marins qui appartiennent aux orthoceralites.
.On ne culti ve que très-peu les vignes dans cette île,
parce que jçs propriétaires exigent la cinquième;
partie du vin qu’on y récolte * Sc comme les cultivateurs
fe font mis fur le pied de ne rien donner des
autres productions, ils préfèrent la culture de l'oliv
ie rq u o iq u e fujette à plus d’aceidens que celle
de la v igne, ou bien ils fe bornent à des pâturages.
Ces même infulaires ne s’appliquent guère non
plus à la pêche, quoique les thons fe promènent
en troupes nombreufes dans les canaux voifins de
l ’île : un affez grand nombre de ces poiftons y paf-
fent l’hiver , particulièrement dans les bas-fonds
où il y avoir autrefois des marais faians. Les ha- ■
bitans de l’ extrémité occidentale de l'île s’occu-
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pent a rama fier > rouir, fier & tifler le genêt,
qu’ils vont chercher jufque fur les côtes de l ’ii-
tr ie , 8c dans les Jles du golfe de Quarnaro ; ils
le rouillent dans l’eau de la mer , & en font des
toiles de différentes qualités poû-r des facs, tic
même pour l'habillement des femmes de la campagne.
Si la préparation de la matière qu’on extrait
du genêt ëtoit faite avec plus de foin, il n'eft
pas douteux que les toiles qu”on en fabriqueroir,
pourroient être l’objet d’ un commerce intéref-
îant. Cette même indullrie fe trouve dans la province
du Languedoc, où l’on, tire un affez bon
parti de cette plante pour la fabrication du gros
linge de ménage, (yoyeç les Mémoires de la Société
royale d* agriculture. )
MORVAN , contrée de . la France- qui comprend
une partie des départe mens de la Côte-d'Or
8c-dé Saône 8c Loire.
Lorfqu’on obferve attentivement la difpofitiom
de l’ancienne terre du Morvan 8c de la nouvelle
terre du Nivernois, 8c qu’on réfléchit lur les rai-
fons de cette diipolïtion, on -reconnoît que la
; lurface de la nouvelle terre, qui forme différens-
■ contours & diverftslinuofités autour de l’ancienne,
: eft dans toute fon étendue au-delfous du niveau de
ce premier malfifj car après avoir parcouru le
; Morvany on voit aifément que c’eft une portion
de la furfacedu Globe que les eaux de la mer qui
l’entouroit n’ont pu atteindre ni couvrir, parce
que fon niveau le mettoit au-deffus des vagues
qui vendent fe brifer contre fes côtes > au. lieu
. que la nouvelle terre du Nivernois n’eft que.le résultat
des dépôts formés fur les parties du badin-
de l’ancienne mer , foit par les matériaux que les
rivières du Morvan ont voiturés dans les parages
de la mer qui en formoient l'enceinte , foit par ios
dépouilles des animaux marins à coquilles fort
nombreux que l’on y trouve.
Ces différentes conftitutions de l’une & l’autre
terre m’ont fait fentir la néçeflité de rechercher
les limites de l’ une 8c les bords de l’autre,
8ç les différentes observations que j ’ai eu oc-
cafion de faire dans des-courfes entreprifes à ce
deflein, n’ont pas-peu contribué à me confirmer
• dans l’opinion que l'ancienne terre étoit au-dtflus
du niveau de la nouvelle, & que d’ailleurs cette
ancienne teire étoit compofée de fubflances gra-
niteufes 8c fchilféufes , dont les formes trapézoïdales
annonçoient un maifif particu ier , tandis
que la nouvelle terre offroit des couches horizon-
’ taies fuivies, renfermant des pierres calcaires mêlées
avec les produits des tranfports voiturés par
les eaux courantes du Morvon^
Lorfque fe’ paflois du Mvrvan en-Nivernois,
j*apercevois le contrafte frappant d’un trajet femé
de maffes montuëufes 8c fi donné de vallons étroits
8c profonds auxquels fuccédoient des plaines
fort peu ouvertes, d’où il fortoit des eaux courantes
q ui, après avoir pris leur fourre dans-hs
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collines qui compofoient les bords1 de cette ancienne
teire , s’ échappoient par une marche rapide
pour aller circuler lentement 8c plus paifiblement
dans les vallons qu’ elles avoient approfondis au
milieu des plaines de la nouvelle terre.
J'ai toujours remarqué une régularité fuivie 8c
foutenue dans toutes les formes relatives de terrain
, tant que j'ai porté mes obfervations fur une
étendue circonfcrite de la furface de .la te r re ,
m'étant attaché à luivre les limites d’une mafte
dé l’ancienne terre, 8c à lui comparer les bordures
de la nouvelle qui J’.entouroient fur une
largeur de vingt à (rente lieues. Les petites ex- ,
ceptions que j’y trou,vois, offroient des explications
faciles 8c naturelles dans les circonltances
locales, 8c ne m’avoient rien fait craindre qui pût
apporter la moindre anomalie dans cette belle
économie de la nature.
J’ai remarqué que, foit autour du Morvan ,
foit le long de la limite de l’ancienne terre des
Vofges 8c du Limofin , les couches calcaires formées
à une certaine diflance des côtes fervoient
de digues aux dépôts des matériaux fournis par
cette ancienne terre 5 c’eft ce qui a déterminé
la maffe des pietres de fable à ne former qu’une
bordure très-peu étendue, 8c à s’abaifler infenfi-
blement fous les flots de telle forte que les coquilles
les recouvrirent par leurs dépouilles Sc par
leurs débris.
J'ai reconnu par une fuite d’obfervationSj qu’en
étudiant ces bprds on pourra recueillir , comme
je l’ai fait, beaucoup de détails intéreffans qui
nous mettront fur la voje pour connoïtre quels
font les progrès des remplifiages du badin de la
mer, foit par les dépôts littoraux, foit pa> les
dépouillés des animaux marins. D’après toutes ces
recherches, il eft facile de s’affurer qu’on peut
tirer de ces différens examens des lumières très-
propres à nous éclairer fur les époques de la formation
de chacun des maflifs que nous rencontrons
à la fuperficie de certaines contrées de la furfacedu
Globe; en un mot, propres à nous guider
dans l’étude des phénomènes, qui" font partout
uniformes, furtout fur la ligne de la jon&ion des
deux terres. D’ailleurs, le fujet eft fort piquant,
puifau’on aflîfte pour ainfi dire à une operation
de la nature, où tous les agens'que nous connoif-
fons s’annoncent par des réfultacs très-précis 8c
très-diftin&s.
Outre les différentes fubftances intérieures que
j'ai fuivies & décrites fur les limites du Morvan
8c du Nivernois , je dois annoncer différentes formes
que m’ont offert les parties de la fuperficie
ée la terre, qui fe montrent dans tout le contour
du Morvan. Ainfi le cordon extérieur à l'ancienne
terre offre une fuite de fommets efearpés fur la
nouvelle j ils couvrent les extrémités du granité ,
lelquelles s’enfoncent deffous l'affemblage des couches
horizontales, 8c leur fervent de bafe.
La bordure extérieure de U nouvelle terre efl à
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Sauvigny-le-Bois, à Seaux, ,à Montréal 8c à Tre-
milly. On tire de la pierre de lave, ou pierre cal-.
Caire en feuillets plats , à Montelon. ,
Entre les plaines balles de la nouvelle terre 8c.
ces hauteurs, il règne un fofie continu 8c fans interruption
, plus ou moins large, fuivant que leç
rivières forties de. l’ancienne terre ont éloigné fes
bords.
Dans tous les environs d’Avalon on voir une
complication dedivers plans creuféspar les eaux courantes
élevées , qui fe portoient d’une feule pente
fur la nouvelle terre ; ce font ces différentes démarches
des eaux qui ont dégarni de leur couverture
certaines parties de l'ancienne terre 8c les
ont mifes à nu, tandis q.ue d'autres parties foBÇ
reftées couvertes de dépôts.
On voit, par-là qujil y a beaucoup d’ inégalités
fur la ligne des bords , 8c que, danscertaines par-,
tiës , il y a eu des dépôts confidérables de la mer qui
fubfiftent encore, & qui prouvent les anciennes
inégalités qui y ont donné lieu.
Cette bordure extérieure èft conftamment beau-1
coup moins élevée que certaines parties peu éloignées
de la limite commune, mais elle eft plus
élevée que les parties des limites que nous avons
confédérées comme les hauteurs feçondaires que
les eaux ont dégradées. Il paroît que les unes 8c
les autres difpofitions ont eu lieu dans plufieurs
endroits.
Les eaux ont eu de grands avantages pour détruire
8c faire desenlèvemens dans la limite, parcé
qu’elles font fort abondantes dans l’ancienne terre,
qu’elles s’y trouvent à toutes fortes de niveaux ,
8c que les pentes favorifoientleur a&ion; qu'enfin
elles y ont trouvé, après la retraite de la mer,
beaucoup de fables, de terres mobiles, de vafes ’y
de pierres mêlées avec des terres & en couches
peu fuivies. Les dépôts littoraux fe font trouvés
affez confidérables le long de la bordure , mais ils
dominoient avec plus d’abondance vers. C u rg y ,
Chaufferofie , Ayfy 8c Montlay. ( Voye^ la Carte?)
Après la retraite de la mer , les eaux pluviales
qui tomboient fur l’ancienne terre, déjà fillonnée
par un grand nombre de vallons , 8c fur la nouvelle
, qui offroit. une fuperficie uniformément
plate, détruifirent d’abord les parties de la nouvelle
terre voifines des bords 8c formées de vafes,
de terres mobiles aifées à délayer, 8c de fragmens
de pierres peu liées enfemble. Ces parties étoient
par conféquent moins folides , moins en état de
réfifter que d’autres plus éloignées, parce qu’ell-s
étoient d’ une compofition plus récente; aufli ne
trouve-t-on que des reftes fort peu confidérables
de ces dépôts littoraux qui n’ont aucune fuite, 8c
font la plupart fab!onn. ux.
Les eaux d’ailleurs qui avoient pour origine
l’ancienne terre, avoient plus dé force pour dégrader
8c pour détruire les couches voifines de la
bordure.
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