
ü
rochers 8c de précipices. Toutes ces collines font
couvertes de bois, 8c, en quelques endroits, de
ces arbres d’hiver qui confervent en toutes faifons
leur verdure. Ces bois s'étendent depuis le fom-
m e t, ou peu s'en faut, jufqu'au pied de la montagne
que baignent les eaux du lac. De tous côtés
on voit des ruiffeaux tomber le lr tig des précipices,
quelques-uns {dé la hauteur d'environ trois
cents pieds. '
Forêts. Les plus grandes forêts d’Irlande font
.fituées dans les comtés de Leinfter, du Roi 8c de
la Reine, 8c dans ceux deWexfort 5* de Carlow;
cépcn ^aut il y en a de grandes auffi dans les comtés
d'Ulfter j. de Donegal, 8c dans la partie fep-
tenrrionale de Tyronne ; dans le comté de Fertna-
nagh, le long du lac Earn, dans le nord du comté
•de Down, d’où l’on tire quelques bons bois de
merrain, 8c entr’autres du chêne que l'on eftirae
aufli bon 8c aufli propre à la conftruétion des vaif-
feaux , que le meilleur qui croiffa en Angleterre.
Métaux 6? minéraux. Les mines d'Irlande font des
découvertes modernes : plufieurs contiennent de
l argent & du plomb, & l’on dit que trente livres
pefant de leur mine produifent une livre pelant
d ’argent ; mais la mine d’argent la plus riche eft à
Wickiow'. On a découvert dans le comté de Tippe-
rary des mines de cuivre, de plomb 8c de fer. Dans
une des parties du royaume eft un courant d'eau
fortement imprégnée de cuivre , 8c qui fournit
une quantité confidérable de ce métal. On trouve
.aufli du charbon de terre àKiikenny.
Hollande. C e pays eft borné à l'eft par la Weft-
phalie, au fud par la Belgique, à l'oueft & au
nord par la mer d’Allemagne.
Ces provinces, fituées fur le côté oriental de la
mer d'Allemagne, font face à l'Angleterre , à la
diftance de trente lieues. Elles ne confident qu’en
une langue de terre étroite, baffe & mairécageufe,
entrecoupée par les embouchures de plufieurs
grandes rivières. Ses habitans ont fuccelfivement
gagné du terrain fur la mer ., au moyen des digues
qu'ils ont élevées 8c maintenues à force de travaux
8c de dépenfes.
La Hollande ^malgré tous fes avantages pour le ;
commerce, n’eft pas un pays agréable à habiter , I
particuliérement pour des étrangers. On n y voit j
ni montagnes ni coteaux, très-peu de fources ou
de ruiffeaux d'eau douce. En contemplant la fur-
face de ce pays du haut d'une tour ou d’ un clocher,
on croiroit voir un vafte maraisentrecoupé
da foffés, à certaines, diftances. Les canaux , qui
fervent de grandes routes, font remplis, durant
les mois d 'é té , d’eaux fangeufes 8e croupies, qui
exhalent une odeur défagréable 8c mal-faine..
Les rivières font d’une grande importance pour
ce pays. La principale eft le Rhin, l’une des plus
confidérables de Y Europe ; la Meufe , la Scheldt 8e
laVechl. Plufieurs autres rivières plus petites 8e
une infinité de canaux fe déchargent dans celles
que nous venons de nommer.
France. La France proprement dite eft bornée
au nord par la Manche, le Pas-de-Calais 8e par la
Hollande j à l'eft par le Rhin & les Alpes qui là
féparent de l’ Italie; au fud par la Méditerranée 8c
les Pyrénées, qui la féparent de l ’Efpagne; à l’oueft
par l Océan.
Le fol de la France eft généralement très-bon ;
il produit des .blé s, des vins 8e prefque toutes
les douceurs de la vie. Les fruits ont plus de faveur
que ceux de l’Angleterre ; mais les pâturages
ne font pas comparables à ceux de cette île. Dans
les provinces du midi l’ardeur du foleil deffèche
la fuperficie du fo l, grille l’herbe, 8c arrête la végétation.
La verdure n’y a pas toujours la fraîcheur
qu'on lui voit chez les Anglais j mais on y
trouve toutes les produ&ions animales 8c végétales
en abondance, 8c on peut confidérer ce pays
comme un de ceux que la Nature a le plus fayorifés.
Montagnes. Les principales montagnes de la
France ou de fes frontières fondes Alpes, qui la
féparent de l’ Italie ; les Pyrénées, qui la féparenc
de l’Efpagne ; les Vo fge s, qui féparent la Lorraine
de la Bourgogne 8c de l’Alface ; le mont
Jura, qui fépare la Franche-Comté de la Suiffe;
les Cévennes,- fituées dans la province de Languedoc
; le Mont-D or, le Mont-Cantal, le Puy-de-
Dôme en Auvergne ; la Côte-Dor en Bourgogne;
I le Mont-Terrible près de Bâle; le Mont-Tonnerre,
qui donne fon nom à un département de la rive
gauche du R,hin.
Mersy rivières 3 lacs. Les mers qui baignent la
France font la mer du Nord, la Manche, l’Océan
8c la Méditerranée.
Les principales rivières font la Loire, le Rhône ,
la Garonne 8c la Seine. La Loire prend fa fource
dans les Cévennes, paffe à Roanne, où elle commence
à être navigable; à Nevers, à Orléans, à
Blois, à Tours, à Saumur, à Nantes, 8c fe jette
dans l'Océan au deffous de Paimboeuf. En comprenant
toutes les fiiiuofités de fon cours , qui eft
nord 8c nord-oueft, on a calculé qu'il eft d’environ
centfoixance-dix lieues. Le Rhône prend fa fource
au mont de la Fourche, près le Saim-Gothard
en Suiffe, court, au fud-oueft 8c enfuite au fud,,
jufqu’à la Méditerranée, où il fe précipite après
avoir traverfé le lac de Genève, 8c arrofé Genève,
Ly on,V ienne, Valence, Avignon, Taraf-
con 8c Arles, La Garonne prend fa fource au val
d’Aran dans les Pyrénées, 8c fon cours au nord-
eft ; elle communique à la Méditerranée au moyen
d’an canal conllruit fous le règne de. Louis XJVw
Les villes quelle arrofe, font Muret,, Touloufe
Agen 8c Bordeaux. La Seine, à une petite diftance
de far fource, à Saint-Seine en Bourgogne, prend
fon cours au nord-oueft, paff: à Troyes, Paris,
Rouen, 8c fe décharge au Havre, dans la Manche
ou la mer qui fépare l'Angleterre de la France.
A ces rivières on peut ajouter la Saône, qui fe
jette dans le Rhône à Lyon; la Charente, qui
prend fa fource dans le Limoufin , & fe décharge
dans l’Océan à Rochefort, entre les îles de Rhé &
d'Oléron. Le Rhin, qui prend fa fource au mont
Saint-Gothard en Suiffe , fert de limite orientale
à la France par fon cours au nord , 8c-fe partage
en plufieurs branches, dont l’une prend le nom de
Waally 8c fe joint à la Meufe, & l'autre fe perd
dans les fables, près le Zuyderzée ; la Somme,
qui court nord-eft à travers la Picardie, 8c fe jette
dans la Manche, au deffous d'Abbeville ;, le V a r ,
qui prend fa fource dans les Alpes , court au fud ,
entre la France 8c l'Italie, 8c fe jette dans la Méditerranée.
Les eaux de Barèges , fittiéesfur les confins de
l ’Efpagne, au pied des. Pyrénées, ont obtenu
depuis quelque tems la confiance 8c la préférence
fur toutes les autres fources minérales de la France.
On attribue toutefois les cures qu'elles ont opé-1
ré e s , plutôt encore à la falubrité de l'air 8c du
f o l , qu'aux propriétés des eaux. Les eaux de Sultz-
bach en Alface guériflent, dit-on , la paralyfie,
les relâchemens de nerfs 8c la pierre. ABagnères,
près de Barèges, il y a des eaux minérales 8c des.
bainè très-falutaires, très-fréquentés dans le prin-
tems 8c l’automne. Le bourg de Forges en Normandie
a des eaux minérales très-renommées.
Celles de Saint-Amand guériffent la gravelle 8c les
obftruéiions. On peut mettre au nombre de ces
fources remarquables celle d’Aigue-Perfe, petite
ville de la baffe Auvergne, dont l’eau bout à gros
bouillons , 8c ne laiffe pas d’être froide au toucher.
Elle n’a point de goût extraordinaire; mais
on affure qu’eUe eft funefle aux animaux qui en
boivent. Les bains de Plombières dans les Vo fge s,
8c ceux du Mont-Dor en Auvergne, font très-
renommés.
On récolte en France beaucoup de tabac. L'Alfa
ce , la Lorraine, 8c particuliérement les montagnes
des Pyrénées , produifent des bois de conf-
truétion 8c autres en grande abondance. Les récoltes
des foies y font extrêmement abondantes,
& produifent un commerce très-étendu; néanmoins
les Français en tirent un fupplément de l’é tranger.
Ils ont d'excellentes races de chevaux ;
mais cette partie eft depuis long-tems très-négiigée.
Les troupeaux de gros 8c petit bétail font en très-
grand nombre : on y recueille des laines en grande
quantité. Celles du Berry font très-eftimées ; mais
ils en font une fi grande confommation, qu’ils font
forcés de tirer des brebis 8c des laines de leurs
voifins. Les provinces méridionales, celles qui
avoifinent les Pyrénées, conviennent fpécialement
aux montons propres à fournir les laines courtes ,
frifées , fines 8c feutrales. La partie feptentrionale
de France, au contraire, paroît particuliérement
propre aux moutons qui donnent les laines longues
8c liffes. Les moutons d'Efpagne 8c d Angleterre
commencent à être naturalifés en France : on en
fait des élèves à Rambouillet, à Mareuil-le-Port,
à Boulogne-fur-Mer, â Montbar, qui fe confervent
dans la pureté de leurs races, furtout ceux
d'Efpagne. La province du Gâtinois produit da
fafran en abondance. Les vins de Champagne, de
Bourgogne, de Bordeaux, de Gafcogne 8c des
autres provinces font connus pour leurs qualités
fupérieures. 11 fufEra de dire que, quoique leur
goût 8c leurs propriétés diffèrent, ils font tous ex-
cellens, particuliérement ceux de Champagne, de
Bourgogne, de Bordeaux , de Pontac , de l’Her-
mitàge & de Frontignan. Il y a peu d’hommes,
quelque valétudinaires qu'ils puiffent ê tre, à qui
l'un ou l'autre de ces vins ne foit falutaire.
On récolte en France, annuellement, des vins
pour la valeur de. 360,000,000 de francs, dont
la huitième partie au moins eft exportée, indépendamment
des eaux-de-vie 8c des vinaigres.
DanS les provinces voifines de la Méditerranée on
fait une très-grande quantité d’huile d’olives; mais
la confommation eft fi fo r te , qu'on en tire encore
de l’ Italie. La qualité inférieure fert pour les manufactures
de favons.
La France produit des chênes, des ormes, des frênes
8c autres bois de toute efpèce. On prétend néanmoins
que le bois de chauffage commence à devenir
rare dans les provinces du centre-. On fait une
grande quantité de fel dans l 'île de Rhé 8c dans les
■ environs de Roche fort, fur la côte de Saintonge.
Le Languedoc produit une herbe qu'on nomme
kali : on la brûle, & fes cendres forment une excellente
potaffe pour la fabrique des favons. Les
Français étoient autrefois fort renommés pour l’arrangement
8c la tenue de leurs jardins ; mais la
manière anglaise a généralement aujourd’hui la
préférence. Les environs de Bordeaux 8c de Toulon
produifent des câpres 8^des prunes.
Les principales forêts de la France font celle
des Ardennes , celle d'Orléans , qui contient
quatorze mille acres de bois de différentes ef-
pèces, des chênes , des ormes , des frênes & c . ,
8c la forêt de Fontainebleau, à peu près de la
même étendue. Il y a en outre , dans différentes
provinces, un grand nombre de bois confidérables,
auxquels on pourroit donner le nom de forêts ,
mais trop éloignées des bords de la mer pour être
d’une grande utilité nationale. Celles de Com-
piègne , de Villers --Cotëfêts , de Saint - Ger-
} main, 8cc. font aufli très-étendues, 8c ont de huit
! à dix lieues de tour.
j Suijfe. La Suiffe eft bornée au nord par l’Allemagne
8c la France , à l'oueft par la France, au
! fud par l’ Italie, 8c à l’eft par l’Allemagne,
j „ La Suiffe étant un pays montagneux 8c fîtué fur
j les Alpes, qui forment un amphithéâtre de plus
j de trente-trois lieues, l’ hiver y eft très - dur ,
j parce que, dans certaines années, les montagnes
| font conftamment couvertes de neige. L’é t é ,
j l’extrême inégalité du fol rend , dans la même pro-
vince , la température très-différente. Souvent on
j fait récolte d’ un côté de ces montagnes, tandis
] que l’ on énfemence de l’autre ; néanmoins les
j plaines font chaudes, productives & bien culti-
S 2