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nous voyons chaque jour dans une ville qui eft le j
centre des fciences, & dans un lîècle qui Te dit
éclairé ; c’eft qu'on n'étudie pas l’hifloire naturelle
minéralogique par obfervation.
HOLLANDE. La Hollande fe divife en deux
parties, en Nort-Hollande 8c en Sud-Hollande.
Dans le diftriâ: de la Nort-Hollande on comprend
les terres qui fe trouvent au nord del’Ye ; favoir :
toute l’étendue de pays qui eft renfermée dans le
cercle que forme la mer du Nord depuis Egmont,
autour du Helder, avec le Zuiderzée & l’Y e , juf-
qu ’au Kennemerland, près de Sparendam.
La Hollande méridionale comprend les terres
qui fe trouvent fituées au fud de l’Y e , depuis le
Kennemerland , le long de la mer d’Allemagne,
jufqu’ à la Zélande , en y comprenant les îles qui
font dans ces limites, & q u i, le prolongeant le
long des frontières du Brabant hoilandois , de la
Gueldre 8c d’Utrecht , jufqu’ à l’extrémité de
Lamftelland 8c le Crooiland, nous ramènent le
long du Zuiderzée jufqu’ à l’Y e , près de Sparendam.
Nous remarquons d’abord que la Nort-Hollande
eft divifee en trois grands cantons, le Kennemerland
, le Waterland 8c la Weft - Frife. Le Kenne-
metland renferme les diftriéts de Harlem , de Be-
-v erv yk , des Egmonts , de Huifduinen, de Helder
8c de Nieuwburgen.
La plus grande partie du fol du Kennemerland
eft faolonneufe : on y trouve aufli beaucoup de
terres argileufes. Il ne paroît pas qu’il y ait des
tourbières, excepté du côté du Rhinland, du
moins il n’y en a point d’exploitées.
On regarde généralement les dunes qui s’étendent
dans le Kennemerland le long de la mer d’Allemagne,
comme les plus hautes de toute la Hollande,
ce "qui n’empêche pas qu’entre ces dunes
il n’y ait de grandes vallées & des marais : on en
trouve furtout dans la plaine derrière Petten 8c
près d’Egmont. Mais ce qui eft plus remarquable
encore, c’eft q u e , dans une plaine derrière les
dunes, aux environs de Caftricum, les eaux qui
en découlent, augmentées par d’autres filets d’eau,
forment un ruiff-au qui devient un canal navigab
le , & qui s’ étend au-delà de l’ Immen. La fource
de ce ruiffeau, dont l ’eau eft très-bonne 8c potable
, eft le Waterftal, & on lui a donné, à caufe
de fon cours circulaire, le nom d‘Hoek-Beek (Ruif.
feau du Cerceau). Le ruiffeau nommé le Kraantje-
Lek , près d’Overveen, produit.également de la
filtration de l’eau des dunes , forme un grand baf-
fin & un canal de navigation. On trouve encore
quelques autres ruiffeaux dans les dunes du Kennemerland,
mais ils n’ont pas un fi grand volume
d'eau ni un cours auflî étendu. L’autre partie du
Kennemerland , principalement entre Sparendam
& Harlem, eft marécageufe & pleine de pâturages.
II faut attribuer cet état d’inondation au
pacage dés eaux de l’Ÿ e au deffus du Slaperdick
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- ou digue dormante , qui ne fuffit pas pour empê-
j cher le débordement de l’Ye lorfqu’il y a de hautes
j marées : on doit aufli regarder cet état d'inondation,
furtout pendant l’hiver, comme produit
aullî par l’eau intérieure qui fort du lac de
Harlem.
En s’avançant davantage dans le Kennemerland,
vers le nord, on y trouve furtout des térres baffes
& unies, qui font auftî marécageufes. C e diftriâ:
eft coupé en tout fens, par des canaux & des
foffés; ce qui l’a rendu habitable, & peuplé de villages
8c de métairies très-fertiles en pâturages.
Cette marche nous conduit dans le Waterland.
On y trouve d’abord le diftr-â: de Monikkendam.
On y voit cinq lacs deflëchés & entourés de digues,
connus fous les noms de Buiflotermeer, de Broak-
meer, Belmermeer , B armer & Wide- Vormer,
Outre cesdefféchemens conlidérables on trouve
encore, dans le Wateriand, une infinité de pet
it s ’lacs, de canaux, de foffés, de marécages &
des pâturages immenfes. Le Wide-Vormer eft un
terrain defléché & entouré de digues; il renferme
plusde quatre mille cinq cents arpens de Paris. Le
Purmer, également defféché & entouré de digues,
aplusde fept mille cinq cents arpens de Paris. L’intérieur
eft divifé par plufieurs canaux qui fervent
à fon defféchement, le long defquels font plufieurs
rangées d ’arbres entre lefquelles - font dès métairies
où l’on élève beaucoup de bétail, & où l’ on
fait le fromage d ’Hollande. Toutes ces richeffes fe
trouvent au fond de ce terrain defféché, qui eft
au deflous du niveau de la mer.
De là , en s’avançant vers le nord, on entre
dans un des plus beaux cantons des terres defféchées,
tant de la Sadque de la Nort-Hollande ,
favoir : le Beemfter. On compte qu’ il a deux lieues
de long fur une & demie de large. Les terres de
tout le Beemfter font biencultivées, & diftribuées
en métairies bien tenues.
En s'avançant a l’oueft 8c même’ au nord, on
trouve plufieurs parties defféchées & entourées de
digues, parmi lefquelles on diftingue leSchermer-
meer, qui contient quinze mille arpens.
Je ne fais mention de tous ces terrains deffé-
chés que pour faire voir quelle étoit la conftitu-
tion du fol de la Nort-Hollande, qui étoit couverte
de Jacs affez profonds, puifqu’il faut continuer
à en tirer l’eau par le moyen des moulins à
vent; en forte que les terres font au deffous du
niveau du fol naturel, qui contenoit les eaux des
lacs deflechés, habités & cultivés, 8c même au
deflous du niveau de la mer du Zuiderzée.
Il fera curieux de favoir à quelle caufe on doit
attribuer ces anciens lacs auxquels ont fuccédé les
polders dont nous venons de parler , & de plufieurs
autres que nous avons omis.
Paflons maintenant dans la Weft-Frife.
Les terres fituées entre les villes de Horn, En-
kuyfen & Medenbleck font naturellement protégées
contre les invafions de là nier, par des
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bancs de vafes & de limons qui entourent îa W tft-
Frife de ce côté. Ces terres font en général fort,
baffes, excepté entre Medenbleck 8c Schegen.
On compte même que la furface du fol naturel eft
à quatre ou cinq pieds plus bas que le Bell ou
marque de la marée ordinaire ; de forte que la
Veft-Frife, quoique garnie de fortes digues le
long du Zuiderzée, a fouvent couru rifqtie , ainfi
que toute la Nort-Hollande 3 d’être fubmergée.
La Weft-Frife contient d’ excellens pâturages ,
& dans les polders defféchés il y a de bonnes
terres labourables , & dans les terres connues fous
le nom de Veen-Hoop le fol renferme beaucoup
de tourbe.
1er. Recherches fur les terres hautes 6* baffes
de la Hollande.
M. l’Epie , dans fon Traité fur la fituation naturelle
de la Hollande, a fait voir, d’une manière
allez probable, l’éboulement & l’affaiffement de
quelques terrains dans la Weft-Frife, fur quoi
M. Lulofs a fait une remarque que nous croyons
devoir placer ici. « Si un pareil affaiffement a vé-
» ritablement eu lieu, d it - il, dans les terres de
m Weft-Frife , ou plutôt fi on remarquoit un pa-
*> reil changement dans la hauteur de la mer, relâtivemênt
aux terres, ce qu’on ne peut pas
»j tout-à-fait nier, quoique ce changement pa-
w rôiffe moins considérable que le prétend M. l’E-
» pie , on pourroit croire , avec raifon, que les
» terres limitrophes de la Sud - Hollande ont
éprouvé le même fort. *> Ce que nous avons
principalement en vue ici , c’eft l’état de la Sud-
Hollande , comparée avec celui de la Non-Hollande.
M. Lulofs penfe que les-terrès de laSa<£-
Hollande doivent fe trouver dans le même étaçque
celles de la Nort-Hollande ; mais je fuis d’un fen-
timent tout-à-fait contraire; car comme le terrain
de la Sud-Hollande eft plus élevé que celui de
la Nort-Hollande , & qu’affurément il l’a été de
même dans les fiècles paffés, il eft inconteftable
que Ja Sud-Hollande , quoiqu’elle ait pu être fub-
mergée par des marées extraordinairement hautes,
doit avoir été moins expofée aux fureurs de la mer
du Nord , que la Nort-Hollande & la Weft-Frife.
Nous fommes perfuadés que la Sud-Hollande 'a
toujours été un pays plus folid e, plus élevé &
plus fû r , dont les couches ont été plutôt rehauf-
fées après le déluge univerfel ou d’autres inondations
antérieures 8c inconnues , par le débordement
de la Meufe, du Rhin, & c . , que par celui
de la mer, tandis que la Nort-Hollande 8c la Weft-
Frife , au contraire , ont non-feulement été fub-
mergées par les eaux de la mer , mais encore par
celles du Rhin, qui avant, & plus encore après
l’engorgement de cette rivière, s’ y raffembioient
en grande quantité; de forte que le terrain en
étoit toujours couvert d’ eau & marécageux.
Joignez, à cela une plus grande proximité de la
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mer aux côtes de la Nort-Hollande, dans des tems
poftérieurs dont il a déjà été parlé: doù l’on
peut conclure que, dans des tems plus reculés, la
Sud-Hollande étoit plus éloignée encore de la mer
que la Nort-Hollande, laquelle, fuivant lâ con-
noiffance la plus ancienne que nous ayions de ce
pays, é to it , comme nous l'avons d i t , couverte
d’eau, ainfi qu’on en peut juger par le grand nombre
de lacs qu’on y a vus dans ces derniers tems.
C ’eft aufli fans doute dans ce fens que Tacite a
dit que l’ île des Bataves étoit fituée inter vada ,
entre des eaux guéablés; c a r , fuivant nous, il a
entendu , par l'île des Bataves, la partie haute 8c
ferme de la Sud-Hollande, avec les terres voi-
fines ; & par les eaux guéablés entre lefquelles fe
trou voit cette î le , il a voulu dire les terres baffes
qui étoient inondées par les rivières , dont les dé-
bordemens les rendoient marécageufes.
Nous ne déciderons pas fi l'on peut attribuer la
différence de la hauteur ancienne & actuelle de la
mer, depuis quatre à cinq fiècles ou plus, à cec
affaiffement des terres de la Weft-Frife; mais.il eft
certain que toutes les terres de la Hollande, qui
ont été inondées parles eaux des lacs ou des tourbières,
s’affaiffent toujours après qu’on les a defféchées,
ou plutôt ferefferrent, & deviennent des
couches plus compares & par conféquent plus
baffes ; ce qui eft d’autant plus facile à remarquer,
que ces terres font plus cultivées, plus habitées
ou plus foulées par les beftiaux , comme on peut
le voir dans toutes les terres defféchées, & particuliérement
dans celle du Diemer-Meer.
Nous croyons qu’il eft facile aufli de prouver,
par ce defféchement & cet affaiffement des tourbières,
la différence qu’il y a entre les terres hautes
& les terres baffes & fpongieufes de la Hollande
y différence qu’ il eft effentiel de remarquer
ici ; car fi nous voulons nous borner à parler des
tems où nous avons commencé à avoir quelque
connoiffance certaine de la fituation 8c de la population
de ce pays, & fi nous faifons abftraétion du
changement qu’en a dû éprouver le terrain, il eft
fans cloute digne de remarque qu’il n’y a jamais,
ou du moins très-rarement, deffus ou deflous des
couches de tou rbe, quelques veftiges qu’elles
aient été habitées, tandis qu'au contraire on
trouve beaucoup de marques non équivoques d’habitations
fur les couches d’argile & de fable des
terres élevées. Cette obfervation n’a pas échappé
à M. Woifmaar dans fa préface placée à la tête
des Lettres fur les Antiquités de la Hollande, de
M. Van-Lier, où il dit que dans les couches de
tourbes on trouve fort rarement quelques veftiges
de l’antiquité. Il eft vrai que M. Schook parle
d’ armes 8c de médailles qu’on a trouvées dans les
couches à tourbes. Si cela e ft , il fe peut que ces
armes aient été enfouies du tems o ù , fuivant T a cite
, les Bataves ont fait périr tant de chevaliers
&c de foldats romains dans les marais. C ’eft ainfi
qu’on a trouvé dans le bois de Harlen, des armes