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du Ponent, & l'arête qui la féparëfde la vallée du
Piémont. Ce n’eft qu'entre Savo'në & Gênes que
commence la ch;îne des Apennins : ces montagnes
qui, près du pafiage de la Bochetta, n'ont
que trois à quatre mille pieds de hauteur, s’élèvent
à plus de fix mille piecs vers les confins de la
Tofcane ; leurs cimes aplaties donnent à la Ligurie
orientale (la rivière du Levant) des vallées plus
larges, des cultures plus étendues , des routes
plus faciles, & en généra! un afpeét moins âpre
moins efcarpé que ne l’eft celui de la rivière du
Ponent. Ici les Alpes liguriennes offrent des pentes
fort rapides, des ravines bien fuivies depuis
les cimes, & le s eaux torrentielles s'y précipitent
jufqu’au bord de la mer; c ’eft là où règne
cette corniche qui laifle à peine la route d'un
chemin frayé par les mulets & les foldats. '
Le granité montre rarement fes formes trapézoïdales
dans les Alpes liguriennes : il difparoît au centre
de l’Apennin. Des ferpentines , des jafpes,
des fchiftes ardoifes, des marbres de toutes fortes
compofent le corps de cetre chaîne, qu’on affeéle
de comparer aux Alpes. Les revers des Apennins,
qui s'étendent aux environs de Gênes, offrent
des cavernes remarquables qui paroiffent
avoir été creufées par les flots de la mer, des maf-
lifs de marne durcie qui contiennent des pholades
vivantes, enfin des carrières de pierres très-propres
aux conftruftions.
Défendue par une partie de l'Apennin, pré-
fentant de grandes pentes & des abris confidéra-
bles & inclinés vers le midi, enfin bordée par
une mer ouverte, la Ligurie n'ëprouve jamais ces
froids vifs qui, en Dauphiné"& en Lombardie,
rappellent le voifinage des glaciers de la Suiffe. La
-température y eft très-douce, même en hiver : on
a même reconnu qu'en oêfobre, par une forte bife,
la chaleur de l’après-midi s’approcboit du ïo e.
.degré du thermomètre de Réaumur. Telle eft la
douceur du climat, que l'on y voit mûrir les
fruits de'Naples, pays plus méridional de 4 ï 6
degrés. La petite ville de Bordighera, près San-
Remo, cultiva beaucoup de palmiers, dont on
envoie des branches à Rome pour les cérémonies
de la Semaine-Sainte. Sur toute la côte on voit,
entre les caps calcaires, le fond de chaque petit
golfe orné de plantations d'orangers, de atrophie
rs, de figuiers, de cédratiers, de jafmins d’Arabie
, &c. Les rochers les plus arides fe couronnent
de grands aloès : de leurs fentes s'élancent
ides opuntias , ou figuiers de l'Inde. Les lauriers-
rofes, les romarins, les bruyères en arbres , les
myrtes, les ciftes en feuilles de laurier agitent
leurs tiges fleuries fur les croupes des terraffes
qui dominent les bords de la mer ; fur les hauteurs
moyennes des rivières du Levant & du Ponent
on voit l'olivier mêler fa verdure bleuâtre
aux teintes plus douces de la vigne, au vert-foncé (
des caroubiers & des mûriers, & au vert-clair [
des pins maritimes, La force de la végétation y eft '
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fou vent étonnante les caroubiers y viennent en
quelques endroits auflî gros que ceux de la Sicile.
Les huiles du golfe de la Spezzia font furtout fort
efilmées , les vins de la Ligurie font loués par
Pline, ils tiennent du mufcat; les foies de Novi
font en petite quantité, mais leur blancheur,
leur fineffe & leur égalité leur donnent un grand
avantage pour les fabriques de gaze. Le revers
des Apennins oppofé à celui des rivières, offre
des fources de pétrole, de nombreux dépôts de
coquillages marins entaffés pêle-mêle avec les débris
d’anciennes forêts, & avec les impreflîons de
plantes appartenant à des climats lointains.
Les Génois & tous les habitans des rivières
ne négligent aucun coin de terre, & ils y ont
formé des jardins qu’ ils agrandiflent chaque jour,
par la deftruéïion des tochers qui peut leur fournir
un peu de terre végétale. C’eft dans ces jardins
qu’ils récoltent en tout temps des fleurs & des
fruits.
En général, lès cimes les plus élevées de l’Apennin
font nues & ftériles; quelques hêtres cependant
y végètent parmi de triftes bruyères. Le
pin maritime n’y croît que dans les régions inférieures.
Ce n’eft guère que dans les larges vallées calcaires
de la rivière du Levant que l’on rencontre
de gras pâturages & de vaftes cultures en froment :
auflî Gênes, obligée de tirer des vivres des contrées
voifines, éprouve-t-elle aflez fouvenr de grandes
difettes ; même le golfe de Gênes n’eft pas ppif-
fonneux. La réunion de la Ligurie au Piémont
ouvre aux Génois les fertiles plaines qu’arrofent
le Pô & le Tefîn : ils pourront donner les beaux
fruits de leurs côtes en échange des grains d’une
région tempérée*.
Les deux rivières fle la Ligurie offrent à la navigation
des Français & des Italiens plufieurs
ports & mouillages. Dans la rivière du Ponent on
diftingue ceux de Sar.-Remo, d’Albenga , de Vadi,
& l’on regrette celui de Savone, que les Génois
ont comblé par jaloufie. La rivière du Levant
préfente fuccefîivement les ports de Porto-Fin© ,
de Seftri, où il y a des chantiers de conftruétion ;
puis le golfe de la Spezzia, rade immenfe qui renferme
trois ou quatre grands ports. Enfin, l’embouchure
de la Magra offre le. dernier port ligurien
fur les limites de la Tofcane. Nous donnerons,
à l’article de cette rivière, la defcription de fon
baflin, qui eft fort étendu.
Au fond de ce vafte amphithéâtre maritime, dont
le contour eft femé de golfes, de forêts, de villes,
de villages & de jardins , fe trouve renfermé un
autre amphithéâtre plus arrondi & plus riant :
c’efVlà que s'élève Gênes la fuperbe, avec fes palais
, fon port & fon phare, fon pont aérien qui
joint deux montagnes, fes aqueducs, fes édifices
publics, conftruits en marbre. Nous ne nous occuperons
pas de la notice de tous ces monumens}
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déjà décrits & connus ; nous ne parlerons pas de
fa population : il nous fuffiva d'indiquer que la majeure
partie de cette population confifle en pêcheurs
& en matelots, il y avoit avant la guerre
des manufaètures fort intéreffantes , & dont le
Gouvernement français ne négligea pas d’encou-
jager le rétabliffement : telles étoient les fabriques
de velours de foie unis, répandues même avanta-
geufement dans les villages & les hameaux. Il y .
avoit autrefois un grand nombre de moulins à papier,
dont les produits, connus fous l’enfeigne des
trois O de Gênes, fe débitoient furtout dans l’Amérique
efpagnole ; mais la principale fource de
l’ancienne richefle de la ville de Gênes doit être
confidérée comme ayant fon origine dans les affaires
de change que faifoit la banque de Saint-
Georges. Enfin , les Génois ont cherché à établir
des chantiers de conftru&ion, qur ne tarderont pas
à devenir importans ; les barrières des douanes .
étant détruites, les forêts des Alpes italiennes
Aîfcendront dans les ports de la.Ligurie, & les
rempliront de bâtimens aflortis à leur commerce
devenu libre.
Il nous refteroit à faire mention des revenus de
la république liguriennë ; mais eet-objet, outre
qu’il n’entre pas dans notre plan, ne prélente d’ailleurs
rien de précis ni d’intéreflaot. Il en eft de
même des beaux-arts, qui ne doivent être bornés
qu’à celui des conftruétionsde bâtimens, dirigées
d'après des principes modernes de mauvais goût,
& que les artiftes génois paroiffent avoir empruntés
de France. Quoi qu’on ait dit des Génois,
de leurs moeurs, nous ajouterons ici que les voyageurs
éclairés & exempts des préjugés italiens ,
ont eftitné à leur jufte valeur, le courage, l’in-
duftrie, la patience ,1a probité commerciale & la^
tolérance religieufe des Génois. ( V"oye[ l'article
Apennin. )
LIKA, rivière de la Bofnie qui prend fa fource
du côté de Graccas, & fe perd dans un gouffre
au pied du mont Morlaque , dans la vallée de Go-
zoigne,,à une journée de la mer’. On prétend que
les fources qu’on voit près de Starigrad au bord
de la mer, proviennent de la rivière Lika,; qui
débouché dans cet endroit..
LIMA, capitale du Pérou- Les environs de
cette ville annoncent la plus abondante fertilité :
il n'y manque que de la pluie pour arrofer la
terre ; mais l’induftrie fupplée à l’humidité que
les nuages refufent, & rend la terre féconde,
malgré la fécherefle du climat. On trouve un
grand nombre de canaux qui diftribuent l’eau des
rivières dans toutes les campagnes de Lima. On
y arrofe les champs de froment & d’orge , les
prairies, les vaftes plantations de cannes à fucre,
d'oliviers, de vignes. A Quito, les récoltes n’ont
point de faifon déterminée : au lieu qu’ici la
tarie fe couvre de maillons, en. certains temps,.
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les arbres fe dépouillent de leurs feuilles. dars:
d’autres. La feule culture que demandent les arbres
, eft le foin de nettoyer les rigoles qui co.n-
duifent l’eau au pied de chacun d’eux.
On mange à Lima des fruits frais toute l'année
, parce que les faifons étant alternatives dans
les montagnes & dans les vallées, lorfqu’ ils cef-
fent dans un canton , ils mûnflent dans l'autre.
Le pays des vallées , ce long efpace qui s’étend
entre les Cordilières & la mer du Sud, eft la partie
du Pérou la plus agréable. L'été eft chaud tans-
qu’on ait lieu de fe plaindre que la chaleur foie
portée à l’excès; car elle y eft tempérée par des
vents qui foufflent modérément dans cette faifon..
L’hiver ne reffemble point à celui des zones tempérées
; mais le froid eft aflez marqué pour obliger
à quitter la toile & à prendre le drap. La terre te
couvre alors d’un brouillard qui empêche les-
rayons du fojeil de pénétrer jtifqu’à elle : il fe
maintient fort bas toute la matinée, & à midi il
commence à s’élever fans fe ditCper : il n'offufque
plus la vue, mais cache feulement le foleii pendant
le jour, & les étoiles pendant la nuit; quelquefois
ii s’éclaircit & laifle apercevoir l’image du fo-
leil fans en laitier fentir la chaleur. Les-vapeurs feulement
le réfolvent en rofée ,, humeéf-nt la terre,
font renaître la verdure & ramènent le printemps-.
Une fingularité fort étrange dans toutes ces
vallées, c’eft qu’ il n’y tombe jamais de pluie &
qu’on n’y voit jamais d’orages,. quoique le ciel
toit, comme nous l’avons d it, couvert de nuages. •
On ignore dans cette contrée ce que c’eft que le
tonnerre.
Entre Cufco & Àrequipa eft le fameux lac Titi-
caca, le plus grand que l’on connoifle dans cette
partie de l’Amérique : il a quatre-vingts lieues de
circuit, & près de cent braîfes de profondeur. Su
figure eft ovale, & plufieurs rivières y portent
leurs eaux & y terminent leur cours. Ce lac renferme
plufieurs îles & comme il eft très-abondant
en poilfons de différentes;efpèces, ,les peupk s-
qui habitent fes bords ne s’attachent qu’à-la pêche,,
dont les- produits forment pour eux un objet de
commerce^
LIMAN ou LÉMAN. Ces exprefflons fe trouvent
fouvent dans les cartes r.utfes. Nous avons cru
devoir en donner ici une courte explication. Limon.
ou Léman ont probablement une origine celtique ,
ainfi que l’ancienne dénomination du lac de Genève
femble encore l'indiquer. Il fignifie peut-
être un lac mais les Ruffes l’emploient dans une
, acception un peu différente.
Ils nomment liman l’embouchure d’une rivière „
lorfque cette embouchure, formant une efpèee
de golfe, ne communique a.vec-la mer que par un
canal’ forc reflerré. Un liman fera donc un long lac
qui aura une communication dire&e avec la mer;,
cependant un lac qui,. en communiquant avec la.
.mer,, n’y v-erfetoit pas* en même temps: les eaux.