
36 Ê N H
leur affez vive. On ne peut s’empêcher d'être
furpris de trouver, à de pareilles hauteurs & parmi
lés neiges, les plus beaux & les plus grands arbres
d’ efpèces qu’on n’ a vu dans ces contrées qu'à des
diftances éloignées, & qu'on ne croit pas trouver
dans un pareil climat ; car depuis la région des lacs
lés bois & les forêts ne font guère que des fapins,
au lieu qu’ici ce font des chênes1, des hêtres &
des érables de la plus belle.venue. De droite & de
gauche on voit tomber de petites cafeades provenantes
de la fonte des neiges qui font fur les rochers
élevés. A droite une fontaine lingulière attire l’attention
: ce font neuf jets ou écoulemens d’eau
alfez gros qui s’élancent à peu près à même hauteur
d’un rocher calcaire à pic & fort fec : on la nomme
Jungibrunnen. Les rochers calcaires compofés de
couches permettent aux eaux de s’infiltrer dans
leur intérieur 5 elles en abforbent beaucoup qui s’y
amaffent. La pente d'une de ces couches conduit
tes eaux à l’extérieur , ou des ouvertures proportionnées
au poids ou à la quantité d’eau qui pèle
deffus les font jaillir en avant du rocher. On remarque
fouvent au pied des montagnes calcaires
qui font couvertes de neiges, de grandes fources
d’eau ou des ruiffeaux tout formés qui fortent de
terre : c’ eft pour cela que tou-s lès efcarpeipens
des pierres calcaires font fecs , pendant que les
autres efpèces de rochers qui n’abforbënt pas les
eaux font humeétés par-deflus, parce que les eaux,
ne les pénétrant pas, en dégouttent de tous côtés.
Plus loin on trouve une belle cafcade : un grand
volume d’eau tombe d'une roche élevée, compofée
de couches régulières qui defcendent en gradins.
L ’eau forme autant de cafeades qu’il y a de gradins
ou de couches, en s’élargilfant toujours de
plus en plus par le bas, elle fe termine par une belle
nappe d’eau qu’ un beau baflin de figure ovale reçoit
5 enfin on arrive à cinq ou fix chalets , où
les bergers font leurs fromages. C ’eft près de ces
chalets que fe trouve une fontaine intermittente,
i °. Elle eft doublement intermittente} elle ne coule
que pendant la fonte des neiges, & ceffe de couler
quand les neiges font fondues ou que les gelées recommencent}
2°. elle ne coule en été que vers le
fo ir , quand la chaleur du jour a eu le tems de remplir
le réfervoir intérieur par la fonte des neiges,
Après avoir vu ces phénomènes, tels que les comporte
la faifon , on arrive au petit lac d'Engfilen ,
d’un quart de lieue de longueur : les eaux en font 1
noirâtres , & fournies par les neiges & les glaces
qui couvrent les montagnes environnantes.
' ENHYDRE. On donne ce nom à des géodes
remplies d’eau, ou -à des agathes contenant des
bulles d’eau dont le mouvement eft très-fenfible à
)a vue fimple. Il n’eft queftion maintenant que d’expliquer
la fuite des procédés que la nature a mis
en oeuvre pour renfermer une goutte d’eau dans
une pierre dure & folîde de quelque nature qu’elle
foit.
I N S
ËNSIEDLEN ou EINSIEDLEN, ou bien encore
NOTRE-DAME-DES-HERMITES, belle abbaye
dans le canton de Schwitz : c’eft le centre d’une
contrée que nous allons décrire.
Après avoir traverfé le lac de Lucerne, au fortir
de l’Undeiwald , on débarque à Brunen , & de là
on gagne Schwitz, chef-lieu du canton. Il n’y a
que des pâturages dans tous les environs, quelques
jardins & point de terres labourées. On monte la
montagne fort rapide, au pied de laquelle eft fitué
Schwitz. Parvenu à une certaine hauteur on voit
dans le fond , à gauche, le petit lac de W e r tz ,
qui eft féparé du lac de Lucerne par des montagnes.
On paffe enfuite au pied des deux montagnes calcaires
en pointe, qui dominent Schwitz & tous les
environs. La plus élevée eft remarquable en ce
qu’elle eft d’un beau marbre rouge à fon fommet>
avec une grande partie de marbré gris dans fon
milieu. Après avoir monté une heure & demie on
arrive tout-à-fait fur la hauteur. Des bois & des
pâturages couvrent tous les terrains qui ne font
pas des rochers. On reconnoît facilement que la
montagne qu’on vient de monter n’eft compofée
que de décombres. Quoiqu’elle Toit couverte de
pâturages, on apperçoit cependant, de tems à
autre , des fehiftes feuilletés , d’autres fois des
pierres calcaires qui fortent du terrain. Sur le revers
de la montagne on en voit d’autres qui
font formées de même, & dans la compôfition def-
quelles il entre beaucoup d’argile jaunâtre.
On defeend pendant une heure Sc demie par des
chemins garnis de rondins & d’arbres en travers
pour éviter les argiles & les terrains marécageux
occafionnés par les eaux qui defcendent de tous
côtés. On ne voit que des ravins , des fondrières,
des torrens' qui ne châtient abfolument que des
pierres calcaires prefque toutes grifes, avec des
veines de foath blanc. Le plateau on eft fitué ÈfiïX
fiedlen eft fort elevé : fon climat eft froid & rude.
A côté du bourg il y a une carrière de pierre fa-
bkmneufe, par couches, d’ un tiffu folidè & bien
lié.
On chemine une demi - heure fur le plateau
d‘EinJiedlen , où il y a des pâturages & quelqué
culture d’ orge. On defeend enfuite & l’on arrive
à la rivière de S ill, q u i, dans le tems de la fonte
des neiges, eft un torrent impétueux & fait de
grands ravages. Les collines environnantes, qui font
fort élevées, ne font compofées que de galets ou
de pierres calcaires roulées. Le fond du terrain eft
argileux. De la hauteur à côté de la chapelle de
Saint-Mainard on apperçoit toute l ’étendue du lac
de Zurich, qui a plus de fept lieues de longueur,
puis un immenfe pays compofé de' montagnes fié
de collines qui fe dégradent & vont fe perdre
dans l’horizon.
C e n’ eft qu’après avoir bien defeendu qu’ on s’ap?
perçoit combien le plateau d’Einfiedlen eft élevé.
Ces terrains ne font aufli que de pierres roulées.
Dans le fond on trouve une quantité de granits
E N T
très-beaux, dont la plupartfont rouges, & des cailloux
ou galets de jafpe, mêlés de quelques blocs
de pierres fablonneufes Quelques lits de la même
pierre traverfent de tems à autre ces amas de pierre s
roulées : le tout annonce que c.’eft un dépôt des
eaux.
Pour aller à Raperfchweil on prend un fentier
à droite, qui defeend jufqu'au bas de la colline,
compofée de-pierre de fable par lits., &: qui continue
fur tous les bords du lac, comme on le remarque
aux environs de plufieurs autres lacs de
Suifie. Avant d’arriver au lac il y a une petite
demi-lieue de plaine à paftër, dans laquelle il y a
beaucoup d’arbres fruitiers. On paffe le lac fur un
pont qui a plus de fix cents toifes de longu-ur,
& établi dans une partie du baflïn du lac , qui eft
peu profonde. Si l’on repaffe le lac pour aller
à Lachen , on y trouve un pays couvert de riches
pâturages, d’arbres fruitiers & de bois. Après
Richenburg-, dernier village du canton de Schwitz,
on trouve une plaine remarquable, au milieu de
laquelle coule le Lintz, qui va fe jeter dans le lac
de Zurich } elle paroît avoir été-occupée par les
eaux du la c } car le fond du terrain ou l'on paffe
depuis Lachen & la partie inferieure des montagnes
à droite font tous couverts de pierres roulées
& de maffes de ces mêmes pierres agglutinées
enfemble par des graviers & des fables. Plus loin
ces maffes de poudingues font adoffées contre le
pied des montagnes calcaires qui s'élèvent au
deffus. On paffe par Belten, premier village du
canton de Glaris : on y voit les mêmes amas de
galets agrégés.
ENSESHEIM, ville du département du Haut-
Rhin, arrondiffement de Colmar, & à cinq lieues
uh quart fud de cette ville. Elle eft fituée fur un bras
de la rivière d’111, connu fous le nom de Mulbach,
dans une pofidon très-agréable. Cette v ille , fon
château & le landgraviat de la Haute-Alface vin
rent aux comtes d’Hasbourg avant la guerre de :
Suède } enfin, par la paix de Munfter, elle a été
cédée à la France avec le landgraviat de la Haute-
Alface.
ENSIV A L , bourg du département de l’Ourthe,
arrondiffement de Malmedi. Les draps qui s'y fabriquent,
l'emportent fur la manufa&ùre des Pays-
Bas pour la fineffe, l’éclat & la folidité des couleurs.
On les exporte en Allemagne, en Italie &
dans le Levant. C e bourg fait par an plus de fept
mille pièces de drap.
# ENTONNOIR. C ’eft une incavation qui fe fait
à la furface de la terre par un affaiffement qui fur-
vient à la voûte des grottes fouterraines, &t qui
prend la forme d’un entonnoir renverfé. J’ai remarqué
furtout un grand nombre de ces entonnoirs
dans les environs des fources abondantes, & particuliérement
fur la route des réfervoirs foutçr-
E P E 37
rains qui leur fourniffent de l'eau. On en trouve
aulfi également le long du canal de certaines ri-;
vières qui fe perdent & qui reparoiflênt en grande
partie dans ces fources.
Les dégorgeoirs qui jettent de l’eau en certains
tems ont le plus fouvent la forme d’un entonnoir.
On remarque aufli de femblables entonnoirs à la
fuite des éboulemens qu’éprouve le ciel de certaines
carrières qu’on fouille par des galeries profondes
& mal foutenues.
Ces accidens ont lieu furtout lorfque le ciel des
carrières eft compofé de bancs & de lits très-
foibles, ou bien faute de piliers forts & réfervés
à des efpaces peu confidérables.
ENTRE-DEUX-MERS, département de la G ironde
, arrondiffement de Bordeaux, pays & contrée
fitués près de Bordeaux, entre la Garonne &
la Dordogne. Cette fituation a fait donner ce nom
â une longue liiîère qui eft arrofée par les affluences
dans les deux rivières principales. Cette lifiere
forme les deux cantons de Carbon • Blanc & de
Créon , qui compofent i'arrondiffenvent de Bordeaux.
EN TR E V AU X , ville du département des
Baffes-Alpes , arrondiffèment de Caftellane, au
pied des montagnes, fur le V a r , & à deux lieues
& demie d'Annot.
Cette v ille, fortifiée & placée fur une hauteur
qui la met à l’abri des inondations du V a r , s'eft
accrue des ruines de Giandèves, qui étoit fur l’autre
rive. A quelque diftance d*Entrevaux on trouvé
une pierre grife veinée, du foathblancfufceptible
de poli & pleine de pyrites férrugineufes qui teignent
la pierre. Cette ville dépend de la huitième
divifion militaire : il y a un capitaine du génie.
ENTREV ERNES, village du département du
Mont-Blanc, arrondiffement d’Annecy. Il y a une
mine de houille placée dans une gorge qui prend
naiffance à la commune de la Thuille, fituée à l'extrémité
du lac d’Annecy, & qui fépare deux fom-
mités de roche calcaire originaire. Elle eft élevée
déplus de dix-huit cents pieds perpendiculaires au
deffus de cette commune : il faut, pour y arriver,
gravir à travers les rochers , les brouffailles, &
fuivre les fentiers roides & tortueux que les chamois
, les chèvres, les vaches & ceux qui les con-
duifent y ont pratiqués.
ENVERMENIL, bourg dans le département de
la Seine-Inférieure, arrondiffement de Dieppe, &
à trois lieues de cette ville. Les terres de ce iieu
font fertiles en grains, en fruits & en bons pâturages.
ÉPERIES ( Mine de fel de la ville d*). A une I demi-heure decheminde h ville d‘Éperies en Hongrie
, fe trouve une mine de fel très-fameufe} elle a
cent quatre-vingts braffes de profondeur depuis le