
^56 G A R
à l ’entrée de la grande rade, entre la plage de la
Garonne & la Carqueyranne.
Garonne (Plage de l a ) , arrondiffement &
canton eft de Toulon, à l’eft dans la grande rade,
entre la batterie du cap Brun & celui de la Garonne.
G A R V A S , forte de brouillard ou nuage qui
couvre une partie du Pérou fans y tomber autrement
qu’en pluie fine. La foibleffe des vents du
fud, & quelquefois leur ceffacion totale pendant
plufîeurs jours, donne lieu à ^formation du nuage
qui couvre le foleil dans la partie baffe du Pérou.
Comme il n’y a point de vent qui agite la i r , les
vapeurs humides qui s’élèvent de la terre s’y arrêtent.
Le nuage n’eft jamais auffi élevé que la partie
haute de la terre, & fe tient à une hauteur
moyenne déterminée; mais fi les vents du fud,
qui font continuels dans la mer du Sud ( on les
appelle aufti fud-oueft ) , perdent leur force dans
la partie bafiè de l’ atmofphère qui couvre le Pérou
, ils la confervent dans la partie la plus élevée.
Comme ils parcourent une région fuperieure aux
nuages, ils fe trouvent au niveau de la partie
haute, & la traverfent fans aucun obftacle : de
cette manière ils empêchent non-feulement qu’ il
ne s’y forme des nuages, mais même ils les difli-
pent j parce qu’ i!s y foufflent continuellement &
qu’ils les pouffent vers la partie oppofée.
Quand au contraire Pété règne, les vents fe
portent avec force à leur fuperficie, de manière à
diffiper les nuages, & les jours font clairs. Ces
vents ne s’élèvent plus alors autant qu’ il le faudroit
pour balayer la partie haute : ceux de terre régnent
pour lors de différens côtés, & permettent ainfi
aux nuages de s’amaffer & de s’épaiffir : d’où il
réfulte des pluies.
Pour revenir aux garvas, nous dirons qu’à Lim<i
& aux environs, la terre eft couverte, pendant
tout l’hiver, d’ un brouillard fi épais, qu’ il intercepte
les rayons du foleil ; ce qui caufe un froid
allez fenfible dans cette contrée. Les vents foufflent
fous ces brouillards, & entretiennent le froid
qu’ ils apportent du lieu d’où ils foufflent. Ces
brouillards paroiffent auffi épais dans les vallées
qui font au nord; ils ne font pas bornés à la terre :
on les voit auffi couvrir uné partie de la mer le
long des côtes. C'eft régulièrement pendant toute
la matinée qu’ ils couvrent la terre, & ils font fi :
épais, qu’ils obfcurciffent tous les objets. Vers
dix à onze heures après midi, un peu plus tôt j
ou plus tard, ces nuages s’élèvent, fe partagent, j
mais non en totalité : feulement ils ne dérobent ;
plus la vue des objets, quoiqu’ ils continuent tou- j
jours à cacher le foleil pendant le jour, & les étoiles !
pendant la nuit.
On voit donc que, dans ces contrées du Pérou,
le ciel eft continuellement caché par le brouillard,
avec, cette différence qu’il eft tantôt plus, tantôt
G A S
moins près de la terre. De tems à autre ces vapeurs
fe dilatent, & laiffent appercevoir le difque
du foleil ; mais fes rayons ne font fentir aucune
chaleur. Il eft à propos de remarquer qu’ à deux
ou trois lieues de Lima, ces vapeurs s’éclaircif-
fent beaucoup plus que dans la ville même. On y
voit entièrement le foleil , & il y modère le froid
par fon influence. Voilà pourquoi l’hiver eft plus
doux-, & le tems plus ferein dans le port de Callao $
qui n'eft qu’ à deux lieues & demie de Lima.
Cependant il arrive, comme on l’ a déjà d it ,
que ces brouillards fe convertiffent en bruines qui
humedtent la terre. Alors les montagnes & les vallées,
qui dans les autres faifons paroiffent arides
& ftériles, fe couvrent de toutes fortes de plantes.
Ces bruines, au refte, ne font jamais affez épaiffes
pour empêcher les voyageurs de fe mettre eri
route ; elles font fi fines, que les habits mêmes les
plus légers n’en font pénétrés qu’au bout d'un
tems affez long ; mais comme elles durent tout
l'hiver fans que le foleil puiffe percer à travers ,
elles pénètrent .& humeétent affez le fol pour le
fertilifer, & faire produire des plantes aux fuper-
ficies les plus fèches & les moins propres à la v é gétation.
En réfumant ici toutes les circonftances qui fe
trouvent réunies dans les garvas, pour en apprécier
mieux les effets on peut faire cette comparai
fon d’un homme q ui, fe trouvant près d’un
grand feu , & ayant devant lui un corps plus ou
moins épais interpofé entre lui & le fe u , éprou-
veroit moins de chaleur que celui qui en feroic
plus éloigné, mais qui ne feroit garanti de fes
effets par aucun obftacle. Il en eft de même des
grands effets de la Nature par rapport à la terre ,
dans le Pérou. Nous voyons q ue , par la confti-
tution de l’atmofphère, la Nature interpofe on
voile qui empêche les rayons du foleil de pénétrer
jufqu’ à la terre ou d’y faire une trop forte
impreffion en modérant ainfi fa chaleur au premier
inftant qu’ il paffe par le zénith de cette contrée.
O r , ce phénomène a lieu dans toute cette
bande de terrains bas, qui fe prolongent depuis
le troifième degré de latitude fud jufqu’ au tropique
du même hémifphère , & même dans toute la
largeur de cette bande. ( Voye[ Pérou , fes faifons.)
G A SCO G N E , ancienne province de France,
qui a environ trente lieues de longueur fur autant
de largeur ; elle eft bornée au fud par les Pyrénées
, à l’eft par l’ancienne province de Languedoc
, au1 nord par le Querci, l’Agenois, la Guienne
& le Bazadois, & à l'oueft par les Landes, le
Béarn & le Bigorre ; elle eft fort élevée au deffus
de la grande vallée de Tarbes & de la plaine de
la Garonne, qui la circonfcrit depuis Morejeau
jufqu’ à Aiguillon, qui eft à l’embouchure de la
Baife. Cette riche plaine décrit un demi-cercle
autour
C A S
autour de la Gafcogne, qui l’embraffe a 1 eft & au
nord. r • /i
La conftitation phyfique de cette province elt
telle, que le fol eft plus élevé au fud qu au nord,
puifque toutes les rivières qui l ’arrofent, coulent
dans la direétion du midi au feptentrion, & que
la plupart prennent leur fource dans la bordure
méridionale. En fuivant leur cours, on peut juger
de la nature & de la forme du terrain ou fè trouvent
creufées leurs vallées , & qui Cert de fépa-
ration à ces vallées. Je vois d’ abord h >it rivières
principales, qui prennent leur fource affez près
les unes des autres dans la partie fud de la province
, & elles coulent en rayons d vergens vers
la Garonne, où elles ont toutes leur embouchure.
D’après cette difpofition des eaux courantes, il
eft aifé de voir que la direction des maffes de collines
qui occupent l’ intervalle de leurs vallées eft
affujettie au même ordre de chofes; que ces collines
partent toutes des mêmes points, c eft-a-
dire, de la partie du fud, & fe prolongent, en le
dégradant > jufqu’à la plaine de la Garonne. Il eft
aifé de voir que cette conftitution phyficjue, quoique
voifine du pied des Pyrénées, n a rien de
commun avec la compofition de ces montagnes ,
mais que ce maffif appartient prefque totalement
à la nouvelle terre & à ce que j appelle depots littoraux
, qui circonfcrivent les maflifs de la nouvelle
terre. A
Ces chaînes de collines, qui font au meme nombre
que les rivières, en ont auffi la meme direction
, & leurs fommets plats , s’abaiffant fenfible-
ment vers le nord, laiffent entr’elles de belles
vallées, au fond defqueiles font des plaines très-
fertiles.
D’après cette idée générale du fol de la Gafcogne,
on voit qu’on peut le divifer en plaines
placées au fond des vallées, & en plaines qui font
proprement les fommets des collines, la furface
primitive du terrain lorfqu’ il eft forti de la mer ,
& avant qu’ il ait été fillonné par les eaux courantes
, qui ont fuivi d’abord les pentes générales des
dépôts foumarins.
Ces plaines élevées, ces anciens fommets des
collines font coupés affez fréquemment par une
infinité de ravins qui ont foüvent donné une forme
arrondie à de grandes parties de et s fommets
plats, qui font tous reftés au même niveau , &
toujours réunis par leur bafe. Lorfqu on eft placé
fur un de ces fommets & qu’ on rétablit les parties
enlevées par les eaux, foit des rivières, foit^des
ravines, on retrouve en idée, autour de^foi, 1 ancien
fol de la Gafcogne fous la forme primitive
qu’avoient les dépôts de la mer.
Si nous examinons maintenant l’interieur de ces
collines, nous les trouverons compofées de différentes
couches horizontales, foit de matières roulé
e s, foit de pierres coquillières. Ces couches font
établies fur un banc argileux qui règne au niveau
des fources, & qui s’enfonce très-peu au deffous
Géographie-Phyfique. Tome I V .
G A S 257
du niveau du fond de cuve des vallées. Si l’on
creufe au pied des collines à la profondeur de
quinze à vingt pieds, & qu’on parvienne jufqu’au
fond de cuve naturel de la couche d’ argile en
enlevant les dépôts formés par les eaux courantes
des rivières, l’eau afflue de toutes parts , & avec
une telle abondance dans les puits, qu’ils ne ca-
rifferit jamais dans les plus grandes féchereffes.
On eft obligé d'avoir recours aux puits, furtout
dans les cantons où la couche argileufe étant au
deffous du niveau des plaines baffes des vallées,
les fources ne fe montrent pas fur les croupes de
ces vallées j auffi ne voit-on de fontaines un peu
abondantes que fur les flancs des collines qui bordent
les vallées., & où la couche d’ argile eft au
deffus du niveau de leurs plaines. Les autres petites
fources qui fe voient difperfées fur les croupes
& dans des endroits un peu é levé s, ou qui
fourdent au pied des coteaux, font le produit des
eaux pluviales, q u i, filtrant à travers les fentes
de defficcation des couches pierreufes, font fu-
jètes à tarir tous les étés ou dans les tems de
féchereffe.
Les rivières mêmes les plus confidérables, n’é tant
pas alimentées par un fond d’eau de fources
continuelles , font à fec plus de huit mois de l’année,
& même en hiver lorfqu’il ne pleut pas. Leur
lit ne commence à fe remplir qu’après des pluies
abondantes, quand la terre, complètement imbibée
d’eau, en rejette au dehors la partie furabon-
dante à l’imbibition ; âuffi, dans le tems des crdes,
les eaux des rivières font expofées à être chargées
d’ une grande quantité de parties terreufes les plus
faciles à délayer.
En conféquence~de cette furabondance de la
partie torrentielle qui concourt à l’entretien des
rivières, elles font fujètes à des crues , pendant
iefquelles les plaines baffes des vallées font inondées,
furtout pendant les pluies d'automne & les
orages du printems; car, dans ces deux faifons,
; les eaux tombent très-abondamment. Ces débor-
demens ont lieu parce que les rivières ne font
point encaiffées, qu’elles ont peu de p ente, &
que le courant eft lufpendu de diftance en diftance
par les éciufes des moulins, qui font très-miilti-
pliéés. Ces débordemens font d’autant plus fâcheux
& plus redoutés, furtout au printems, qu’ils dé-
truifent en peu de tems les efpérances des propriétaires
riverains, en Tablant leurs prairies & en
gâtant tous les foins. D’ailleurs, l’eau rentre difficilement
dans le lit des rivières, parce que les
dépôts quelle fait lorfqu’elle déborde, ayant lieu
particuliérement le long des deux rives du canal,
ces rives fe trouvent prefque partout plus élevées
que le refte des plaines. Il faut donc que cette
eau refte en ftagnation, &pourriffe toutes les plantes
des grandes prairies qu’elle couvre jufqu’ à ce
que l’évaporation l ’ait diffipée.
Les chaleurs , en Gafcogne, font fort grandes
& commencent de bonne heure. Il n’eft que trop
Kk