
fept. Manndrel lui donne vingt-quatre miliés de'
long fur fix à fept de large. Pockoke prétend que
fa longueur eft de douze milles d’AlIpmagne, &
fa largeur de deux. Quelques voyageurs allemands
.fixent la longueur de cette mer à treize milles. 11
fe pourroit que cette différence dans le-s calculs
vînt de ce que les uns ont me fur é la mer avec
toutes fes finuofités. tandis-que les autres ont
calculé quelle étoic fa longueur en droite ligne.
Quoi qu’ il en fo it , cette mer eft fi tuée dans la
vallée fertile de Si .idim, dans laquelle fe trouvoient
les cinq villes de Sodome, de Gomorre, d’Adarria,
de Zi boim & de Zoar.
La forme de cette mer a été différemment tracée
fur les différentes cartes ; il paroît que celle de La
Rue approche le plus de la vérité. Elle eft fituée
du nord au fud, & forme prefqu’ un demi-cercle,
dont le coté creux eft tourné vers l’oueft. En été
cette mer étoit guéable en plufieurs endroits. Il !
paroît que ces bas-fonds étoienr furtout vers le
milieu dé la mer, ainfi que Bachienne l’a marqué
dans fa carré.
Les eaux de cette mer font claires & limpides ,
malgré ce qifen difent Troilo , Vander-Groben
& Cotwyk. Pockoke dit qu'il femble qu’ d y.ait
une fubftar^ce o'éagineufe qui couvre les eaux de
cette mer. Quand on y mêle de la noix de galle ,
elle devient pourprée ,.& avec de l’huile de tartre
per deliquium, elle devient bourbeufe.
Les eaux de cette mer font tellement faturées de.
f e l , que le fei marin n’y fond pas. Cette abondance
de fel .la rend extrêmement pefante. Pockoke a fibre
que fon poids eft à celui de l’eau douce comme fix
à quatre.Galien dit qu’à caufe de cela, aucun être
vivanttombant dans cette merny va à fond. Strabon
afiure qu’ un plongeur ne peut point, dans cette
mer, parvenir au tond , à caufe de la pèfanteur de;
fes eaux ; mais que, dès qu’ il.y,eft enfoncé,jufqu’à,
la moitié du corps, il eft foudain repouffé. Vefpafien
fit, di.tr on , jeter dans l ’eau plufieurs per fon nés qui
ne favoient pas nager, les mains liées fur le dos;
elles n’allèrent pas .à fond.
> On ne peut trop dire.pourquoi la Mer-Morte fur-
pafîe en fajure toutes les. autres,mers,. Il eft .apparent
que toutes les terres voifines font remplies de fel
& qu’elles le communiquent à cette mer. Comme,
d’à i sieurs , la Mer-Morte .eft’ fituée .dans l’endroit’îe
plus chaud de la Paieftine, on peut penfer que l’évaporation
y eft telle, qu’il ne refte à la fin que l’eau
falee la plus pure.
Cette qualité étoit fort utile à la Paieftine dans
un temps où elle était plus-habitée qu’aujourd’hni;
puifqu’elle fournifloit fans peine du fel à fes habi-
rans: /
Comme cette mer eft entourée partout de hautes
montagnes., les eaux de neige, que Je. printemps
produit, là: font gro(fir confiderablement ;• elle fort
de fes bords, & elfce laifie après elle une couche de
fel. On a porté des doutes fur la bonté de ce fel.
Capforios ( i ) & ’e prince Radzivill ont foutenu
que ce fel étoic amer comme le fiel, mais ils fe
font trompés. Le fe l de la Mer-Mont eft un pur fel
marin. Pockoke dit -qu’ il efttrès-blanc, & Arvieux,.
auifi bien que Thevenot, a (Turent 'qu’ il eft très*
tranfparent. Si on y trouve un peu d’alun & de bitume
, il y en a en fi petite quantité, que cela n’influe.
pas fur le goût de ce fel.
Ce bitume eft une fubltance dure, luîfanre,
noire, attirée du fein des montagnes, ou par le
feu ou par la chaleur du loleil, ou Amplement
par l’air. Pockoke aii’ure que le bitume de cette
mer eft extrêmement puanr,' &. il dit qu’il y a autour
de la Mer-Morte des pierres qu’on appelle pierres
de Moife, qui ont cette même puanteur.' Les
Arabes les brûlent comme du bois. Manndrel &
Tbompfon a (Tu re n t que le feu leur fait perdre leur
poids, mais non leur grofi'eur. Le Jéfuice Neret
affirme qu’elles font fi chaudes au moment où elles
fortent du fein de la mery qu’on ne fauroit les
toucher. De grands vents les font éclater & fendre.
Il y a des auteurs qui difenc que , lorfque de grands
vents agitent les eaux de cette mer, le bitume fort
defon fond, & qu’il fe répand fur fes bords- Sh.vw
raconte que cette matière étoit poufiee en haut
fous la forme de demi-balles;' que dès qu’elles
étoient en plein a ir, elles crevoient avec un grand-
éclat, & qu’elles repandoient une odeur très-forte:
il penfe que ce bitume; étoit mêlé de foufre.
On fe fervoit anciennement de ce bitume en-
Egypte pour embaumer les corps des perfonnes
du peuple.: on; en fàifoit des torches, on s’en
fervoit pour la teinture des laines $. on en mêloit
auffi dans certaines médecines.;
Plufieurs auteurs ont foutenu qu’il ne- pouvoir
vivre aucun animal dans cette mer y d’autres prétendent
y avoir trouvé des coquilles, & Pockoke
afiure qu’on lui a dit qu’un religieux, y avoitpêché
dupoiffon.
Cependant aucun voyageur n’a vu lui-même des
être vivans'dans la Mer-Morte. 'Comment, en effet,
pourroient-ils fubfilter dans une-eau de cette nature?
D’ailleurs, fi, coinme nous l'avons d it, les
eaux de cette m^rfout fi pefan-trçs que tous les êtres
y font repou fies à la fuperficie, comment des
poiffons y pourroient-ils nager? Tous les poifTons!
qui des eaux douces du Jourdain entrent dans îi.
Mer-Morte, doivent donc y mourir. Les auteurs
que nous avons déjà «nommés p o n t vu de ces
poiffons morts , & c’eft peut-être parc qu’ il ne fe
trouve rien de vivant dans cette mer3 qu’ on l’a
•appelée Mer-Morte.
Tout concourt à faire .croire qu’il y a - un feu
. fouterrain fous cette mer.- Ces- vapeurs cette
I fumée qui, au dire de Shaw, fort fou vent du tond
de cette mer, ne font vraifemblablement que des
: éruptions de ce. feu fouterrain, Tous le si auteurs
;• font d’accord fur ce fait. Mais comment expliquer (i)
(i) Apparacus hljîorkus-antéquitatum fàcri Codicls, p. ^ 19-
ce feu, furtout quand on confidète que tous les
environs-font'remplis de niphte & de touffe, matières
extrêmement combuftibles? On peut voi'r
ce que dit là-dèflus le prophète Ifaïe, chap. 34,
verf. 9 , iô. Strabon atttfté la même chofe. ’ S
Pline & Tacite nous apprennent que les exha-
laifons de cette mer font mortel-les.1, Ôc que, dans
certains temps de l ’année, ceux qui habitent fes
bords font obligés de fu ir ’ dans l'intérieur des
terres. Pockoke iajoüte que les moines qui habitent
ces quartiers ont foiivènt vu mourir fubitément
ceux qui, pendant r'é té , approchoient de celte
mer. ^ c
Parmi lés mauvais effets de ces vapeurs, il faut
compter celui que les anciens auteurs leur attribuent
, de coimir'lës métaux d’une rouille. Comme
le fond de la Mer-Morte eft un compote de fel, de
falpêtre & de naphte, il fe peut aifément que cette
réunion ait une forte action fur les métaux.
Le Jourdain & plufieurs rivières moins-confidé-
rables fe jettent dans la Mer-Morte. Quelques perfonnes
ont jugé de-là qu’ il falloit que l’eau de cétte
mer fe perdît par des gouffres fou terrains, ou
qu’elle eût quelque communication avec d’autres
mers} puifque le Jourdain féal lui fournit journa- .
fièrement fix millions de tonneaux d eau ; mais
M. de BuflFon prétend que l’évaporation fuffit pour
faire perdre tous les jours plus de cette quantité
d’eau 3 la Mer-Morte. En adoptant le fyflème.de
Halley, que l’évaporation enlève journellement
6914 tonneaux d’éàu à un mille carré de la mer3
cette mer. ci en évaporeroit tous les jours neuf
millions. ’ , ,
Il paroît que ces calculs font un peu exageres,
& qu’il n’eft pas néceffaire de fuppofer des canaux
fouterrains. Souvent les eaux de cette mtr fe débordent
Couvent auffi elles fe retirent de beaucoup,.
& laiflènt fes bords a fée. Arvieux croit avoir vu
"dans cette*mer des débris dè batimens & des ruines
d’anciens édifices. L Ecriture-Sainte rend cela
probable’ : elle nous dit qu’ il y avoit jadis une
plaine fertile dans l’endroit ou eft aètuellement la
Mer-Morte. Roland*nie ce tait, & fuppofe que les
eaux du Jourdain s’écoùlôient anciennement par
des conduits fouterrains; que ceux-ci-fe font bouchés,
*&’ qu’ai h fi la mer s’ eft formée.
M. Michaelis a donné une théorie entièrement
nouvelle de cette mer. La terre, félon lui,, s tft
"affaiffée après avoir porté pendant des (iècles les
villes dont fon affaifiement a c&ufé la ruine.. La
nature du fo l, léger & compare, afiez femblable
à une île flottante fur des eaux qui font beaucoup
plus pelantes que les eaux ordinaires , lui paroît ■
propre à avoir porté ainfi ces poids pendant u n .
long temps. _ j
Pour expliquer la manière dont, dans ce cas, les |
eaux du Jourdain fe perdoient, M. Michaelis ne!
croit pas nécefiaire de recourir aux canaux fouterrains
; il dit que les évaporations font bien plus
grandes quand les eaux font mêlées à d* la terre
que quand elles fe réunifient en' ma fie , & qu ainfi
Tevaporatipn a fuffi po.ur enlever tout le (uperdu
des èàux dii Jourdain: 1! paroît,'au contraire, que
ces terres bitumineufes qui couvroient les eaux
&r faifoient une croûte au-deffus d’elles dévoient
empêclier l’évaporation, cela doit d’autant plus
avoir lieu, que la térre fe.couvre de plantes, &
devient dè plus en plus cqmpaété.
La Mer Noire eif ;entourée à l’eftiSr à l’oueft
de rôchers très-hauts & très-efearpés , qui ne font
point du tout fertiles. Qjuand on en approch du
côté de Jéricho, on trouve les campagnes couvertes
de fel. Ôn trouve auffi dans cet. endroit
l'herbe nommée kali y les Arabes font le verre &
le fàvon avec les cendres de'çette plante. Au nord
les bords>d,u lac font fablonneux. À fept ou huit
: pouces, fous un fable très-blanc, pn trouve une
couche très-noire d’un terrain vifqu.eux & puant
par le. bitume. Il eft périlleux de marcher fur ce
. fable , parce qu’en bien des endroits il cède fous
les^pisjds., & on y.enfonçe.. , .s
On trouve très-peu de plantes près de cette
mer, du moins du, côté de l’oueft. Il y crpit un
arbre qui porte un fruit aflez femblable a une
pomme ou à une grenade , qui eft d’ un très-beau
rouge, 8^qui', dit-on, tombe en poùffière des
qu’ on le touché, i l y a des auteurs qui penfent que
ce phénomène n’a lieu qu’après que ce fruit a été
attaqué par une efpèce de guepe nommée ten-
thredo , qui ne laifie que l’écorce du fruit.
De quelques lacs de la Paieftine.
Le lac de Tibériade eft, après la Mer-Morte, lé
■ plus confidérable; il en eft éloigné de foixante-
quinz# milles : il fut d’abord nommé Rennereth ou
Renneruth , depuis lac de Genefaret & de Galilée. Il
- eft formé par le Jourdain, & eft entouré de montagnes
du côté de l’eft. Au nord & au fud il a de
grandes plaines. Le Jourdain pafie au travers de
ce lac : Ion eau eft douce & très-potable; il eft
très-poiffonneux. On n’eft pas trop d’ accord fur
fon-’étendue. F. Jofèphe l a fixe à environ dix-
huit milles de long fur cinq de large. Pockoke croit
qu’ il n’a guère que quatorze à quinze milles de
long. Du côté du fud il fe termine en pointe, &
fe perd dans le Jourdain.
Le lac Pamahonites ou Maron, que de La Roque
nomme le marais du Jourdain : il eft bien plus grand
au printemps que dans aucun autre temps de l’année,
à caufe de la fonte des neiges de l’Antiliban.
: Les eaux de ce lac font épaiffes, bourbeufes & vif-
! queules. Excepté vers le milieu, où le Jourdain
y entre & con'fêrve fes eaux pendant quelque
temps, ce lac eft entouré de rofeaux & de bfouf-
failles, 'dans lefquels les quadrupèdes fauvages &
carnaffiers fe retirent. ; .. .
Le lac Phiala eft la fource du Jourdain : il doit
. ce nom à fa figure ronde.
G g g g 2.