
Le venf de nord nous apporte , en affez peu de
tems , l’air froid des pays feptentrionâux. On.
trouve 3 par un calcul fort facile , que ce vent qui
parcourroit quatre lieues par heure 3 apporteroit
à Paris Pair du pôle en moins d’onze jours. Ce
même air arriveroit en moins dê fept jours par
lin vent violent, qui feroit, par heure > jufqu’àfix
lieues. Ôn voit pareillement qu’un vent de nord-
eft viendroit de la Norwègé ou dé la Laponie en
moins de terris.
Bien des phyficiens croient que le vent de nord
fouffle prefque toujours de haut en bas, parce qu’ il
nous apporte un air plus condenfé & plus froid. 11 ;
me femble que cette direction n’a lieu que pour ,
certains vents de nord qui foufflent dans une étendue
de pays peu confidérable. Un vent qui règne
dans une grande partie de notre hémifphère ne
peut guère s’écarter de la dire&ion horizontale.
Je mets à part les.obftacles que les montagnes op-
pofent à îa direction du vent. A juger d’ailleurs
de la marche des vents par celle des nuages , qui
en eft un indice certain , il paroit que lès vents
foufflent tous dans une direction horizontale, mais
qu’ib peuvent defeendre allez rapidement des couches
fupérieures de l’atmofphère dans les couches
inférieures en fuivant toujours la même dirtél on.
Çeci fert à expliquer pourquoije vent de nord ,
très-froid , fuccède tres-promptement -, & quelquefois
en moins de vingt-quatre heures, à un
vent de füd ou d’oueft. ( f^oye^ N u a g e s , Mét
é o r o l o g ie . ).
Au refte, il eft certain que toutes les fois qu’un
vent prend fa direction du haut en bas, il devient
froid3 parce que les couches, fupérieures de notre
atmoff>hère font plus froides que les inférieures.
Les vents qui ont paffé fur les fommets des
montagnes élevées , & particuliérement fur ceux
qui font couverts de neiges, font froids, & retroi-
diffeat beaucoup les plaines voifines dans lefquel-
jes ils fe répandentr avec violence. L’effet de tces
fortes de vents eft affez connu ; mais on connoït
moins leur violence & leur froidure fur les montagnes
mêmes. Jl-fiut les avoir éprouvés pour avoir
('idée de ces froides tempêtes. Au refte,, les effets
de ces vents font bornés à une étendue de pays
peu confidérable, & ils n’occafionnent que des
froids locaux & concentrés, ou fur les montagnes
o u aux environs.
U n vent de nord peut quelquefois, ahmilieu
même du printems, dans.ùn climat d’ailleurs allez
tempéré, diminuer une partie des,rigueurs de
J’hiver. On fait que la fin de l’automne & le commencement
du printems font froids, par les cau-
fes générales qui contribuent à l’état de l’atmo-
fphève dans ces faifons 3 mais s’il furvient quelque
nouvelle caufe, il peut fe faire que, le froid de
l’hiver foit furpaffé pour lors par ceux de l’automne
oii du printems., ,, &nào\
Les vents peuvent cauler du dérangement dans
les climats fans apporter aucun changement dans1
l’ordre des faifons. On ne peut nier, par exemple,,
que le climat de Paris ne foit en général moins
chaud que edui de Montpellier : cependant il. a
fait plus froid > en certaines années, à Montpellier
qu’a Paris. Un vent de nord-oueft ou de nord-eft ,
foufflant dans l’une de ces deux villes pendant
que le (ud-oueft réenoit dans l’autre, peut rendre
fuffifamment raifon de cette irrégularité.
Nous avons beaucoup parlé des vents de nord ,
de nord-oueft, de nord-eft, &c. comme les plus-
froids de tous régulièrement parlant. Les vents
d'oueft & furtout d’eft peuvent auffi contribuer ,
dans certains cas, à la rigueur de l’ hiver. Il fuffit
pour cela que, dans tes contrées d’où ils viennent,
\e froid foit a&üellèment conlîdérable. Le vent du'
fud eft froid3 même à-Paris, quand les montagnes
du centre delà France, comme ceilés d’Auvergne,,
du Forez, du Velay, du Vivarais & des Ceven-
nes méridionales, à l’égard de la capitale, font
couvertes de neiges.
Un vert de nord, comme tout autre vent, félon
les obftaçles & les differentes réfiftances qu’il
rencontre , change de direction & paffe à l’oueft ,
à l’eft & même au fud fans perdre fon degré de
froid. On peut expliquer par ia pourquoi, en 1709,
il gela très-fortement à Paris pendant quelques
jours, par un petit vent de fud. Ce vent, fuccédanc
à un vent du nord qui venoit de loin & qui s’ é-
tendoit loin, n’étoit qu’un refiuxdu même air que
le nord avoit pouffé, & qui ne s’étoitjefroidî:
nulle part. ( Voyez Hiftoire de £ Acad, des Scïenc.-
anri. ljo c f ypag. cj! )
On voit, par tout ce vient d’être dit, jufqu’où;
peut aller l’i. fluence des vents fur la production
du froid 3 & èn géiiéral furies faisons. Les v<-tus-
étant fort variables, fort inconftans dansles zôn s-
tempérées, les faifons, par une confequence ne-
ctflaire , y feront pareillement fujètes à de grandes-
variations.. ( J £ o y ti V ents & Saisons.)
Quoiqiiè certains vents, &. ceux du nord fur-
tout , produifent le froid de la manière dont nous-
l avons expliqué, ce n’eft pourtant pas lorfqu’ils
: foufflent avéç le plus de violence , que le plus
. grand froid fe fait fentir. Ii ne règne d’ordinaire
; qu’un petit vent pendant les plus fortes gelées. If
eft vrai que les vents froids , violens, refroidif-
fent plus, nos corps quë les mêmes vents moins
* violens. On voit aifément que ces vents enlèvent'
& diflipent promptemen't l’atmofphère qui environne
nos corps , & que nous avons un peu échauffée
; gu lieu, qu’un air, tranquille les laiffe plongés*
dans une atmofphère d?une chaleur fouvent égale
■ ou un peu inferieure à celle de nos organes. Il n’en;
faut pas davantage pour qu’ lin air agité nous ®£-
» roifle beaucoup plus froid qu’un air tranquille ,,
. refroidi, précifément au même degré.
On a ôbïërve,, avec beaucoup d’exaéti"tude, certains
froids exceflîfs en différées lieux de la Terre.
, La table fui vante fera connoître quelques-uns des»
^principaux réfultats de ces diverfes obfervations >
r.elle elt tirée d’un Mémoire très-cui;ieux deM. De-
lifle , fur les grands froids de la Sibérie, imprimé
.dans le Recueil de l’Académie des Sciences de
J749-
.Ta b l e des plus grands degrés de froid obfervés en
dijfêrens dieux de la Terre.
même l’eau-de-vie ; & ce qui paroîtra peut-être
plus étonnant , c’eft que tout [’intérieur des
chatpbres & les lits fe couvrent d’une croûte de
glace épaiffe de plufieurs pouces , & qu’on èfl
obligé d’ënîèver tous les jours.
On,ne croiroit pas, fi l ’expérience ne prouyoi.t.
le contraire, qu’un pareil froid pût laiffer fubfiftet
‘rien dè ce qui végète ou de ce qui a vie.
Degrés au defïbus, ;
du point de congélation,
divi'iion de Réa.umur.
A Afiracan, en 1 7 4 6 ..... . . . . . . 24 degrés f.
A Pétersbourg ;, en 1 7 4 9 ... ... 30.
A Québec, en 1743. . . . . . . . . . 33,
:A Tornéo , en 1737. 37.
A To\;nsk en Sibérie, en 1735. . : !•
A Kirtnga en Sibérie, en 1738. ' é j y.
A,Yenifeik en Sibérie, en 1733. 70. 1
En jetant l.essyeiix fur cette table, on fera bien-;
tôt convaincu, qu'un froid égal ‘ celui qui fe fit
fentir à. Paris en 1709, &, qu’on évalué à quinze
■ degrés & demi au deffous de .la congélation, eft
très-médioefe à beaucoup d’égards , fi on compare
à ceux de,trente, de cinquante & de foixante-*
dix degrés qui fe trouvent marqués, dans’ cette
table.
Le froid qu’on a marqué le quatrième eft celui;
»qu’éprouvèrent, en 1737, les Açadémicieqs qui
allèrent en Laponie pour mefurer un degré du me-*
tidien avi cei çle’ polaire. Il 'fit defeendre au 37!*J
degré lés thermomètres de mercure réglés fur la!
diyifion de M. de.Réaümur. Les thermomètres'à)
efprit-dervin fe gejqrènt. Par un tel fràiij., lorf-
qu on ouvroit une chambre chaude, l’air du.dehors
c-onvertiffoit fur-Ie-champ en neige la vapeur qui
s’y trouvoit, & .en formoit de gros tourbillons 3 |
& lorfqu’on fo/tpit, l’air fembloit, dé,qbirer Ja
poitrinè. ( Voÿez jMefure de la Terre ai+ cercle po-
laite 3 par M.. de Maupertuis.’)
’ Cependant uhfroid qui prodûiVdé tèls effets eft
inferieur de 30 & 33 degr. à ceuxqu^on a reffenti^
quelquefois en Sibérie.^ _
On n’a pas d’obfervations de thermomètre faites
là la baie d’Hùdïbh, maisrcé que les "voyagëUrs
nous racontent des grands froids qu’on y éprouve,
& que nous avons indiqués à l’aftiçlè de céttë haïe,
eft étonnant. Dans ces contrées y lorfquè le Vént
fouffle des régions polaires, l’air eft chargé d’ uni
infinité de petits glaçons qui font-ftrnfiblestà.la vué
(impie. Les glaçons piquent la peau comme autant
d’aiguilles, y ,excitent des ampoules qui d’abord
font blanches comme du linge , & qui deviennent
par la fuite dures comme de la corne. Chacun fe
renferme bien vite dans des. tems fi affreux j mais
quelques précautions que l’on prenne.,fon ne péut
•s’empêcher, de fentir vivement le froid. Dans les
plus petites chambres & jes miçux échauffée^
toutes les liqueurs fe gèlent, fans'.en exçepçer
FRONTIGNAN , ville du département de la
Garonne, fqr l’étang de Maguelonne, à nne lieuë
& demje :nord-eft de Cette : cette ville , commue
par fés, èxcellens vins mufeats cÿq’on envoie.dab's
toutes |es;cômtTées ‘derE.ur.ope, eft décorée d’un,e
manière, aftèz fimgulièreiV Quand oh fai c fëcher Iqs
rai fi ns mufeats qu’on app.ef\e, vq&ènllèson les
attachq de grandes.perchés, ^ depuis, lè grenier
jufqu’ala r.ue, & çès efpèccs de tap fféries ornent
le -devant des mai fon s jüfqu’à ce que les raifins,
féebés par le folei], foient ferrés dans des çaiflës
pour être .envoyés dans les différens pay.s qui en
font’ .commerce.. I! y a d’ailleurs dès eaux minérales.
FRONTQNAS, pillage d.u, département de l*ï-
fère , arrondiffemerit de la Topr-du-Pin , & à
cinq lieues de cette v ilie. Frontoriaseft à la proximité
de la route de Lyon à GrenobleA;& le long des
marais de Bourgoin, dont les pâturages abondahs
lui procurenj:, la facilité d’y faire plus d’élèyes.que
dans les autres communes environnantes, ' s
fROOYD ( Rivière.’ 4m ),, en Anglètèrre. Le
Ier. janvjér 17361 ime pauvre Tfemme env.oya fa,
fille chercher de l’ea-u à la riyièî;e appelée Frooyÿ,
près de Peniypool , dans lé Monmôutshire, où il
y avoit un grand courant dJèau immédiatement
auparavant : elle revint toute étonnée l ayant
trouvé ledit à fec. L
Çétte.riyière coule èhtrë deux rivages ,èfcar.pés,
mais peiCèlev.es 3 elle: reçoit )fésdeaux dés.’mon-
.tagnés" vôjfines, & apr^s'^V gçàndes'’ pluies elle
eft viplqnte fi i:apidp^,,q.if’éUgjépfrainé unej.ro-
‘digiéufe quanutéMé'gpojfes pfeiYjds daos uaelmtre
rivière appelée Avon-Looyd. Quelques 'jours après
on. remonta dans, fon ,liçp' qui-, eft à ;fec, -jufqu’à l’a-
hîmemivi reçoit maWënautTe^ e^uY.' Il-.auprès de
vingt piéds'de-làrgèur, &'eùvir^p fi je ou huit pieds
de profondeur 5 mais' i l1 eu m'ai ripant Vcombré. en
partie par les pierres que leaü ÿ à cHariëés'. "
• r Qnr yoh ’F^ès- .tfe la Surface .un rocher calcaire
/dMyirrm deuy ; pièd^ d’epaifl^ur,. formant de
‘.g^n.ds ijts 4e trOis qu qdatré pjéds en carré , plus
' b u . oç)joints ,en
d’autres, Les eftfacés qui fqnt Un neü plu\ grands
entré ç.es font Remplis de^ petit grivier. Les
cqtes du trpq ufu deffpÿs d,u rdéheCçmçai'çe pa-
roiffènt. çdmpof^s .de Jn^ténàmx ^.cdthme
.de gravier .& defterréî mais il^fontlerm’eS'&'pér-
1 ,p e n jlicu la ir e s^ .'cô té 4® . rivière1, près