
& des pierres fchifteufes mêlées de quartz & de
mica.
Oti quitte le vallon de Hajli pour monter au
Mulithal. Ce vallon eft fort étroit : il y a dans fon
fond des pâturages & des arbres fruitiers. Le
Gentel , torrent, y paffe avec grand bruit , profondément
encaiffè entre les rochers. Les roches
fchifteufes , qui fervent de fondement aux calcaires
, y font très-dïftinétes 3 & méritent d’être remarquées.
Ces dernières font fort hautes, & couronnées
de pics & d’aiguilles. On tire à Mulithal
une mine de fer d’une roche fchifteufe 3 toute
revêtue extérieurement d’une roche calcaire. C ’eft
encore une preuve de ce que nous avons obfervé
fouyent, que les roches calcaires font formées
poftérieurement aux roches fchifteufes3 fur lef-
quelles ces premières maffes pofent en les enve-~
loppant de toutes parts.
H A S P A R R E N , bourg du département des,
Baffes-Pyrénées 3 à trois lieues oueft d’Uftaris. On
voit près de l’ églife de cette commune une terre
jaune , fine, & très-propre à fervir de tripoli. Il y
a plufîeurs tanneries. Le commerce de cuirs & d e
pelleteries qui fe fait dans ce bourg, avec l’Efpa-
gne & autres villes du nord, eft.affez confidé-
rable.
HAUDA.INVILLE, village du'département de
la Meufe, canton de Verdun, & à une lieue fud-
e.ft de cette ville. Il y a aux environs une carrière
de pierre de taille en exploitation & en couches
fui vies, lefquelles fe retrouvent à Haudiaumont,
avec les mêmes circonftances intéreffantes, à trois
lieues de Verdun.
H A U G A R O U , village du département des
Hautes-Pyrénées, à deux lieues trois quarts d’Ar-
gelès. On trouve dans le territoire de ce village ,
à la montagne de l’Efpone , une mine de plomb :
outre cela, les montagnes près de ce village offrent
du marbre gris. Il y a d’ailleurs la mine de
fer en chaux brune & foüde de Lombie, que l’ on
convertit en fer dans les forges de Nogaro & de
£aint-Paul.
HAU KADAL. .C'eft dans le voifînage de cet
endroit que font les plus remarquables de toutes
les fources d’eau bouillante qu?on trouve en If-
Iande. Çes fources font à la diftance d’environ
trente-fîx miLles du mont Hécla, & à douze milles
environ au nord-eft du village de Skalholt. La
route qui y conduit, traverfe un pays plat, un
peu marécageux, mais qui abonde en pâturages
excellens.
On peut voir de feize milles au moins la vapeur
qui s'élève des principales fources : elle monte
verticalement en colonne à une très-grande hauteur
quand Pair eft calme j elle s'étend enfuite en
nuages qui s’entaffent les uns fur les autres, & fe
perdent enfuite dans l’atmofphère.
Les fources jailliffent pour la plupart dans une
plaine, entre une rivière quf la traverfe & la bafe
d'une chaîne de coteaux peu élevés. On en voit
auffi un certain nombre qui fortent des flancs de
ces collines, & quelques-unes près de leurs fom-
tnets. On en compte plus d’une centaine dans une
circonférence de deux milles.
La plus remarquable de toutes jaillit à peu près
au centre de cette contrée, vers le pied des collines.
On la nomme Geyfer, mot qui dérive dô
geyfa3 qui lignifie jaillir. La fource la plus forte
après celle-ci fort à la diftance de cent quarante
verges de la première, & proche le pied de la
colline. On 1 appelle le nouveau Geyfer3 parce qu’il
n y a pas effectivement long-tems qu’elle jaillit
avec la violence qu’on obferve actuellement. Aucune
des autres n'approche de ces deux Geyfers
quant à la beauté des jets : elles reffemblent beaucoup
a celles que nous décrirons à l’article Ry -
k u m , & qui font dans la vallée de ce nom. Ce
lont des chaudières de trois à quatre pieds de
diamètre, où l’eau bout fans ce lle , & d’où elle
s élance en jets abondans par intervalles. Cette
eau eft fouvent rendue trouble par la glaife colorée
qu elle délaie, ainfi qu’on le voit dans la vallée
de Rykum j mais ici la glaife rouge paroît dominante.
On y trouve auffi, comme dans l’autre
vallon , de petites fources qui donnent des vapeurs
fulfureufes, & dont les bords font incruftés de
foufre en couche légère.
On ne pou voit appercevoir le mont Hécla ni
depuis la plaine ni des hauteurs voifines, mais
j feulement de celles qui font fituées à l’ oueft. Les
| montagnes les plus élevées qu’on découvre au
j couvertes de neige : elles appartiennent
a. un affembiage de jokuls qui occupent unè étendue
confidérable dans l'intérieur de l’île ; elles
font pour la plupart de forme conique, & , d’après
leur reffemblance avec d’autres montagnes de l'île
qui ont fourni des courans de lave , on peut les
croire volcaniques} elles ne font pas difpofées à
former des chaînes continues ; mais au contraire
elles paroilfent ifolées, & en conséquence les
neiges qui fe font accumulées fur leurs croupes
depuis aes tems très-reculés ne fe font pas étendues
des vallons & n’ont point formé de glaciers,
tels qu’on en trouve dans les Alpes de Suiffe & de
Savoie.
Je reviens aux fources qui, comme je l’ai obfervé,
jailliffent de divers lieux dans les flancs des
coteaux de la vallée de Haukadal, & dans l’efpace
compris entre le pied de ces coteaux & la rivière.
Le fol a travers lequel les fources fe font jour
eft un amas de débris détachés des hauteurs voifines
par 1 aélion des eaux pluviales > il eft réduit,
en quelques endroits,' à l’état de glaife : dans
d’autres’, les fragmens de rochers fe diftinguent
encore
encore de manière à être reconnus, ou bien ils font
réduits fous forme pulvérulente.
Partout où la vapeur des fources a pénétré le
fo l, ces fragmens de laves font changes en glaifes.
Ailleurs, la iurlace du terrain eft couverte d’ in-
crufiations dépofées par les fources. Je ne parle
pas des végétaux qui s’y trouvent, & qui font
étrangers à notre objet.
Au deffus de la grande fource, le coteau fe termine
par un rocher à deux têtes, qui s’ eft trouvé
à trois cent dix pieds au deffus du niveau de la
rivière. Les élémens de ce rocher fe divifent en
lames qui reffemblent à un fchifte ou banc d’ar-
doife. C ’eft une pierre grifâtre, d’ un grain très-
ferré, dont les fragmens, tout divifés qu’ils font,
ne fe cafEnt pas, luivant une direction particulière.
On feroit tenté de croire cette pierre du
genre argileux , & modifiée ainfi par l’aétion des
feux fouterrains, elle ne paroît pas avoir été dans
un état de fufion. Quel que foit le degré de cuiffon
qu’ellè puiffe avoir éprouvé , elle ne contient ni
fubftances hétérogènes, ni cavités ou bourfou-
flures dans lefquelles des agates, des zéoiites ou
des fubftances vitrifiées d'aucune efpèce auraient
pu fe former.
Tous ces rochers, qui ont été ou produits ou
modifiés par le fe u , font beaucoup plus fufcep-
tibles de décompofition que d'autres. On voit
entre le Geyfer & le rocher pointu dont nous
avons fait mention, des amas de débris, entaffés ,
ftmblables à ceux que nous avons obfervés à Rykum.
Des fources bouillonnent à travers quelques-
uns de ces amas, au milieu defqueis la glaife colorée
paroît dominer.
Les deux grandes fources reffemblent en général
à celles de Rykum} mais il y en a cinq ou fix
qui d’ailleurs préfentent des phénomènes particuliers,
& qui lancent leurs eaux.à des hauteurs très-
confidérâbles. Leurs baffms font de forme irrégulière
j ils ont quatre à fix pieds de diamètre. Dans
quelques-uns, l’eau fort fous toutes fortes de directions.
Les jets ne font jamais de longue durée,
& avec des intervalles de quinze à trente minutes.
Les périodes d’écoulemens font en général très-
variables. L’ une d’elles lance l’eau avec un bruit
confidérable, & on l’appelle le Geyfer grondant.
Ses jets ne ceffent point : l’eau jaillit avec violence
toutes les quatre à cinq minutes, & couvre
de ,fes dépôts un grand efpace de terrain :
ils font divifés en un nombre infini de filets, &
environnés de grands nuages de vapeur. Cette
fource eft à quatre-vingts verges du Geyfer & fur
la pente du coteau.
Nous effaierons maintenant de décrire cette fontaine
célèbre, diftinguée, comme par excellence,
par le nom de Geyfer d’après, fa prééminence fur
tous les autres phénomènes de cette efpèce qu’offre
l’fflande.
L e dépôt fucceffif des fubftances diffoutes dans
cette eau a formé, pendant une longue fuite d’an~
Géographie-Phyjique, Tome IV •
nées & peut-être de fiècles, un monticule d’une
trentaine de pieds de hauteur, du centre duquel
jaillit le Geyfer> il fort d’un tuyau cylindrique,
profond de foixante un pieds, & de huit pieds &
demi de diamètre. Ce tube fe termine dans un
baffin en forme d ’entonnoir, de cinquante-neuf
pieds d’un bord à l’autre. Ce baffm eft circulaire,
& fes côté s , ainfi que ceux du tu b e , font polis
par le frottement de l’eau. Leur forme eft fi régulière
, qu’on les prendroit pour un ouvrage de
l’art. La pente du monticule commence immédiatement
dès les bords du baffin. Les incruftations
font polies en quelques endroits par l’efEtde l’eau
qui a verfé par deffus les bords} mais partout ailleurs
elles s’élèvent en forme de têtes de choux-
fleurs.
C e s incruftations font de couleur brun-clair, &
s’étendent affez loin dans toutes les directions, à
partir des bords du baffin : elles fe prolongent du
côté du nord jufqu’ à quatre-vingt-deux pieds, à
l’eft de quatre-vingt-fix, au fud de cent dix-huit,
& de cent vingt-quatre à l’oueftj elles font très-
dures , & ne paroiffent pas être difpofées à fubir
la plus légère décompofition. En examinant les
divers échantillons de ces dépôts, on les trouve
en quatre états différens. L ’un eft fort poreux,
prefque friable, blanchâtre, & fa furface fupé-
rieure eft difpofée par ondes qui correfpondent
fans doute à celles de l’eau qui l’a formé. Un autre
eft plus denfe, & dans fa fraCture on voit des veines
demi-tranfparentes comme la calcédoine. Un troi-
fième échantillon pr.éfente à fa furface ,un grand
nombre de petites afpérités, comme s’il eut été
primitivement l’incruftation de quelque moufle
dont on n’apperçoit cependant pas de traces dans
la caffure, & dont les faces font affez denfes. Enfin,
le quatrième eft évidemment une incruftation de
plantes graminées & comme d’une forte paille »
dont les brins font confufément affemblés. Les
deux premiers d’entre ces échantillons ont des
rapports très-frappans avec les incruftations de la
Solfatare près de Tivoli.
Nous ne fuivrons pas les détails des jets & des
éruptions du Geyfer. Nous remarquerons d’abord
que tous ces jeux fublimes & magnifiques de l’eau
de cette fource & de celle du nouveau Geyfer
font précédés par des chocs que le fol paroît
éprouver fous les pieds des fpeéfcateurs, & ils font
fuivis d’ un bruit lourd, reffemblant à celui d’une
canonnade entendue de loin. Auflitôt l’eau du baffin
paroît dans un état d’ébullition violente, & fe
fouléve comme fi une force expanfive eût travaillé
au deffous > elle monte même de quelques pieds au
deffus des bords du baffin. Enfin, après deux ou
trois fecouffes accompagnées des mêmes bruits
fourds, le fpeétacle change 5 l’atmofphère fe
trouve tout à coup remplie de tourbillons de vapeurs,
qui s’entaffent les uns au deffus des autres
par des mouvemens rapides & majeftueux. Des
colonnes d’eau, mêlées d’écume, jailliffent àtra-
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