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LUÇON , ville du département de la Vendée.
Elle eit fituée à deux lieues de la mer , dans une
plaine marécageufe dont l’ air eft mal-fain. La ville
de Luçon a un port, & un canal qui y conduit toutes
les productions de la plaine ; elle eft expo fée au*
invafîons de la mer* contre lefqudles on eft obligé
de lutter continuellement.
Luçon (Ile d e ) , l’une des îles Philippines, à
peu de dsftance de la ville de Manille. Dans l’ile
de Lufon eft un ruiffeau confidérable dont é’eau
eft à 69 degrés de chaleur, & dans cette eau fi
chaude il y a non-feulement des plantes, mais
même des p biffons de trois à quatre pouces de
longueurs cependant le thermomètre de Réaumur,
qui marqua 69 degrés, ne fut plongé dans cette
eau qu’à une lieue de fa fource. Avélt un pareil
degré de chaleur, on feroit peut-ê tre tenté de
croire que nulle production de la nature ne pour-
ro'.t y fubfifter; cependant M. Sonnerat y vit trois
arbriffeaux très-vigoureux , dont les racines trem-
poient dans cette eau bouillante, & dont les têtes
étoient environnées de vapeur qurétoit fi çon-
fîdérable , que les hirondelles qui ofoient tra-
verfer le ruiffeau à la hauteur de fept à huit pieds,
tomboient fars mouvement. Un de ces arbriffeaux
étoit un agnus caftas, & les-deux autres des afpa-
latus. Cette eaïrrefroidie eft fort bonne à boire.
On eft bien étonné de trouver des êtres vivans,
comme les poiffons dont nous avons parlé, dans
une eau dont le degré de chaleur ne permet pas
d ’y plonger les doigts. Nous devons faire remarquer
à cette oecafion que nous avons en France
des eaux dont le degré de chaleur eft très-cônfi-
dérabl'e, & même de degrés, comme celles de
Chaudes-Âigues dans la haute Auvergne, & au
milieu desquelles plufieurs plantes croiffent & végètent
fans pàroître affoiblies par la chaleur.
LUCQUES en Iraüe. Lucques eft fitué à cinq
lieues de la mer de Tofcane , & à quatre lieues au
nord de Prfe, près du fleuve Serehio. Cette ville'
eft fi ancienne, qu’on en ignore ta fondation ; elte
eft bien bât je , les rues font pavées de grandes
pierres comme à Florence, ce qui la-rend très-
propre. * •*
Son territoire a environ huit lieues de longueur
fur autant de largeur. Le terrain eft fort mon-
tueux,; il y a cependant auelques plaines, par
exemple, celle où eft;la ville de Lucques ? c e li la
première vallée que | forme l’Apennin au fud-
oueft.
L ’agriculture eft dans la plus grande vigueur
dans ce petit Etat ; le peuple eft très-induftrieux.
Les terres y rendent quinze à vingt pour un dans
la plaine, & un même champ donne ordinairement
trois récoltes en deux ans-, (avoir, du blé>du millet
& autres menus grains, & des raves qui fervent
à nourrir Is.beOiaux pendant i’hiver; elles
fe fèment dans les mois de juillet & d’ août. •
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Les montagnes font prefque routes plantées de
vignes, d’oliviers, de châtaigniers, de mûriers,
& l’on y trouve même de petits champs à blé. Il
n’ y a prefque ni forêts ni lieux incultes, & en
donnant beaucoup d’attention à l’agriculture, on
tire parti de montagnes q ui, partout ailleurs ,.fe-
roient abandonnées y aufti ce terrain eft-il divifé
entre plufieurs propriétaires-qui n’en ont chacun
qu’une portion médiocre. On y fuit le précepte de
Virgile, exiguum colito, fecret excellent pour ta
perfection de toute efpèce de régie. Il n’y vient
cependant pas alfez.de blé & ,.1’on eft obligé d’eu
tirer de l’étranger, à caufe delà grande population
de ce petit Etat.
Le pays étant très-bas du côté de la mer, on
y nourrit beaucoup de beftiaux s qui fodfrniffent
du laitage en abondance y mais il y a peu de chevaux.
Le poiffon y eft très-bon , & en fi grande
abondance , furtout dans le lae de Sefto & dans
celui de Maffaccuoli, qu’on en porte dans les
provinces voifines. Les truites & les anguilles
qu’on prend dans les eaux qui coulent des montagnes
font forteftimées, de même que les crufta-
cés de mer & ceux d’eau doijçe.-
Les vers à; foie qu’on y élève ,. donnent chaque
année vingt-cinq à trente mille livres pefant de
foie, & une partie fe fabrique dans le pays-même;;
c’étoit autrefois, une branche de commerce extiê-
mement confidérable, qui avoir fait appeler cette;
ville Lucca Vinduftrlofa / on v travaille encore actuellement
beaucoup d’étoftës de Joie.
La récolte de l’huile forme un objet très-confi-
dérable pour le pays, d’autant plusqu-une partie
eft dé la première qualité parmi les huiles de toute
l’ Italie. Les olives font furtout fort recherchées,
& l ’on en fait plus de cas que des huiles. On en-
recueille quarante mille barils 1 pefant chacun-
foixante-feize de nos livres)-; douze mille ftiffifent
pour la confommation du pays, le refte s’exporte..
Au bas de la plaine, furtout du côfodes rivages
de Via-Reggio, il y a un grand, efpace marécageux
, mal-fain ,- & qui ne produit prefque rien y.
Fe niveau en eft plus bas que celui de la mer , en
forte qu’on n’a aucune efpéranee de parvenir à
un entier déffèchemenr.
LUGANO (L ac de) , à peu de diftance de Beî-
linzpna, dans le Tirol italien. Il a huit lieueS de
longueur du levant au couchant, & en quelques
endroits fa largeur eft de trois lieues y quoiqu’elle
fe borne affez généralement à une lieue. Ce lac
forme plufieurs finuofités, fuivant les portions de
vallées où fes eaux refoulées ont pu s’étendre.
Le bras qui s’ avance de Lugano à Rrva vers le levant
, a au moins trois lieues de largeury.ee lac
éprouve, entre Lugano & ’ la Piève d’Agno , une
profonde'courbure à l’extrémité de laquelle il fe
décharge dans la T re fa ,. petite rivière qui communique
avec le lac Majeur. Quelques écrivains
penfent que le fiience des Anciens fur le lac de
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j Lugano peut autorifer à croire qu’ il faifoit tfn
( feul lac avec le lac Majeur, dont ils ont fait men- I tion fous le nom de lacus verbanus, ou plutôt que I ce lac n’étoit qu’une lagune voifine de ce dernier :
[ ils ajoutent meme que c’ eft de cet état marécar
| geux qu’ il a pris la dénomination de Lugano , qui I paroît un dérivé de Lacunum. On donne divers
| -noms aux différentes branches du lac : ainfi on
K appelle Lagodi Marcote, la partie limitrophe du I bourg de Marcote ; Lago d’ Agno, cette courbure
j qui eft entre Lugano & la Piève d’Agno ; enfin , I Lagodi Trefa, la partie dü lac qui fe décharge I dans la Trefa.
LUNEL-LA-VILLE, dans le département de
l’Hérault, à deux lieues & demie fud de Som-
mières. La ville de Lunel eft remarquable par les
excellons vins mufeats qu’on y recueille , & par
fes raifins fecs qui ont un goût exquis Ôc qu’on
conferve dans des boîtes de fapin.
LUNES, village du département de la Dordogne,
à deux lieues de Lodève. Il y a des mines
de cuivre & de plomb très-riches en argent.
LU N E V IL LE , "département de la Meurthe.
Les environs n’offrent rien de plus intéreffant
qu’une carrière à plâtre qui eft à Serbeville, village
peu éloigné. Les bancs dont cette carrière
eft compofée font dans cet ordre : i° . un lit de
terre, de vingt-huit piedsy 2°. un cordon rougeâ-
» tre, de trois pieds; 30. un lit de chalin noir , de
quatre pieds; 40. un cordon de jaune, de deux
pieds j 50. un lit de chalin verdâtre, de quatre à
cinq pieds; 6°. un lit de craffes, moitié bonnes ,
moitié mauvaifes, de trois pieds; 70. un lit de
pierres appelées moutons, de quatre pieds; 8°. un
filet d’ un pouce de tarque ; 9°* un. bt de carreau
bon pour la maçonnerie , d’ un demi pied ; io°. un
de plâtre gris, d’un pied ; 1 1°. un lit de moellon ,
de pierre calcaire jaunâtre , bleuâtre ou mêlée des
deux couleurs & coquillière , d’ un pied. On y
voit,des empreintes de cames, de peignes ou des
noyaux de ces coquilles , & de jolies dendrites
noires.
Ce dernier banc eft fuivi d’autres bancs de différentes
épaiffeurs : on ne les perce que lorfqu’on
fait des canaux pour l’écoulement des eaux pluviales
, car il n’ y en a point d’autres dans une car
rière qui eft à ciel ouvert; on voit qu’on 1 exploite
avec plus d’ intelligence qu’on ne faifoit autrefois
dans les carrières des environs de Paris.
Les uns & le^s autres des bancs de cettecar-
rière, & furtout les moins épais ; offrent des ondulations
qui donnent à penfer que les dépôts
auxquels ils font dus ont été faits par les eaux.
Quoique i ’on fade une ditlindtion entre ces
plâtres, & qu’on donne aux uns le nom de blanc
& aux autres celui de noir, celui-ci n'eft pas réellement
noiry il n’eft feulement qu’ un peu moins
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blanc que l’autre. On met à part le plus-blanc , &
l'on inêle enlemble les autres efpèces, qui «>nt le
noir, la craffe , le rouge, le tarque, le mouton &
le très-noir. ' Le rouge eft d’ une couleur de chair
ou de cerife pâles le tarque eft brun-noirâtre, &
la craffé tire fur le gris-blanc : les uns & les autres'
bancs en fourniffent de fibreux d’ un beau blanc
foyeux , & qui a une forte de transparence.
Les environs de Serbeville ont été fouillés de-
puis long-temps & dans beaucoup d endroits. C e
n’eft pas qu’on ne trouve atiflï du gypfe dans d’autres
lieux circonvoifins de.Luneville y mais les ou~-
vriers prétendent qu’il y eft moins beau & moins
abondant, & que toutes tes tentatives qu on a
faites pour en tirer n’ont pas eu de fuccès.
La compofition des montagnes des environs de
Lunéville , de Moyenvic & de Château-Saüns, eft
peu différente de celle des plâtrières que nous
venons de décrire. On y voit auffi des lits detei,re
verdâtre & couleur de lie de v in , qui font ondes
& un peu inclinés à l’horizon 5 le haut des montagnes
fournit des pierres calcaires. Dans celes de
V ie, on trouve des gryphites, de la pierre calcaire
jaunâtre & bleuâtre, Üc de la pierre a plâtre : c eft
le même fyftème de diftribution de toutes les
fubftances pierreuf-s qu’aux environs de Luneville,
Nous détons ajouter ici que la vallée ou J e
trouve Lunéville renferme^de très-grands dépôts
de cailloux roulés par les eaux de la Meurthe, qui
a fa fource dans les V o fg e s , & qui en a entraîné
des quartz gris & blancs, des granités gris, blancs,
rouges & blancs.
L U R C Y -L É V I , bourg du département de
l’Ailier , à trois lieues & demie de Cérilly. Il y a
une manufacture de porcelaine a une lieue &
demie de la forêt de Tronçais; elle offre les fpé-
culations les plus avantageufes, tant par les rî-
c-heffes immenfes de fes bois, que par fa pofition
au centre de ta France , & la facilité du tranfport
par eau de fes marchandifes aux deux mers. D ailleurs
ce canton, riche en bois & en charoon de
terre, argiles & fables de toutes efpeces, eft favorable
aux fabriques.
LU R E , bourg du département de la Haute-
Saône, à quatre lieues de Luxeuil. On trouve
dans fon territoire deux mines de charbon de terre.
Le charbon s’y préfente [pus une épaiffeur de
trente toifes de roches feuilletées.
L u R E ( Montagne de ). La montagne d*
Lure forme une chaîne qui s’étend de l’eft a l oueft
d’environ huit à neuf lieues, dans les départemens
des Baffes-Alpes & de Vauclufe, depuis Pepi* ,
village fitué au*d.ffous de Sifteron, jufqu’ à Rail-
lannette, où cette chaîne eft interrompue; elle va
fe lier avec le mont Ventoux. La partie de cette
montagne qui porte proprement le nom de Lure,
en la prenant depuis Saint Éde-nne & Cruis, vil-
Yyy z