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& ce qui doit neceflairement arriver par là fuite
du tems à toutes les ftaladites des grottes qui fe
trouvent fous de grands rochers.
Il fe forme des ftala&ites en différens endroits
d une grotte en même tems, foit dans le milieu,
foie contre les parois. Ces ftalaéiites s’accroiffent
continuellement, ou au moins tant que dure l’écoulement
des eaux de pluie > ainfi il doit fuinter de
J eau, prefqu’en tout tems, dans les grottes qui
jontfituées à une grande profondeur. Quand même
le cours de l'eau feroit interrompu, il eft certain
qu il fe renouvelle!oit plufieurs fois chaque a.nnée j
par conféquent il doit arriver que les ftala&ites
s étendent au point de fe toucher les unes les
autres, 8c de remplir l'efpace de. \z grotte en entier
fi la maffe de pierre qui l’environne, peut
fournir allez de matière pour cet effet : alors il fe
trouve une carrière d'albâtre à la place de la*
grotte. Le tems nécelfaire pour opérer ce changement
n eft peut-être pas aufli long qu’on pourroit
le croire ‘.quelques annéesd’obfervationsfurl’ac-
croiffement des ftalaéfcites pourroit nous mettre en
état de Je calculer. Mais l’on fait, par expérience,
que les ftala&ites qui fe forment fous les voûtes
ou fur les murs bâtis avec du mortier de chaux &
de fable, & qui font compofées de particules de
chaux , s’accroiffent bien plus promptement que
les ftalaétites de fpath , qui viennent de la pierre
calcaire non calcinée. La formation des ftalaétités
de chaux fe fait aufli par la filtration de l'eau.
Tout rocher de pierre calcaire peut produire de
l’albatre par la filtration des eaux, qui, comme
nous venons deledire, forment des ftalaâites dans
les cavités & dans les grottes; mais les ftala&ites
n‘ont pas toujours toutes les qualités de l’albâtre. '
Il faut diftinguer* dans les ftala&ites, deux .fortes
de matières & de conformation. Les unes font des
parties pures, tranfparentes, figurées régulièrement
comme les criftaux, &ifolées parleurs extrémité
: c’eft le fpath. Les autres font compofées de
parties, plus ou moins grofllères ,- à demi tranfparentes
ou prefqu’opaques. L’union de ces différentes
fubftances, les unes aux autres, forme l’albâtre
î ainfi les ftalaélites qui viennent d’un rocher
qui n a que peu de matières terreufes brutes ne
renferment que des criftaux de fpath : il y en a dont
les parties fpathiques, quoique pures, font confondues
8c unies de façon qu’elles ne compofent
qu’une feule maffe j mais on y reconnoît aifément
le fpath à fa tranfparence & aux reflets des lames
dont il eft compofé. Au contraire, les ftalaélites
qui fortent d’un rocher mêlé de terre & de fubftances
métalliques ne contiennent prefque que du
fpath imparfait, coloré, & chargé de matière
groflîère & opaque.Ce mélange conftitue l’albâtre
qui a différens degrés de beauté & de fineffe dans ,
le poli, relativement à la nature de la pierre dont
il fort, & des matières qui entrent dans fa compo-
fition : de lâ vient la différence des albâtres.
Lorfqu’une grotte eft remplie d’albâtre au point |
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qu’il ne peut plus .y entrer de matière de fpath,
1 eau change fon cours, & va dépofer la matière
dont elle eft chargée aux environs , entre des
graviers calcaires, des fragmens de pierres qui
varient pour le grain : c’eft alors qu’on voit tous
: ces matériaux imparfaitement unis par la fubf-
tance du fpath. On trouve des couches de ce tra-
■ ô ^ e^u ^a.ns les fentes des rochers : on en
dilhngue même différentes veines tels que les lumachelles, les brocadtaenlsle dse sm moadrebrrneess,
& antiques, les marbres des Pyrénées & ceux de
Flandres, On voit plufieurs échantillons des marbres
de Sicile , furtout où il y a tant de grottes qui font en partie marbre & en partie albâtre. Ce
qui.eft albatre eft fouvent coloré d’une teinte rou-
1 & les criftaux de fpath n’ont que le degré
| . tranfparence de 1 albatre. C’eft par ce travail
intérieur de l’eau non-feulement, que les marbres
ont reçu un degré d’infiltration qui ksa rendus
fufceptibles de poli, ruais encore qu’il s’y trouve
des parties de fpath pur & tranfparenc qui font
placées dans le milieu des blocs & qui occupent
un efpace plus^ou moins étendu. Non-feulemer.t
la mauere de 1 albâtre fe trouve jointe à celle du
* marbre , mais le marbre peut aufli, comme la pierre
brute, produire de l’albâtre. Il y a lieu de croire
que les albâtres orientaux, qui font plus durs &
mieux colorés que les albâtres communs, viennent
du marbre, parce que les particules métalliques
qtiuoin cdoelos rfetanlta éllei tems.arbre entrent dans la compoiï-
Cet expofé de Information des différens albâtres
rait voir pourquoi les carrières qu’on en exploite
en Italie, en Efpagne*& ailleurs ne font pas dif-
poiees par bancs ni par lits horizontaux interrompus
par des fentes verticales, comme on en voit
dans les couches de pierre & de ma«bre. Ceci
donne aufli les moyens d’expliquer différens phénomènes
que l’on remarque dans l’albâtre : lâ demi-
tranfparence vient de celle du fpath dont il eft com-
pofé : fes diverfes couleurs font produites par les
differentes matières qui fe mêlent aux principes
du fpath. Les veines de l’albâtre, dirigées en cercles,
en ondes, en lignes droites ou contournées
de toutes manières, font vifiblement formées par
les différentes couches de ftalaftites : on trouve
même, quelquefois des vides entre les couches
parce que l’eau y paffoit en trop grande abondance
pour que les particules de matière qu’elle
charioit, puffent s’attacher à la ftalaêb’te j car l’eau
qui eft la principale caufe de la formation de l’albatre
lorfqu’elle filtre en petite quantité, s’op-
pofe à toutes fortes de dépôts lorfqu’elle coule eu
grand volume & avec une certaine viteffe.
Je n’ai plus qu’une obfervation à faire d’après
cette même confidération. Les parties dés grottes qui reçoivent par leur plafond & leurs parois des
eaux un peu.abondantes reftent toujours vides &
ne fe remploient d’aucune forte de ftala&ites :
c’eft pour cela, qu’on trouyç des grpues. remplies
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d’un côté, & prefqu’exa&ement comblées d’albâtre
, pendant que d’autres reftent vides} 8c cet
état fubfiftcra jufqu’à ce que l’eau qui afflue dans
ces grottes vienne à diminuer.
Grottes en dômes.
Il faut remarquer que plufieurs grottes offrent à
leurs voûtes des dômes concaves plus ou moins
profonds : c’eft l’ouvrage de l’eau qui fe fait jopr
à travers les voûtes & qui en détruit une partie.
On en trouve de femblables à la voûte d’une falle
de la grotte d’Arcy. Dans la grotte de Noce l’on
rencontré comme des efpèces de petites chambres
de forme ovale, & furmontées de voûtes en
dômes.
J’ai vifîté plufieurs 'fois la grotte de Miremont
dans le ci-devant Périgord, te j’y ai trouvé plufieurs
dômes de différentes formes & grandeurs ,
les uns de forme ovale, les autres circulaires,
mais en général d’une grande profondeur & d’une
régularité extrême. Les voûtes en dôme de la cathédrale
de Périgueux ne me parurent pas d’une
plus belle proportion. ( V o y e ^ Miremont.)
Amas d’eau dormante dans les grottes.
A l’extrémité de la grotte de Balme en Dauphiné
eft une flaque d’eau qu’on appelle communément
le lac .y & qu’on peut confidérer comme te). Il a
environ fix cents pieds de longueur. S i largeur n’eft
pas uniforme : en certains endroirs il n’y a que la
place pour paffer un bateau ; dans d’autres il a de
trente à quarante pieds de largeur. La hauteur de
la voûte de la grotte au deffus du lac eft communément
de douze à quinze pieds} mais dans les
endroits où le lac s’élargit, la voûte femble s’élever
à proportion. La profondeur du lac eft de huit
à dix pieds. L’eau en eft claire & limpide, & l’on
n’y remarque aucune agitation ni aucun mouve-o
ment particulier. On trouve partout, fur les bords
du lac comme au bas des murs de la grotte, des
madrépores branchus, ainfi que plufieurs autres
corps, marins pétrifiés. Les madrépores font les
plus nombreux, & la plupart font changés en fiiex.
lis paroiffent rangés fur des lignes horizontales, à
peu près dans la même fttuation où ils ont été formés
dans le bafîin de la mer 5 mais ce phénomène
appartient au dépôt foumarin, & n’a rien de commun
avec la grotte dont l’excavation eft un travail
poftérieur au féjour de la mer, & a été.produit par
des agens bien étrangers à la mer. On trouve dans
!? de cette grotte un refte des eâux intérieures
dont l’aêtion a pu feule exécuter cette fouille nattiucrlee.
lle , comme nous le faifons voir dans cet arGrottes
ou fe trouvent des ruijfeaux.
Dans la grotte du parc de Dunmore, près de
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Kilkeny en Irlande , il fort d’une falle un ruifleau
qui forme plufieurs cafcades.
| Dans la grotte de Noce il roule, au milieu des
falles excavees au fein de la montagne , un courant
d’eau qui murmure en tombant.
Dans la grotte de Balme en Dauphiné on trouve
des baflins difpofés les uns au deffus des autres, qui
reçoivent l’eau de l’intérieur, laquelle forme des
nappes & des cafcades. naturelles. On voie fortir
outre cela , d’une des galeries de cette grotte, un
courant d’eau qui fe perd au milieu des graviers,
reparoît enfuite vers l’entrée de la grotte , & va f ë jeter dans le Rhône. En. remontant le courant fou-
terrain on trouve que dans certains endroits à
peioe y a-t-il de l’eau, &r que dans d’autres il y a
des étangs > 8c après un affez long trajet on rencontre
une cavité fort fpacieufe, d’où l’eau fort
à gros boitillons. Tous ces détails annoncent les
relies des fouterrains qui donnoient paffage aiix
eaux d’une fource abondante.
Nous avons trouvé de même, dans la grotte d Arcy, des baflins formés par des dépôts naturels
, & remplis d’eau de manière à offrir des caf-
! cades comme la précédente : outre cela un courant
d’eau traverfe une partie de la grotte, 8c va
déboucher, fur un des bords de la Cure § affez
, abondamment.pour faire tourner un moulin. Il y
: a quelqu’apparence que ces eaux fopt fournies par
une fource dont l’origine.eft dans l’intérmir de la
. colline, & qui a contribué aux excavations de la
grotte, conjointement avec l’eau qui fe détache du
courant de la Cure pour s’infinuer dans la pointe
de l’angle failiant au fein duquel eft la grotte. ( Foyer
A rcy ( grotte d’).)
Grottes oit l ’on trouve des os.
Dans h grotte de Bauman, près deBlakembourg,
on a trouvé des os connus fous le nom de licorne
fo jfle .
Dans les antres de la forêt d’Hyrcinie on trouve
des os par tas, ainfi que dans les grottes des Dragons,
près de Marfleek.
Les grottes de Galeinreuth, dans le margraviat de
Bareuth furtout, préfentent une énorme quantité
d’offemens qui ont été décrits par M. Cuvier > 8c qui fe rapportent principalement à des efpèces
d’ours & de carnafliers qui n’exiftenc plus.
GRUISSON (Étang de) , département de.
1 Aude , canton de Courfan, & a trois lieues
fud de cette ville j il tient à la mer, & a du nord
au fud une lieue deux tiers de long , & de l’eft à
l’oueft trois quarts de lieue. Il y a un canÿ au nord
de l’étang, qui va fe rendre dans l’Aude à une
lieue trois quarts nord-eft de Narbonne.
GRUNSTEIN. On donne le nom de grunflein à cette efpèce de roche qui appartient à la formation
des bafttltes ou des traps, & quLeft çompofée