
■ D ’après toutes ces circonftances, il n’eft pas
étonnant qu'il fe foit formé un foffé qui règne
fans grandes interruptions tout autour du Morvan
& à ünê certaine diftance de fes limites, & constamment
creufé dans la bordure de la nouvelle
terre.
Il y a cependant des cas où des matériaux fort
abondans, entraînés par les eaux de défias-la fu-
perficie de l'ancienne terre , ont été diftribués fur
certaines parties de la nouvelle, & pour lors il
n'y a plus de folle ; mais on y rencontre des
plaines couvertes de ces matières de tranfport
fort épar fes : c’ eft ainfi qu'en parcourant la bordure
extérieure, on y voit plufieurs formes variées
très-remarquables.
Nous croyons devoir comprendre dans ces effets
les différentes proportions de matériaux qui font
entrés dans la compofîtion des pierres de fable
qu’on obferve aufli le long de la bordure extérieure
de la nouvelle terre.
Circulation de l'eau dans les limites de. Vancienne
terre du Morvan & dans la bordure de la nouvelle
terre.
Tous les vallons, dans l’ancienne terre du Morvan
, renferment de l’eau courante : cette diftribu-
tion de l'eau eft en cela conforme à celle que nous
avons obfervée en Limofin. Les Anuofités du
canal des rivières font Couvent excavées dans les
dépôts qui forment la plaine fluviale, & alors ces J
ofcillations n’ont aucune correfpondance avec la
difpofïtion des bords efcarpés & des plans inclinés.
Toutes les rivières n’ont qu'un Ample canal
fans dépôts dans les plaines fluviales ; elles ont un
cours ofcillant jufqu’au-deflbus.«de Sauvigny.
La marche des eaux dans les vallées de l’ancienne
terre eft affujettie à toutes les configurations des
croupes, dont les parties inférieures font baignées
par ces eaux & en modifient vifibîement le cours
aét.iel, comme les formes de ces bords ont toujours
opéré dans les divers progrès de Tappro-
londifFement des vallées. Ce font en particulier
les rivières torrentielles qui offrent ces phsno- \
mènes, & furtout celles qui coulent dans l'ancienne
terre : la Cure & le Serein font dans ce
c a s , jufqu’à ce qu’elles aient atteint la nouvelle \
terre; alors leur canal change de figure, ainlï que ;
leurs vallées.
Les vallons font fecs jufqu’à Voutenay ; c’eft
là que, fur les bords de la C ure, on trouve une
fource & un ruiffeau verfé par un vallon latéral y
beau bord efcarpé & plan incliné, régulièrement
oppofé dans les parties inférieures du vallon
de la Cure ,. car les parties fupérreures n’offrent
que des efcarpemens ; il y a même des parties de
cette -vallée dont les croupes font efcarpéts. depuis
le haut jufqu’en bas, & qui tiennent au fÿf-
tème torrentiel.
Le fond de la plaine fluviale de la Cure à Saint-
Moré & au-delfous eft chargé de dépôts qui annoncent
& occafionnent l’ofcillation de l ’eau courante;
aufli les bords efcarpés & les plans inclinés
reparoiffent-ils fort réguliers, & les dépôts de
la plaine fluviale font-ils formés de fragmens de
Alex, de quartz roulés, ainfi que de fables giani-
tiques voiturés du Morvan.
L’eau de la Cure fe perd à deux cents toifes
au-defliis des Deux-Ponts, àinA qu’au-deflous. Aux
Deux-Ponts cette perte eft très remarquable, mais
elle eft plus abondante dans la galerie fupérieure
des grottes d'Arcy. 11. eft viftble que la rivière a
pénétré dans ces grottes par cette galerie, où elle
a fait de grandes excavations jufqu’aux fouterrains
de la grotte. En vifttant la pointe du revers du
plan incliné qui fe trouve en avant de l’ouverture
latérale de la grotte , on voit des amas de fables
granitiques mêlés de quartz, ce qui prouve que la
rivière s’eft élevée jufque-la ; & ce qui le prouve
encore davantage, c’eft que les:mêmes dépôts fè
retrouvent dans les réduits de la grotte fort élevés
& fort voiflns de fes voûtes.
Les eaux baillent danslès réfervoirs de la grotte
& diminuent comme celles de la Cure : cette rivière
a donc une grande communication avec les
fouterrains de la grotte ; & pour peu qu’on examine
ces fouterrains , on reconnoït aifément que les
eaux courantes de h rivière ont contribué à leur
excavation dans leS différens états d’approfondif-
Tement & d’élévation.
On né trouve de fources qu’au niveau- de la
plaine fl îviale de la Cure, proche Voutenay, comme
on Ta dit ci-deffus ; les autres rivières de. ces contrées
ne reçoivent le produit des fources qu’à dix
ou douze lieues de diftancé de l’ancienne terre du
Morvany parce quë leurs vallons, avant cette distance,
ne font pas creufé* jufqu'au niveau de la
couche d’argile qui recueille & contient les eaux ,
& les verfe au dehors mais c'eft un contrafte
frappant, lôrfqu’ on remonte jufqu’ à l’ancienne
terre, où chique petit vallon donne fon tribut
d’eau à tous les niveaux.
MOSCHE, courans de ta mer. Un des plus
fameux courans & des mieux obfervés, élt celui
de Mofche , fur les côtes de la Norvège,, dont un
favant Suédois a donné une defeription très-cir-
conftanciée.
Ce courant , qui a pris fon- nom. de Mof-
chenflcle, Atué entre les 'iles de Tofode & de
Woëroen-, s'étend à quatre milles vers le (ud 8c
v e r sL nord. Il eft extrêmement rapide , furtout
entre le rocher d^Mofche & la pointe de Lofoede.;
mais plus il approche des deux îles de Woëroen.,
moins il a de rapidité : il achève fon cours du
nord au fud en Ax heures > puis du fud au nord-
dans le même temps.
Ce courant eft A rapide, qu’il produit un grand
nombre de petits tournans queles habitans du pays
ou les Norvégiens appellent gargamer ( gurges).
Son cours ne fuit point celui des eaux de la mer
dans leur flux & dans leur reflux , il fuit plutôt
une dire&ion contraire; car lorfque les eaux de
l’Océan montent, elles vont du fud au nord, &
alors lé courant va du nord au fud. Lorfque la nier
fe retire par un mouvement du nord au fud, le
courant pour lors va du fud au nord.
Ce qu’ il y a de plus remarquable, c’eft que ,
tant en allant qu’en revenant, il ne décrit pas une
ligne droite , ainfi que les autres courans qu'on
trouve dans quelques détroits, . mais il fuit une
portion de. ligue circulaire.
Quand les eaux de la mer ont monté à moitié,
celles du courant vont au fud-fud-eft. Plus la mer
s’élève, plus il tourne vers le fud : de.-!à il fe dirige
vers le fud-oueft, & du fud-oueft versToueft.
Lorfque les eaux de la mér ont monté entièrement
, le courant va vers le nord-oueft & enfuite
vers le nord; & , vers le milieu du reflux , i f recommence
à tourner après avoir fufpeniu fon
cours quelques momens.
Le principal phénomène qu’on obferve alors,
eft le retour du courant par l’ ouell, en fe portant
du fut! fud-eft vers le nord ^comme du nord vers
lç fud-eft. S’il ne reyenoit pas par le même chemin,
il feroit fort difficile, pour ne pas dire impoftible,
de faire la traverfée ae’ la pointe de Lofoede aux
deux grandes î es de Woëroen & de Roeft : ceux
qui veulent pafïèr de la pointe.( de Lofoede à ces
deux îles, attendent que la mer ait monté à moitié,
parce qu’alors le courant fe di:ige vers l’oueft ;
lorfqu’ils veulent revenir deces îles vers la pointe :
de Lofoede, ils attendent le demi-reflux, car alors,
le courant eft dirigé vers le continent, ce qui fait
qu’on paffe avec beaucup de facilité.
Pour avoir une Liée des circonftances qui contribuent
au mouvement des eaux du courant, il
fuffit de confidérer qu'il y a une petite langue de
terre qui s’étend à feize milles du continent de
la Norwège dans la mer, depuis la pointe de
Lofoede, qui eft le plus à Toueft, jufquà celle de
Lo.ddingue , qui eft le plus à l'eft. Cette petite
'langue de terre eft environnée par la mer, & foit
pendant le flux , foit pendant le reflux , les eaux
y font toujours arrêtées, parce qu’elles ne peu
vent avoir d’iffiie que par Ax petits détroits ou
palTages qui ont découpé cette langue en autant
de parties ; quelques-uns de ces détroits ont tout
au plus un quart de mille de largeur, & d’autres
moitié moins. Lorfque la mer monte , les eaux qui
vont vers le nord s’arrêtent en grande partie au
fud de la langue de terre; elles font donc bien
plus élevées vers le fud que vers le nord : lorfque
la mer fe retire & va vers te fud , il arrive pareillement
que les eaux s’arrêtent en grande partie
au nord de la langue de terre , & lont par con-
féquent bien plus hautes vers le nord que vers le
fud.
Les eaux arrêtées de cette manière, tantôt au
nord, tantôt au fud, ne peuvent trouver d'iflTtie
qn’entre la pointe de Lofoede & celle de l’île de
Woëroen , Sr. entre cette île & celle de Roeft.
La pente qu’elles ont lorfqu’èlles defcendent,
caufe la rapidité du courant, & c’eft par cette
ration que cette rapidité eft plus grande vers la
ppinte de Lofoede que partout ailleurs. Comme
cette pointé eft plus près de l’endroit où les eaux
s’arrêtent, la pente y etVauffi plus forte ; & plus
les eaux s’étendent vers les îles de Woëroen & de
Roeft, plus il perd de fa viteffé.
D’après tout ce qui précède, il eft aifé de concevoir
pourquoi le courant eft toujours diamétralement
oppofé au mouvement des eaux de la mer
libre. Rien ne s’oppofe à celles-ci, f it qu’elles
montent, foit qu’elles defcendent; au lieu-que
celles qui font arrêtées au-deflds de la pointe de
Lofoede ne peuvent plus fe mouvoir ni en ligne
droite ni au-delà de cette même pointe, tant que
la mer n’eft pas defeendue plus bas, & n’a pas fait
place, en fe retirant, à ces eaux arrêtées au-deifus
de Lofoede.
Au commencement du flux & du n flux, les
eaux de la mer ne. peuvent pas détourner celles du
courant; mais lorfqu elles ont monté ou defeendu
à moitié, elles ontaffez de force pour changer fa
direction. Comme il ne peut alois fe tourner vers
l’eft, parce que l’eau eft arrêtée.près de la pointe
de L o foe d e , il faut néceflfairement qu’il fe porte
vers Toueft, où la pente le détermine. ( Voye%
Journal étranger, février 1 7 )8 , pag. 25. )
On voie par tous ces détails , que les courans
de la mer font principalement modifiés par la
forme des côtes ou du fond , & que leur première
exiftence & les détails de leur mouvement font
des effets dépendans de cette forme : effets q u i,
par conféquent, la fuppofent pour avoir lieu.
Comment a-t-on pu imaginer que ces courans Sr
leur force a&ive fur le fond du baflin de la mer ,
avoientereufé furce fonduniles valléesdes grandes
rivières & de toutes les eaux qui circulent à la
fuperficie des contiriens? Si vous voulez avoir des
courans, modifLz le fond de la mer ou les côtes
de telle ou telle manière, & vous ferez fur d'obtenir
ces effets. Cette afiercion eft prouvée par la
defeription précédente du fameux courant., de
: Mofche : c’eft en cela furtout qu’elle nous pa-
roit précieufe , & c ’eft dans ces vues que nous
avons confervé tous les détails dans lefqueîs
entre l’auteur fuédois qui nous la fait connoître.
Mais fi vous voulez modifier de telle ou telle
manière le fond du badin de la mer, y creufer
des vallées, vous n’av e z , par exemple, pas de
moyens dans la nature, à moins que vous ne dif-
tribuyez des courans fur un fol uni & libre. Il n’ y
a guère que l'intérêt d’ un fyftème beaucoup plus
vif que tous les autres intérêts, fans doute , c^ui
puilfe donner cette confiance.