
talline, tels font les élémens du granit. On voit
çà & là le mica vert, & aflez fouvent la tourmaline
noire, opaque, s’introduit dans l’aggrégation 5
mais la région granitique n'eft paS^üniquement
compofée de granit proprement dit : ce font Couvent
des trapps, des cornéennes, des pétrofilex.
Au nord comme au midi de la chaîne granitique,
au pic du midi, à la brèche d'Allanz & dans la plaine
appelée la P rade de Saint- Jean, on trouve le fchifte
micacé & le beau gros grain. Du côté de Coumélie,
les blocs de granit préfentent des rofettes & des
tourmalines. Les calcaires noires & les fchiftes qui
s’y interpofent, font farcis de pyrites. Les calcaires
blanches font traverfées de blocs de fer fpathique.
On trouve enfuite du marbre blanc falin primitif
& du fpath calcaire 3 plus haut, des pierres calcaires,
fablonneufes, qui font pleines de gryphhes.
Entre Néouvielle & le pic d'Eres-Lids la tranfi-
tion des montagnes primaires aux montagnes fe-
condaires préfente d’abord le granit fimple & pur de
1 axe granitique , qui eft enfuite remplacé par des
granits magnéfiensou argileux. Le grenat s’y trouve
dilTéminé en criftaux. Dans les granits on voit des
veines d’asbeftes & d’abelloïdes, & à leur furface
des flocops d’amiante & des couches d’adulaires.
Vers les limites feptentrionales de la bande de transition
on trouve les marbres de Sarrancolin & de
Campan : leurs bancs font épais & fourenus. Les
dépôts de coquilles dans les Pyrénées font plus
fréquens au couchant qu’au levant, & les couches
fecondaires y font en général plus continues. Du
coté de l’Océan on ne voit que montagnes calcaires
, que terrains d’alluvion, que débris d’êtres
organiiés. Du côté de la Méditerranée , au contraire
, le granit eft prefque toujours à nu, & à
cet égard les deux extrémités des Pyrénées re-
préfentent aff-z exactement ce que nous avons vu
fur les deux lifièrés.
Telles font la: forme & la contexture des Pyrénées.
Cependant, après avoir décrit en détail le
mont Perdu , cette cime la plus élevée des Pyré--
nées, nous ne terminerons pas fans dire un mot
des autres fommets qui dominent cette vafte chaîne.
Vignemale eft lë plus haut après le mont Perdu :
c’eft même la plus haute montagne des Pyrénées
françaifes. Vignemale n’eft inférieur au mont
Perdu que de cinquante toifes, & fes connexions
font peut-être encore plus importantes & plus
étendues : c’ eft moins une montagne qu’un amas
de montagnes empilées les unes fur les autres, &
ion immenfe circuit embrafle les têtes de quatre
grandes vallées creufées dans fa mafle & féparées
par fes pro’.ôrigemens. La pointe méridionale eft
Cerbellona j elle fe prolonge entre le val de
Thène & le val de Broto. Au nord c’eft Pocy-
Morou ou le Pic-Noir, qni forme la pierre angulaire
entre la vallée d’Oflone & deux branches de
celle de Cauterès. A l'eft ôn trouve d’abord Plan-
d’Aube, c’eft-à-diré, le plateau du levant j puis
Mont-Ferrant qui Je fuimonte à l’oueft > & enfin
au centre trois ou quatre fommités accolées, qui dominent
toutes les aûtres. La plus élevée eft ce qu’on
appelle Soum d‘Eracofte. Plufieurs glaciers, qui font
au nombre des plus beaux des Pyrénées, chamarrent
les flancs déchirés de .çes montagnes., La hauteur
du Vignemale a été fixée à dix-fept cent vingt-deux
toifes; Néouvielle ou le Grand-Pic, à feize cent
dix-neuf toifes. Il eft placé dans la région granitique
, & il en forme le centre, avec le pic le Long ,
qui a mille lîx cent foixante-huit toifes d’élévation.
Le pic de Bergon, qui appartient au même fyftème
de montagnes primitives, & fe trouve fur le même
alignement, à l’oueft de Néouvielle, a miliequatre*
vingt-quatre toifes. Mouné, montagne de la vallée
de Cauterès , eft encore plus à l’oueft & fur la
même ligne , tandis que Troumoufe , Piméné ,
Vignemale & le pic du midi de Pau fe trouvent fur
le chaînon collatéral qui forme le paflage des montagnes
primaires ou fecondaires. Le pic du midi
eft de granit à 1a bafe, & paroît calcaire à fon fom-
iriet : de même, de l’autre côté , & au nord de la
chaîne granitique , le pic du midi proprement dit,
que les bergers de la vallée de Campan nomment
pic d'Arifes y appartient à l’autre chaînon collatéral,
& s’élève à une hauteur de quatorze centfoixante-
dix toifes au deflus du niveau de h mer. De chaque
côté des chaînons collatéraux des Hautes-Pyrénées
, au nord & au midi, font les montagnes fecondaires
offrant des pierres coquillières 5 mais
au nord, du côté de la France, cette ligne, qui
pafle par Bagnères & Lourdes, ne préfern.? aucune
hauteur remarquable , tandis que celle du midi fe
prefle contre le chaînon collatéral & offre les gi-
gantefques hauteurs du mont Perdu, du Marboré &
du pic Blanc.
Forêts. La France poflede un grand nombre de
forêts très-étendues 3 & comme elle n’emploie
prefque d’autre combuftible que le bois , leivr entretien
eft un des grands objets d’adminiftration
intérieure. La forêt d’Orléans & celle des Ardennes
font les deux plus remarquables j là première, par
fon étendue & par fa réputation d’être un repaire de
voleurs & d’aflaflîns ; l’autre, pour la renommée que
lui ont acquife les hauts faits de la chevalerie. La
forêt des Ardennes s’étend de Rheims à Tournay1,
& vers le nord-eft jufqu’à Sedan , ville du département
des Ardennes. Nous pourrions citer la
forêt de Fontainebleau, mais nous la ferons con-
noître en détail à fon article , ainfi que celles de
Compiègne , de Saint - Germain , de Vîllers-
Coterêts , dont les produits contribuent en partiè
à l’approvifionnement de Paris, & dont la dernière
a près de quatorze mille heCtares. Je pourrois
citer plufieurs autres forêts du département de
l’Aube, qui méritent quelqu’attentioo : telles font
celles de;Soulaines , .de la Chaife , dé Brienne,
de Dienville , de Piney, &c.
Dans le Brabant, quoiqu’il s’ élève de petites
chaînes de collines dans les comtés de Namur &
de Luxembourg , le voyageur doit s’avancer jufqu’aux
bords du Rhin pour voir une élévation
qui mérite le nom de petite forêt. Il y a néan- 1
moins beaucoup de bois jufque dans le centre de
la Flandre, & dans le Brabant eft la forêt <ie
Soigne. Plus loin, à l’eft & au fud, font de s forêts
immenfes qui couvrent prefque tout le Hainaut &
le Luxembourg, de Valenciennes à Trêves : ce
font des reftes remarquables de l’ancienne forêt
des Ardennes.
Outre cela, j’ai indiqué, dans le cours de ce
Dictionnaire, tous les petits bouquets de bois &
forêts qui fe trouvent difperfés dans l’étendue de
la France, avec leur poficion & leur dimenfion j ce
qui fatisfaic à cet objet d’une manière très-fatif-
faifante. .
Minéraux. La France avoir autrefois des mines
d’or dans le midi, & quelques ruifleaux roulent
encore des partîtules de ce ‘métal 3 cependant les
anciennes monnoies gauloifes font un compofé
d’or & d’argent, métal que ks Anciens nom-
moient clecirum. Les particules d or qu on trouve
dans les fables du Rhône & dans ceux de l’Ardèche
font probablement de la même nature. '
Beaucoup de rivières & ruifleaux de France cou-
lent, & même plufieurs en aflez grande quantité,
pour devenir un objet de commerce aux riverains. •
M. de Réaumur, qui, dans les Mémoires de U A-
çadémie des Sciences, a publié en 1718, fur ce
fujet, un travail curieux, en compte jufqu’à dix3
ce font : . ,, , .
i° . Le Rhin, depuis Strasbourg jufqu a Phi-
lisbourg , & furcout entre Fort-Louis & Guer-
mesheim : les payfans alors ont trente ou quarante
fous par jour pour le ramafler. ,
2®. Le Rhône, feulement depuis 1 embouchure
de la rivière d’Arve jufqu’à cinq lieues au deflous :
peut-être eft-ce cette dernière rivière qui charrie
l’or dans le Rhône. Dans l’hiver, les payfans ga-
gnoient douze a vingt (bus a le ramafler. P
3°. La rivière du Doubs en Franche-Comte
n’en roule qu’une petite quantité.
4®. La petite rivière de Cè ze , qui tire fon origine
près dé Villefort dans les Cévennes, ne le
cède ni au Rhône ni au Rhin, & M. de Réaumur
nous dit qu’un feul homme en a quelquefois ra-
maflé pour une piftole dans un jour.
ç°. La rivière du Gardon, qui, comme celle
de Cèze, vient des Cévennes, en produit.
6°. L’Arriége, qui a tiré fon nom de cette propriété
, vient du latin aurigera , & le mérite.
Benagues} ils viennent l’un & l’autre des hauteurs
( Voyez fon article ci-delîus. )
70. La Garonne, à quelques lieues de Touloufe ,
audeffous del’Arriége , qui probablement fournit
des paillettes d’or à cette rivière. »
8°. & 9°. Peut-être que l’Arriége elle-meme
reçoit d’ailleurs une grande partie de fon or, du
moins eft - il fdr qu’on en trouve en divers petits
ruifleaux qui la groflîflent de leurs eaux. On.ra-
rnafle même des paillettes, furtout dans deux de
.ces ruifleaux, lavoir î celui de Ferriel & cslui de
qu’on a à fa gauche quand on defeend de
V aril.hère à Damiers. ^
io°. La Salat, petite rivière dont la fource,
comme celle de l’Arriége , eft dans les Pyrénées,
& qui a fon cours dans le voifinage de Pau } elle
roule aflez de paillettes d’or pour occuper pendant
quelque tems de l’année les payfans des environs
de Saint-Girons à les ramafler. k-l.
Il eft peu de pays, fuivant Réaumur, de l’étendue
de la France, où il y ait autant de rivières aurifères
: c’eft un avantage qu’elle a eu de tout tems,
& qui étoit plus connu autrefois. Diodore de Sicile
nous apprend que la Nature lui avoir donne,
•par privilège , l’o r, fans le lui faire chercher par
l’art & par le travail; qu’il eft mêlé avec le fable
des rivières 5 que les Gaulois favoient laver ces
fables pour en tirer l’or, le fondre ,& qu’ils en
faifoient des anneaux & des bracelets : ç’eft par. le
lavage qu’on extrait encore aujourd’hui cet or.
On a exploité autrefois, mais avec délàvantage,
à Saint-Martin-la-Plaine , département des Bouches
du-Rhône , une mine d’or d’un titre bas.
On trouve des indices de mines d’or autrefois
exploitées dans le département du Bas-Rhin,
ainfi que des mines d’argent & de cuivre.^
Il y a dans le département de l’Ifère, à la Gar-
dette, une mine d’ or dont le filon eft en travaux
de recherche.
La France peut citer les mines d’argent de Sainte-
Marie-aux-Mines en Alface, & celles de Gero-
magny dans le département du Haut-Rhin, près
les monragnes des -Vofges, faifant également partie
de l’ancienne Alface.
Les mines de Challanges, près d’Allemont en
Dauphiné, produifent aufii de l’argent ; elles en
rapportoient pour environ deux millions par an ,
mais leur exploitation eft fufpendue depuis 1798.
Le même diftriét renferme des mines de cuivre,
métal allez.commun dans les départemens des
Alpes, dans ceux de la Loire, de la Lozère & de
l’Ardèche. Les feules mines de cuivre en France ,
dont l’exploitation foit avantageufe, font celles
iituées à Saint-Bel & à Chezy dans le département
du Rhône, à fix lieues nord-oueft de Lyon. On en
a retiré annuellement, depuis environ cinquante
ans, deux à trois mille quintaux de cuivre, &
huit à neuf cents quinraux de couperofe. Les travaux
font plus a&ifs à la mine de Chezy qu à celle
ds Saint-Bel, parce qu’ils font moins difpendieux
& plus productifs. On y trouve le cuivre entre le
granit & une roche calcaire traverfée par des
gangues de quartz. Ces mines font, dit-on , ouvertes
depuis les Romains ; elles furent une des
fources de la fortune célèbre de Jacques Çoeur j
elles appartiennent en partie à la famille de Jart,
dont le nom eft fameux dans l hiftoire de Ta minéralogie.
Par quelques médailles qu’on dit avoir été trouvées
dans les mines dé Baigorry, il paroîcroit