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lus occidentale de la Chine > il tourne enfuite
rufquement à l’oueft , pafle par Affam , & entre
dans le Bengale par le norâ-eft. A Affam on le
nomme Burrampoot. Après être entré dans le
Bengale, il fait un circuit autour des montagnes
de Garrow, puis il prend fon cours vers le fud , 8c
mêle fes eaux à celles du Gange, à quarante milles
de la mer.
Le Père Duhalde témoigne quelques doutes fur
la dire&ion que fuit la Sampoo après être fortie
du T h ib e t , 8c il foupçonne qu'elle fe jette dans
le golfe du Bengale. M. Danville a prélumé que
la Sampoo & l’Ava étoient la même rivière. Les
données qu’ il avoit, juftifioient cette fuppofition.
Le Burrampooter lui étoit prefenté comme figurant
parmi les rivières du fécond ordre qui fe
jettent dans le Gange ; il ne devoir pas foupçonner
que ce fût la Sampoo. L’A v a , d’après fon cours
connu dans un efpace de plufîeurs centaines de
milles au deffus de fon embouchure, fembloit
être une continuation de cette rivière. Il la défi-
gna ainfi dans fes cartes qui faifoient autorité , en
forte que, jufqu’ en 1765,1e Burrampooter, comme
fleuve égal ou fupérieur au Gange, étoit inconnu
en Europe.
Lorfque le major Rennel fit la reconnoiffance de
ce fleuve en 1765, il fut très-furpris de le trouver
au moins égal au Gange, 8c il le fut également
de voir qu’il entroit dans le Bengale en venant de
l ’eft, tandis que les relations le repréfentoiént
comme venant du nord. Les recherches qu’ il fit
enfuite le conduifirënt, en remontant ce neuve,
jufqu’ à cent milles de l’endroit où le Père Duhalde
avoir laifle la Sampoo. Il ne douta plus alors que
ce ne fût le même fleuve. Le rapport des habitans
d’Affam confirme d’ailleurs cette préfomption j
ils difent que leur rivière vient du nord-oueft en
paffant par les montagnes de Boutan. Enfin, il a
une carte deflïnéeà la main, qui prouve que la Sampoo
& l’Ava font deux rivières différentes, 8c que
I’Avaeftla grande Noukiam ou Yunan. Cette carte
remonte jufqu’à cent cinquante milles de l ’endroit
où le: Père Duhalde a laifle la Noukian dans fon
cours du côté de l’Ava. D’ailleurs, il eft informé
par dès témoignages authentiques qui établiflent
que la Noukian eft navigable depuis Ava jufque
dans la province de Yunan en Chine.
. Dans un cours de quatre cents milles au travers
du Bengale, le Burrampooter. reflemble fi parfai-
tîment au Gange, que la description de celui-ci
iieut lui être également appliquée. Il y a cependant
une exception , c’eft d ue, dans les foixante
milles qui précèdent fa jonAion avec le Gange y il
préfente un canal régulier de quatre à cinq milles
de largeur , lequel reflemble à un bras de mer.
On peut tenter d’expliquer la grande largeur de
la Megna en fuppofant que lé Gange la joignoit
autrefois où Ifla-Mutty la joint aujourd’hui :,/&
que les eaux réunies de ces deux grands fleuves
»voient creufé cç large canal. La réunion qui s’o- -
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père aujourd’hui au deflous de Luckipour pro-
i duit une mafle d’ eau douce courante, qui n’a point
d’égale dans l ’ancien hémifphère, & qui peut-être
n’eft fiirpaflee par celle d’aucun fleuve de l’Amérique.
Le g o lfe , formé par les eaux de ces deux
fleuves, eft parfemé d’îles qui ne font pas inférieures
en étendue 8c en fertilité à l’ île de W ight.
Dans les tems ordinaires l’eau ëft légèrement fau-
mâtre à l’extrémité de ces îles, du coté de la mer,
8c dans la faifon pluvieufe la furface de l’Océan
eft parfaitement douce jufqu’à plufîeurs lieues en
mer.
On obferve, dans les principales branches du
Gange & dans la Megna, un phénomène qu’on
nomme the horey c’eft un courant de la marée, qui
pénètre tout à coup dans le fleuve. La Hoogly &
les paflages entre les îles 8c les bancs de fable du
golfe font particuliérement expofés à l’aétion de
ce courant extraordinaire. Cela eft dû peut-être à
ce que l’embouchure de cette rivière 8c de ces
paflages eft très-large, relativement à leurs canaux.
Une grande maffe d’eau fe trouve ainfi engagée,
par le courant de la marée montante, dans un paf-
fage relativement étroit. Une autre circonftance
qui peut rendre ces courans plus fenfibles dans
ces paflages, c’eft qu’il n’y a point d’ouverture
aflez confîdérable, aflez à portée pour fêrvir à
dégorger promptement les eaux accumulées par la
marée montante. Dans la Hoogly ou la rivière de
Calcutta le hore commence à la pointe de H oogly,
qui eft l’endroit où le canal de la rivière commence
à fe reflerrer, 8c fe fait fentir jufqu’au deflus de
la ville de Hoogly. Le courant en eft fi rapide,
qu’ il parcourt un efpace de foixante-dix milles en
moins de quatre heures. Le hore fait quelquefois
monter les eaux fubitement de cinq pieds à Calcutta,
8c, dans toute l’étendue qu’ il affe&e, les
bateaux, à fon approche, quittent les bords pour
gagner le milieu de la rivière, où ils font plus en
fûreté. f
On rapporte q ue , dans les canaux qui fëparent
les îles de l’embouchure de la Megna, le hore
excède douze pieds d’élévation, 8c qu’il eft tellement
redouté, qu’aucun bateau ne fe hafarde à
pafler pendant les marées du printems. Au deflus
des îles on ne voit d’autre trace du hore qu’une
élévation fubite des eaux à mer montante.
GANGES , ville du département de l’Hérault ,
■ chef-lieu de canton, près de l’Hérault. Son com-
• merce confifte en v ins , huile, 8c principalement
; en foie. On y fabrique des bas de foie, dont la
qualité, inférieure à celle des bas de foie de
; Lyon 8c de Paris , les réduit à un prix plus mod
é ré , comme ceux de Nîmes. Il y a auflî des
tanneries qui font un grand négoce avec l ’étran-
\ ger. Les environs font remplis de pâturages, où. j l’on élève des moutons dont la chair eft extrême-
; ment délicate. On y trouve auffi des mines de
. houille.
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G ANN A T , ville du département de l’ Ailier,
chef-lieu d’arrondiflement , fur l’Andelot. A
quelques pas du grand chemin de cette ville eft une
fource minérale. On a découvert, entre Gannat
& Ébreuil, une carrière de marbre ftatuaire j
mais une fouille exaéte a convaincu les naturalis
e s , que ce n’étoit que du quartz friable, non
fufceptible de poli. Cette ville eft le fiége d une
fous-préfetture.
GANNES, village du département de l’O ife ,
à deux lieues & demie de Breteuil : il y a vingt-
huit fabriques particulières de toiles de chanvre.
G ARD. La rivière qui arrofe ce département
porte le nom de Gardon ,• mais dans les mots où
d entre pour en faire un nom compofé, tels que
le Vers-du- Gard, le Pont-du- Gard , on abrège ce
mot, 8c c’eft ce mot ainfi abrégé qui a été donné
à ce département.
Il eft formé d’une partie du ci-devant Languedoc
, & a pour bornes, au nord le département de
l ’Ardèche ,' à l’ eft celui de Vauclufe, au fud-eft le
département des Bouches-du-Rhône, au fud la
mer, au fud-oueft le département de l’Hérault, à
l ’oueft ceux de l’Aveyron 8c de la Lozère. Ce pays
eft rempli de montagnes.
La fuperficie de ce département eft d’environ
un million cent ioixante-quinze mille quarante-
quatre arpens carrés, ou cinq cent quatre-vingt-
dix-neuf mille fept cent vingt-trois heéhres, 8c
fa population eft de trois cent neuf mille cinquan rédeux
âmes. Il eft compofé de trois cent foixante-
fix communes, 8c divifé en quatre arrondiflemens
communaux ou fous-préfe&ures, 8c en trente-huit
cantons & juftices ce paix. La préfeéture de ce
département eft à Nîmes. Alais, Uzès 8c Vigan
font les lièges des fous-préfeétures. Ce département
eft dans l’évêché d ’A vignon, 8c dépend de
la neuvième divifion militaire , dont la réfidence
eft à Montpellier. Il eft du reflortdu tribunal d’appel
féant à Nîmes , 8c dans la quinzième conferva-
tion foreflière.
Les principaux fleuves font :
L e Rhône,, qui borne la partie orientale , &
dont il eft fait mention dans le département du
Rhône; le Gardon : ce fleuve fe forme de la réunion
de deux rivières qui coulent, l’une en paffant
par Salle, Alais, & c . , fous la dénomination
du Gardon- cC Alais ; l’ autre du nord-oueft, pa fiant
à Saint-André, àSaint-Jean, par le nord d’An-
duze , fous le nom de Gardon-<£Andtu\e ,* elles fe
réunifient au fud , à peu de diftance de Vezeno-
bre. De là le Gardon paffe près de Boncoiran,
Saint-Chapres, le Pont-du-Gard, Montfrein, 8c
fe jette dans le Rhône, au nord de Beaucaire. Il
prend fa fource dan$ le département de la Lozère.
Un des beaux monumens de ce département eft
le pont du Gard, ouvrage des Romains, compofé
4e trois rangs d’arcades conftruites les unes au
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deflus des autres, celles d’en-bas fervant de pont,
8c celles d’ en haut d’aqueduc.
Les principales villes de ce département font
Nîmes , Alais, Uzès 8c le Vigan , auxquelles 011
peut ajouter Beaucaire & 1e Pont-Saint-Efprit.
Les rivières qui prennent leur fource dans ce
département font au nombre de trente-quatre 5 ce
qui eft aflez confîdérable.
Il y a outre cela deux canaux, celui de Beaucaire
8c celui de Roubine.
Les marais font au nombre de trois : celui de Bel-
legarde, de Caftagnotte 8c de Larmitune.
Les montagnes un peu remarquables font au
nombre de quatre, favoir : Laigônal, Lehg’a s ,
Lefperon & Seignet.
Les forêts font au nombre de fîx : C la ry , Du-
ren , Goflies 8c Calcailis , Livron , Malmont,
Pinède.
Quoique ce foit un pays de montagnes, il eft
néanmoins aflez fertile. Il y a d’excellens pâturages.
Les vins qu’on y récolte, fonttrès-eftimés.On
y recueille beaucoup de fruits. Les huiles & la foie
forment fa principale richefle : telles font en général
les productions qùi diftinguent toutes ces
contrées.
L ’induftrie n’ eft pas partout la même , mais en
général elle fait l’objet d’ un gros commerce. Le
nombre des fabriques de ce département, comme
des produits qui en fortent, préfente une nomenclature
confîdérable, qui prouve que ce département
a de très-grands moyens de s ’enrichir.
Au Vigan 8c aux environs font des fabriques de
coton, de laine, de foie 8c de tonneaux. A Alais
& aux environs, foierie, b as, rubans de fo ie ,
foie à coudre, bas 8c étoffes de filofelle j bonnets,
bas de coton, couperofe, papeterie, verrerie,
faïence noire, arçons de felle & clous. A Nîmes,
étoffes en coton, moufîeline à carreaux, mouchoirs
de coton 8c de foie ; taffetas en foie, gros-
de-tours de foie, fleuret de fo ie , molleton foie 8c
coton j éternelle foie & coton 5 bas de foie, bas
de filofelle, bas de fil, bas de laine, burat 8c filofelle
, papeline, & c. A Saint-Hippolyte 8c aux
environs, draperie, filature de coton, filature de
laine pour couvertures j fabrique de métiers à bas,
en fer j fabriques de bas de fo ie , de coton , de
chapeaux, de colle-forte , de tonneaux, & de
cuirs de veau pour empeignes. A Uzès , manufactures
de cad is& ferges, papéterie & fabriques de
bas. A Beaucaire , cinq fabriques de tricot blanc,
en laine. On fait que cette dernière ville eft renommée
par une foire où l ’on fa it, année commune
, pour fix à fept millions d’affaires en huit
jours. Enfin, Sommières 8c fes environs fabriquent
des molletons 8c des tricots, des chapeaux ,
des aiguilles propres aux métiers à bas, de l’eau-de-
v ie , de l’efprit-de-vin , de l’eau de lavande, de
l’huile de laurier, de l’huile d’afpic , le tournefol
appelé maurille. On y a beaucoup de tanneries 8c
de favonneries. Ce département eft fécond en