
M È D
toit autrefois entre Milet & Priène, avoit été
.comblée .très-promptement par les attériffemens
du Méandre : ce fut pour lors que le golfe de
I armicus fut digué. Dans un temps pollérieur,
c’eft-à-dire , l'an 866 de Père chrétienne , le
Méandre,-au rapport de Cedrenus,’ avoit fes embouchures
au-delfous de Milet. Enfin, le terrain
s’eft accru depuis, & le rivage s’eft prolongé
jufqu’au point où il fe trouve aujourd'hui.
On peut ajouter que Pèntrée du golfe Latraicus
fut ob’itruée dans l'efpace qui s'écoula entre le
temps de Pline & celui d’Arrien : le fon'd du golfe
devint un lac , &: c'efl celui que l'on nomme maintenant
le lac de Bafi*
Il paroît que la nature du Méandre a toujours
été de dépoter des terres j mais il n'a pu le faire
qu'en parcourant les parties fupérieures de fa
«vallée, d’où il tiroit les matériaux avec lefquels
il attériffoit les parties inférieures } car c’eft ainfi
que cela s'opère partout où il y a attériflement.
Nous avons cité les faits tirés des auteurs anciens,
parce qu'il nous manque, pour conftater les progrès
de ces opérations de la nature, les recherches
& les obfervations d'un naturalifte accoutumé à
diftinguer ce qui eft dépôt d'un fleuve, de ce
qui appartient a l'ancienne confiitution phyfique
du fol} & c'eft à la diftin&ion de ces terrains divers
que nous invitons les naturaiiftes inllruits ,
habitués à reconnoître les ditférens fols d'après
leur organifetion : malheureufement nous ne pouvons
citer que dès antiquaires dans nos autorités
modernes.-Il eft, au refte , fort heureux que diffé-
rens écrivains anciens aient pu obferver en gros
les progrès des attériffemens, & nous aient tranf-
tnis les réfultats de leurs remarques toujours prë-
cieufes ; il eft heureux que le Méandre fe foit
crouvé dans une centrée qui étoit à portée des
voyageurs favans, &qui aient fait des opérations
de la nature l'objet de leurs notes, tels qu'Héro-
dote, Strabon & Paufanias. Ceci eft précieux, &r ne
fauroitêtre recueilli avec trop de foin: les naturalistes
par la fuite nous apprendront, i°. l’étendue de
la plaine faétice, comme celle de l’ancien fol qui n’a
pas été formée par lefleuve; 2°. ils nous feront con-
noître les dépôts des golfes qui ont été comblés de
même , & quels font les fleuves voifins qui,y ont
contribué«
MÉDITE RR ANE ES ou MERS INTÉ-!
HI EU R ES, Nous avons toujours reconnu que ;
les mers méditerranées & les golfes que certains
auteurs ont fait çreufer par des courans de l’Océan
, ne pouvoient avoir eu cette origine } car
il eft évident que l’approfondiffement de leurs
baffms doit naturellement être de la même époque
que la réunion des eaux de tous les grands fleuves
qui s’y déchargent : ces fleuves étant les produits !
des fources, des pluies ou de la fonte des neiges,,
U eft néceffaire que les lacs ou les golfes qui en
M É D
font les égouts, aient été creufés par ces fleuves
mêmes à mefure qu’ils ont eu vers ces égouts un
cours déterminé par toutes les circonftances qui ont
préfidéâ leur marche. Nous favom bien que, pour
contenir toutes les eaux qui fe portent dans un
lac , dans un golfe ou dans une méditerranée, il
-eft néceffaire que cedac, ce golfe, cettc méditer-
ranée, aient été creufés-dans la plus .grande, partie
de l’étendue qu’ils ont maintenant > mais nous
doutons que, dans- les temps antérieurs, ces be-
foins des eaux courantes aient été prévenus par
des caufes auffi fortuites que les courans delà
mer, car, de ce que les fleuves qui fe déchargent
dans le golfe Adriatique ou dans-la Mer - Noire
ont eu befoin, pour contenir leurs e^ux , de toute
l’étendue des bafiins du golfe Adriatique & de la
Mer-Noire, il ne s’enfuit pas qu'uns irruption de
l’Océan ait ouvert & creufé ces bafiins précifé-
ment dans la pofition convenable au rendez-vous
des eaux, & d'une étendue convenable à leur
quantité. De-là nous concluons que ces badins ont
été creufés par ces eaux elles-mêmes, à mefure
qu’elles fe.font trouvées accumulées par la décharge
des fleuves. D'ailleurs, les agitations , les
mouvemens violens d'une maire d’eau battue par
les vents, contrib uentavec i'im, étu.dité de
leurs courans, à creufer les badins fur. les reçoivent
: il eft vrai que la difpolition primitive du
terrain a de même concouru à.l'approfondiffement
de ces égouts. On ne peut donc pas rendre raifon
autrement de la forme & de l'étendue du baflin
d’une méduerranée 3 qu’en l'envilageant comme
l’ouvr-age fuceelfif de l’eau des fleuves qui s’y font
rendus d’abord , & qui y ont creufé un baflin plus
ou moins profond, plus ou moins étendu, fuivant
les circonftances : i°.. de la forme primitive du
terrain qui n'a pasJaiffé une iffue à l’eau des fleuves
pour continuer & leurs lits & leurs cours.}
2°. de li-maffe des eaux accumulées qui fe font
élevées & dilperfées jufqu'à ce que l’évaporation
ait été en proportion des produits des fleuves.
Voilà, ce nous femble, lés règles certaines que
nous pouvons pofer fur ce point important du
travail des eaux courantes à la furface des con-
tinens, aux environs des badins de toutes les mé-
diterranées. Il n’eft pas étonnant, d’après ces con*
fidérations, que plufieurs lacs méditerranées fe
foient ainfi creufés & agrandis, & qu'ils n’aient
formé par la fuite qu’une feule mer méditerranée parleur réunion. Audi tous ces golfes , tous ces
embranchemens d’une mer méditerranée, nous
paroiffent avoir été creufés féparément par l’accumulation
des eaux de quelques fleuves un peu
considérables ou de plufieurs torrens. Nous voyons
qu’enfuite tous ces bafiins fe font réunis les uns aux
autres. Si l’on veut luivre en détail toutes les parties
de la mer Méditerranée de la Baltique, &c-,
on reconnoîtra qu'elles ont été ainfi ébauchées
d'abord, & réunies enfuite par leprogrès infenfi-
bie du travaille toutes les eaux-courantes qui y
M E D
affluent encore dé toutes parts : il fubfifté même
encore quelques veftiges d’une des forces qui a
contribué à cette réunion des golfes entr’eux } ce
font les courans très-marqués qui verfent les eaux
furabondantes d'un golfe dans un autre; Les premiers
golfes qui verfent font les plus- éloignés : ce
font d’ailleurs ceux qui ont une furface évaporante
moindre que celle qui feroit porter unequantité d’eau égale nàé cceelflfea qiruee lpeos uflre uevmes
y charient dans tous les temps} & ceux, qui reçoivent
l'eau des premiers ont une furface plus
grande que<n? exige celle qu’ils peuvent perdre :
c’eft donc le défaut d'équilibre & la tendance à
l’équilibre qui a réuni touaices golfes de médi~
terranéesy & c’eft l’effet de cette tendance qui en-
tretiént toutes les parties du baflin au: même niveau
à peu près, comme l’obfervation d;'une.certaine
étendue de côtes peut en convaincre. Il faut
remarquer ici que les couran • fous-marins qui fe portent
d'un golfe à l'autre, voifins & contigus, font
dans la direction de l’extrémité des euls-de-fae ou
des embouchures des fleuves vers leurs débouchés :
ce mouvement paroît être la fuite de celui; des
eaux des fleuves1 qui fe déchargent dans le golfe,
8e qui continuent leur marche jufqu’à une certaine
diftance dés bords du. baflin.
-C’eft:à cette1 direction des courans qu’on doit
attribuer le peu d’élévation-qu’a le flux dans les.
méditerranéesi’ car l’eau deTOcéan qui s’y infinue,
peut à peine^vainere tous ces courans,1e flux fen-
fîble n’étant que l’excès du mouvement de l’in-
tumefcénce fur les courans particuliers de tels ou
tels golfe svoccafionnés., comme nous l’avons dit,
par le verfement continuel de l’eau des fleuves
qui s’y déchargent..'
D'après ces confidérations, on conçoit que la
première ébauche dès gôlfès dont la réunion-forme
partie1 des contours du baflin des méditerranées , elt l’ouvage des eaux courantes des fleuves qui s'y
lendent de toutes parts, & non celui.des eaux de
l’Océan , avec lequel cés méditerranées communiquent
: bien entendu, que. lès eaux des fleuves
réagiffent contre-les bords des terres qui les contiennent,
& que , lorfqu’ellfcs. font parvenues à fe
réuniravec les eauxide l’Océan , elles étendent &
prolongent leur premier bafliii jufqu’à celui de l’Océan
même. Il ne faut pas prendre le change fur
l’origine & le progrès de ce travail : on feroit agir
la nature fans cette économie qui fait qu’elle modifie
les effets fuivant lesdiffétens réfultats auxquels;
fes agens conduifem naturellement.
Pour convaincre tout obfervateur attentif que
telle a été ta marche de la nature dans la forma—
i tion du. baflin • des méditerranées, il luffit de lui
faire confi.lérer la ferme des bords de.ces baüi..s,
& de comparer, par exemple ,.cette forme, avec
l'ouverture du détroit de Gibraltar. 11 verra que
i cette ouverture.eft trop peu large pour qu’une Ici
I ruption de l’Océan qui fe (droit inüu.uée par cet
; étranglement,,ait pu creufer toutle baiün.àlongé-de
M É D 5.85
la Méditerranée, & fe foit-porté dans les culs-Je-
làc des golfes quiffont ouverts fous tous lesafpeéfs.-
N’eft-il: pas plus fimple & plus raifonnable de
fuppofer que la Mer-Noire, le golfe Adriatique
quelques autres golfes particuliers fe font formés
d’abord , & qu’enfuite ils.le foient réunis par l’activité
des différentes eaux courantes, fuivanc.
que les eaux des. fleuves étoient plus ou moins
abondantes & fe portoient contre les bords de •
ileurs baflins avec plus ou moins de maffe & d’é--
nergie } & enfiu, fuivant que la pente des terrain«’
fe prêtoit au prolongement de leurs lits ?
L’ouverture du détroit de Gibraltar prouve qùô
l’Océan a très - peu contribué à l’approfondiffe--
ment du baflin delà Méditerranée. Lescourans dont
nous avons décrit la marche ci-devant ne fe trouvant
pasj contre-balancés d^ns plufieurs circonf-
jtancès par les eaux du flux , & l’impétupfité de'
îl’intumefeence ne l’étant: pas par les courans , l’une
!& l’autre force ont:dû-fe faire: fentir affez’vive--
iment contre les obftacfes qui s’oppofoient à lafeir-1
culation des eaux, lefquelles fe répandoient fur
j le fond du. baflin;; &. c’eft ainfi que Je font faites-,
à la longue les réunions-de tous les. golfesytelle«5.
;que nous le.s voyons aujourd’hui.
Une;des grandes; méprifeS'.dest écrivains- qpi ont
•raifonné fur les révolutions d.u; Globe, eft d;avoirr,
confidé.ré un grand effet comme la fuite, d’une",
grande caufe. qui agiit par une énergie; fubite. Ils i
n’ont pas p.enfé que, la, nature a. le-fecrelt de prq- i
duire, par une.activité foutenue.-, les-plus grands-,
evénemens par; les plus, petites caufes. :
Nous, paffons maintenant'au-baflin de la Mer-.:
C.afpienne* On peut voir d’abord.qu’à la-fuite diu^
travail dont nous, venons de .développer la marche-.
& les progrès, bien loin q/iei l’Océan: y. aic c.on^ ;
tribué, la maffe dès eaux que cette mer reçoit, de- ;
voit au contraire! fé porter ou jufqu'au golfe Per- •
fique ou bien jufqu’à la- Mer-Npire., flde terrain^
l'eût permis , où que la>maffe des eaux qu'elle re^ .
çoic des fleuves & des torrens qui s’y déchargent,
'eut, exigé, un baflin plus étendu ; mais l’extenfion-:
& fon approfondiffément n'auroitnt eu d’aiutre.
principe on d’autre caufe. active que: l’accumulation
des. eaux des?fleuves: qui fe réuniffoient versn
un centre commun.; ,,
Si quelques obfervations conftàtent la, réunion
de la Mer-Cafpienne avec le golfe Pérfique, ëllesr-
prouvent en même temps que le baflin de la. Mer-
Cafpienne a-été plias étendu que les fleuves qui*
s’y déchargent y portoient une maffe d’eau b_eaur
coup plus abondante , en conféquence de laquelle^
|le baflin de la^ Mer-Cafpien-ne pouvoir atteindre
ou le golfe Pe.rfique. ou- l’Qeéan ;; car la Mer--
Cafpienne eft-proprement un grand lae dont lesr<
eaux font, comme nous l’avons dit, le produit dès-
grands fleuves qui s’y jettent,, foi-t des*parties du
;nord , foit dë celles du nordreft ou de l’eft* Oir,
depuis que les canaux des fleuves font creufés,,
la. décharge deéLeau qu’ils chanent a éiènéccf*-