
Ae l'ancienne Germanie, depuis le Rhin jufqu’à j
¥ extrémité duJutland. Buache l'appelle auffi Mer du
Nord, nom qui vient fans doute des Hollandais. On
pourrôit la confîdérer comme une partie de l’Océan
atlantique. Elle eft rémarquable parce qu’elle raf-
fetnble les eaux d’un grand badin que parcourent
la Meufe & le Rhin. Elle fe termine au Pas-de-
Calais, ou commence la Manche, qui s’étend à
l ’oueft, & forme un canal de réparation entre l’Angleterre
& la France. Si nous conrinuons à nous
porter le long des côtes occidentales de la France,
nous y rencontrerons un grand enfoncement entre
fe cap Finifterre, la pointe extrême du nord-oueft
de 1 El pagne & File d’Oueflant, & l’extrémité
occidentale de la France. Les Français lui donnent
le nom de golfe de Gafeogne, & les Anglais celui de
golfe deBifcaye. Croyons qu’aucune de ces dénominations
ne lui convient pour défignerle golfe dont
les eaux baignent plus de deux cents lieues de
co te s , lorfque nous voyons que la Gafcogne n’ en
occupe pas plus de quarante, & la Bifcaye pas plus
de vingt. Mais en coofidérant que les cotes de
France, fans défignation particulière, fe développent
ici fur un contourde plus de cent trente lieues,
^jui offre aux armées navales & aux vaifléaux de
commerce lès ports de Brefl, de l’Orient, deVannes,
de Nantes, d’Olonne, de la Rochelle, de Rocht-
fo r t , de Bordeaux, de Bayonne, de Saint-Jean-de-
Luz, &rc; & les îles de Belle-Ifle, de R é, d’Oléron,
nous rappelons en même tems que, dans les fiécles
anciens, ce golfe fut nommé Sinus gallicus, que
nous devonsrèiïdre à jufte titre par golfe de France.
La pointe qui termine ce golfe du côté du nord,
lui eft commune avec le canal qui fépare la France :
de l’Angleterre, & que j’ai déjà indiqué fous le nom i
de Manche. Cette dénomination, aflez impropre ,
feroit bien remplacée par celle de canal de France
& d‘Angleterre. J’ajoute ici le canal de Briftol & le
canal Saint-Georges, deux larges golfes qui réparent
l’ Irlande de l’Angleterre.
Il feroit fuperflu défaire l’énumération des moindres
golfes, des détroits & des autres finuofîrés
que peuvent offrir les côtes des mers de YEurope 3
$z de donner une lifte infigniftante de noms qui
figurent mieux fur les cartes. D ’ailleurs , cette manière
dé faire connoître ces parties de l'hydrographie
eft inconvenante, & je ne puis y avoir recours ;
mais il manqueroit des traits effentids à ce tableau
des mers européennes fl nous le terminions fans
faire quelques obfervati.ons fur les bancs de fable,
efpèce de bas-fonds, qu’on fuppofe être les veftiges
des hauteurs fubmergées, & qui, étant fréquentés
par la morue & plufieurs autres fortes de poif-
fons,appellent îa plus grande attention des pêcheurs
ipduftrieux. Les fables deGoodwin , dans les parages
du comté de Kent en Angleterre, font plus
dangereux pour les marins , qu’ attrayans pour les
pêcheurs ; mais fur les côtes de Hollande & de
Flandre font plufieurs bancs qui fourniffent d’ex- !
celions porfïbns, des turbots, des foies, des plies ,
& c . Plus au nord eft le Ûogger-Banc, q u i, s’étendant
dir fud-eft au nord-oueft dans un el'pace de
foixante & douze lieues, commence à douze lieues
environ delà pointe deFlamborough,& fe termine
vers îa cote de Jutland. Entre les bancs deDogger
& de W e l l, fe voient au fud les filverpics ( mines
d argent)des marins, qui fourniffent delà morue ,
poiflon qui Je plaît dans les profondeurs voifines
des bancs, tandis que le poiflon plat aime & recherche
les bas-fonds. L’Or© & le Lémon giflent
entre ces bancs & les côtes de l’Angletérre. Au
nord-oueft du Dogger eft le Hornriff, langue de
fable qui s’étend jufqu’an Jutland. Le Juts-Riff eft
un banc de fable delà forme d’un croiflant,qui, du
débouché de la mer Baltique, femble vouloir ein-
brafîer la mer d’Allemagne.
Le banc de Mar commence en face de Berwick,
mais n a que treize milles de longueur. Plus à l'eft
fe prolonge, de Buchan-Neffà Neu-Caftie, le Long*
Fortys, diftant de la côte d’Angleterre de trente-
cinq à quatre-vingt-cinq milles. De la côte de Bu-
chan un banc s’étend auffi à travers la mer d’Allemagne,
vers le Jutts-Riff. Ce qu’on appelle les
• Trous de Monerofe (MontroJ'e-Pi:f)i comme étant
fous la latitude de cette ville, quoiqu’à l’eft du
Loug-Fortys , font des baflîns de trois ou quatre
milles de diamètre, de foixante & dix à mille brafles
de profondeur , avec un fond uni & vafeux, dans
un banc de fable d'environ cinquante milles de longueur
, & couvert de quarante bradés d’eau.
'* -A-u nord de YEurope eft l ’Océan arétique , af-
Ireufe & folitaire région de glace. Cependant cet
abîme & ce chaos font, dans les mains de la Providence
, une fource abondante de provifions pour
1 homme qui habite des contrées plus traitables &
plus tempérées. C ’eft là que les innombrables
| colonnes de harengs ont un afîle contre la foule de
; lf urs ennemis, & multiplient leur efpèce par mil-
; bons. Sortant de leur retraite vers le milieu de
1 hiver, ils forment trois divifîons. La première va
couvrir, à l’oueft, les rivages d’ Amérique jufqu’ à
la baie deChefapeack & la Caroline; la fécondé,
moinsconfidérable, paflele détroit qui fépare l’Âfie
de l’Amérique , & va vifiter les côtes de Kamtz-
chatka. Mais la plus étonnante de cès phalanges
va , au commencement de mars, environner l'If-
lande de fes rangs prefles, fort profonds> & d’une
telle étendue, qu’ils couvrent une furface de mer,
: égale, à cequ’ ondit, à celles delà Grande-Bretagne
& de l'Irlande réunies. Cependant ils fe fubdivifent
en colonnes innombrables, longues de cinq à ftx
milles, larges de trois à quatre, que fuivent des
nuées d’oifeaüx de mer, & qu’on diftingue au bouillonnement
del'eau. En avril ou en mai, l'avant-
garde de ceux deftinés aux poffèflions britanniques
approchedes îles Shetland, où le grand corps arrive
en juin. C ’eft vers la fin de ce mois & dans celui de
juillet, qu'ils ont acquis la plus grande perfe&ion ;
ce que faverit fort bien les pêcheurs hollandais,
qui prenoient à cette époque cette efpècè lûpé-'.
E U R E U R H e p
fleure, première fource de la richgfle de-ces provinces.
De Shetland, une divifion s’avance à l’ eft
jufqu’ àYarmouth, où elle paroît en octobre ; l’autre
détachement { aflè à l’oueft, & longe les côtes d'Irlande.
On rencontre de tems en teins quelques
bandes de traîneurs, qui, s’étant engagés trop loin,
ne peuvent retourner. Mais on préfume généralement
qu’ une grande partie de ces bandes regagne
l’Océan arèlique, & qu’elles y dépofent leur frai
vers le mois.d’o&obre.
venus par de fortes digues qui reflerrent dans fon-'
! lit les fables qui, fans ces prélervatifs, inonderoienc
de longues plaines & de larges vallées.
Le Rhône. C e fleuve dont la France ne poffède
que les parties inférieures de fon cours, n’eft navigable
qu’à S.eiflel, à plufieurs, lieues au defîous de
Genève, & d’ une manière très-peu uniforme ; mais
depuis Arles jufqu’à la mer il porte des tartanes. 11
a plufieurs embouchures, dont quelques-unes font
navigables , mais fouvent encombrées par des fables.
Ces embouchures font au nombre de fîx, &
§. VI. Rivières de l'Europe. fe nomment les Gras. Le plus confidérable eft le
Grand-Gras du midi. Les eaux du Rhône font fort
L’indication des principales rivières de YEurope
doit fe trouver à coté des mers qu’ ejles abreuvent.
C ’eft ainfl que les fleuves &: rivières qui appartiennent
à la Méditerranée, doivent reparoître à me-
fure qu ’on fera connoître fon cours la fui te de l 'approfondi
flêment de fon large & yafte baflin. Nous
commençons donc par le Danube, viennent en-
fuite le Don ou le Dnieper & leTanaïs ; puis fuccè-
dèntlePénée en Theflalie, le .Nil en Egypte, le
Pô à la tête du golfe adriatique, le Rhône dans le
golfe de L y on , l’Ebre & la Guadalaviar fur les
côtes d’Efpagne. Sur l’Océan occidental, la Gua-
diana, le Tage , la Gironde & la Loire; Au milieu
de la Manche , la. Seine , la Meufe, le Rhin & l’ Ef-
caut, fur les côtes de la mer d’Allemagne; fur la -
mer du nord, l’Ems, l’Elbe & le V e fe r jfu r les
côtes de la Baltique, l’O d e r , la Viftule, le Niémen
& la Duna, qui parcourent les baffins terreftres
de cette Méditerranée. J’ajoute la rivière deT ornéo
à l’extrémité du golfe de Bothnie. Enfin, la Dwina
fur la Mer-Blanche ou de Laponie , & la Peizola
fur la Mer-Glaciale, limite des mers de YEurope.
Nous allons donner quelques détails fur quelques,
unes des principales rivières de YEurope, détails
qui -noiis intérefïent particuliérement.
La Loire prend fa fource dans le Mont-Gerbier,
au nouiduVelay. Elle.fe dirige d’ abord à i’oueft,
pour gagner l'Océan bien au defîous de Nantes.
Elle ne commence à former un fleuve un pe.u con-
fi.iérahle qu après fa jon&ion avecla Sarthe. Indépendamment
d’une-vingtaine des plus petites , la
Loire reçoit huit rivières du fécond rang, qui font
l’Ailier, le Cher, l’ Indre, la Vienne., la Mayenne,
la Sarthe, le Loir & la Sèvre. Le cours de ce fleuve
ne commence à être navigable pour de petits bateaux
que près de Saint-Rambert, qui eft à peine
à trente lieues de fa fource de Nevers , ou il fe
groflît de l’Allier jufqu’à Briare. Il porte de grandes
barques à charbon de terre. Ce n’eft qu’entre Nantes
&r la mer, qu’ il peut recevoir de gros navires.
Son embouchure eft tellement obftruée de vafe &
de fable,quoiqu’elle^it unelirgeurdedeux'lieues ,
qu’ il s’ y forme de tems en tems de nouveaux bancs
de fable .& des îlots qui rendent la navigation fort
peu fure. Ses débordemens fubits caufent de fâ>
dieux dégâts aux habitansqui font établis près de
fes rives,. Une partie de ces-dégâts fe trouvent prélimpides
j elles débordent fréquemment, mais rentrent
auffi promptement dans leur lit. Ce fleuve fe
gfoffit dans fon cours d’ un grand nombre de rivières,
dont la Saône > l’ifère, la Drôme & la Durance font
les plus importantes.
Le cours de la Garonne, mefuré fur la grande
carte de France, depuis la montagne d’Aure dans
le Val-d’Arau, Pyrénées de la Catalogne, où eile
prend fa fource, eft de plus de cen t lieues de France.
Dès le Beç-d’Ambès, où elle reçoit la Dodorgne y
elle a deux milles ou une lieue de largeur; elle
en a cinq milles devant Mortagne, & l’étendue de
fon lit ne diminue pas feofiblement jufqu’à la
mer. Aucune rivière de France n’a une auffi vafte
embouchure. Elle commence à porter bateau â
Muret, & quelquefois-même à plufieurs lieues au
deffus. Elle a trois rivières tributaires confîdé--
râbles, le Tarn, le Lot & la Dordogne; mais ce
n eft qu’après fa jon&ion avec cette dernière ,
quelle forma cette large rivière qu’on nomme G/V
ronde. Les plus gros navires marchands peuvent y
naviguer jiifqu’ à la mer. La Gironde eft partagée
dans le milieu de fon canal par des bancs de fable
& par quelques îles d’une allez grande fertilité. Il y
a fix de ces iles.au deflus.de Toalo.ufe : trois d’entre
elles, Cafaux, Ifan & Carmel, font renommées à
caufe des beftiaux qui y trouvent de gras pâtu^
rages.
La Seine. La longueur du cours de cetee rivière,
varie , fuiyant certains géographes ; mais
les mefures prifes exaêlement fur la grande cart^
dp France ont donné trois cent trente-deux mille
coifes, ou cent foixante-iix lieues de deux miile
toi fes chaque. Elle prend naiflance en Bourgogne
par deux fourçes, dont l'une retrouve àChanceauxj,
& l’autre en eft éloignée de deux lieues, .entre
Chanceaux & le bourg de Saint-Seine; Elle commence
à être navigable au deffous de Troyes en
Champagne, mais ce n’ eft que dans les faifons plu-
vieufes, & la navigation en elt encore difficile
même apres la confluence de l'Aube. Plus loin elle
reçoit i'Ajfne & la Marne,. & alors elle .eft aflez
forte pour porter jufqu’ à Rouen de groffes barques
marchandes. Les navires plus conlîdérables qui
viennent de la mer font retenus à Quilleboeuf par
un banc de labié. 11 n’y a pas de rivière en France
qui éprouve autantd’ofciilations que la Seine, Se