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Pour les Siamois , Jls ne les ont qu’un peu plus
grandes que les nôtres, 8c c’eft naturellement &
la ns aucun artifice. Leurs cheveux font gros j noirs j
& plats : les. hommes 8c les femmes les portent fi
courts, qu’ils ne leur defeendent tout autour de \
la tête qu’à la hauteur des oreilles. Ils ont peu 1
de barbe, & ils arrachent le peu qu’ils en ont. Les
femmes fiamoifes portent des pendans d’oreilles
fort maflSfs & fortpefans. Le teint des hommes &
des femmes eft fort baiané : leur taille n’eft pas
avantageufe, mais elle eft bien prife. En général
jls font doux & polis. Ces peuples fe noirciflent
les dents avec un vernis, parce qu’ ils croient qu’il
ne convient point à des hommes d’avoir les dents
blanches comme les animaux.
Les habitans du royaume de P égu , d’Aracan
reffemblent affez aux Siamois, & ne diffèrent pas
beaucoup des Chinois par la forme du corps ni
par la pnyfîonomie 5 ils font feulement plus bafa-
nés. Ceux d’Aracan eftiment un front large 8c plat;
& pour le rendre te l , ils appliquent une lame de
plomb fur le front des enfans qui viennent de
naître. Ils ont les narines larges & ouvertes, les
yeux petits 8c vifs, & les oreilles très-alongées. Ils
mangent fans dégoût des fouris, des rats , des fer-
pens 8c du poiflôn corrompu. Les femmes portent
les oreilles aufli alongées que celles des hommes.
Les peuples d’ Achen,qui font encore plus au nord
que ceux d’Aracan, ont aufli le Vifage plat & la
couleur olivâtre. Us laiffent aller leurs enfans tout
nus : les filles ont feulement une plaque d’argent
fur leurs parties naturelles.
Tous ces peuples, comme l’on voir, ne different
pas beaucoup des Chinois, & tiennent encore
des Tartares les petits y eu x , le vifage plat,
la couleur olivâtre 5 mais en defeendant^ vers le
midi, les traits commencent à changer d’une manière
plus fenfible, ou du moins à fe modifier.
Ainfî les habitans de h prefqu'îlè de Malaca & de
l ’ile de Sumatra font n oirs, petits, vifs & bien
Proportionnés dans leur petite taille; ils ont même
l’air fier, quoiqu’ils foient nus de la ceinture en
haut, à l’exception d’une petite écharpe qu’ ils
portent tantôt fur l’une & tantôt fur l’autre épaule.
Ils font naturellement braves, 8c même redoutables
iorfqu ils ont^ pris l’opium dont ils font fouvent
ufage , 8c qui leur caufe une efpèce d’ivreffe fu-
ïieufe. Les habitans de Malaca & de Sumatra font
<îe la même race : ils parlent à peu près la même '
langue ; ils ont tous l’humêur hautaine, la taille '
moyenne, le vifage lo n g , les yeux noirs, le nez
d ’une grandeur médiocre, les lèvres minces, 8c les
dents noircies par le fréquent ufage du bétel.
Dans l’île de Pugniatan , à feize lieues de Sumatra,
les naturels font de grande taille & d’un
teint jaune comme celui des Bréfiliens.Ils portent !
de longs cheveux fort liftes, Se vont abfolument i
nus. Ceux des îlesÎN’icobar, au nord de Sumatra, ‘
font d’une couleur ba-fanée & jaunâtre ; ils vont
aufli prefque nus. Ils font grands & bien propor- 1
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tionnés , ont le vifage aflèz long , les cheveux
noirs 8c liftes, Se le nez d une grandeur moyenne.
Les habitans des îles de Sombreo, au nord de
Nicobar.font fort noirs ; ilr> fe bigarrent le vifage de
diverfes couleurs, comme de vert, de jaune, Sec.
Tous ces peuples de Malaca, de Sumatra 8e des
petites îles voifines, quoique différens entr’eux ,
le font encore plus des Chinois,, des Tartares,
Se femblent être iffus d’une autre race : cependant
les habitans de Java, qui font voifins de
Sumatra 8e de Malaca, ne leur reffemblent point,
Se font aflèz femblablas aux Chinois, à la cou-
près, qui eft comme celle-des Malais, rouge,
mêlée de noir. Us font d’une forte complexion 8e
d une taille carrée ; ils ne font ni trop grands ni
trop petits ; ils ont le vifage plat, les joues élevées,
les fourcils gros 8e avancés , les yeux petits , la
barbe noire; ils en ont fort peu, 8e peu de cheveux
, qui font très-courts 8e très-noirs. Les
femmes, qui ne font pas expofées, comme les
hommes, aux ardeurs du foleil, font moins bafanées
que les hommes ; elles ont le vifage agréable , le
fein élevé 8e bien fait, le teint uni , quoique
rembruni ; la main belle, l’air doux, les yeux
vifs , le rire agréable : il y en a qui danfent avec
grâce. Les voyageurs hollandois confirment,tous
ces détails. Par toutes ces relarions, on peut
• ju3er que les habitans de Java feffemblent beaucoup
aux Tartares & aux Chinois, tandis que les
Mahis & les peuples de Sumatra & des petites
lies voifînes en diffèrent, & parles traits du vifage,
& par la forme du corps; ce qui a pu arriver tout
naturellement ; car la prefqu’île de Malaca & les
lies de Sumatra 8c de Java, aufti bien que toutes
celles de 1 Archipel indien ,''doivent avoir été
p-upleés par les nations des parties du continent
voifines, & même par les Européens , qui s’y font
habitués depuis plus de deux cent cinquante ans;
ce qui fait qu’on doit y trouver une très-grande
variété dans les hommes, foit pour les traits du
vifage & la couleur de la peau, foit pour la forme
du corps & la proportion des membres.
Par exemple, il y a dans cette île de Java une
nation qu’on appelle Chacrelas, qui eft' toute differente
, non-feulement des autres habitans de
cette îie, mais même de tous les autres Indiens.
Ces Chacrelas font blancs & blonds ; ils ont les
yeux foi blés 8c ne peuvent fupporter le grand
jour; au contraire, ils voient la nuit : le jour, ils
marchent les yeux baiffés & prefque fermés. ;
Tous les habitans des îles Moluques font fem-
blables à ceux de Sumatra 8c de Java pour; les
moeurs, la façon de vivre , les armes, les vête*»
mens, le langage , la couleur., 8cc. Les hommes
de qes îles font plutôt noirs que bafanés : les
femmes feulement le font moins. Ils ont tous les
cheveux noirs 8c liftes, les yeux gros , lés four*» ■
cils Sc les ; paupières larges, le corps fort 8c ro-
pufte. Ils font adroits 8c agiles. Cependant chaque
île a fon langage particulier ; èn forte qu’on doit
croire que ces îles ont été peuplées par differentes
nations. Les habitans de Bornéo & de Baly ont
le teint plutôt noir que bafané. Les habitans de
Ternate font de la même couleur que les Malais
c ’eft-à-dire, un peu plus bruns que ceux des Philippines.
Leur phyfîonomie eft belle ; les hommes
8c les femmes font bien faits 8c ont grand foin
de leurs cheveux.
Les naturels de l ’île de Timor , qui eft une des
plus voifines de la Nouvelle-Hollande, ont la taille
moyenne, le corps dro it, les membres déliés, le
vifage long, les cheveux noirs, la peau fort noire;
ils font adroits.8c agiles, mais pareffeux.
Si l’on remonte vers le nord on trouve Manille
8c les autres îles Philippines , dont le peuple eft
'p eut-être le plus mêlé de l'U n ive rs , par les
alliances qu’ont faites enfemble les Efpagnols, les
Indiens, les Chinois, les Mafabares, les Noirs, & c .
Les Noirs qui vivent dans les rochers 8c les bois
cette île diffèrent entièrement des autres habi-
taus : quelques-uns ont les-cheveux crépus comme
les Nègres d’Angola; les autres les ont longs. La
couleur de leur vifage eft comme celle des autres
Nègres : quelques-uns font un peu moins noirs.
Les hapitans de l’île de Mindanao, qui eft une
des principales 8c des plus méridionales des Philippines
, font d’ une taille moyenne, ont les membres
petits, le corps droit & la tête menue, le vifage
ovale, le front plat, les yeux noirs 8c peu fendus,
le nez court, la bouche allez grande, les lèvres
petites 8c rouges ,.les cheveux noirs 8c liftes, le
teint tanné, mais tirant plus fur le jaune-clair que
celui de certains autres Indiens. Les femmes ont
le teint plus clair que les hommes : elles font aufli
mieux faites ; elles ont le vifage plus long 8c leurs
traits font aflèz réguliers, fi ce n’eft que leur nez
«ft fort court 8c tout-à-faic plat entre les. yeux ;
elles ont les membres fort petits , les cheveux
noirs 8c longs.
Certains voyageurs aflurent en général que les
habitans des Philippines reffemblent aux Malais,
qui ont autrefois conquis ces îles, 8c que c ’eft de là
que les habitans des Philippines on t, comme les
^ia^ls y le nez p e tit, les yeux grands, la couleur
oiivâtre-jaune, 8c le langage & les coutumes à peu
près les mêmes.
Au nord de Manille on trouve l’île Formofe,
7 qui n’eft pas éloignée de Ja côte de la province de
Fokien à la Chine. Ces infulaires ne reffemblent
cependant pas aux Chinois. Les hommes y font
de petite taille, particuliérement ceux qui habitent
les montagnes : la plupart ont le viiàge large.
Les femme s ont les mamelles groffes 8c pleines,
8c de la barbe comme les hommes : elles ont
les oreilles fort longues , 8$ elles en augmentent
la longueur par le poids de certainesigroffes
coquilles qui leur fervent dé pendans ; elles ont les
cheveux fort noirs 8c fore longs. Il y en a de jaunes-
blanches & de tout-à-fait jaunes* Ces peuples font
fort fainéans. Leurs armes font le javelot & l’arc^
dont ils tirent très-bien ; ils font aufli excellens
nageurs.
Les îles Mariannes ou des Larrons, qui font les
îles les plus éloignées du côté de l ’Orient, 8c pour
ainfî dire les dernières terres de notre hémifphèfe,
font peuplées d’hommes très-greffiers. Iis ont le
teint bafane, mais cependant moins brun 8c plus
clair que celui des habitans des Philippines. Ils
font plus forts 8c plus robuftes que les Européens.
Leur taille eft haute, 8c leur corps bien proportionne.
Quoiqu’ils ne fe nourriffent que de racines,
de fruits 8c de poiffon, ils ont beaucoup
d embonpoint; mais cet embonpoint ne les em-
peche pas d être fort fouples 8c fort agiles. Us vivent
Iong-tems. Ils ont pour la plupart les cheveux
crépus, le nez gros, de grands y eu x , 8c la couleur
du vifage comme celle des Indiens.
Les habitans de Guan, l’une de ces île s , ont les
cheveux noirs 8c longs, les yeux ni trop gros ni
trop petits, le nez grand, les lèvres groffes, le
vifage long, l’air farouche. Us font très-robuftes 8c
d une taille avaritageufe : on dit même qu’ifs ont
jufqu’à fept pieds de hauteur.
Au midi des îles Mariannes, 8c à l’orient des
Moluques, on trouve la terre des Papous 8c la
Nouvelle-Guinée. Ces Papous font noirs comme
les Caffres; ils ont les cheveux crépus, le vifage
maigre 8c fort défagréable ; 8c parmi ce peuple fi
noir on trouve quelques individus qui font aufli
blancs 8c aufli blonds que les Allemands. Ces
peuples font en général fort noirs, fauvages 8c brutaux
: ils font forts 8c bien proportionnés dans leur
taille ; ils ont aflèz de barbe, les cheveux noirs,
qui n’approchent pas cependant autant de fa laine
que ceur.des Nègres; ils*font agiles à la courfe ;
ils fe fervent de maffues, de lances, de fabres 8c
d’autres armes faites de bois dur. Les femmes
font laides.
Les habitans de Tîle de Sabala,dan$ la Nouvelle-
Guinée , font une forte d’indiens fort bafanés,
qui ont les cheveux noirs, 8c q ui, par leurs manières
, ne diffèrent pas beaucoup de ceux de l ’île
Mindanao 8c des autres naturels de ces îles orientales
: il y a aufli des Nègres qui ont les cheveux
crépus 8c cotonnés.
Les habitans d'une autre île appelée Garrec-
Denys font noirs , vigoureux , bien taillés , ont
la tête groffe & ronde , les cheveux frifés 8c
courts : ils les coupent de différentes manières
8c les teignent de différentes couleurs ; ils ont le
vifage rond 8c large, avec un gros nez plat; ils
fe défigurent le vifage par une efpèce de cheville
dont ils traverfent les deux narines ; ils ont aufli
de gros trous aux oreilles , où ils mettent des chevilles
comme au nez.
Les habitans de là côte de la Nouvelle-Hollande
font peut-être les gens du Monde les plus mifé-
rables 8c les plus brutes; ils font grands, droits 8c
menus; ils ont les membres longs & déliés, la tête
groffe, le front rend , les fourcils épais ; ils ont le K a».