
<jui foit par conféquent aufïi avantageufe dans les
diverfes dire&ions de Ton cours. En mefurant fur
la grande carte de France le terrain qu’elle parcourt
pour fe rendre de Paris à Meulan , on trouve
une longueur de quarante-fept mille toifes, tandis
que le trajet en ligné directe n’eft que de trente mille
toifes. De Courcelle à Gunberville 3 au defllis de
Rouenj qui ne font éloignés l’ un de l’autre que de
vingt-huit mille toifes, fon cours tortueux eft de
foixante & dix mille cinq centstoifes. La rade qui fe
trouve à l’embouchure de la S=ine, permet à trois
cents navires de venir mouiller près du Hâvre-de-
Çrace : i l y e n a même Une partie qui peur contenir
jufqu’à trente gros bâtimens de guerre. Le
bafiin de la Seine eft au moins des deux tiers de
celui de la Lo ire, & la longueur de fon cours n’eft
guère que de la moitié.
VEJ'caut. Cette rivière prend fa fourceà la ci-
devant abbaye dn Mont Saint-Martin , à deux
lieues à l’eft du Catelet. Après avoir parcouru une
très-foible partie de l’arrondiffemenc de Saint-
Quentin, elle fè rend dans le département du Nord,
où elle-fe groffit, près,de Mortagnè, des eaux
de J a Scarpe : de là elle paffe à Cambrai. L’Efcaut
a , devant les murs d’Anvers, trois cent foixante
toifes de largeur, & trente pieds de profondeur à
marée baffe : cette marée monte de quinze pieds.
Depuis Anvers jufqu’à fon embouchure à Fleffin-
g u e , il coule dans un cours de vingt-huit lieues
en reculant fucceflivement fes bords, & eonfer-
vant toujours la même profondeur. 11 a beaucoup
de bancs de fable à fon embouchure, qu’il faut
connoître pour y naviguer en toute fureté. Le
Dépôt de la marine a publié une excellente cane
de l’entrée de ce fleu ve, qu’on peut confulter
avec intérêt.
Bien d’autres rivières, moins fameufes à la vér
ité , décorent & enrichiffent la France : telle eft
la Saône, que le Rhône entraîne près de Lyon>
•tels; font le Lot & la Dordogne, qui vont grof-
fir la Garonne : telles font aufti touces les rivières
tributaires de la Loire. La Meufe & même le
Rhin peuvent être comptés au nombre des ri:
vières de France.
Indépendamment des canaux , les Pays-Bas font
arrofés par tant de rivière^, qu’il nous fuÆra d’ indiquer
les principales feulement. Une petite portion
de la Meufe arrofe le comté de Namur. L’Eff
caut, dont nous avons parlé, reçoit deux autres
rivières, la Lys & la Scarpe, qui ont leur fource
dans le comté d’Artois. La Dyle prend fa fource à :
'peu de diftar.ee de Namur, 6c joint i’Efcaut au
deffus de N ie l, après avoir reçu la Dermer de
l ’e f t , la Rèthe du nord, & la Senne du fud.
LzMofelle a la fource dans l'arrondiffement dé
vRemiremont, au pied delà côte de Tay, dont le
point le plus élevé forme la limite du département
des Vofges & du Haut-Rhin. Cette fource ne
donne d’abord qu’ un filet d’eau, mais y bientôt
groflle.par les eaux qui descendent de la montagne !
de Drumont, à trois quarts de lieue de fon origine,
la Mofelle fe fait déjà connoître. Cette rivière
coule généralement entre les ro c s , fur un
| fond de fable 6c de gravier, avec une rapidité
1 peu commune.
Les principales rivières des Provinces-Unies
font le Rhin & la Meufe. Le Rhin prend fa fource
dans le pays des Grifons, d’ un glacier qui fe trouve
fur le Commet du mont Bedus, à l’entrée d’une
vallée qui a neuf lieues de longueur. Cette montagne
& cette vallée font rarement vifitées par
les Suiffes. D’ailleurs-, la partie fupërieure préfente
d’horribles folitudes de glace & de neige,
parmi lefquelles le fleuve naiffant ébauche 6c pour-
fuit fon cours, tantôt découvert, & lahtôt caché
par les voûtes de glace, à travers lefquelles il fe
fait jour : telle e ft, à ce qu’on prétend, la principale
fource du Rhin, & ce courant eft appelé, par
les Français , le Haut~Rkin ou Rhin fupérieur3 & ,
par les Allemands, le Bas - Rhin pojtérieur. Le
moyen, qui prend fa fource dans le mont Saint-
Gothard , eft cependant le courant le plus lo n g ,
& par cette raifon étoit regardé comme la véritable
fource. Mais celui qui eft à l’orient, eft probablement
le plus confîdérable. M. de Sauflure
nous dit que le Rhin d’au-delà, qu’il croit avoir
été ainfi appelé parce que c’eft le courant le plus
près de l’Allemagne, prend fa fource dans une
chaîne de montagnes qui fe trouve à l’enorée de la
vallée de Difentis , appelée Crifpalt 3 tandis que
fon fommet fe nomme Badur. Le Rhin mitoyen,
fuivant le même auteur, prend fa fource dans la
vallée de Madelo , qui dépend du Sainc-Gothard,
8c ces deux fources réunies en reçoivent une troi-
fième qui defeend du mont A-vicuje, appelé , par
les Français, Haut-Rhin ou Rhin fapéricur3 6c par
les Allemands Bas-Rhinj car, dans qùelques cartes
françaifes, ces noms ont été intervertis. Les hauteurs
font ici d’environ fix mille cent quatre-vingts
pieds au deffus du niveau de la mer. A compter
de fa fource jufqu’à l’extrémité de la Suiffe, le
Rhin fournit un cours de cent foixante-dix milles
environ, & coule au nord-eft jufqu’au lac de Constance
î il fe courbe enfuite jufqu’à Baie, où il
commence fa longue courfe vers le nord.
La Meufe reçoit l’Aa vers fon embouchure ,
joint au Domel, qui vient du fud $ ce qui en grof-
fit le volume à un certain point. Vers le nord elle
fe joint au grand débouché du Rhin, que l’on
nomme le Vaal. A trente-lix milles plus loin , la
fécondé grande embouchure du Rhin, où le Leck
joint la Meule , & enfuite, fimple ruiffeau, paffe
près de Leyde , & fe jette dans la,mer du Nord.
La principale rivière qui tombe dans le Zuydèrzéê
eft l’Y flè l, qui prend fa fource non loin du fud-
oueft de Munfter, & qui , après avoir reçu dans
fes eaux le canal de Drufus, près de Duisberg ,
devient lui-même une rivière confîdérable.
Au nord de cetce .dernière fe trouve la petite
embouchure de la W e c h t , qui prend fa fource
ail nord de Munfter. Les rivières deîaFrife 8c de
Groningue font fi peu .conlîdérables , qu’elles fe
perdent en partie dans de nombreux canaux avant
de parvenir jufqu’à la mer voifine.
Nous renvoyons les détails que nous avons raf-
femblés fur toutes les autres rivières prir.cipales
de l ‘Europe, à leurs articles refpeétifs.
Lacs ô* îles côtiens de l’Europe.
Les lacs font des réfervoirs plus ou moins étendus,
où l’eau s’épanche d’ un terrain élevé dans un
terrain inférieur ; ils font placés, ou dans les gorges
formées par les fommets des montagnes, ou
bien au pied même des montagnes & dans les
vallées qui leur fuccèdent , ou enfin près des bords
dé la mer lorfque la plage, trop peu inclinée, eft
difpofée à recevoir les eaux des fleuves, auxquelles
les eaux de la mer oppofent une réfîftance
fouvent confidérabîe.
. Ces trois ordres de lacs peuvent être confidérés
fous un autre point de vue. Les uns font placés
fur des plateaux où font les fources de quelques-
fleuves, & leur donnent naiffance, les autres fe
trouvent dans leurs vallées, 6c font traverfés par
eux j d’autres enfin fe forment à leurs embouchures.
Il réfulte de toutes ces confédérations, que
les lacs fe. renconrrent dans les pays de montagnes
ou le long des bords de la mer.
L’Europe renferme dans fes régions montagneu-
Rs plufîeurs lacs remarquables.
En fuivant la grande maffe de montagnes qui fe
trouve dans le milieu , les premiers qu’on y rencontre,
font dans les Alpes fuiffes ; ils font en fort
grand nombre. Il faut en donner le dénombrement,
comme je l’ai fait dans l’hydrologie de la Suiffe.
L’épanchement de ce premier ordre de lacs fe
fait au nord 6c à l’oueft, & leurs eaux finiffent par
fe réunir au Rhin 6c au Rhône.
Au pied des Alpes valaifannes & favoifiennes,
qui forment la partie occidentale, font les lacs de
Genève, d’Annecy & du Bourget.Le plus grand des. j
trois eft celuifde Genève, que traverfe le Rhône,
6c les deux autres verlént leurs eaux dans le même
fleuve*
C ’eft dans la partie des ^lpes piémontaifes &
lombardes, que font plufîeurs lacs , dont les plus
petits occupent les hauteurs, 8c les plus confîdé-
rables les parties inférieures qui bordent les
plaines.
Les plus confidérables font le lac Majeur, le
lac Lugano, le lac de Corne,, celui d ’Iéfo, & enfin
le lac. de Garde. Le Te fin, l’Adda, l’Oglio & le
Mincio en traverfent plufîeurs qui finiffent par
recevoir leur trop-plein , 6c le porter au Pô.
En fuivant toujours cette même maffe mon-
tueufe , on trouve peu de lacs remarquables juf-
qu’aux monts Crapacks. Ils commencent à devenir
plus fréquens & plus confidérables dans la partie
Géographie- Pkyjique. Tome IV •
de cétte ligne qui remonte de l’extrémité des Crapacks
par la Pologne & la Lithuanie, jufque dans
la Ruflie. Les eaux de ces lacs fe verfent dans le
Niémen, le Niéper & la Dwina. Au-delà de la
Dwina font des lacs plus confidérables : les uns, à
l ’eft,- épanchent leurs eaux vers le W o lga , tandis
qu’à l ’oueft les mêmes montagnes fourniffent des
eaux aux lacs Peypus, Ilmen, Ladoga 6c Onéga.
Au-delà, fi l ’on fuit le refte de cette ligne q u i,
de l'eft à l’oueft, va gagner les monts Poyas, 6c
■ qui fait la limite du badin méridional, on v o it , au
fud de cette lign e , le Bielo-Ozero ou le Lac-
Blanc , & quelques autres dont les eaux font emportées
dans le bafiin du Wolga par la rivière de
Stefna, 6c au nord plulicürs autres lacs aulïi confidérables
, dont les eaux font reçues par diverfes
rivières, 6c portées à la Dw'ina.
Dans les prolonge mens du nord, la ligne des
montagnes moyennes n'eft ni la feule;chaîne qui
offre des lacs, ni celle qui en offre le plus grand
nombre. Il eft bien remarquable que c e ft dans les
contrées fcptentrionales que l’on rencontre les lacs
confidérables & les plus multipliés. Il s’en faut
bien que, dans les enceintes des baffins méridionaux
, on en trouve autant.
Il ne paroît pas qu’il y en ait dans les montagnes
qui féparentles différens fleuves de l’Efpagne :
ori n’en annonce aucun d’ une certaine étendue'
dans les Pyrénées , même du côté de la France.
Les prolongemens de la chaîne moyenne , qui
traverfent la France en différens fens , foit entre
la Garonne & la Lo ire , foit entre la Loire & la
Seine, foit entre celle-ci 6c les Pays-Bas , n’en
préfentent prefqu’aucun. Je n’en trouve que deux
dans le Dauphiné , & trois ou quatre de très-peu
d’étendue dans les V o fg e s , 8c quelques-uns auffi
fur le Jura.
Si nous paffons en Angleterre, nous en trouverons
très-peu > mais en Ecoffe 6c en Irlande, où
les montagnes font plus élevées , on en rencontre
un certain nombrè 6c d’une certaine étendue, 6c
furtout vers le nord de «ces contrées.
Le prolongement q u i, vers la partie orientale
de la Bohême, part de la chaîne moyenne , & qui,
s’avançant entre l’Elbe 8c l'Oder, rtaverfe la Si-
léfie, la Luface , le Brandebourg_, le Mecklen-
bourg 8c la Baffe-Saxe , préfente la même obfer-
vati on. Dans la partie du fud & de l’oueft, il offre
peu de lacs, 6c dans fa partie feptentrionale on
en rencontre un certain nombre , dont la plupart
ont une certaine étendue.
La chaîne de montagnes qui courent dans la
Scandinavie, en N o iw è g e , en Suède & en Laponie,
8c qui font toujours couvertes de neige
& de glace, fous le nom de Dofrefields, offrent
une multitude innombrable de lacs. Soit au dehors
de cette chaîne , foie en dedans , chaque rivière
a fon lac au moins, & il n’eft à peu près
aucun.point de cette, enceinte immenfe., qui n’en