ces mêmes heures. C e phénomène, en apparence '
li firîgülief j èft produit par les efpèces d'ondulations
que le flux excite dans cette énorme maffe
d'eau que l ’Amazone porte à la mef > & qui fe
communique fucceflivement; çn forte que le-,
mouvement que l'on refferit, par exemple* au
bout.de la douzième ondulation * en même temps'
que la mer âgit fur la première * n'eft pas l'effet de
cette prelîîon àétuel'e, mais la douzième précédente,
à qui il a fallu ce temps pour fè cqmmuni-
quer jufque-là. Il y aura donc une fuite, de hautes-
& de ’ baffes, eaux' dans le même temps, fur le*
fleuve, dans toute l'étendue de fon cours où la
marée fe fera fentir.
Toutes" les anciennes carteé'repréfentènt l'embouchure1
de l ’-Àmazone comme cqüpee,'d’une-
infinité d’îles; au lieu de Ce grand nombre, il s'en;
trouve une nomméeMàrajoy' qui eft fort grande.
C'eft à cette embouchure qu'on obferve un fécond
phénomène de marée, plus étonnant que le
premier, & qu'on-nomme la. pororoca.
Pendant les grandes marées, la mer, au lieu
d’employer cinq ou fix heures-à montèr-y parvient
en une où deux minutes à' fa plus gtàndè hauteur
y on entend, de deux?ou trois lieues1; un
bruit effrayant, qui annonce le terrible flot; bientôt
après on voit ^avancer-une maffe d'eau de
douze à quinze pieds de hauteur, fui vie de plusieurs
•autres pareilles. Ce tte lame court avec une rapidité
prodjgieufe, & [briffe totitce qui lui réfifte. Ce
phénomène n'arrive que proche l'embouchure des
.rivières, lorfque le flux frio-ntarit>rericontre ën-fëh;
chemin un banc de fable ou un haut fond qui lui
fait qbftacle^Dès qu'il a atteint la [hauteur de ce,
banc.,,i,lcommence- à retarder, puis il arrête,enfin *
;le cours du fleuve qui luLréfifte, jufqu'à ce quel.e
flux, qui croît toujours, l’emporte , rompe la digue
& déborde au-delà en un inftanti. On obferve’
quelque chofe de rfemblable aux îles, Orcad'es, &
à l’entrée de la Dordogne : on nomme pet effet
des marées le mafeapa. .
Le lit de'ce fleu.ve s'élargit près de;Ia Mifliop.
de Saint-Paul fi confidéràblernent, qu',un feul dje?
des brassa quelquefois 8oo, toifès. de largeur j ç'efl;
là' que commencent ^grande s îles qui fervent-à
féparer ces bras. La-grande ouverture dp canal du
fleuve, donne au vent beaucoup de pnfey ce qui
occafionne au milieu,des .terres de grandes tempêtes
^on ne trouve alor$,ddibri que dans la vallée
d'un ruifléau latéral> où je . vent, ne pénètre pas
avec la même -violence. Les voyageurs qui navi-l
g tient ;fur ce fleuve s'éloignent rarement de' fes
bords ; cependant ils ont foin de ne pas trop s’en
apprOchèf’, car un des plus grands périls de cette
navigation eft la rencontre des troncs d'arbres,
de racines précipitées dans le fleuve & engravées :
dans les fables ou la vaTe ,/& cachées fous l’eau. En
Tuivànt ie's bords de trop près , ôn eft menacé de
Ja chute'fubite de queîqù’àrbre fo'it par fa cadu- :
ciré,, fo'it parce que le fol qui lé fojdtéhdits'âbî'nfie 1
tout-à-coup, après avoir été miné long-temps
par les eaux du fleuve.
Il en eft de ce fleuve comme d’ un grand arbre
nourri par un grand nombre dé racines, fans
qu’on puiffe donner la préférence à l’une d’elles.
Ses fources font fi nombreufes, qu’on peut en
compter autant qu’il y a de rivières qui defeen-
dent des Cordiiiërës, depuis le gouvernement de
Popayan. jufqu’aux environs de Lima.
M ARAIS : ce font des endroits b a s ,’ou les eaux
s'affembîent & croupiffent au milieu d’ une vafe
abondante & de plantes aquatiques plus on moins
Ihombreufes. Il y a des lacs qui font entourés le
long, dé leurs bprds d’une ceinture de marais. Le
fol de certains marais eft noirâtre, poreux, mou,
fangeux j rempli de débris de .corps organifés,
comme rdfeaux .&,autres plantes aquatiques : il y
a dé même des étangs qui ont, comme les lacs, une
ceinture marécageuse, eompoféê de vafe , de ra-
feaux, & . $e plantes, aquatiques, parce .qu’ ils fe
comblent pat ces bords.
Les marais lçs plus étendus que J’oq connoifîe,
font à Surinam ; ils ont plus de cent; lieues d’étendue.
En A fie , les marais cie l’Euphrate &r les Paius
Méotides font très-fameux : les plus Renommés
de lf Europe font, ceux de Mofcoyie, à la foui ce
du Tanaïs ; .çeux de Finlande , entre la Baltique &
la Mer-Blanche * ceux de Hollande & de.Weft-
phalie.
La,contrée de la Guiane,; en Amérique, n’eft
prefque qu’un marais continu dans toute l’ étendue
des plaines;qaf bordent fes rivières ; la terre &
la mer fenftblent. fe difputer la poffeflion de ces*
vaftts marécages;
C ’eft1 'furtout à l’éxtrémité'de quelques' vallons
qui aboutififent dans les plaines de certaines rivières,
que fe trouvent des marais ;i c’eft ce que
l’on Voit au-deffus & au-deffous d’Àmiens, attendu
que Je confluent des ruiffeaux qui fe réuni
(Tent à là Somme, fe trouve envafé , ce qui en
retarde la décharge & l’écoülement dans cette rivière
; & pour peu que les rdfeaux & les plantes
aqù.rtiqués y abondent,, ces marais forment en
peu de temps des tourbières :• c’ eft ainfi qu’aux environs
de Troyes, les marais d’Argentolesfont de-
venus dés ‘marais à tourbe. On trouve de même
fur lès bords de la Limagne , en Auvergne, un
peu au -déffus de Clermont , un vaftë| marais
qui n’a pin être defféché qu'en creufant une profonde
décharge aux eaux à travers le dépôt ter-
reux que lés: rui fléaux qui viennent des moncargnes
y ont accumulé', & qui forme une retenue pour
les eâux .du marais.
! Il y a beaucoup de marais fur les bords des
landes de Bordeaux & dans le M é d o c je tóng de
la Gironde :.cës derniers marais ont été defféchés
avec la plus grandfe intelligence par des Flamands
qui,y oi t établi, une bonne culture &. une édncation
de bêtes à laine longue de leurs provinces.
*
Je pourrois conclure de tous ces details que les
nuirais fe trouvent difperfés le long des bords des
rivières d'un certain ordre, & qu’ils occupent
furtout les extrémités des vallons latéraux qui retrouvent
envafées par la rivière principale. .
J’ai trouvé dès marais dans des baflins où il
afflué un grand1 nombre de petits filets d’eau qui
n’ont pas la force de fe frayer une rou te, ni de
vider leur égout : tel eft le marais de Saint-Gond,
à l’origine du Petit-Morin ; l’eau de la fource de
cette ri vière ne paroît dégagée des vafe s & des
plantes.aquatiques , au milieu defquelles elle a un
féjour fbreé, qu'à l’extrémité du marais. Ces mêmes
effets font aufli la fuite du peu de pente que les
eauïe trouvent dans cette1 ligne^de la limite de la
craie & de là bordure des'meulières.
* Marais defféchés de Bourneville. '
Sur les bords de la petite rivière d ’O'urea , près
la Ferté-MÜon, il y avoir une allez grande étendue
de prairies tour beu fes, dont le Jol fangeux
& mobile n’y permettoit pas l’introduéiion des
beftiâüx.
Depuis l’exploitation de la tourbe qui a été^
faite dans ces prairies, il y eft refté desëxcavâ-
tions fouvent fort profondes, & qui fe font remplies
d'eau. ;
Pour remédier à ces inconvé,nions , .on eft parvenu
à rehdfe Une partie de ces terrains folide,.
' en les couvrant" à une épaiffeur convenable d’ une
terre exicellenfé, qui permet de les cultiver &
d’ en tirer toutes fortes de produélions.
Voici quels font les moyens employés pour
opérer ces changemens & cette amélioration
on à fait un fofle lé long de ces trous inondés
dans lequel on a introduit un petit ruifleau qui
charioit dans fon cours, furtout à la fuite des
orages & aux époques de la fonte des neiges, une
vafé de »très-bonne, qualité.' En dirigeant l’eau du
foffé dans les terres voifines^-elle s’y eft répandue
& a dëpofé à leur fur face le limon qu’elle'chariqit
avec1 elle. L’épancbement de cefte eau éfôit cir-
confcrit dans l’efpace qu’on vQuloit-^echarger par
des digues élevées du côté où elle tendroit à
s’échapper trop promptement pour fe jeter dans
la rivière d’Ourcq.
coulent enfuite avec peu de pente, forment ces
marécages. L’Amafeno, qui prend fa fource aux
environs de Piperno, y porte les eaux d^ ple-
fieurs fommets ; la Cavatella , autre rivière pro*
duite par des fources qui naiffent des montagnes
de Sezze & de Sermonetta, y tombé avec l’Aqua-
pezza ; le fleuve Ninfa va fe jeter ^ans là Car
vata, dont le lit eft incapable de le. contenirjorf-
qu'il.épfouvd des crues-; c’ eft ce qui en occa;fibnn£b
fes fréquens débordemens ; le torrent Tèppjâ,..qûi
porte un volume d’eau cpnfidérablé, réuni,au
Foflo di cifterna, autre torréntqui paffe à'Velletrl.,
décharge fes eaux troubles dans les Marais Pontins.
C ’ eft ainfi qu'en peu d’années ce terrain inutile,
rempli'd’excavations profondes, a été rendu à
l ’agriculture.
MARAIS PONTINS. Paludi Tontine. Ces marais
comprennent un efpace d'environ huit lieues
de long fur deux de large, fitué dans la campagne
de Rome, fur les bords de la mer, & tellement
inondé marécageux,, qu’ on ne peut ni le cultiver
ni l’habiter.
Les eaux qui defeendent des m onta gnes& qui
Ces amas d’eaux ftagnantes ,^rès-étendus, pro-
duifent, en é té , des ^xhalalfons fi dangereufes,.
qu’on les regarde comme étant Ma càufe du mauvais
air qu’on redoute à Rome, quoiqu’ëloignée
:de quatorze à quinine lieues. En traverfànt ç$s
maraisy on remarque fûr là figuré du petit nombre
desrhabitaris qu’ on y rencontre ," les effets de ce
féjour mai-fain. Les fièvres y font communes en
feptembre & o&obre. ' y .
C e pays'étoit, dans les premiers temps, fi peuplé,
qu'on y compta vingt-trois villes & beaucoup
de maifons de campagne dont' les ruinës fe fem.iV-
quent en plufieurs endroits. Cé pays étoic délicieux
par fa fituation, par fa fertilité en grains, en
huiles? en fruits, & diftingué par Ja borite de fes- •
vins , & parlés plaifirs de la chaffe & de là pêche.
Aufli les Romains prirent-ils.foin de procurer l'écoulement
des éau-x, & d’empêcher les effets des
dé bordé mens.-
Appius Clàu Jius, $ ibans avant l’ère chrétienne,,
paroît être le premier qui fit travailler aux Marais
Pontins , en faifant pafier fa route-âu travers, fur
leur longueur ; il y fit faire des canaux , des ponts
-& des chauffées. Deux cents ans après, il y fallut
faire des réparations confidérables; le fénat donna
au conful Céthégus, qui les entreprit,, une partie
des terrains qu’il avoit defféchés.
Aüguftëreprit , après Jules-Céfar, le projet de
defféchefnent ; il y fit creufer un grand canal qui
recevoit lés eaux' des rivières & des marais, &
fur lequel, on navigûoit la nuit.
L ’inondation des Marais Pontins recommença
dans la décadence de l’Empire. Théodoric .les
abandonna à Décius pour les deffécher, & il paroît
que cette entreprifé eut un certain fuccès.
Au treizième fiècle , le pape Martin V fit creufer
le canal qu’on appej'le Rio Marïino y qui parère,/
même à préfènt, avoir été un ouvrage con-
fidérabie. Sixte V fit faire un autre canal en i ySJ,
[ qlii eft connu fous'le nom de Fiume SiJlo-, & procura,
par ce moyen, un débouché aux eaux dans
la mer , par une large embouchure ouverte ai*
pied du mont C irce llo, & fit faire aufli des chauffées;
mais ces travaux furent détruits après fa
rnoiT. •'
Huit papes , jufqti’à Clément X i l l , firent faire-
'dés vifites, formèrent des projets,.mais a’exéeu