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formes : tels font les c ritères, dont la bouche
large & profonde étoit couverte de fcories, des
courans enveloppés des mêmes fcories & fortant
du pied de ces cratères 5 mais plus loin , il rencon-
troit tant.de défprdre apparent dans l'arrangement;
des laves j fi peu d’enfemole dans leur diftributiou,.
qu'il fut tenté d'attribuer ce dernier état aux accès
tumu/tueuxdu feu & aux irrégularités defes effets
dans les éruptions de certains volcans J mais plu-
fieurs confidérations le détrompèrent.
11 conçut d'abord que les embrâfemens des volcans
étant des accident dans l'ordre des phénomènes
de la nature, leurs retours n'avoient été affü-
jéttis à aucune période fixe. 11 conclut de çettje première
v u e , que les produits dès éruptions fuccef-
fîves, ayant été difperfés àlà fuperficie de certains"
cantons de la terre , dans des tems plus ou moins
reculés, avoient dû fubirdes altérations d'autant
plus confidérables, qu’ils avoient été plus long-
tems expofés à l'aélion continuelle & deftruétive
des eaux.
Un coup-d’oeil jeté fur ces divers produits lui
préfenta des fuites régulières d'altérations, qui le
confirmèrent dans ces premières idées. Enfuite,
comparant plus en détail lès phénomènes lès plus
fimples, d’eft-à-dire, les formes primitives'’des
derniers produits du fe u , avec les diverfes àIté-;
rations dont d'autres produits offroient, en certains
cas , des nuances très-marquées , il fentit
bientôt la néceiïité & les avantages de ranger par
claffes les faits qui appartenoient à certains états
des matières volcaniques , & d'adopter, pour lés
apprécier, une.méthode analytique , fondée fur
Eexamen des altérations & fur la comparai fon de
ces altérations avec les circonftances de Técat primitif
des volcans ; il parvint ainfi à circonfcrire ,
dans des limites précifes, chacune des circonftances
correfpondantes & parallèles qui croiffoient ou
qui s’altéroient dans le même ordre.
Le réfultat de cette difcuflîon & de ce travail
fut de lui faire démêler dans les éruptions des vol-,
cans , dont les produits s'éroieiït prefentés avec
telle circonftance ou fous telle forme particulière ,
des époques & des âges dont il fixa en même tems
l ’ordre, la.fucceflion & les limites. Il entend donc
par époques, la réunion de certaines circonftances
& de certains états où fe trouvent les productions
de la nature, d’après lefquels on peut a'terminer,
non la date précife, mais l’ordre fuccefîif des évë-
nemens qui ont concouru à ces productions.
Comme ces époques, diftinguées par M. Defmareft,
ne font fondées que fur la confidération
des monumens de la naturé, qui n'ont rien ou
prefque rien de commun avec les rhonùmens hif-
tôriques, il n'envifage point ici les tems connus
ou foupçonnés. Dans fon travail, les révolutions
de la nature font conftatées par leurs traces & leurs
veftiges encore fubfiftans.
La diftindtion des époques qu’admet M. Defma-
left étant fe réfultat de l ’analyfe des faits , elle
l'a mis enA état de réfoudre, d'une manière fimple
& naturelle, les principales.difficultés que le premier
examen des pays volcanifés lui avoit offertes.
Il a été même bientôt convaincu, parl'ufage & les
applications qu’ il a eu occafton d’en faire , que
c'étoit faute d’avoir diftinguë ces époques, qu’on
avoit recueilli tant de faits, ou inutiles, ou aufli
; mal.vus que mal interprétés, & dontl’affemblage
confus' n'étoit propre qu’à obfcurcir l’hiftoire'naturelle
des volcans : au lieu qu’avec cette méthode ,
noii-feulement on peut avancer d’ un pas tur dans
; la recherche des fragmens de cette hiftoire, mais
on les lie enfemble , on. en forme un tout qui ,‘.
quoiqu'incompleÉ, «.fait .voir que là nature a é té
affujettie à la même marche dans les fiée les les
plus reculés, comme dans les tems les plus modernes.
Outre les grandes reffourcés qu'il a trouvées
dans la diftinétion des époques pour mettre d'accord
entr'elles les obfervations qui concernoient les
effets des feux fouterrains, cette même diftinétiort
lui a encore préfenté , comme une conféquence
immédiate des principaux faits qui avoient îervi à;
l’établir, la folution d’un grand nombre de quef-*
tions fur l’hiftoire phyfique du Globe.
• On doit fentir , d’après ces détails, quel doit
être l’objet de ce Mémoire. M. Defmareft y expo
fe d’abord les différentes circonftances qui lui
ont paru caraÔfcérifer chacune des époques , .&■ ^ appuyer
la diftinétion qu'il en fait & l’ordre qu’il leur
donne. Il indique enfuite les différens cantons où
: i| a obfervé & reconnû mes circonftances de ces
' époques. Enfin , il montre les conféqnences qu’on
j en peut tirer & les applications qu’on en peut
faire, foit dans l’étude des produits du fe u , foit
dans plufieurs points intéreffans de i’hiftoiré naturelle
du Globe.
L’analyfe des faits qui a déterminé M. Defmareft-
à diftinguer des époques dans les produits du feu ,
, lui a fait aufli connoître l’ordre qu’il devoit fuivre
: dans l’examen & dans l’expofition des circonftances
qui cara&érifent chacune de ces époquesil s'eft fixé
d’abord à celle qui renfermoit, dans Tes limites, les
opérations du feules plus récentes. Cette marche
analytique eft fondée fur ce principe, que les ré-
fultats des dernières opérations de la nature font
plus fimples & moins altérés par les changemens
qui furviennent chaque jour dans les formes primitives
, 8c qu'on y reconnoît plus aifémènt les
agens, parce que les traces de leur marche y font
plus fenfibles. D'ailleurs, cet état primitif eft un
objet de comparaifon, qui doit être continuellement
préfent aux yeux d’un obfervàteur s’il veut
juger fûrement de l’étendue & du progrès des altérations
fucceffives.
Première Epoque.
D’après ces vue s , la première époque qu'il dif-
tingue, elt celle qui renferme dans fes limites les
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produits des vol cans ; enflammes ou les plus nouvellement
éteints. C ’eft autour de ces bouches,
encore ouvertes, que l’on contemple facilement
la diftributiou des matières fondues^, leurs différens
états, les mélanges qui s’y rencontrent, & qu on
s’accoutume à reconnoître la difpofition .de tous
les produits de ces grands & vaftes laboratoires.
Les indices & les caractères fo n t, i° . la forme
des montagnes arrondies, & prélentant à leur fom-
met tronqué ou fur leurs flancs, un cratere ou
bouche large & profonde : l’intérieur du cratère
& les croupes extérieures font recouvertes par des
fcories ou laves trouées, légères, & par des matières
cuites, fpongieufes. i° . Les courans de laves
qui fe font fait jour par le flanc entr’ouvert de la
montagne , fe font répandus dans les plaines voi-
fines. Cès courans font compofés d’ une lave compacte
dans le centre, fporgieufe & remplie de fou-
flures à la bafe & à la furface : ainfi iis font accompagnés
8c enveloppés, dans toute leur étendue, par
des fcories, des terres cuites 8e des ponces, fem-
blables à celles qui recouvrent le cratère. 30. Une
troifième circonftance importante eft que ces
courans font affujettis à toutes les inégalités actuelles
de la furface du fol des environs on en v o it ,
par exemple , proche le Puy-de-Dôme en Auvergne,
qui, après s’être étendus fur un plateau
élevé, fe font précipités dans des plaines baffes,
en fuivant la pente & le débouché des vallons qui
y conduifent, 8c ont occupé le fond de ces vaU
Ions. 8c de ces plaines à plus de deux cents toifes du
niveau de leur foy e r , 8c à plus de deux lieùes de
diftance de ce même centre d’ éruption.
Ges courans offrent encore une particularité in-
téreffante : ils font formés pour ainfi dire d’ un
fetil je t , depuis le volcan jufqu’à leur extrémité la
plus éloignée , c*eft-à-dire, que leur maffe continue
ne paroît avoir été ni coupée ni divifée par
aucun nouveaû vallon.
. En rapprochant les caraCtères des produits du
feu qui appartiennent à la première époque, on les
faifit aifémènt dans les cratères plus ou moins profonds,
recouverts par des amas de fcories> dans
les courans de laves enveloppés des mêmes fcories,
occupant le fond des valions fans coupure 8c fans
interruption confidérables; mais cet enfemble de
circonftances ne convient guère qu’aux premiers
âges de cette époque. M. Defmareft a cru devoir,
outre cela, renfermer dans les limites de cette première
époque, les premières altérations qu’ont ef-
fuyées les cratères, les fcories, 8c enfin les courans
eux-mêmes, relativement aux différens em-
placemens qu'ils ont occupés dans les vallons.
Toutes ces circonftances.annonçent des changemens
ui ont fenfiblement les mêmes progrès correfpon-
ans. Dès que l’on apperçoit les cratères, dont les
bords s’émouflent ou s’évafent, ou qui commen-
çent à fe combler, les fcories commençent à fe
réduire en une fubftance terreufe pulvérulente >
outre cela, les courans qui font fortis de ces cen-
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très d’éruption, n’occupent plus le fond des vallons;
ils font placés à mi-côte , le vallon s’étant
approfondi depuis que le courant eft venu s’établir
fur fon ancien fond. Enfin , on remarque dans la
longueur des courans quelques coupures 8c quelques
interruptions peu confidérables.
Seconde époque.
Si l’ on fuit la marche de tous ces effets qui pa-
roiffent avoir des progrès correfpondans, comme
je l’ ai d it , on parvient à un état où l’on ne trouve
prefque plus de fcories ni de matières cuites fpon-
gieules, où les cratères ont dilparu totalement;,
eu les courans font placés à la fuperficie des plair
nés élevées , où enfiu différentes portions de
ces courans font féparéès par des vallons larges &
profonds.. C ’eft: à ces caractères que M. Defmareft
reconnoîc la fécondé époque ,* c’eft par toutes ces
circonftances qu’ il la défigne.
. C e précis rapide de ce qui diftinguë la fécondé
époque montre que M. Defmareft y a été conduit
infènfîblement à la fuite d'un examen févère 8c
méthodique des altérations 8c des changemens que
les matières volcanifées des derniers âges de la,
première époque lui avoient offerts : il montre
aufli que les indices de cette fécondé époque ne
font proprement que des réful.tats d’altérations plus
complètes, qui ont ex igé, pour être appréciés, la
la même marche analytique, le même plan de difcuflion
que M. Defmareft avoit commencé à fuivre
dans là première époque. Mais pour affurer de plus
en plus la jufteffe de ce plan, remontons, avec
M. Defmareft, vers l’origine des chofes.
S i , dans tous les tems, le feu des volcans s’eft
manifefté de la même manière , fi fes éruptions fe
font faites par de vaftes cheminées , fi les matières
fondues par l’aélion de la flamme ont été d’abord
contenues dans un creufet faélice, & fe font épanchées
au dehors, à travers les flancs entr’ouverts
des montagnes volcaniques qui faifoient l’office
decreufets, il eft évident que les produits du feu ,
rapportés à la fécondé époque , ont dû fe préfenter
pendant un certain tenis fous les mêmes formes
primitives que ceux de la première époque, & dans
des circonftances parfaitement femblables. E t , à
en juger par fes veftiges qui nous en relient, on ne
peut douter qu’il n’y ait eu pour lors des cratères
ouverts, des fcories, des courans continus enveloppés
de fcories, & placés dans les parties les
plus baffes du fol aéluel , vers lefquels tendent les
matières fondées, qui ont dû fuivre toujours les
pentes favorables à leur écoulement.
Ce n’eft donc que par une longue fuite dé fiècies
que toutes ces formes & toutes ces circonftances
ont changé. M. Defmareft nous indique les caufes
j & les progrès de ces changemens. L obfervatiort
h nous apprend d’abord que les fcories & les terres
; cuites fpongieufes éprouvent une comminution
affez. fenfible, 8c fe réduifent enfin, dans un cour«v