
\
436 1 T A
rioiiâtres. I] eft moins beau que celui de plufieurs
departçmçns de. France. -
Les volcans indiquent ordinairement un terrain
qui n eft point calcaire 3 aufli les environs des lacs
j f ' lco ■ $'“ c9té de Rome, renferment
des granits ou des fchiftes talqueux. On trouve
beaucoup de parties taïqueufes dans les matières
du Véfuve. Si ces montagnes taïqueufes font fi
près de celles qui contiennent des pierres calcaires.,
M.Guettardcor.jeélure quec'eft parce qu'elles
lont le relie de quelques chaînes de montagnes détruites
par les fecouffes dés tremblemens de terre
q u i, par leur deftrudtion3 ont probablement donné
lieu à 1 introduction des eaux de la mer, qui ont
formé la Méditerranée.
Le royaume de Naples eft en grande partie dans
la bande métallique. En effet, Davity parle de
beaucoup déminés qui font dans la Calabre, mines
d or , d’argent, de fe r , d’aimant, de plomb, d’a-
2ura de vermillon, de foufre, de p oix , de fel i
d aibatre & de criftal. !
Il faut aufli renfermer dans cette bande métallique
quelques autres endroits de l’Italie , ou Ton
trouve des mines : tels font la Tofcane, la Marche-
Trevifane, qui fournit de très-bon acier, & le
F n o u l, où l ’on trouve de toutes fortes de métaux
j les mines d’Idria, fameufes par le mercure
qu elles fourniflent j le pays de V icence, de Brefce
& de Bergame, qui contîènt aufli des mines j le
Plaifantin , où il y a une fource de pétrole ; une
partie du Piémont, où il y a du fchifte, de l’ar-
doife & des mines ; la vallée de Lucerne & de
Lens, où il y a des mines d’argent, de vitriol &
d alun , & divers endroits du Piémont, où l ’on
trouvé du fer & même de l’or.
Ces trois bandes partagent Yltalie.La première
eft la bande calcaire ou marneufe ; la fécondé comprend
les marbres ; la troifième renferme les granits
, les fchiftes & les métaux, : toutes trois pa-
roiffent fe prolonger jufque dans les îles de la Mé-
diterranee. La Sicile & i’île de Caprée paroiifent
calcaires. La Corfe .& la Sardaigne pourroient bien
n appartenir qu’ à la bande métallique, ou n’avoir
qu’une petite partie des deux autres bandes. Quand
on aura fuivi le progrès de ces trois bandes, &
qu on aura déterminé leur pofition en un grand
nombre de points, on fera en état de tracer une
carte minéralogique de l ‘Italie.
Les principales montagnes de Yltalie font les
Alpes, qui la bornent au nord & au couchant, &
J Apennin, qui la divife fuivant fa longueur dans
fa partie méridionale.
Les Alpes forment la plus haute chaîne de montagnes
de tout l’ancien continent. La partie la
plus elevée de cétte chaîne eft comprife èntre le
mont Saint-Gothard & le petit Saint-Bernard ; &
de là jufqu’ à la Méditerranée au midi, & jufque
dans le Tirol au nord-eft, Jes Alpes s’abaifïent
continuellement.
Cette chaîne a quarante ou cinquante lieuej de ,
1 T A
largeur en ligne droite ; elle eft compofée de plu-
ll^urs chaînes parallèles, qui font coupées ça &
iarpar des vallées tranfverfales. Ces vallét s diffèrent
beaucoup des vallées longitudinales qui ré-
jultent du parai lélifme des chaînes particulières.
LelleS'Cij plus longues, plus régulières, plus prolonges,
paroiflfent aufli anciennes que les montagnes
elles-mêmes, quoique les eaux & les révolutions
que la Terre a fubies, aient pu y apporter
des changemens conlidérables. Les vallées tranfverfales
, qui lont pour l’ordinaire tortueufes &
beaucoup moins profondes, paroiifent avoir été
creufees depuis la formation des montagnes par
les eaux des pluies & des neiges fondues. Je dis
que celles-ci font beaucoup moins profondes. En
effet, il eft bien remarquable q u e , dans toute
1 erendue des Alpes qui renferment Yltalie depuis
le Tirol jufqu'à Nice , il n’y ait aucune vallée
traniverfale, c’ eit-à-dire, aucun paflage par lequel
on pu me traverfer cette chaîne de montagnes
lans etre obligé de gravir à la hauteur de fix ou
fept cents toifes au delïus du niveau de la mer,
tandis que les vallées longitudinales qui font au
pied de ces palfages n’ont fouvent que deux ou
tiois cents toifes au delfous du même niveau.
Quant à la nature même des montagnes dont les
Alpts lont compofées, on peut dire en général
qu elle varie.en raifon de leur diftance à la chaîne
centrale , qui eft communément la plus large &
a p us haute. La chaîne extérieure la plus baffe,
la plus éloignée du centre, eft compofée , tant du
cote de 1 Italie, que du côté oppofé, de collines
qui ne font autre chofe que des lits ou d,s amas
de débris des chaînes intérieures : ce font des fa-
b k s , des argiles, des grès, des poudingues, des
cailloux roulés, ■ & même de grands blocs détachés
des hautes montagnes & entrainés par les eaux
dans les grandes révolutions de la Terre.
Après cet amas de débris, les premières chaînes
que 1 on rencontre en pénétrant dans les Alpes»
lont du genre de celles que les naturaliftes nomment
fecondaires ou d e fécondé formation ; elles
lont compofées de pierres a chaux, de ferpentine
ou pierre ollaire, & de fchiftes de diverfes efpè-
ces. . r
Enfin , la chaîne centrale renferme les montagnes
primitives j favoir : les roches feuilletées
quartzeufes, & les granits. \
C ’eft dans la jon&ion des fecondaires aux primitives,
& dans les lignes extérieures de ces montagnes
primitives , que fe trouvent pour l’ordi-
naires les mines métalliques. Les marbres fe rencontrent
plus fréquemment vers le bas des chaînes
fecondaires.
Mais cette difpofition générale eft fujète à un
grand nombre d’exceptions. Les granits fe montrent
quelquefois tout près des plaines, comme à
Saint-Ambroife, fur la route de Turin, & la pierre
calcaire occupe, en quelques endroits., le cen»
ds Ift çbaine î tels font les fchiftes .micacés 3
I T A
calcaires , qui compofent le haut du Mont Cen T.
L’Apennin , que l’on peut confidérer comme un
rameau des Alpes, fe détache de celles-ci c-ntre
Gênes & Turin , & d.efcend de là jufqu’a 1 extrémité
méridionale de Yltalie, en fe rangeant plus
près de la côte occidentale que de l’orientale. Il
eft commç les A lp e s , bordé par en-bas de collines
compofées de fables, de grés & d’autres débris
, mais moins abondans & d’un moins grand
volume que ceux des Alpes. Les montagnes de
l’Apennin font prefque toutes de fécondé formation
, calcaires , ©llaires , fehifteufes : il y a cependant
quelques places où le granit perce au travers
de ces pierres fecondaires..
On peut regarder comme une branche de l’A pennin
les collines du Mont-Ferrat, qui commencent
auprès de T u r in , paffent à l’oueft de Parme
& de Plaifance, & vont fe réunir à l’Apennin.,
dans le duché de Modène. Leur nature eft en général
la même que celle de l’Apennin, & on y
trouve, comme dans celui-ci & dans les Alpes,
des mines & des marbres.
Dans toutes ces montagnes & ces collines on
rencontre en grande abondance un genre de'pierre
que la Nature a prodigué en Italie plus que partout
ailleurs, & qui s’obferve, par exemple, beaucoup
plus fréquemment fur le revers méridional
des Alpes, que fur les pentes féptentrionales. C ’eft
la ferpentine ou pierre ollaire y connue en Italie
fous les nomsdçgabbro , gabretto , gejfodi farto3 6’è.
Cette pierre, qui eft la matrice de l’amiante, fe
trouve, ou pure, ou mélangée avec la pierre calcaire.
Ses variétés font innombrables, & pour la
coulenr, & pour la dureté5 il y en a qui eft dure
comme le jade (le plus dur de tous les cailloux
après les pierres précieufes), & Ton trouve de la
ferpentine qui a la molleffe de la craie. Le gypfe
eft aufli extrêmement commun en Italie: il y en a
des montagnes entières dans les Alpes, au Mont-
Cenis, par exemple , & ailleurs. Les beaux marbres
fe trouvent aufli fréquemment en Italie .- ceux
de Suze, de Carrare, de Seravezza, de Sienne
méritent la célébrité dont ils jouiffent. L’albâtre
de Volterra eft aufli juftementcélèbre. Enfin, on
trouve dans la Tofcane & dans les collines du
Mont-Ferrat, des jafpes, des agates & des calcédoines
qui ne font pas de beaucoup inférieures
aux orientales.
VItalie n’eft pas moins remarquable par fes plaines
que par fes montagnes. La plaine de Lombardie
eft une dès plus belles & des plus riches qu’il y ait
au Monde.
Une autre jolie plaine eft celle de la Campanie
heureufe , renfermée par le golfe de Naples & par
lès Apennins. Son extrême fertilité, fa population ,
fa fuuation charmante, la rendent vraiment digne
du nom qu’elle porte.'
Au nord de cette plaine, de l’autre côté des
Apennins^ on trouve dans la Pouille, fur le golfe
I T A # 7
de Manfredonia,- de grandes & de belles plaines,
qui font aufli très-fertiles.
Toutes les plaines & même les collines de Y lia*
lie ont été recouvertès par les eaux de la mer dans
des tems antérieurs à tous les monumens hiftori-
quès, mais pourtant postérieurs a la formation des
montagnes & aux premières" révolutions de notre
Globe. C ’ eft ce qu’attefte l’immenfe quantité de
coquillages marins , parfaitement conlervés, &
qui font même quelquefois encore colorés, que
l’on trouve épars dans les plaines de la Lombardie
& de la Tolcane , & jufque fur les collines du
Mo ut-F errât & fur les balles montagnes de l’A*-
pennin. On voit en plufieurs endroits du Piémont,,
de la Lombardie & de la Tolcane, des champs
abfoîument blanchis par les coquilles dont ils font
couverts; d’autres dont elles empêchent la culture
par leur nombre &■ par leur volume, prefque
toujours difpofées par famille,comme on lés trouve
au fond de la mer. La. plupart paroiifent avoir été
abandonnées par une retraite tranquille de fes
eaux ; car on trouve très-fréquemment les bivalves
, les huîtres, par exemple, dans leur fituatiort
naturelle, & les deux valves encore appliquées
l’une fur l’autre, quoiqu’elles ne foient point adhérentes
, & que la plus légère fecoulfe eut pu les
féparer. Quelques-uns de ces coquillages ont leurs
analogues vivant dans les mers qui baignent actuellement
Yltalie; d’autres n’ont leurs analogues connus
que dans les mers des Indes : il y en a enfin
dont on n’a peint encore trouvé les analogues. On
peut en dire autant des poiffpns pétrifiés du mont
Bolca dans le Véronois.
Les bois pétrifiés font très^communs en Italie,
& furtout dans le Piémqnt. On trouve auftî, dans
la Tofcane, des bois qui ont été changés en charbon
de pierre. Enfin , les offemens d’animaux
exotiques d’hyppopotames , & furtout d’élé-
phans , font fi fréquens dans quelques parties de
Yltalie, & principalement dans la Tofcane , le
long des bords de l’A rn o, que la plupart des la4
boureurs les connoiflent, & que dans certains
endroits, par exemple, à Caflel-Franco di Sopra,
ils aflurent qu’ils ne labourent jamais un -champ
fans que la charrue n’amène quelques fragmens
ôfleux. On y trouve des défënfes d’éléphans de
tout âge ; ce qui femble indiquer qu’ils ont été
anciennement lauvages dans ce pays-là, puifque
ces animaux ne multiplient point dans l’efclavage.
Ces offemens d’éléphans fe trouvent là , comme
en Amérique & en Sibérie, mêlés avec des cailloux
roulés, des fables&. des argiles qui ont été
chariés fte accumulés par les eaux.
L’ Italie préfente aufli un grand nombre de vertiges
de l’a&ion des feux fouterrains. Si l’on n’en
trouve pas dans le centre des Alpes, ce n’eft pas
la maffe de ces montagnes ni l’étendue de leurs
racines fous lés plaines voifines, qui les en a prè-
fervés, puifque les Cordiliières, bien plus hautes
que les Alpes, font remplies de volcans jufque